Trump, «incitateur-en-chef de l'assaut du Capitole»

L’assaut des partisans de Trump sur le Capitole, le 6 janvier à Washington (Photo, AFP).
L’assaut des partisans de Trump sur le Capitole, le 6 janvier à Washington (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 11 février 2021

Trump, «incitateur-en-chef de l'assaut du Capitole»

  • «La hargne de la foule a été attisée pendant des mois par Donald Trump», a lancé Joaquin Castro, l'un des élus chargés de porter l'accusation
  • Au deuxième jour de ce procès historique, ces procureurs se sont attachés à replacer l'attaque contre le Capitole dans le contexte de la croisade post-électorale menée par le milliardaire

WASHINGTON: Une violence inouïe libérée par l' « incitateur-en-chef »: les procureurs démocrates au procès de Donald Trump ont accusé mercredi l'ex-président d'avoir nourri pendant des mois la colère de ses partisans jusqu'à ce qu'elle explose, au Capitole le 6 janvier.

Leur assaut sur le siège du Congrès, qui vaut au milliardaire d'être jugé au Sénat pour « incitation à l'insurrection », n'est pas survenu « dans le vide » : « la hargne de la foule a été attisée pendant des mois par Donald Trump », a lancé Joaquin Castro, l'un des élus chargés de porter l'accusation.

Au deuxième jour de ce procès historique, ces procureurs se sont attachés à replacer l'attaque contre le Capitole dans le contexte de la croisade post-électorale menée par Donald Trump pour contester la victoire de son rival Joe Biden à la présidentielle.

L'ancien magnat de l'immobilier, qui passe sa retraite en Floride, a refusé de témoigner devant les sénateurs. Mais sa voix n'a cessé de retentir dans l'hémicycle de la chambre haute du Congrès, où l'accusation a projeté de nombreux extraits de ses discours enflammés, reproduit ses tweets incendiaires, cité ses propos les plus polémiques.

Les faits montrent que « le président Trump n'a pas été le témoin innocent d'un accident », comme ses avocats le suggèrent, mais qu'il « a abandonné son rôle de commandant-en-chef pour devenir l'incitateur-en-chef d'une dangereuse insurrection », a résumé Jamie Raskin, qui dirige cette équipe de procureurs.

 

Trump ne reviendra pas sur Twitter

Twitter, qui a décidé de bannir l'ancien président Donald Trump de sa plateforme pour incitations répétées à la violence, ne le laissera pas revenir même s'il devait être de nouveau candidat à la Maison Blanche, a indiqué mercredi le directeur financier de l'entreprise. « Selon nos règles, quand vous êtes évincés de la plateforme, vous êtes évincés de la plateforme, que vous soyez un commentateur, un directeur financier, ou un ancien ou actuel responsable politique », a déclaré mercredi Ned Segal sur la chaîne d'informations financières CNBC. Donald Trump « a été banni quand il était président. On ne fait pas de différences pour les responsables politiques qu'ils soient encore en service ou non », a ajouté Segal. 

« Le grand mensonge »

« Donald Trump a perpétré un immense crime contre notre Constitution et notre peuple » et « il doit être condamné par le Sénat américain », ce qui le rendrait inéligible, a plaidé Raskin.

Même s'ils ont peu de chances de parvenir à convaincre deux tiers des sénateurs de le juger coupable - un seuil élévé fixé par la Constitution - , les procureurs démocrates entendent au moins marquer l'opinion lors de ces audiences retransmises en direct dans tous les Etats-Unis.

« Le grand mensonge » : c'est ainsi qu'ils ont décrit la longue campagne de désinformation sur l'élection présidentielle entretenue par le 45e président américain qui a répété, sans preuves, qu'il avait été victime de fraudes électorales massives.

Après l'échec de ses plaintes en justice et de ses multiples pressions sur les agents électoraux des Etats-clés, « le président Trump s'est retrouvé à court d'options non violentes pour se maintenir au pouvoir », a estimé l'élu Ted Lieu.

Il s'est alors tourné vers « des groupes qu'il a cultivés pendant des mois », comme le groupuscule d'extrême droite Proud Boys, dont plusieurs membres se trouvaient parmi les assaillants du capitole, a ajouté sa consœur Stacey Plaskett, en rappelant que le président les avait appelés, en octobre, à « se tenir prêts ». 

 

Nouvelles enquêtes en Géorgie

Une procureure de Géorgie a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête préliminaire sur « les tentatives d'influencer les opérations électorales de Géorgie », un Etat-clé où Donald Trump a multiplié les pressions sur les responsables des élections pour contester sa défaite à la présidentielle. « Cette enquête inclura, mais ne se limitera pas, aux potentielles violations des lois électorales de Géorgie qui interdisent de demander aux agents locaux et de l'Etat de commettre des fraudes ou des faux témoignages », a écrit la procureure du comté de Fulton dans un courrier adressé à plusieurs responsables. Fani Willis, une démocrate afro-américaine récemment élue à ce poste, leur demande de « conserver tous les documents relatifs aux élections » et notamment ceux qui « attestent de tentatives d'influencer » des agents électoraux, selon une copie de son courrier reproduit par plusieurs médias locaux.

« Absurde »

A l'ouverture des débats, les procureurs s'étaient concentrés sur la funeste journée du 6 janvier, diffusant une vidéo choc pour rappeler la violence de l'attaque sur le Capitole, dans laquelle cinq personnes sont mortes.

Leur montage juxtaposait le discours du président devant les manifestants réunis à Washington (« battez-vous comme des diables ») et les images des manifestants entrant de force au Capitole, arpentant les couloirs à la recherche de parlementaires.

