La longue histoire d'expulsion de diplomates entre l'Est et l'Ouest

Le président américain Ronald Reagan et le dirigeant de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev, à Washington en 1987 (Photo, AFP).
Le président américain Ronald Reagan et le dirigeant de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev, à Washington en 1987 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 09 février 2021

La longue histoire d'expulsion de diplomates entre l'Est et l'Ouest

  • Les expulsions de diplomates ont marqué à plusieurs reprises les crises entre l'Union soviétique, puis la Russie, d'un côté, et les puissances occidentales de l'autre
  • La Pologne, l'Allemagne et la Suède ont annoncé des mesures de rétorsion après que Moscou a déclaré persona non grata des diplomates de ces pays accusés d'avoir participé à une manifestation en faveur de l'opposant incarcéré Alexeï Navalny

PARIS: Les expulsions de diplomates ont marqué à plusieurs reprises les crises entre l'Union soviétique, puis la Russie, d'un côté, et les puissances occidentales de l'autre.

La Pologne, l'Allemagne et la Suède ont annoncé lundi des mesures de rétorsion après que Moscou a déclaré persona non grata des diplomates de ces trois pays accusés d'avoir participé à une manifestation en faveur de l'opposant incarcéré Alexeï Navalny.

Pendant la Guerre froide

- Septembre 1971: Londres expulse 105 diplomates et officiels soviétiques, Moscou refusant de clarifier les activités de 440 de ses ressortissants au Royaume-Uni. En représailles, 18 Britanniques sont expulsés d'URSS.

- Avril 1983: 47 diplomates soviétiques en poste en France sont expulsés dans le cadre de l'affaire Farewell (nom de code de Vladimir Vetrov, un ingénieur soviétique en poste à la mission commerciale soviétique à Paris de 1965 à 1970).

- Novembre 1983: La Grenade expulse 49 diplomates soviétiques, peu après l'intervention des troupes américaines sur l'île.

- Septembre 1985: Le gouvernement britannique demande à 25 membres de l'ambassade soviétique de quitter le pays après la défection à Londres d'Oleg Gordievsky, le plus haut gradé du KGB jamais passé à l'Ouest. Moscou expulse 25 Britanniques. Une seconde vague d'expulsions croisées suivra.

- Automne 1986: Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev se livrent pendant plusieurs semaines à une « guerre des diplomates », à coups d'expulsions croisées. 

Mi-septembre, Washington exige le départ de 25 membres de la mission soviétique à l'ONU. Moscou réplique en expulsant cinq diplomates américains. 

Un mois plus tard, Washington expulse 55 autres Soviétiques en poste aux Etats-Unis, dont cinq sont soupçonnés d'espionnage. Moscou renvoie cinq Américains et retire tout le personnel soviétique travaillant pour les représentations américaines en URSS, perturbant fortement leur fonctionnement.

- Juin 1988: Ottawa expulse ou déclare persona non grata 19 Soviétiques. Moscou prend les mêmes mesures à l'encontre de treize Canadiens.

Depuis l'éclatement de l'URSS

- Mars 2001: Washington expulse une cinquantaine de diplomates russes dont quatre sont déclarés persona non grata. Ces derniers sont accusés d'avoir été en contact avec un agent du FBI arrêté pour avoir travaillé pendant une quinzaine d'années pour Moscou. Moscou expulse le même nombre de diplomates.

- Juillet 2007: Londres restreint les visas pour les responsables russes et expulse quatre diplomates face au refus de Moscou d'extrader Andreï Lougovoï, principal suspect du meurtre d'Alexandre Litvinenko. Cet agent russe devenu opposant au Kremlin a été empoisonné en novembre 2006 à Londres au polonium-210. 

Moscou expulse à son tour quatre diplomates britanniques, interrompt la coopération dans la lutte antiterroriste et arrête les délivrances de visas aux fonctionnaires britanniques. 

