L'interdiction de Trump sur Twitter révèle-t-elle un dangereux deux poids deux mesures ?

La mesure prise par Twitter contre le président américain Donald Trump a suscité des inquiétudes, dans la mesure où elle crée un précédent « dangereux » et viole la liberté d'expression (Dossier/AFP)
La mesure prise par Twitter contre le président américain Donald Trump a suscité des inquiétudes, dans la mesure où elle crée un précédent « dangereux » et viole la liberté d'expression (Dossier/AFP)
La mesure prise par Twitter contre le président américain Donald Trump a suscité des inquiétudes, dans la mesure où elle crée un précédent « dangereux » et viole la liberté d'expression (Dossier/AFP)
La mesure prise par Twitter contre le président américain Donald Trump a suscité des inquiétudes, dans la mesure où elle crée un précédent « dangereux » et viole la liberté d'expression (Dossier/AFP)
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Publié le Samedi 16 janvier 2021

L'interdiction de Trump sur Twitter révèle-t-elle un dangereux deux poids deux mesures ?

  • Pourquoi la plate-forme a-t-elle décidé d'agir à ce moment-là, et pourquoi continue-t-elle de tolérer de nombreux prédicateurs de haine ?
  • Twitter a suspendu le compte de M. Trump le 8 janvier, à la suite de l'assaut du Capitole par ses partisans, le 6 janvier

En décidant de suspendre de façon permanente le compte du président américain Donald Trump, Twitter a été accusé par de nombreuses personnes dans le monde arabe de faire deux poids, deux mesures. 

On se demande ainsi pourquoi Twitter a mis si longtemps à prendre des mesures contre Trump, alors que plusieurs autres personnes qui répandent la haine et l'intolérance continuent de tweeter en toute liberté. Pourtant, le prédicateur égyptien Youssef Al-Qaradawi a bien dit dans une fatwa que « au cours de l'histoire, Dieu leur a assigné (aux Juifs) des personnes qui les puniraient parce qu'ils sont corrompus ». 

« La dernière punition a été commandée par Hitler... C'était une punition de Dieu. Et si Dieu le veut, la prochaine fois, ce sera les croyants fidèles qui les puniront ». 

L'érudit égyptien possède un long passé de fatwas empreintes de haine antisémites - pourtant il est toujours libre  de s’exprimer sur Twitter, qu'il a rejoint en mai 2011, pour faire parvenir ses opinions et idées condamnables à plus de 3 millions d'adeptes. 

« Cette décision (d'interdire Trump sur Twitter) soulève des questions sur la politique de deux poids, deux mesures que pratiquent ces groupes (de médias sociaux) », affirme le Dr Abdellatif El-Menawy, journaliste chevronné et expert des médias, qui a dirigé jusqu'en 2011 la rédaction de l'information de la chaîne nationale égyptienne. « Elle compromet la crédibilité et les motivations de ces entreprises dans leurs décisions ». 

« L'approche de M. Trump, qui encourage la haine, est restée inchangée depuis des années. Ces sociétés n'ont pas réagi au président américain à l'époque, mais elles le font à présent (au moment où il se prépare à quitter son poste) ». 

« D'autres personnalités, certaines originaires du Moyen-Orient, diffusent des discours de haine depuis des années, sans que les grandes chaînes de médias sociaux ne prennent de mesures à leur encontre ». 

En effet, Twitter a suspendu le compte de M. Trump le 8 janvier, à la suite de l'assaut du Capitole par ses partisans, le 6 janvier. Il a invoqué le « risque de nouvelles incitations à la violence » pour justifier cette interdiction. 

« Dans le sillage des événements tragiques survenus cette semaine, nous avons clairement indiqué mercredi que toute nouvelle violation des règles de Twitter pourrait conduire à la suspension», a déclaré la plateforme dans un article sur son blog qui expose en détail les raisons justifiant sa décision. 

À la fin de l'année dernière, Twitter a mis à jour ses règles relatives aux comportements haineux, en annonçant qu'il souhaitait créer un environnement plus inclusif pour les utilisateurs. Dans un article publié sur son blog le 9 juillet 2019 et mis à jour le 2 décembre 2020, Twitter a affirmé que « notre souci principal est de nous attaquer au risque de violences dans la vie réelle, et les recherches montrent que les propos déshumanisants augmentent ce risque ». 

Cependant, El-Menawy estime que cette déclaration fait « trop peu, trop tard » et ne place pas la société de médias sociaux en position de champion de la lutte contre les discours de haine. Selon lui, « le choix du moment pour bannir Trump est douteux et suscite des soupçons sur les motifs ». 

Mohammed Najem, directeur exécutif de SMEX, une organisation pour les droits numériques qui se penche sur les pays arabophones, partage les préoccupations d'El-Menawy. 

