Une enquête révèle des liens entre le régime d’Assad et l’explosion de Beyrouth

La société britannique chargée de transporter le nitrate d’ammonium qui a causé l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en août, liée à trois individus connus pour leurs relations avec le président syrien, Bachar al-Assad. (AP/Photo)
La société britannique chargée de transporter le nitrate d’ammonium qui a causé l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en août, liée à trois individus connus pour leurs relations avec le président syrien, Bachar al-Assad. (AP/Photo)
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Publié le Samedi 16 janvier 2021

Une enquête révèle des liens entre le régime d’Assad et l’explosion de Beyrouth

  • 3 personnes proches du président syrien, liées au nitrate d’ammonium qui a causé l’explosion dans la capitale libanaise
  • Les citoyens syro-russes George Haswani, Mudalal Khuri et son frère Imad Khuri ont déjà été sanctionnés par les États-Unis pour leur soutien à l’effort de guerre du président syrien

LONDRES: La société britannique chargée de transporter le nitrate d’ammonium qui a causé l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en août a été liée à trois individus connus pour leurs relations avec le président syrien, Bachar al-Assad.

Une enquête menée par le réalisateur et journaliste libanais Firas Hatoum a révélé des liens entre la société Savaro, basée à Londres, et trois individus qui ont joué un rôle central dans les efforts visant à soutenir Bachar al-Assad depuis les premiers mois de la guerre en Syrie.

Pour la première fois, les découvertes de M. Hatoum soulèvent la possibilité que l’explosion des 2750 tonnes de nitrate, qui a rasé une grande partie du port de Beyrouth et fait plus de 200 morts, ait pu être une conséquence des tentatives des responsables syriens de se procurer du nitrate afin de l’utiliser dans des armes.

Les citoyens syro-russes George Haswani, Mudalal Khuri et son frère Imad Khuri ont déjà été sanctionnés par les États-Unis pour leur soutien à l’effort de guerre du président syrien.

Les sociétés liées à Haswani et aux frères Khuri – respectivement Hesco Engineering and Construction et IK Petroleum aujourd’hui disparue – partageaient la même adresse que Savaro, qui a acheté le nitrate en 2013.

George Haswani, l’homme d’affaires préféré de Bachar al-Assad, a été sanctionné par les États-Unis pour son rôle dans l’achat du pétrole produit par Daech pour le compte du régime syrien.

Savaro est une société dormante – ce qui signifie qu’elle n’a jamais fait de commerce ou d’affaires ni détenu des actifs – qui a été retirée des listes de sociétés britanniques mardi, le jour même où M. Hatoum a révélé qu’elle était liée à l’explosion.

Mudalal Khuri a été accusé par les États-Unis d’avoir tenté de s’approvisionner en nitrate d’ammonium dans les mois qui ont précédé le débarquement du cargo russe Rhosus au port de Beyrouth et le déchargement du composé chimique.

La propriété opaque du navire et son détournement soudain vers Beyrouth, ainsi que les origines mystérieuses de sa cargaison, avaient alimenté dès le départ les soupçons selon lesquels le nitrate d’ammonium était depuis le départ destiné à Beyrouth plutôt qu’au Mozambique, son but officiel.

De nombreux autres facteurs ont contribué à dissimuler la véritable origine du nitrate d’ammonium et la destination prévue.

Le monde mystérieux du transport maritime international, le nombre de sociétés dormantes utilisées pour transporter le nitrate, et la difficulté de localiser et d’interroger les témoins dans un tel contexte mondial ont ralenti l’enquête locale sur les causes de l’explosion.

Le Premier ministre libanais sortant, Hassan Diab, trois ex-ministres et plus de trente fonctionnaires ont jusqu’à présent été inculpés pour leur responsabilité dans l’explosion.

Les liens entre George Haswani, les frères Khuri et le régime Assad ont eu cependant des répercussions sur la société libanaise depuis qu’ils ont été exposés mardi.

M. Hatoum se demande si le Liban pourra savoir un jour ce qui a vraiment causé l’explosion. «Je doute que le Liban puisse résoudre une enquête, compte tenu de la façon dont les choses ont été traitées ces derniers mois», ajoute-t-il.

«Je ne fais confiance à aucune enquête étrangère ni internationale, car nous avons eu des mauvaises expériences dans le passé, et l’aspect politique constitue toujours un obstacle.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 

 


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.