- Décembre 2016: l'administration démocrate de Barack Obama expulse 35 agents russes pour punir Moscou de son ingérence dans la présidentielle américaine, juste avant l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Vladimir Poutine laisse sa chance au nouveau président américain, mais devant l'absence d'amélioration dans les relations, la guerre des sanctions est relancée: les deux pays réduisent réciproquement le nombre de leurs diplomates.

- Mars 2018: une vague historique d'expulsions croisées entre Londres et ses alliés et Moscou intervient à la suite de l'empoisonnement en Angleterre de Sergueï Skripal, un ex-agent double russe, et de sa fille. 

L'attaque imputée par le Royaume-Uni à la Russie, ce qu'elle a toujours nié, aboutit à l'expulsion de plus de 300 diplomates russes ou occidentaux, et à l'adoption de sanctions économiques par les Etats-Unis.

- Août 2020: La Slovaquie expulse trois diplomates russes pour « un crime grave », les médias locaux rapportant un lien possible avec l'assassinat d'un ancien rebelle tchétchène en Allemagne en 2019. Moscou expulse trois diplomates slovaques. 

Des diplomates norvégien et autrichien avaient été déclarés, quelques jours plus tôt, persona non grata en Russie en représailles à l'expulsion par Oslo et Vienne de diplomates russes pour des affaires d'espionnage.


Fête nationale de Belgique 2025: le Roi Philippe dénonce les « graves dérives humanitaires à Gaza »

Le Roi Philippe de Belgique. (AFP)
Le Roi Philippe de Belgique. (AFP)
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  • « Quand le droit international est bafoué, le monde entier est perdant »
  • Le Roi a partagé une rencontre poignante avec deux pères de famille, l’un palestinien, l’autre israélien, ayant chacun perdu un enfant dans le conflit

BRUXELLES À l’occasion de la Fête nationale, le Roi Philippe de Belgique a livré un discours à la fois grave et porteur d’espoir, dans lequel il a exhorté à la défense du droit international et rappelé la nécessité de rester fidèles aux valeurs fondamentales de justice, de démocratie et de dignité humaine.

Alors que les conflits se multiplient à travers le monde, le Souverain a mis en garde contre les remises en cause croissantes du droit international, qu’il a qualifié de « clé de voûte » de l’ordre mondial. « Quand le droit international est bafoué, le monde entier est perdant », a-t-il déclaré, soulignant que cette dérive ouvre la voie à l’instabilité et à la violence.

Face à cette recrudescence des tensions, le Roi a salué le choix de l’Europe de privilégier la coopération plutôt que la confrontation. « C’est un choix remarquable, parfois difficile, et qui demande du courage », a-t-il affirmé, soulignant que l’Union européenne constitue une force stabilisatrice indispensable, notamment pour relever les défis numériques, sécuritaires et climatiques.

 


Des centaines de publicités Instagram et Facebook financent l'armée israélienne

Un soldat israélien regarde son téléphone portable alors qu'il est assis dans le véhicule militaire après être entré en Israël depuis Gaza à la frontière entre Israël et Gaza, Israël, 6 janvier 2024. (REUTERS)
Un soldat israélien regarde son téléphone portable alors qu'il est assis dans le véhicule militaire après être entré en Israël depuis Gaza à la frontière entre Israël et Gaza, Israël, 6 janvier 2024. (REUTERS)
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  • L'enquête d'Eko a révélé qu'au moins 117 annonces sollicitaient explicitement des dons pour du matériel utilisé par Tsahal, y compris des drones qui auraient été équipés de grenades et utilisés lors d'attaques meurtrières à Gaza.
  • Eko a déclaré que la plupart des publicités ont permis de collecter des fonds pour des drones Autel EVO, le modèle que les soldats israéliens auraient équipé de grenades et utilisé lors d'attaques meurtrières à Gaza, y compris contre des enfants.