Affirmer que l'ex-président pourrait être responsable des violences d'un « petit groupe de criminels » qui l'ont « absolument mal compris » est « tout simplement absurde », avaient insisté ses avocats par écrit lundi. En soulignant qu'il les avait « exhortés à rester pacifiques ». 

« On a vérifié les 11 000 mots de son discours, le président n'a utilisé le terme ‘pacifique’ qu'une seule fois, contre plus de 20 ‘se battre’ », a rétorqué mercredi l'élue Madeleine Dean.

Mardi, les débats s'étaient concentrés sur un point de droit : peut-on juger un ancien président dans le cadre de la procédure de destitution ?

Cette question a finalement été tranchée par un vote à la majorité simple : en plus des 50 démocrates, six sénateurs républicains ont estimé que le procès pouvait se poursuivre.

Si ce rapport de force se confirme lors du vote final, Donald Trump sera acquitté, comme lors de son premier procès en destitution il y a un an, puisqu'il faudrait 67 voix pour le condamner. 

Mais son horizon judiciaire restera chargé : en plus des investigations sur ses affaires menées à New York, une procureure de Géorgie a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête sur les pressions qu'il a exercées sur des responsables électoraux de cet Etat-clé.


La BBC va "se défendre" face à la plainte en diffamation à 10 milliards de dollars de Trump

Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump poursuit la BBC pour diffamation et pratiques trompeuses, réclamant jusqu’à 10 milliards $ après un montage contesté de son discours du 6 janvier 2021
  • L’affaire secoue l’audiovisuel public britannique : démissions à la tête de la BBC, lettre d’excuses envoyée à Trump, et réexamen annoncé de la charte royale

LONDRES: La BBC a assuré mardi qu'elle allait "se défendre" contre la plainte en diffamation du président américain Donald Trump, qui réclame 10 milliards de dollars au groupe audiovisuel public britannique pour un montage vidéo contesté de l'un de ses discours.

La plainte, déposée lundi devant un tribunal fédéral à Miami par le président américain et consultée par l'AFP, demande "des dommages et intérêts d'un montant minimum de 5 milliards de dollars" pour chacun des deux chefs d'accusation: diffamation et violation d'une loi de Floride sur les pratiques commerciales trompeuses et déloyales.

"Ils ont littéralement mis des mots dans ma bouche", s'est plaint le milliardaire de 79 ans, lundi devant la presse.

"Nous allons nous défendre dans cette affaire", a répondu un porte-parole de la BBC mardi matin, sans faire davantage de commentaire sur la procédure.

Le groupe audiovisuel britannique, dont l'audience et la réputation dépassent les frontières du Royaume-Uni, est dans la tourmente depuis des révélations sur son magazine phare d'information "Panorama".

Ce dernier a diffusé, juste avant la présidentielle américaine de 2024, des extraits distincts d'un discours de Donald Trump du 6 janvier 2021, montés de telle façon que le républicain semble appeler explicitement ses partisans à attaquer le Capitole à Washington.

Des centaines de ses partisans, chauffés à blanc par ses accusations sans fondement de fraude électorale, avaient pris d'assaut ce jour-là le sanctuaire de la démocratie américaine, pour tenter d'y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.

"La BBC, autrefois respectée et aujourd'hui discréditée, a diffamé le président Trump en modifiant intentionnellement, malicieusement et de manière trompeuse son discours dans le but flagrant d'interférer dans l'élection présidentielle de 2024", a dénoncé lundi un porte-parole des avocats du républicain contacté par l'AFP.

"La BBC a depuis longtemps l'habitude de tromper son public dans sa couverture du président Trump, au service de son programme politique de gauche", a-t-il ajouté.

- Lettre d'excuses -

Au Royaume-Uni, la controverse a relancé le brûlant débat sur le fonctionnement de l'audiovisuel public et son impartialité, alors que le groupe a déjà été bousculé ces dernières années par plusieurs polémiques et scandales.

L'affaire a poussé à la démission son directeur général Tim Davie et la patronne de BBC News Deborah Turness.

Le président de la BBC Samir Shah a pour sa part envoyé une lettre d'excuses à Donald Trump et la BBC a indiqué "regretter sincèrement la façon dont les images ont été montées" mais contesté "fermement qu'il y ait une base légale pour une plainte en diffamation".

Le groupe audiovisuel a "été très clair sur le fait qu'il n'y a pas matière à répondre à l'accusation de M. Trump en ce qui concerne la diffamation. Je pense qu'il est juste que la BBC reste ferme sur ce point", a soutenu mardi matin le secrétaire d'Etat britannique à la Santé Stephen Kinnock, sur Sky News.

Le gouvernement a également annoncé mardi le début du réexamen de la charte royale de la BBC, un processus qui a lieu tous les dix ans, pour éventuellement faire évoluer sa gouvernance, son financement ou ses obligations envers le public britannique.

La plainte de Donald Trump estime que, malgré ses excuses, la BBC "n'a manifesté ni véritables remords pour ses agissements ni entrepris de réformes institutionnelles significatives afin d'empêcher de futurs abus journalistiques".

Le président américain a lancé ou menacé de lancer des plaintes contre plusieurs groupes de médias aux Etats-Unis, dont certains ont dû verser d'importantes sommes pour mettre fin aux poursuites.

Depuis son retour au pouvoir, il a fait entrer à la Maison Blanche de nombreux créateurs de contenus et influenceurs qui lui sont favorables, tout en multipliant les insultes contre des journalistes issus de médias traditionnels.

L'un de ces nouveaux venus invités par le gouvernement Trump est la chaîne conservatrice britannique GB News, proche du chef du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.