L'armée birmane décrète la loi martiale, les manifestations se poursuivent

Des manifestants déploient une banderole hostile au coup d’état militaire, à Rangoun le 8 février (Photo, AFP).
Des manifestants déploient une banderole hostile au coup d’état militaire, à Rangoun le 8 février (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 09 février 2021

L'armée birmane décrète la loi martiale, les manifestations se poursuivent

  • Le commandant en chef de l'armée, s'est exprimé pour la première fois dans la soirée, invoquant de nouveau «des fraudes électorales» pour justifier son putsch
  • La pression monte. La loi martiale a été décrétée notamment dans plusieurs quartiers de Rangoun, la capitale économique, et de Mandalay (centre), deuxième ville du pays

RANGOUN: Des canons à eau ont été employés mardi dans la capitale de la Birmanie, contre des manifestants qui protestaient contre le coup d'Etat militaire, selon des images diffusées en direct à la télévision. Ce petit groupe de manifestants refusait de se disperser face au barrage des forces de l'ordre, aux cris de cessez la «dictature militaire».

Ces manifestations ont eu lieu alors que la la loi martiale a été décrétée lundi dans plusieurs villes de Birmanie, les généraux faisant planer pour la première fois la menace de représailles contre les manifestants, descendus par centaines de milliers dans les rues contre le coup d'État.

Le commandant en chef de l'armée, Min Aung Hlaing, s'est exprimé pour la première fois dans la soirée, invoquant de nouveau « des fraudes électorales » lors des législatives de novembre pour justifier son putsch.

« Nous enquêtons sur les autorités responsables » de ces irrégularités, a-t-il ajouté sur la chaîne de l'armée Myawaddy TV. Il s'est engagé à « la tenue d'élections libres et justes » à la fin de l'état d'urgence d'un an et promis un régime militaire « différent » des précédents.

La Birmanie a vécu près de 50 ans sous le joug de l'armée depuis son indépendance en 1948. Le putsch du 1er février, avec le renversement du gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi et l'arrestation de cette dernière, a mis fin à une brève parenthèse démocratique d'une décennie.

La pression monte. La loi martiale a été décrétée notamment dans plusieurs quartiers de Rangoun, la capitale économique, et de Mandalay (centre), deuxième ville du pays.

Les manifestations et les rassemblements de plus de cinq personnes sont interdits et un couvre-feu est instauré de 20H00 à 04H00, heure locale.

L'armée a aussi brandi la menace de représailles à l'encontre des manifestants pro-démocratie, toujours plus nombreux dans les rues. « Des actions doivent être prises (...) contre les infractions qui troublent, empêchent et détruisent la stabilité de l'État », a fait savoir la télévision d'Etat.

Washington soutient les manifestants

La police a fait usage de canons à eau à Naypyidaw, la capitale, contre des manifestants.

« Nous sommes du côté du peuple birman et nous soutenons son droit » à »manifester de façon pacifique en faveur du gouvernement élu démocratiquement », a réagi le département d'Etat américain, qui a condamné les restrictions visant les manifestants.

Les Etats-Unis ont aussi dit avoir « tenté d'entrer en contact avec Aung San Suu Kyi » mais s'être heurtés à une fin de non recevoir des putschistes.

Le Royaume-Uni, l'Union européenne et 19 autres membres du Conseil des droits de l'homme de l'ONU ont de leur côté demandé une réunion d'urgence, tandis que le pape François a exhorté lundi à la libération « rapide » des responsables emprisonnés.

Mais aucune action concrète de la communauté internationale n'a été prise pour l'instant contre les généraux, même si Washington et les Européens continuent de faire planer la menace de sanctions.

La fronde grandit dans le pays. Lundi, plusieurs centaines de milliers de personnes, d'après diverses estimations, se sont rassemblées à Rangoun.

« Nous n'allons pas travailler même si notre salaire va baisser », a déclaré Hnin Thazin, salariée dans une usine de confection, répondant à l'appel à la grève générale émis par des contestataires.