LONDRES : L'organisme de surveillance des consommateurs Eko a découvert des centaines de publicités sur les plateformes Meta - notamment Instagram et Facebook - qui font la promotion de campagnes de crowdfunding pour les Forces de défense israéliennes, en violation apparente des propres politiques publicitaires de l'entreprise.

Les publicités, gérées par des groupes pro-israéliens, visent à collecter des fonds pour des équipements militaires tels que des drones et du matériel tactique, malgré les règles de Meta interdisant la promotion d'armes à feu et de contenus liés aux armes.

Selon les recherches d'Eko, au moins 117 annonces ont été publiées depuis mars 2025, sollicitant explicitement des dons pour du matériel utilisé par Tsahal. Ces annonces, lancées par deux groupes, ont ciblé des utilisateurs aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans l'Union européenne, et ont généré au moins 76 000 impressions, c'est-à-dire le nombre de fois qu'une annonce est affichée aux utilisateurs.

Ensemble, les campagnes ont permis de récolter plus de 2,4 millions de dollars grâce aux pages de renvoi liées aux publicités.

"Nous sommes l'équipe de tireurs d'élite de l'unité Shaked, stationnée à Gaza, et nous avons besoin de toute urgence de trépieds de tir pour mener à bien notre mission à Jabalia", pouvait-on lire dans une publicité sur Facebook.

Eko a déclaré que la plupart des publicités ont permis de collecter des fonds pour des drones Autel EVO, le modèle que les soldats israéliens auraient équipé de grenades et utilisé lors d'attaques meurtrières à Gaza, y compris contre des enfants.

Une enquête menée par le magazine israélien +972 a récemment révélé qu'Israël avait acquis un grand nombre de quadcoptères Autel fabriqués en Chine - des drones généralement utilisés pour la photographie et disponibles à l'achat sur Amazon - et les avait adaptés pour transporter des explosifs.

"La plupart de nos drones sont cassés et tombent en morceaux, et nous n'avons pas de remplaçants", indique une autre annonce. "Faites un don maintenant - chaque seconde compte, chaque drone sauve des vies.

Bien qu'Eko ait noté qu'il n'est pas clair si les fonds collectés par le biais des publicités ont été directement utilisés pour acheter des drones, les soldats de Tsahal ont déclaré à +972 qu'ils avaient reçu des drones Autel grâce à des dons, des collectes de fonds et des groupes Facebook.

L'un des groupes identifiés par Eko est l'organisation à but non lucratif Vaad Hatzedaka, qui a créé un lien vers une page de dons listant l'équipement qu'elle cherchait à financer, y compris deux drones Autel. Depuis ce mois-ci, la campagne a recueilli plus de 250 000 dollars sur les 300 000 qu'elle s'était fixée comme objectif.

Une autre campagne, lancée par l'auteur-compositeur-interprète israélien Mayer Malik, affirme avoir recueilli plus de 2,2 millions de dollars pour les forces de défense israéliennes.

Les politiques publicitaires de Meta interdisent explicitement les contenus qui promeuvent la vente ou l'utilisation de produits soumis à des restrictions, tels que les armes, les munitions et les explosifs.

"Meta profite d'un génocide en approuvant des publicités qui permettent d'acheminer des millions de dollars vers des drones tueurs et du matériel militaire susceptibles d'être utilisés pour assassiner des Palestiniens", a déclaré Vicky Wyatt, directrice de la campagne. "Il ne s'agit pas seulement d'un échec de la modération, mais d'un modèle commercial conçu pour récompenser celui qui paie, quel que soit le préjudice.

Bien que Meta ait supprimé certaines des publicités signalées dans le dernier rapport d'Eko, l'organisme de surveillance a déclaré que l'entreprise n'avait pas fait grand-chose pour répondre aux préoccupations plus générales soulevées lors d'une précédente enquête en décembre 2024. À l'époque, Eko avait signalé 98 publicités similaires, ce qui avait entraîné leur retrait, mais Meta avait permis aux annonceurs de revenir avec des campagnes presque identiques.

