Pour les syndicats, le casse-tête de la mobilisation en télétravail

Les bureaux des entreprises se sont progressivement vidés depuis le déclenchement de l‘épidémie (Photo, AFP).
Les bureaux des entreprises se sont progressivement vidés depuis le déclenchement de l‘épidémie (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 31 janvier 2021

Pour les syndicats, le casse-tête de la mobilisation en télétravail

  • «C'est extrêmement compliqué de réussir à rassembler en ce moment», souligne Jean-François Pibouleau, délégué syndical central (DSC) CGT du groupe Renault
  • Alors que le constructeur a annoncé, fin mai 2020, 15 000 suppressions de postes dans le monde, dont 4 600 en France, les salariés se sont assez peu mobilisés pour s'y opposer

PARIS: Mobiliser des salariés en télétravail, mission impossible ? Près d'un an après le début de la crise sanitaire, de nombreux syndicalistes se creusent encore la tête pour trouver des solutions, même si quelques actions originales ont pu voir le jour.

« C'est extrêmement compliqué de réussir à rassembler en ce moment », souligne Jean-François Pibouleau, délégué syndical central (DSC) CGT du groupe Renault.

Alors que le constructeur a annoncé, fin mai 2020, 15 000 suppressions de postes dans le monde, dont 4 600 en France, les salariés se sont assez peu mobilisés pour s'y opposer.

La faute, bien sûr, à la crise sanitaire, qui a plongé les Français dans deux confinements et dans la crainte permanente de la Covid-19. Mais, aussi, au télétravail devenu la règle pour de nombreux travailleurs pour lutter contre la propagation du virus.

« Le syndicalisme par écrans interposés, c'est pas l'idéal », reconnaît Jean-François Pibouleau. Chez Renault, les syndicats ne peuvent pas utiliser les adresses mail des salariés, un obstacle à la communication.

C'est également le cas chez Sanofi. « On est privés d'un droit », attaque Jean-Louis Peyren, coordinateur CGT du groupe pharmaceutique.

Résultat : les salariés en télétravail « s'isolent » et « s'enferment » pour Jean-François Pibouleau. Ils « se retrouvent coupés de la société », selon Jean-Louis Peyren.

« Le lien est coupé »

« Paradoxalement, il y a eu une forte mobilisation » le 19 janvier, rappelle-t-il. La CGT, rejointe par d'autres syndicats, avait appelé à la grève contre les restructurations et pour une hausse des salaires.

« Ceux qui ont vraiment envie de se mobiliser, ils se mobilisent. Par contre, avec les indécis, ceux qui se décident à la machine à café...le lien est coupé », regrette-t-il.

Et, même concernant ceux qui se mobilisent, « le pointage peut s'avérer symbolique » car, à distance, rien ne dit qu'ils cessent réellement de travailler, estime Amélie Henri, coordinatrice CFE-CGC du groupe EDF.

Comment, alors, mobiliser ces « indécis » sans leur parler de vive voix ?

« Si vous avez des idées, je les veux bien ! », sourit Jean-Louis Peyren.

« On a fait des assemblées générales virtuelles », esquisse Jean-François Pibouleau, lui aussi en manque de solutions. « Un moindre mal », estime-t-il.

D'autres ont mis l'accent sur la pédagogie, à l'image d'Anne Debrégeas, de SUD Energie, qui travaille au service recherche et développement d'EDF, majoritairement en télétravail.

Elle a rédigé un argumentaire, publié sur le site de sa section, contre le projet Hercule de scission de l'énergéticien, fortement contesté en interne. Et « encourage les gens à faire connaître le problème autour d'eux », le bouche-à-oreille remplaçant les traditionnels affichages syndicaux dans les locaux de l'entreprise.

« On a beaucoup axé notre travail sur la communication », abonde Amélie Henri, dont le syndicat a organisé « des webconférences pour alerter sur Hercule ».

« Manifestation virtuelle »

La CFE-CGC a mis en place un système similaire chez GRTGaz, l'une des filiales d'Engie mobilisée contre la future réglementation énergétique RE 2020. « Ce qu'on a proposé, c'était que les équipes fassent grève pendant une heure à un moment précis, et on a ouvert des conférences téléphoniques pour faire de la pédagogie sur RE 2020 », explique Bettina Hortal, DSC du syndicat de l'encadrement.

Ces rendez-vous ont trouvé leur public, avec « 130 à 140 participants à chaque fois », se réjouit-elle, avant d'ajouter : « Ce que je retiens, c'est que les gens se sentent touchés quand on leur explique ».

Mais, pour Jean-François Pibouleau, ce système a ses limites : « Soit on fait une AG virtuelle, soit on fait une AG physique. On ne peut pas inviter en même temps les gens à distance et en présentiel ». 

S'il a réduit le champ d'action des syndicats, le télétravail forcé a également poussé à l'émergence d'actions insolites.

C'est ainsi que, pour s'opposer au rachat de Suez par Veolia, la CGT a organisé en novembre, en plein deuxième confinement, une « manifestation virtuelle » dans le secteur de l'énergie. Encouragés par le syndicat, les salariés avaient alors envoyé « 1 200 cartes » par mail aux dirigeants d'Engie et au ministère de l'Economie.

Mais la grève avait été peu suivie, signe des limites de la mobilisation en télétravail. Alors que semble se profiler un troisième confinement, les syndicats vont à nouveau devoir se creuser les méninges.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com