AMMAN: L’annonce par le président palestinien Mahmoud Abbas des premières élections législatives et présidentielles en 15 ans a fait naître l’espoir de mettre fin à des divisions de longue date, mais les sceptiques en Palestine doutent que cela entraînera réellement d’importants changements.
Selon les décrets publiés vendredi par le bureau présidentiel, l'Autorité palestinienne, qui jouit d’une autonomie limitée en Cisjordanie occupée par Israël, des élections législatives se tiendront le 22 mai ainsi qu’un scrutin présidentiel le 31 juillet.
Hanna Naser, chef de la Commission électorale centrale palestinienne, a déclaré lors d'une conférence de presse bondée un jour plus tôt, que les décrets présidentiels ouvriraient la voie à un processus démocratique hautement nécessaire.
Naser a également confié que les élections seront tout à fait transparentes et créeront un conseil législatif fonctionnel, tout en ajoutant qu’« après 15 ans sans organe législatif, il est maintenant crucial de rendre des comptes au moyen d’un conseil élu par le peuple palestinien ».
Jibril Rajoub, secrétaire du mouvement Fatah, considéré comme une force principale à l’origine de cet accord électoral, a déclaré à la télévision palestinienne que les décrets sont une avancée majeure qui reflètent l’engagement palestinien envers les principes démocratiques.
Rajoub a souligné que la commission électorale sera responsable de tous les aspects du scrutin et qu'une réunion de toutes les factions palestiniennes la semaine prochaine au Caire aidera certainement à résoudre tous les problèmes en suspens.
Hussein Sheikh, ministre des Affaires civiles et membre du Comité central du Fatah, a tweeté que les décrets présidentiels sont « une étape importante dans le but de renforcer la démocratie et le partenariat dans un régime politique unifié qui garantit la fin de division et créera une vision commune pour un effort de coopération visant à mettre fin à l'occupation tout en garantissant la liberté et l’indépendance de notre peuple.
Le Hamas a salué les décrets présidentiels, qui intègrent l'engagement de tous les participants que l'OLP représente les Palestiniens et qu’elle est absolument responsable des affaires étrangères et des négociations.
Ces décrets prévoient des élections d’un conseil législatif de 132 membres qui comprendra des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza sur une base entièrement proportionnelle.
Des élections présidentielles suivront en juillet et le Conseil national palestinien organisera, dans la mesure du possible, des élections pour des candidats dans différents endroits.
Toutes les listes doivent avoir une femme comme troisième et quatrième candidate, avec au moins 26% du prochain conseil composé de femmes.
Cependant, Ghassan Khatib, professeur à l'université de Bir Zeit et ancien ministre, a déclaré à Arab News que s'il soutient fermement les élections, il s'inquiète en effet de la qualité du scrutin.
« Je crains que les élections reflètent les souhaits de l'élite politique palestinienne car les listes seront nationales et seront constituées par des leaders politiques qui pourraient ne pas accorder suffisamment d'attention aux communautés locales et à leurs besoins réels », a-t-il déclaré.
Khatib, qui a fondé le Centre de Jérusalem des études en communication a déclaré que les sondages montrent que le Fatah pourrait gagner les prochaines élections s'il présente une liste unifiée.
Hani Masri, directeur du groupe de réflexion Masarat, a indiqué que la tenue d'élections la fin de la réconciliation nationale est une « vraie source de problèmes ».
« Publier des décrets présidentiels pour les élections avant la réconciliation, c'est faire les choses dans l'ordre inverse », a-t-il avoué. « Pour déclencher des élections, les véritables problèmes doivent être résolus. Si nous ne trouverons pas de solutions pour ces problèmes, nous les provoquons ainsi », a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Une suggestion pour surmonter ce problème était que les deux principaux partis, le Fatah et le Hamas, s'accordent sur une liste commune et un seul candidat à la présidence.
Marwan Muasher, vice-président du Carnegie Endowment pour les études internationales, a déclaré à Arab News que l'unité nationale est tout d’abord la première étape fondamentale pour toute initiative palestinienne.
«Les élections nationales servent à ranimer la légitimité palestinienne, qui a été considérablement affectée», a-t-il expliqué.
Les Palestiniens ne savent pas non plus si Israël autorisera les habitants palestiniens de Jérusalem-Est à participer aux élections. En vertu des accords d'Oslo, ces résidents de Jérusalem peuvent voter dans les bureaux de poste locaux.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com