Le FDI lui-même ne mène pas directement les campagnes de collecte de fonds.

Ces nouvelles conclusions interviennent quelques jours seulement après qu'une enquête distincte menée par le Tech Transparency Project a révélé que des plateformes telles que X et WhatsApp étaient utilisées comme vitrines pour la vente d'armes par des marchands d'armes liés aux militants houthis au Yémen.

Eko a averti que l'approbation par Meta des publicités liées à l'IDF pourrait également enfreindre la loi sur les services numériques de l'UE, qui exige que les plateformes retirent les contenus qui enfreignent les lois nationales ou européennes. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


L'administration Trump publie des archives sur l'assassinat de Martin Luther King

Le révérend Martin Luther King, Jr. traverse le balcon du Lorraine Motel à Memphis, le 3 avril 1968. (AP/Fichier)
Le révérend Martin Luther King, Jr. traverse le balcon du Lorraine Motel à Memphis, le 3 avril 1968. (AP/Fichier)
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  • Le gouvernement de Donald Trump a rendu publiques lundi « plus de 230 000 pages » d'archives classifiées sur l'assassinat de Martin Luther King en 1968.,
  • Les 230 000 pages publiées lundi portent notamment sur l'enquête du FBI, la police fédérale, concernant la traque internationale de l'assassin présumé de Martin Luther King, ainsi que sur le témoignage d'un de ses codétenus.

WASHINGTON : Le gouvernement de Donald Trump a rendu publiques lundi « plus de 230 000 pages » d'archives classifiées sur l'assassinat de Martin Luther King en 1968, malgré les inquiétudes exprimées par la famille du leader des droits civiques.

Le 23 janvier, le président américain avait ordonné par décret la déclassification des archives gouvernementales relatives à l'assassinat du président John F. Kennedy en 1963, ainsi qu'à ceux de son frère Robert F. Kennedy, dit Bobby, et de Martin Luther King Jr en 1968.

En mars, les Archives nationales ont rendu publics de nouveaux documents classifiés sur l'assassinat du président John F. Kennedy, qui a bouleversé les États-Unis et le monde, donnant lieu à de nombreuses théories et spéculations.

En avril, elles ont fait de même pour celui de Bobby Kennedy, père de l'actuel ministre de la Santé de l'administration Trump, Robert Kennedy Jr., et ministre de la Justice du président démocrate assassiné.

Les 230 000 pages publiées lundi portent notamment sur l'enquête du FBI, la police fédérale, concernant la traque internationale de l'assassin présumé de Martin Luther King, ainsi que sur le témoignage d'un de ses codétenus, selon un communiqué de la directrice du Renseignement national américain, Tulsi Gabbard, à l'origine de l'annonce.

Les États-Unis « assurent une complète transparence sur cet événement tragique et décisif dans l'histoire du pays », déclare-t-elle.

Cependant, dans un communiqué, les enfants du célèbre défenseur des droits civiques s'inquiètent d'un possible détournement de la publication de ces documents, qui pourrait servir à « attaquer sa postérité ou les réalisations du mouvement ». 

De son vivant, Martin Luther King était la cible d'une « campagne de désinformation et de surveillance » orchestrée par le directeur du FBI de l'époque, le puissant J. Edgar Hoover, dans le but de « discréditer sa réputation et, plus généralement, celle du mouvement pour les droits civiques », rappellent-ils.

Ils réaffirment par ailleurs ne pas croire à la culpabilité de James Earl Ray, un ségrégationniste blanc condamné pour cet assassinat perpétré le 4 avril 1968 sur le balcon d'un motel de Memphis, dans le sud des États-Unis, où Martin Luther King était venu soutenir des éboueurs en grève.

James Earl Ray est mort en prison en 1998.