Méditerranée orientale: la Turquie et la Grèce se reparlent après la crise

Une photo prise et diffusée le 12 janvier 2021 à Ankara par le service de presse présidentiel turc montre le président turc Recep Tayyip Erdogan prononçant un discours alors qu'il assiste à la réunion des ambassadeurs de l'Union européenne. (Mustafa Kamaci / AFP)
Une photo prise et diffusée le 12 janvier 2021 à Ankara par le service de presse présidentiel turc montre le président turc Recep Tayyip Erdogan prononçant un discours alors qu'il assiste à la réunion des ambassadeurs de l'Union européenne. (Mustafa Kamaci / AFP)
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Publié le Lundi 25 janvier 2021

Méditerranée orientale: la Turquie et la Grèce se reparlent après la crise

  • Ces discussions s'inscrivent dans le cadre plus large d'une offensive de charme du président Recep Tayyip Erdogan
  • Par ailleurs, le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, a dénoncé vendredi les "provocations" d'Athènes qui a évoqué le doublement de l'étendue de ses eaux territoriales en mer Egée

ISTANBUL: La Turquie et la Grèce ont repris lundi à Istanbul des discussions pour régler leur différend concernant l'exploration d'hydrocarbures en Méditerranée orientale, après une grave crise illustrant l'abysse qui sépare ces deux pays membres de l'Otan.

Une délégation de diplomates grecs était reçue en fin de matinée par le numéro deux du ministère turc des Affaires étrangères, Sedat Onal, au palais de Dolmabahçe. Ces pourparlers sur la Méditerranée orientale avaient été interrompus en 2016 dans un contexte de tensions croissantes.

La multiplication des missions d'exploration gazières turques dans des eaux grecques ces derniers mois a plongé Ankara et Athènes dans une crise diplomatique d'une ampleur inédite depuis 1996, année où les deux pays ont frôlé la guerre.

Ces discussions s'inscrivent dans le cadre plus large d'une offensive de charme du président Recep Tayyip Erdogan. Celui-ci veut apaiser ses relations tendues avec l'Union européenne laquelle, excédée, a commencé le mois dernier à sanctionner Ankara.

Si Athènes a fait part ces derniers jours de son "optimisme et espoir", et Ankara salué l'"atmosphère positive", aucune avancée majeure n'est attendue lors de ces pourparlers.

En effet, les deux pays n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur la liste des sujets à aborder, signe que les discussions au bord du Bosphore risquent de tourner au dialogue de sourds.

Athènes souhaite discuter uniquement de la délimitation du plateau continental de ses îles en mer Egée. Ankara veut élargir les pourparlers à la définition des zones exclusives économiques et de l'espace aérien des deux pays.

Par ailleurs, le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, a dénoncé vendredi les "provocations" d'Athènes qui a évoqué le doublement de l'étendue de ses eaux territoriales en mer Egée, un sujet explosif qu'Ankara qualifie de "casus belli".

"Désescalade" 

Son homologue grec Nikos Dendias a pour sa part relativisé samedi l'importance de ces contacts, insistant sur le fait qu'il ne s'agissait "pas de négociations" officielles, mais de discussions "informelles".

"Nous espérons que ces discussions vont mener à une désescalade", a-t-il néanmoins ajouté. 

En dépit de ces désaccords, l'UE a favorablement accueilli la reprise du dialogue entre les deux pays, y voyant un "signal positif" pour les relations entre Ankara et Bruxelles après des mois de tensions. 

En décembre, les dirigeants de l'UE, réunis en sommet à Bruxelles, avaient décidé de punir les actions "illégales et agressives" de la Turquie en Méditerranée contre la Grèce et Chypre.

Le sommet de l'UE a adopté des sanctions individuelles censées viser des responsables impliqués dans les activités d'exploration menées par la Turquie en Méditerranée orientale. 

L'exploration gazière de la Turquie dans des zones maritimes disputées avec la Grèce et Chypre empoisonne ses relations avec ses voisins méditerranéens depuis des mois.

La crise entre Athènes et Ankara s'est intensifiée avec le déploiement en août par la Turquie du navire de recherches sismiques Oruç Reis dans des zones disputées, notamment près de l'île grecque de Kastellorizo proche du rivage turc.

La Grèce, qui doit conclure lundi l'achat de 18 avions de combat Rafale à la France pour renforcer sa défense face aux tensions accrues avec la Turquie, a accusé Ankara de violations de ses frontières maritimes.

La Turquie, elle, estime que la présence de cet îlot ne saurait justifier son exclusion d'un large pan de la Méditerranée orientale riche en gisements gaziers.

Toutefois, dans un apparent geste d'apaisement, Ankara a annoncé fin novembre le retour au port de l'Oruç Reis. 

Pour nombre d'analystes, la Turquie s'efforce d'apaiser les tensions avec l'Europe en raison de ses difficultés économiques, aggravées par la pandémie de nouveau coronavirus, et à cause de l'élection aux Etats-Unis du président Joe Biden.

Ankara s'attend en effet à un durcissement de Washington à son égard, alors que M. Erdogan avait développé avec Donald Trump une bonne relation personnelle.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com