Le Yémen met en garde Biden contre tout accord de paix précipité avec les Houthis

Le gouvernement et les experts du Yémen ont mis en garde l’administration américaine contre le soutien d’un accord de paix précipité qui n’inclus pas le désarmement de la milice des Houthis, soutenue par l'Iran (Photo, AP).
Le gouvernement et les experts du Yémen ont mis en garde l’administration américaine contre le soutien d’un accord de paix précipité qui n’inclus pas le désarmement de la milice des Houthis, soutenue par l'Iran (Photo, AP).
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Publié le Jeudi 11 février 2021

Le Yémen met en garde Biden contre tout accord de paix précipité avec les Houthis

  • Le Congrès américain ignore les crimes des Houthis, selon le gouvernement yéménite
  • Le ministre des AE s’insurge contre les fanatiques qui envoient des enfants dans des «camps d'endoctrinement» et dont les slogans sont «Mort à l'Amérique»

AL-MUKALLA: Le gouvernement et les experts du Yémen ont mis en garde l’administration américaine contre le soutien d’un accord de paix précipité qui n’inclus pas le désarmement de la milice des Houthis, soutenue par l'Iran.

Le ministre des Affaires étrangères du Yémen, Ahmed Awadh ben Moubarak, a rappelé au président américain Joe Biden son engagement de 2012, alors qu'il était vice-président, de soutenir le gouvernement yéménite pendant les premiers jours de la période de transition. Dans un article publié dans le Wall Street Journal mercredi, le chef des diplomates affirme que les Houthis sont responsables de la crise humanitaire et de la longue guerre, après que leur coup d'état ait perturbé la feuille de route vers la paix et la démocratie en 2014.

«Personne ne prie et ne lutte plus que nous pour mettre fin à cette guerre. Mais cela ne veut pas dire que nous nous soumettrons aux fanatiques qui envoient des enfants yéménites dans des «camps d'endoctrinement» et dont les slogans sont «Mort à l'Amérique» et «Malheur aux Juifs», déclare ministre des Affaires étrangères qui exprime les inquiétudes du gouvernement au sujet d’une potentielle annulation de Biden des accusations de terrorisme contre les Houthis.

«Nous cherchons un rôle dans la gouvernance pour tous les Yéménites. Mais pour y arriver, il faudra une pression américaine accrue sur les Houthis et ceux qui les soutiennent. Nous nous inquiétons de l’engagement de l’administration d’annuler la désignation des Houthis comme organisation terroriste étrangère», a-t-il déclaré. «Nous avons besoin d'un plan de paix réaliste et solide pour le Yémen, soutenu par toute la force de la diplomatie américaine. Nous souhaitons la bienvenue au nouvel envoyé spécial américain au Yémen, Timothy Lenderking, et nous nous engageons à œuvrer pour une solution politique.»

Le ministre blâme les membres du Congrès américain, dont les critiques concernent uniquement la coalition arabe qui soutient le gouvernement yéménite. Ils ignorent les crimes des Houthis contre les Yéménites et leur perturbation des efforts de paix, ainsi que leur opposition à la réparation du pétrolier Safer en Mer Rouge. «Ils ont lancé des drones et des missiles balistiques sur les pays voisins et ont agi en coordination avec des groupes considérés comme terroristes par les États-Unis, tels que le Corps des Gardiens de la Révolution Islamique et le Hezbollah. La semaine dernière, nous avons appris qu’ils entravent toujours les efforts internationaux pour sauver le pétrolier FSO Safer et éviter une catastrophe environnementale».

Entretemps, Nadwa Al-Dawsari, analyste du conflit yéménite et chercheuse non résidente au Middle East Institute basé aux États-Unis, a mis en garde Biden contre toute pression pour un règlement de paix hâtif qui laisserait leurs armes aux Houthis.

«Un règlement politique dans les circonstances actuelles pourrait être une victoire rapide pour la diplomatie américaine et occidentale», déclare-telle dans un article publié mardi par l'institut. «Mais ça renforcera très probablement la dynamique actuelle du pouvoir et enfermera le Yémen dans un cycle de guerre perpétuelle, rapprochant trente millions de Yéménites de la famine et éloignant le pays de la paix.»

Al-Dawsari soutient l’argument que la pression américaine sur la coalition arabe ou le gouvernement yéménite pour parvenir à un accord avec les Houthis ne mettrait pas fin à la guerre ni ne soulagerait la crise humanitaire, car le conflit est complexe, et parce que les États-Unis sont par ailleurs incapables d'exercer la même pression sur les Houthis pour respecter un accord.

«Alors que l'administration Biden peut réussir à faire pression sur la coalition dirigée par l'Arabie saoudite et le gouvernement yéménite, elle n'a pas la même influence sur les Houthis, qui ont actuellement le dessus sur le plan militaire», affirme-t-elle.

La conclusion d'un accord avec le groupe Houthi puissant et lourdement armé, avertit Nadwa Al-Dawsari, l’encouragerait à violer la trêve et attaquer ses adversaires.

«Un règlement politique risque donc de faire pencher la balance militaire en faveur des Houthis, qui n’ont jamais réussi à démontrer leur engagement à des cessez-le-feu dans le passé».

Citant l’offensive actuelle des Houthis contre la ville de Marib, Al-Dawsari précise que le retrait par Biden des Houthis de la liste du terrorisme avait envoyé le mauvais message aux rebelles et les avait poussés à reprendre les opérations militaires.

«En effet, dès le lendemain de la décision de Biden d’annuler la désignation FTO, (Organisations étrangères terroristes) les Houthis ont mobilisé leurs forces et lancé une nouvelle offensive pour s'emparer de la ville riche en pétrole de Marib, ainsi que pour lancer des attaques transfrontalières de drones contre l'Arabie saoudite», conclut-t-elle.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk