Tunisie: anniversaire de la révolution sous haute tension

Des membres des forces de sécurité tunisiennes bloquent une route au milieu d'affrontements avec des manifestants suite à une manifestation dans le quartier Ettadhamen de la capitale Tunis, le 17 janvier 2021. Des affrontements ont éclaté pour une troisième soirée consécutive dans plusieurs villes tunisiennes, opposant des jeunes lanceurs de pierres aux forces de sécurité, malgré un verrouillage serré visant à freiner la propagation des coronavirus. (FETHI BELAID / AFP)
Des membres des forces de sécurité tunisiennes bloquent une route au milieu d'affrontements avec des manifestants suite à une manifestation dans le quartier Ettadhamen de la capitale Tunis, le 17 janvier 2021. Des affrontements ont éclaté pour une troisième soirée consécutive dans plusieurs villes tunisiennes, opposant des jeunes lanceurs de pierres aux forces de sécurité, malgré un verrouillage serré visant à freiner la propagation des coronavirus. (FETHI BELAID / AFP)
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Publié le Mardi 19 janvier 2021

Tunisie: anniversaire de la révolution sous haute tension

  • La plupart des réformes réclamées à cor et à cri par les experts n’ont pas été mises en œuvre ou n’ont pas atteint leurs objectifs
  • «Les coupables sont les politiques qui ne comprennent pas le concept d’État et qui agissent conformément à leurs intérêts personnels pour engranger des gains et pour les conserver»

TUNIS: Nous sommes jeudi, mais dans les rues de la capitale de rares passants pressent le pas. Ils ne sont pas sortis de chez eux pour flâner, ils n’en ont pas le droit, mais pour de rapides emplettes. Car le gouvernement a décidé mardi soir un confinement de quatre jours. Officiellement pour freiner la propagation de la pandémie de Covid-19. En réalité parce que les autorités ont peur que les Tunisiens ne descendent dans la rue à l’occasion de la célébration du 10e anniversaire de la révolution tunisienne et que cela ne dégénère. 

L’explosion redoutée par les autorités n’a pas eu lieu le 14 janvier, mais un jour plus tard. Elle a éclaté dans quelques quartiers pauvres de la capitale et en divers endroits à l’intérieur du pays. 

Le volcan social envoyait depuis quelques semaines des signaux avant-coureurs d’une prochaine éruption. Certes, d’après le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), un think tank, les Tunisiens ont moins protesté en 2020 qu’en 2019 (8 759 mouvements sociaux recensés en 2020 contre 9 091 en 2019), mais une très nette recrudescence durant le troisième trimestre 2020 a concentré près de 40 % de la totalité des protestations. 

Surtout, les protestations spontanées, c’est-à-dire non encadrées, ont plus que doublé en 2020, passant de 2 109 en 2019 à 5 727 l’année dernière. Enfin, note le FTDES, les manifestants ont adopté des formes de protestation plus radicales, comme la fermeture de la station de pompage du pétrole dans le désert de Tataouine, d’une zone industrielle et la menace de fermer une des stations de pompage d’eau, toutes situées dans le sud du pays. 

Toutes revendications et expressions de frustration et de colère que ce think tank explique par le décevant bilan de la décennie écoulée. On a «maintenu un modèle de développement incapable de générer un taux de croissance suffisant pour créer des emplois et réaliser la prospérité espérée». Ce qui a fait grimper le taux de chômage (passé de 15 à 18 %), la pauvreté, creusé davantage les inégalités, décimé la classe moyenne, et aggravé l’émigration clandestine. 

Rien d’étonnant à ce tableau noir puisque la plupart des réformes réclamées à cor et à cri par les experts n’ont pas été mises en œuvre ou n’ont pas atteint leurs objectifs. 

À qui la faute? Qui assume la responsabilité de ce délabrement? La révolution? C’est la thèse des partisans de l’ancien régime, dont Mme Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), ancienne cadre du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), au pouvoir avant le 14 janvier 2011. Leur lecture est biaisée, car avec la chute de l’ancien régime ils ont perdu tous leurs privilèges.

