La visite d'Emmanuel Macron touche une corde sensible dans Beyrouth dévastée

Cette image poignante a fait le tour du monde. (Photo AFP).
Cette image poignante a fait le tour du monde. (Photo AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 07 août 2020

La visite d'Emmanuel Macron touche une corde sensible dans Beyrouth dévastée

  • « Je peux garantir que l’aide de la France n'ira pas aux mains de personnes corrompues. Le Liban libre se relèvera »
  • Les gens interpellaient et applaudissaient Emmanuel Macron tandis qu'une femme criait en français : « Aidez-nous, Monsieur le président »

BEYROUTH : Au milieu des ruines du port de Beyrouth détruit, le président français Emmanuel Macron a lancé hier un avertissement sévère aux dirigeants politiques libanais, affirmant que l’aide de la France n'ira pas « aux mains de personnes corrompues ». 

« Le Liban a besoin d'un changement politique », a déclaré Emmanuel Macron lors de sa visite de jeudi, ajoutant qu'il n'était « pas là pour soutenir le régime ou le gouvernement ».

Le président français a donné le ton dès son arrivée à l’aéroport de Beyrouth, affirmant qu’il ne rencontrerait les responsables libanais « que par courtoisie », ajoutant que « la crise libanaise est une crise morale et politique ».

Plus tard, assailli par la foule alors qu'il visitait les rues détruites près du port de Beyrouth, il a écouté les plaintes de personnes en larmes, sans abri à la suite de l'explosion massive qui a eu lieu mardi et qui a fait plus de 150 morts et 5 000 blessés.

Les gens interpellaient et applaudissaient Emmanuel Macron tandis qu'une femme criait en français : « Aidez-nous, Monsieur le président. »

Quelques jeunes hommes criaient : « Le peuple veut renverser le régime ! » tandis que d'autres scandaient : « À bas le Hezbollah ! ».

em

Confronté à une jeune femme qui lui reprochait d'avoir rencontré des fonctionnaires corrompus, Macron, baissant son masque et lui prenant la main, lui a répondu : « Je peux garantir que l’aide de la France n'ira pas aux mains de personnes corrompues. Le Liban libre se relèvera. »

Macron a promis une aide française « inconditionnelle », mais a déclaré : « Nous organiserons une aide internationale qui sera placée sous l’égide des Nations unies pour qu'elle atteigne directement le peuple libanais. Je suis là aussi pour lancer une nouvelle initiative politique. Je proposerai une nouvelle décennie politique lors de mes réunions et je reviendrai le 1er septembre pour assurer un suivi. »

Il a ajouté : « Je comprends la colère du peuple libanais envers la classe dirigeante, et cette colère est causée par la corruption. Cette explosion est le résultat de la négligence, et je vais vous aider à changer les choses. »

Ignorant ses gardes personnels, Macron a bouleversé son emploi du temps pour marcher dans les rues dévastées et saluer les gens qui se tenaient sur les vestiges de leurs balcons pour saluer la France.

Alors que la foule se pressait pour exprimer ses préoccupations, il a retardé sa rencontre avec le président libanais Michel Aoun de plus de trente minutes.

Un jeune homme a déclaré après le départ de Macron : « Le président français s’est intéressé au sort des Libanais dans ce pays francophone. Où sont nos dirigeants ? Pourquoi ne sont-ils pas venus ici comme le président français ? »

Le président Macron est le premier dirigeant étranger arrivé au Liban après la catastrophe de ce mardi. Il a insisté pour inspecter la zone dévastée par l'explosion avant de participer à des réunions politiques. À son arrivée à Beyrouth, il a tweeté : « Le Liban n'est pas seul ».

em

« Nous organiserons une aide internationale qui sera placée sous l’égide des Nations unies pour qu'elle atteigne directement le peuple libanais. Je suis là aussi pour lancer une nouvelle initiative politique. Je proposerai une nouvelle décennie politique lors de mes réunions et je reviendrai le 1er septembre pour assurer un suivi. »

Emmanuel Macron

Alors que le pays est confronté à un effondrement économique, à une crise monétaire et à la menace de pénuries alimentaires, l'explosion massive a laissé le peuple libanais stupéfait et encore plus craintif pour l'avenir.