Des moines en robe safran, des étudiants et des infirmières ont rejoint le mouvement, agitant des drapeaux rouges aux couleurs de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d'Aung San Suu Kyi.

« Plus peur »

« Avant nous vivions dans la crainte, mais nous avons eu un gouvernement démocratique pendant cinq ans. Nous n'avons plus peur. On ne se laissera pas faire », a lancé Kyaw Zin Tun, ingénieur de 29 ans.

Des manifestations se sont tenues dans d'autres villes, beaucoup d'habitants défilant sur leurs deux-roues dans un concert de klaxons.

Ce vent de contestation est inédit en Birmanie depuis le soulèvement populaire de 2007, « la révolution de safran » menée par les moines et violemment réprimée par l'armée.

Et le risque de répression est réel. « Nous savons tous de quoi l'armée est capable : d'atrocités massives, de meurtres de civils, de disparitions forcées, de torture et d'arrestations arbitraires », a souligné Tom Villarin du groupement des parlementaires de l'Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) pour les droits humains.

Dizaines d'arrestations

Depuis le 1er février, plus de 150 personnes - députés, responsables locaux, activistes - ont été interpellées et sont toujours en détention, selon l'Association d'assistance aux prisonniers politiques, basée à Rangoun.

Les connexions internet ont été partiellement rétablies et les données mobiles restaurées.

Mais l'accès à Facebook, outil de communication pour des millions de Birmans, restait perturbé. 

La LND a remporté massivement les législatives de novembre et des observateurs internationaux n'ont pas constaté de problèmes majeurs lors de ce scrutin.

En réalité, les généraux craignaient de voir leur influence diminuer après la victoire d'Aung San Suu Kyi, qui aurait pu vouloir modifier la Constitution très favorable aux militaires.

Très critiquée il y a encore peu par la communauté internationale pour sa passivité dans la crise des musulmans rohingyas, la prix Nobel de la paix, en résidence surveillée pendant 15 ans pour son opposition à la junte, reste adulée dans son pays.

L'ex-dirigeante serait « en bonne santé », assignée à résidence à Naypyidaw, d'après son parti.


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."


Trump reproche à Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions concernant le conflit Iran-Israël

Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
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  • Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran.
  • Il a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

CALGARY, CANADA : Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran, et a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

« Le président Emmanuel Macron, de France, a dit par erreur, dans le but de faire de la publicité, que j'avais quitté le sommet du G7 au Canada pour retourner à Washington afin de travailler à un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran. Faux ! Il n'a aucune idée de la raison pour laquelle je suis maintenant en route pour Washington, mais cela n'a certainement rien à voir avec un cessez-le-feu. C'est beaucoup plus gros que ça », a-t-il tempêté sur son réseau Truth Social.

« Emmanuel ne comprend jamais rien, que ce soit volontairement ou non », a asséné le président américain, peu après avoir quitté le rassemblement des chefs d'État et de gouvernement du G7 dans les Rocheuses canadiennes, un jour plus tôt que prévu.

Le président français avait affirmé plus tôt, lors d'un point presse en marge du sommet, qu'« une offre avait été faite » de la part des Américains pour « une rencontre et des échanges » avec les Iraniens, ajoutant : « Si les États-Unis peuvent obtenir un cessez-le-feu, c'est une très bonne chose. » 

Ces dernières heures, Donald Trump a envoyé des signaux confus sur le conflit en cours entre Israël et l'Iran, alors que les spéculations vont bon train sur un éventuel engagement militaire direct des États-Unis.

Tout en exhortant l'Iran à conclure un « accord » sur son programme nucléaire « avant qu'il ne soit trop tard », il a aussi appelé à « évacuer » Téhéran dans un message particulièrement alarmiste sur Truth Social.

Le gouvernement américain a toutefois assuré que la posture des forces américaines dans la région restait « défensive ».

Selon le site Axios, l'exécutif américain n'a pas abandonné la voie diplomatique et discute d'une possible rencontre entre l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.