Fin de partie pour GameStop à Wall Street ?

La saga Gamestop a bouleversé l’ordre établi sue le marché boursier (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 03 février 2021

Fin de partie pour GameStop à Wall Street ?

  • Après une fulgurante ascension la semaine dernière, la chaîne de magasins de jeux vidéo GameStop connaît des lendemains difficiles à Wall Street
  • La saga boursière du début d'année, qui a vu des investisseurs amateurs défier des fonds spéculatifs gérant des milliards de dollars d'actifs, est-elle déjà terminée ?

NEW YORK: Après une fulgurante ascension la semaine dernière, la chaîne de magasins de jeux vidéo GameStop connaît des lendemains difficiles à Wall Street, où son action a dégringolé de 72% depuis lundi.

La saga boursière du début d'année, qui a vu des investisseurs amateurs défier des fonds spéculatifs gérant des milliards de dollars d'actifs, est-elle déjà terminée ? Quels enseignements peut-on en tirer ?

Pourquoi GameStop chute ?

-31% lundi, -60% mardi : le brusque repli du titre de GameStop (coté sous le symbole GME) est à la mesure de son incroyable envolée hebdomadaire de 400% entre lundi et vendredi derniers.

Le titre avait alors été poussé par une armée de boursicoteurs, active notamment sur le site communautaire Reddit, qui s'est liguée contre les grands fonds ayant parié sur un effondrement de GameStop.

Cette dynamique a clairement perdu de son élan en début de semaine.

Ce coup d'arrêt s'explique en partie par la liquidation de positions prises par des fonds d'investissement, qui ont dû racheter au prix fort des actions dont ils avaient anticipé le recul.

Quincy Krosby de Prudential Financial souligne qu'en fin de semaine dernière, « on a commencé à voir dans presque chaque secteur du marché les actions d'entreprises individuelles baisser de manière plus marquée que le secteur dont elles font partie. »

« Cela a été la conséquence de ventes forcées par les hedge funds. Ils ont dû vendre tout ce qu'ils pouvaient pour couvrir leurs paris à la baisse » et procéder aux rachats d'actions comme GameStop, ajoute l'experte.

Une fois ces liquidations finalisées, la demande pour ces titres a naturellement ralenti, pesant sur son cours.

D'autres facteurs ont aussi pu jouer, comme la crainte d'une intervention du gendarme boursier américain, la SEC, face à la volatilité extrême du marché ou encore les limites imposées sur les transactions par certaines plateformes de courtage, qui avaient déjà lésé GameStop jeudi.

Dans le sillage de GameStop, d'autres actions ayant fait l'objet d'une frénésie spéculative ont sombré mardi, notamment celle des salles de cinéma AMC (-41%) ou de la chaîne de grands magasins Bed, Bath & Beyond (-16%).

Le cours de l'argent, qui avait atteint lundi un sommet en huit ans après avoir également bénéficié de l'intérêt d'investisseurs en herbe, était en repli de 8%.

Quel rôle pour les investisseurs particuliers ?

Si la page GameStop est sur le point d'être tournée, le rôle en Bourse des petits investisseurs est plus que jamais sur le devant de la scène.

La pandémie et les mesures de confinement avaient déjà contribué à faire exploser le nombre d'investisseurs du dimanche, privés de paris sportifs et adeptes d'applications de courtage comme Robinhood.

Parfois décrit comme une communauté de « millenials », bercés aux réseaux sociaux et aux nouvelles technologies, ce groupe est pourtant loin d'être homogène, rappelle Mme Krosby. 

« Les investisseurs individuels ne sont pas que des jeunes de 25 ans en colère. Des professionnels expérimentés sont aussi entrés dans la mêlée » pour profiter de la hausse, indique l'experte.

Professionnels ou non, ces investisseurs ont su exploiter des failles du marché pour piéger à leur propre jeu des fonds spéculatifs. 

Certains acteurs de la haute finance pensent néanmoins que cette stratégie est vouée à l'échec à plus long terme. 

« Les victimes de l'expérience GameStop sont et continueront d'être les utilisateurs de Robinhood qui ont envahi les marchés financiers (...) en n'ayant ni la taille, ni le plan détaillé, ni l'expertise mathématique dans la cotation des options pour réussir », a estimé l'investisseur et gestionnaire de fonds Bill Gross.

Un risque de bulle financière ?

Le vent de panique qui a soufflé sur Wall Street la semaine dernière a également ravivé les discussions autour du possible éclatement d'une bulle financière.

Beaucoup d'observateurs jugent en effet le marché boursier surévalué depuis de nombreux mois, la santé à Wall Street de nombreuses entreprises ne reflétant pas leur performance réelle.

La politique accommodante de la Réserve fédérale (taux bas, rachat d'actifs), qui a inondé les marchés de liquidités, et les mesures de relance du gouvernement américain ont permis à une masse monétaire conséquente de circuler en Bourse, créant de fait un déséquilibre.

Les mesures de la Banque centrale américaine (Fed) ont pour but de soutenir l'économie, ralentie par la récession, et d'encourager l'investissement. Mais un changement de cap de la Fed pourrait s'avérer fatal.

« Pour la plupart des spécialistes, une bulle éclate quand le marché estime que la Fed est sur le point de devenir plus restrictive », explique Krosby.

A cet égard, la fièvre GameStop pourrait être un signe avant-coureur d'un mouvement plus profond.


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.