D’ailleurs Yadh ben Achour ne partage pas cette analyse. Ce juriste a pris rapidement ses distances avec le régime déchu en démissionnant en 1992 du Conseil constitutionnel. Il a dirigé l’Instance supérieure ou Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, première institution créée après le 14 janvier 2011 pour guider les premiers pas de la nouvelle Tunisie sur le chemin des réformes politiques. 

Dans une interview à Al Ousboui, il affirme que «se trompe celui qui veut faire porter à la révolution la responsabilité des échecs et des succès durant ce qu’on appelle “la phase de transition”. La révolution est un événement qui change les modes de pensée politiques et mêmes sociaux et amène de nouvelles demandes. Ce qui suit, la révolution n’en est pas responsable, parce qu’elle est comme un tremblement de terre, et le tremblement de terre vous n’en sortez pas pour un paradis sur terre. La révolution n’est ni un paradis ni un enfer. C’est un événement qui sera suivi par d’autres. Les sociétés sortent épuisées des révolutions.»

Pour l’ancien président de l’Instance supérieure, les coupables sont les politiques «qui ne comprennent pas le concept d’État et qui agissent conformément à leurs intérêts personnels pour engranger des gains et pour les conserver». 

M. Ben Achour en veut pour preuve l’incapacité des partis et des politiques de la même mouvance à présenter un candidat unique aux dernières présidentielles pour éviter la dispersion des voix entre eux. De fait, à l’agenda national, ils ont effectivement fait de la politique non pas une mission d’intérêt général mais un moyen de s’enrichir. Et le meilleur exemple est celui du parti islamiste Ennahdha, au pouvoir depuis 2011 en tant que force principale ou coalisé, dont la plupart des dirigeants, alliés et affidés, ont rejoint la couche aisée de la société alors qu’ils étaient de condition modeste, voire pauvres, il y a encore dix ans.

Déçus par cette faune-là, les Tunisiens le lui ont déjà fait payer en se laissant attirer une première fois par les sirènes du populisme en donnant leur voix en 2019 à Kaïs Saïed pour en faire le président de la république. Un an après, une partie de plus en plus importante de la population semble vouloir continuer sur cette voie en portant au pinacle le Parti destourien libre donné par les sondages vainqueur des prochaines législatives. Mais si sa victoire se confirmait elle risque de compliquer davantage les choses. Car sa présidente, Mme Moussi, a un rêve qui pour bon nombre de ses concitoyens est un cauchemar: restaurer un régime à la Ben Ali. C’est-à-dire autoritaire, voire dictatorial.


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
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  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.


L'Arabie saoudite et l'Iran réaffirment leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin

Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
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  • Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a participé mardi à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint

RIYAD : L’Arabie saoudite et l’Iran ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin lors d’une réunion tenue mardi à Téhéran.

Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a assisté à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint entre l’Arabie saoudite, l’Iran et la Chine.

Les parties saoudienne et iranienne « ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin dans son intégralité, ainsi que leur volonté de renforcer les relations de bon voisinage entre leurs pays, dans le respect de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’Organisation de la coopération islamique et du droit international », a indiqué l’Agence de presse saoudienne dans un communiqué.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont également salué le rôle positif continu joué par la Chine ainsi que son soutien constant à la mise en œuvre de l’Accord de Pékin.

De son côté, la Chine a réaffirmé sa disponibilité à poursuivre son soutien et à encourager les démarches entreprises par le Royaume et l’Iran pour développer leurs relations dans divers domaines.

Les trois pays ont salué les progrès continus dans les relations saoudo-iraniennes et les perspectives qu’ils offrent à tous les niveaux, a ajouté la SPA.

Les trois pays ont également appelé à une cessation immédiate des agressions israéliennes en Palestine, au Liban et en Syrie.

Ils ont en outre condamné tout acte portant atteinte à l’intégrité territoriale de l’Iran.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.