Emmanuel Macron a assuré être « franc, direct et sincère » dans son message aux autorités au milieu de la crise économique et financière qui touche le Liban.

« Si ces réformes ne sont pas faites, le Liban continuera de s'enfoncer », a-t-il insisté.

La délégation française qui accompagnait Emmanuel Macron comptait sept spécialistes des explosifs. Ils ont ensuite été rejoints par dix-sept experts qui participeront aux recherches des personnes disparues lors de l'explosion ou ensevelies sous les décombres.

Alors que le président français inspectait les dégâts causés au port, un secouriste français a déclaré : « Il y a de bons espoirs de retrouver des personnes vivantes. »

Le président du Parlement, Nabih Berri, et le Premier ministre, Hassan Diab, ont rejoint la réunion au palais de Baabda, tandis que Macron évitait de serrer la main de tout fonctionnaire.

Lors d'une conférence de presse conjointe avec le président Aoun, près la réunion, il a déclaré : « Nous voulons connaître les causes de l'explosion du port de Beyrouth. »

Une réunion à la Résidence des Pins, siège de l'ambassadeur de France au Liban, a rassemblé des personnalités politiques et partisanes, dont des loyalistes et l'opposition.

En même temps, le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a exigé la formation « d’un comité d'enquête international » pour mener des investigations sur l'explosion.

Joumblatt, qui a décrit le Premier ministre Diab comme « un loup », a ajouté : « Nous ne croyons en aucun cas au gouvernement. Nous ne lui faisons pas confiance. »

« Il y a un échec flagrant de la justice et des services de sécurité, et nous n'avons absolument aucune confiance dans ce gang au pouvoir. »

Jumblatt a déclaré : « Sans soutien international et arabe, nous ne pouvons pas continuer en tant que pays, et le Grand Liban pourrait disparaître. »

Il s'est également interrogé sur la cause probable de l'explosion, déclarant : « Cette énorme quantité de nitrate d'ammonium est arrivée au port de Beyrouth et y est restée près de six ans. Or, le nitrate n'explose pas, même s'il est toxique ou explosif par lui-même – il a besoin d'un détonateur. »

Le site de l'explosion meurtrière bouclé par l'armée libanaise, les équipes de secours ont continué de rechercher des survivants ou des morts.

Selon le ministre de la Santé, Hamad Hassan, quatre-vingts personnes sont toujours portées disparues. Six corps ont été récupérés à l'intérieur du port et trois autres dans la mer.

Ajoutons que, mercredi soir, trente-six experts en recherche et sauvetage, dont des pompiers accompagnés de chiens entraînés, sont arrivés de la République tchèque.

 Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Nucléaire : Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à entamer des négociations sans « préconditions »

Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025.  (Photo de Joe Klamar / AFP)
Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025. (Photo de Joe Klamar / AFP)
Short Url
  • es ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.
  • Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

PARIS : Selon une source diplomatique française, les ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.

Lundi soir, Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul ont eu un entretien avec la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, et ont en outre « appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire », comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères a fait état d'un appel entre le ministre iranien des Affaires étrangères et chef négociateur pour le nucléaire et ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas. 

Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ainsi que l'UE, sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les États-Unis s'étaient retirés unilatéralement.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les États-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année, qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations était prévu la semaine dernière, mais il a été annulé après les frappes israéliennes.

Les États-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, que des experts considèrent comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été transmis par les ministres français, britannique et allemand à Israël « sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, les infrastructures et les populations civiles », selon une source diplomatique française.


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Short Url
  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Short Url
  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.