Paris annonce 2 milliards d'euros supplémentaires pour les quartiers prioritaires

En matière de logement, le gouvernement souhaite «pousser à la diversification de l'habitat» et «éviter de continuer à concentrer les populations pauvres dans les quartiers pauvres» (Photo, AFP).
En matière de logement, le gouvernement souhaite «pousser à la diversification de l'habitat» et «éviter de continuer à concentrer les populations pauvres dans les quartiers pauvres» (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 29 janvier 2021

Paris annonce 2 milliards d'euros supplémentaires pour les quartiers prioritaires

  • L'exécutif veut aussi répondre à «l'appel au secours» d'une centaine d'élus de tous bords lancé en fin d'année dernière
  • Ces deux milliards d'euros ne seront toutefois pas entièrement déboursés par l'État, puisqu'une grande partie des fonds de l'ANRU provient d'Action Logement

PARIS: Le gouvernement a annoncé jeudi le déploiement de deux milliards d'euros supplémentaires pour la rénovation urbaine des quartiers prioritaires, posé ainsi la première brique de son «agenda égalité des chances» qui doit se décliner en plusieurs volets dans les semaines à venir.

Cette nouvelle enveloppe, qui porte à 12 milliards d'euros  la dotation de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), sera officiellement dévoilée vendredi à l'occasion d'un déplacement du Premier ministre, Jean Castex, à Grigny (Essonne), où se tiendra un Comité interministériel de la ville. Elle doit notamment servir à «débloquer des projets en attente de financements, notamment des gros quartiers à Marseille ou en Ile-de-France», a précisé Matignon.

Elle correspond exactement à la revendication formulée cette semaine par l'Union sociale pour l'habitat (USH), qui fédère tout le monde HLM, «pour améliorer à court et moyen terme les conditions de vie des habitants».

Ces deux milliards d'euros ne seront toutefois pas entièrement déboursés par l'État, puisqu'une grande partie des fonds de l'ANRU provient d'Action Logement, l'ancien 1% de logement géré par le patronat et les syndicats.

Mais, alors que le budget de l'ANRU était déjà passé de 5 à 10 milliards d'euros durant le quinquennat, cette accélération entend marquer la considération portée aux quartiers prioritaires de la ville (QPV), durement éprouvés par les conséquences de la crise du coronavirus.

Le ministère de la Ville rappelle ainsi que le taux de pauvreté s'y établit à 40%, soit trois fois la moyenne nationale, et le taux de chômage à plus de 22%. Et les remontées de terrain de ces derniers mois sont préoccupantes, avec «un recours accru aux aides sociales».

L'exécutif veut aussi répondre à «l'appel au secours» d'une centaine d'élus de tous bords lancé en fin d'année dernière, inquiets de la «détresse sociale et économique» des quartiers.

Dans ce cadre, M. Castex avait déjà promis au moins 1% du plan de relance - soit 1 milliard d'euros - serait bien destiné aux quartiers défavorisés, ce qu'il réaffirmera vendredi. En épluchant «ligne par ligne» le plan de relance, le gouvernement a établi que 810 millions d'euros de mesures d'insertion professionnelle bénéficieront aux QPV, ou encore 300 millions pour la rénovation énergétique des bâtiments ...

En tout, M. Castex dévoilera vendredi 15 mesures, touchant à la sécurité, au logement, à l'éducation ou l'emploi.

«Promesse d'émancipation»

Il s'agira par exemple d'indiquer les noms des communes retenues pour les sept «quartiers de reconquête républicaine» encore en suspens, où 180 policiers et gendarmes arriveront en renfort. Quelque 300 médiateurs et autant d'éducateurs spécialisés seront également envoyés dans les QPV.

Sur le volet éducation, le Premier ministre annoncera la reconduction des dispositifs de «vacances apprenantes» et de «quartiers d'été», dont un million de jeunes ont profité en 2020. Et il détaillera la liste de 46 nouvelles «cités éducatives», en plus des 80 existantes, qui visent à améliorer la réussite scolaire dans les quartiers.

Par ailleurs, 30 millions d'euros seront consacrés au recrutement de 500 conseillers Pôle emploi dans 66 agences.

De même, quelque 100 millions d'euros serviront à améliorer les équipements sportifs de ces communes.

Enfin, en matière de logement, le gouvernement souhaite «pousser à la diversification de l'habitat» et «éviter de continuer à concentrer les populations pauvres dans les quartiers pauvres». En ce sens, les préfets seront invités «au cas par cas» à ne pas délivrer d'agréments pour la construction de nouveaux logements parmi les plus sociaux dans les communes en comptant déjà au moins 40%.

Ces dispositions ne devraient cependant être que le coup d'envoi du plan plus large pour l'égalité des chances qu'entend égréner l'exécutif dans les prochaines semaines, alors que plusieurs ministères doivent remettre leurs propositions à M. Castex.

Ce plan doit permettre de former la «jambe gauche», dixit un conseiller ministériel, du très régalien projet de loi de lutte contre le «séparatisme» actuellement à l'examen au Parlement.

En ce sens, sont par exemple attendues des mesures contre les discriminations, sur l'accès aux responsablités dans la fonction publique ou encore la possible généralisation de la «garantie jeunes», à savoir une allocation mensuelle d'un montant maximal de 497 euros, couplée à un parcours d'insertion dans l'emploi.


Les députés approuvent la mise en place d'une taxe de deux euros pour les «petits colis»

L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
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  • La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes"
  • Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits.

208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l'examen en première lecture du budget de l'Etat. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.

La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", quand la ministre Amélie de Montchalin (Comptes publics) a défendu une "redevance" destinée à contrôler des produits souvent "dangereux".

Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites.

"Ce n'est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c'est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", a dénoncé le député Jean-Philippe Tanguy (RN).

"Faire croire aux Français qu'en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c'est se moquer du monde", a renchéri la présidente du groupe, Marine Le Pen, soulignant que "l'année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés".

La France insoumise s'est également dite soucieuse des répercussions de la taxe sur les consommateurs, exigeant pour les protéger que les plateformes soient taxées directement et non les colis, et menaçant de voter contre la mesure.

Le gouvernement a déposé un amendement destiné à répondre à cette préoccupation, permettant que la taxe soit payée via "le tuyau de la TVA", qui est "alimenté par les plateformes". Cela a convaincu LFI de soutenir la proposition gouvernementale.

La taxe devrait rapporter environ 500 millions d'euros, destinés selon Mme de Montchalin à financer l'achat de scanners pour contrôler les colis et embaucher des douaniers.

Elle s'est félicitée que la France mette en oeuvre la taxe "dès le 1er janvier", comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, neuf mois plus tôt que les autres pays de l'UE.

"Ceux qui ce soir ne voteront pas cette taxe (...) n'ont pas choisi la France, ils n'ont pas choisi nos commerçants, ils auront choisi la Chine et sa submersion", a-t-elle tonné.

Elle a par ailleurs rappelé que les ministres des Finances de l'Union européenne se sont accordés la semaine dernière pour supprimer l'exonération de droits de douane dont bénéficient ces petits colis.

Juste avant minuit, les députés ont en revanche supprimé un autre article du projet de loi, visant à fiscaliser l'ensemble des produits à fumer, avec ou sans tabac ou nicotine.

"Nous sommes 700. 000 personnes à avoir réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique", une alternative efficace pour "sauver des vies" qui est "bien moins dangereuse que la cigarette", a argumenté le député Renaissance Pierre Cazeneuve. Parmi elles, de nombreux députés, dont lui-même.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).