« Cette mesure montre que les entreprises ne sont pas vraiment conscientes de ce qu'elles font lorsqu'il s'agit de modérer le contenu », explique-t-il. 

« De nombreux groupes sociaux, tant aux États-Unis que dans le reste du monde, ont posé pendant des années des questions pertinentes sur la modération de contenu. Toutefois, elles ont été ignorées, ou insuffisamment écoutées par les entreprises technologiques. Celles-ci ont un travail considérable à faire (sur ce sujet) et doivent écouter les représentants de la société civile ». 

Tout au long de son mandat, M. Trump a soulevé des controverses à travers son activité sur Twitter. Son compte personnel sur la plateforme est suivi de près par ses partisans, ses opposants ainsi que par les journalistes du monde entier, bien plus que le compte officiel de la présidence (@POTUS), dans la mesure où il laisse deviner ses intentions et ses motivations. 

Brian L. Ott et Greg Dickinson, auteurs du livre « The Twitter Presidency: Donald J. Trump and the Politics of White Rage », (La présidence sur Twitter : Donald J. Trump et la politique de la rage blanche », ont écrit dans un éditorial publié dans USA Today : « Historiquement, Twitter a toujours hésité à blâmer  Trump pour son discours, probablement parce qu'il était leur utilisateur le plus notoire. En bref, Trump était bon pour les affaires ». 

Accusé mercredi d' «incitation à la révolte», M. Trump est le premier président américain à avoir été inculpé à deux reprises. Par ailleurs, il était l'un des plus importants utilisateurs de Twitter. Suivi par près de 89 millions de personnes, ses messages ont été retweetés 389 842 552 fois et ont fait 1 659 180 779 likes depuis la création de son compte le 18 mars 2009. Il a été mentionné dans 16 millions de tweets le jour où le Capitole a été assiégé, et dans 17 millions le jour suivant. 

Même si Twitter impose des règles particulières aux comptes des dirigeants du monde, il souligne qu'ils ne sont pas à l'abri de ses politiques de contrôle. Pourtant, certains continuent de poster des commentaires jugés répréhensibles par un grand nombre de personnes. 

Prenons l'exemple du guide suprême de la révolution iranienne, Ali Khamenei, qui ne peut être comparé au président Trump en termes de nombre de followers ou de portée sur Twitter. Pourtant, son activité sur la plateforme présente un modèle tout aussi dangereux. La semaine dernière, le dirigeant iranien a publié de fausses déclarations sur ses nombreux comptes - en anglais, espagnol, farsi, arabe et russe - affirmant « qu'il était impossible de faire confiance » aux vaccins contre la Covid-19 développés aux États-Unis et au Royaume-Uni ». Il a poursuivi que la France dispose de « réserves de sang contaminées par le VIH,  et qu'il est probable qu'ils (les pays occidentaux) cherchent à contaminer d'autres nations ». 

Ces propos font suite à des tweets tout aussi dangereux et préjudiciables publiés pendant des années, dans lesquels Khamenei encourageait la violence contre les autres nations. Ainsi, il a déclaré en mai 2020 que l'Iran « appuiera et aidera toute nation ou tout groupe qui s'oppose au régime sioniste et qui le combat ». 

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Youssef Al-Qaradawi possède un long passé de fatwas empreintes de haine antisémite - pourtant il est toujours libre  de s’exprimer sur Twitter, qu'il a rejoint en mai 2011, pour faire parvenir ses opinions et idées répréhensibles, à plus de 3 millions d'adeptes (Dossier/AFP) 

D'autres comptes sont toujours actifs, comme ceux d'Al-Qaradawi et de Qais Al-Khazali - tous les deux ayant figuré dans la série « Prédicateurs de haine » publiée sur Arab News. Al-Khazali, originaire d'Irak, a été classé sur la liste des terroristes mondiaux du Département d'État américain en janvier de l'année dernière. 

Le problème ne se limite pas aux comptes qui proviennent du monde arabe. Ainsi, les plateformes de médias sociaux en Inde, dont Facebook, ont fait l'objet de critiques pour permettre aux utilisateurs de continuer à diffuser des discours haineux. 

La rhétorique antimusulmane de Yogi Adityanath, ministre en chef de l'État d'Uttar Pradesh, serait responsable des attaques de plus en plus nombreuses contre la communauté musulmane minoritaire dans tout le pays. 

De nombreux comptes sur Twitter et sur d'autres plateformes de médias sociaux suscitent des craintes similaires. Selon certains observateurs, si les contenus à caractère répréhensible ne sont pas mieux contrôlés et tempérés, l'image de Twitter en tant que promoteur de la liberté d'expression risque d'être ternie et il risque d'être considéré, en raison de son inactivité, comme un propagateur de discours de haine. 

Twitter s'est abstenu de répondre aux demandes de commentaires d'Arab News. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.  


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.