Les S-400 posent toujours problème pour les relations américano-turques sous Biden

Le système S-400 de la Turquie a été installé l'année dernière. (AFP/Dossier)
Le système S-400 de la Turquie a été installé l'année dernière. (AFP/Dossier)
Short Url
Publié le Jeudi 04 février 2021

Les S-400 posent toujours problème pour les relations américano-turques sous Biden

  • Erdogan s’est récemment engagé à entamer des négociations pour l’achat d’un deuxième lot de missiles à Moscou malgré l’opposition américaine
  • Les États-Unis considèrent la présence de missiles S-400 sur le sol turc comme une menace sérieuse pour les systèmes de défense plus élargis de l’Otan et le fonctionnement des F-35

ANKARA: Mardi, la Turquie a eu son premier contact officiel avec l’administration du président américain, Joe Biden, avec un appel téléphonique entre les principaux conseillers des deux pays.

Ibrahim Kalin, conseiller principal du président turc, Recep Tayyip Erdogan, en matière de politique étrangère, et Jake Sullivan, conseiller américain pour la sécurité nationale, ont discuté des derniers développements en Syrie, en Libye, en Méditerranée orientale, à Chypre et dans le Haut-Karabakh.

De nombreuses voix s'élèvent à Washington pour remettre en question l'alliance entre les deux pays suite à l'achat par Ankara d'un système de défense antimissile russe en 2019.

Le système turc S-400 a été installé l’année dernière, et Erdogan s’est récemment engagé à entamer des négociations pour l’achat d’un deuxième lot de missiles à Moscou malgré l’opposition américaine.

«Nous n’avons pas à demander l’autorisation à l’administration Biden», a déclaré le président.

Dans un communiqué, la Maison-Blanche indique que Jake Sullivan a exprimé «sa crainte que l’acquisition par la Turquie du système de missiles sol-air russe S-400 ne sape la cohésion et l’efficacité de l’alliance».

Mais selon Ozgur Unluhisarcikli, directeur du bureau d’Ankara du groupe de réflexion German Marshall Fund, Washington n’envisage pas de grands changements avec la Turquie.

«Ce que le communiqué de presse suggère, c'est de poursuivre la coopération sur les questions sur lesquelles les deux alliés sont d'accord, de résoudre les litiges qui peuvent l'être, mais surtout de gérer les désaccords de manière efficace, plutôt que de simplement accepter de ne pas être d’accord de manière informelle», explique-t-il à Arab News.

«Alors que les litiges sur les questions secondaires sont plus faciles à gérer, ceux qui sont liés à des problématiques sur le cœur du traité de l’alliance entre la Turquie et les États-Unis sont une autre histoire».

L’échange entre Jake Sullivan et Ibrahim Kalin intervient une semaine après une autre déclaration de la Maison-Blanche qui décrit la Chine et la Turquie comme des préoccupations mutuelles pour Washington et l’Union européenne (UE) avec laquelle la seconde partage une frontière orientale.

En décembre dernier, Washington a imposé des sanctions à Ankara – y compris une interdiction de délivrer des licences d'exportation – sur l'acquisition du S-400. Washington avait déjà retiré son allié au sein de l’Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan) du programme d'avions de chasse F-35, bien que plusieurs parties de l'avion soient fabriquées en Turquie.

Les États-Unis considèrent la présence de missiles S-400 sur le sol turc comme une menace sérieuse pour les systèmes de défense plus élargis de l’Otan et le fonctionnement des F-35, même si Ankara affirme que les missiles ne seront pas intégrés dans les défenses de l’alliance.

«Pour les Américains, au sujet des S-400, la balle est dans le camp de la Turquie. Les sanctions sont un avertissement destiné à montrer que les États-Unis sont prêts à aller plus loin mais ne souhaitent pas le faire», explique Max Hoffman, un analyste turc du Center for American Progress, basé à Washington.

Selon lui, les concessions turques, comme le fait de ne pas acheter davantage de systèmes d’armes et de ne pas activer complètement le réseau actuel, sont essentielles pour éviter une nouvelle escalade.

«Il sera difficile pour Erdogan de faire marche arrière, mais c’est une situation qu’il a lui-même créée – les États-Unis ont constamment mis en garde contre les conséquences», ajoute-t-il.

Dans une récente interview accordée à la Deutsche Welle le 26 janvier, James Jeffrey, ancien envoyé spécial américain pour la Syrie, ne prévoit aucune amélioration des relations américano-turques sous Biden. «Ankara n’a pas saisi les occasions offertes sous l’administration de l’ancien président américain Donald Trump, pour parvenir à des compromis», explique-t-il.

«Nous avons retardé les sanctions S-400 une première fois, puis une deuxième, puis encore une fois… Avons-nous réussi à aller de l'avant ? Bien sûr que non. C'est l'héritage que récupère l'équipe Biden», poursuit James Jeffrey.

Antony Blinken, secrétaire d’État américain, a récemment qualifié la Turquie de partenaire «soi-disant stratégique», laissant entendre que les relations bilatérales allaient connaître des moments difficiles.

«La nouvelle administration américaine considère le fait que la Turquie détienne des systèmes S-400 comme un problème lié à la cohésion de l’alliance», explique Ozgur Unluhisarcikli.

«Apparemment, il y a une volonté des deux côtés d’empêcher la relation de se détériorer voire de l’améliorer si possible. Ce qu’ils doivent faire maintenant, c’est s’entendre sur le cadre général de relation, y compris sur la façon dont ils géreront leurs désaccords», ajoute-t-il.

Les sanctions américaines ont reçu le soutien bipartite du Congrès américain en décembre. C’est la première fois que la loi sur la lutte contre les adversaires américains par des sanctions (Caatsa) est utilisée contre un allié de l’Otan.

Le désaccord sur les S-400 pourrait figurer parmi les principaux défis dans les relations à moins qu’Ankara ne fasse preuve de souplesse.

Selon M. Hoffman, en promouvant si activement les S-400 dans la presse turque, Erdogan a rendu plus difficile le compromis chez lui, en particulier parmi les électeurs nationalistes.

«Même si le retrait du programme des F-35 était une mesure punitive plus importante que les sanctions de la Caatsa, elle ne semble pas avoir changé l’attitude d’Erdogan», explique Max Hoffman qui reste peu optimiste quant à un compromis futur.

«L’arbitrage entre les F-35 et les S-400 n'a pas de sens en termes de politique étrangère rationnelle et réaliste. Cela souligne l'importance des préoccupations politiques et idéologiques intérieures dans le calcul d'Erdogan», ajoute-t-il.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
Short Url
  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
Short Url
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.