Algérie: Vers la réhabilitation de l’outil industriel?

Ferhat Ait Ali, ministre de l'Industrie. (Photo fournie)
Ferhat Ait Ali, ministre de l'Industrie. (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 12 février 2021

Algérie: Vers la réhabilitation de l’outil industriel?

  • Selon les indications du ministre de tutelle, le pays dispose des capacités pour développer l’outil industriel de transformation dans différents secteurs d’activité
  • «Des plans de refinancement et de relance sont programmés au second semestre 2021»

PARIS: La relance de l’économie serait-elle basée sur le renforcement de l’industrie ? Selon les indications du ministère de l’Industrie, l’Algérie s’orienterait vers la relance de l’industrie de transformation. «Les opérateurs transformant les matières premières auront la priorité en matière de financement», confirme Ferhat Aït Ali Braham, ministre algérien de l’Industrie lors d’une conférence de presse organisée à Alger. Le ministre précise également que des soutiens fiscaux et parafiscaux seront orientés vers l’industrie d’intégration et vers la réhabilitation de l’outil industriel existant dans le pays.

Selon les indications du ministre de tutelle, le pays dispose des capacités pour développer l’outil industriel de transformation dans différents secteurs d’activité comme la pétrochimie, le secteur des mines et l’industrie mécanique. Selon la même source, des projets d’investissement sont en cours de réalisation dans la filière de la pétrochimie, notamment dans la fabrication de polymères.

Quant à la stratégie gouvernementale mise en œuvre pour le secteur minier, Ferhat Aït Ali Braham souligne que l’exploitation des minerais n’est pas axée sur «une politique d’exportation de minerai brut, mais s’orienterait plutôt vers la transformation des ressources localement».

Concernant l’industrie mécanique, le ministre de tutelle annonce qu’au cours des prochaines années «la locomotion électrique sera privilégiée à la thermique», en précisant que dans le cadre du plan de relance économique, l’industrie publique mécanique «doit s’appuyer sur des bases et des techniques nouvelles avec des ressources humaines issues des universités algériennes», assure-t-il.

L’industrie mécanique, une filière prioritaire?

Mais l’industrie mécanique représente-t-elle, en cette période de crise, une filière prioritaire dans l’économie algérienne? Selon les observations d’une étude réalisée par la société d’études financières Finabi, consultée par Arab News en français, le taux de motorisation en Algérie, comparativement à ceux du Nigéria, de la Chine et de la Turquie, a atteint un niveau satisfaisant. «Le renouvellement du parc automobile n’est pas une urgence», lit-on sur le document. En outre, les auteurs de l’étude, considérant que «le retour sur investissement très marginal de l’activité d’importation de véhicules», recommandent aux pouvoirs publics «d’accentuer les efforts dans le développement des transports en commun pour pallier les insuffisances du secteur».

En effet, selon le cabinet conseil d’analyses financières, en 2019, le taux de motorisation en Algérie était de 153 véhicules pour 1 000 habitants, avec un produit intérieur brut (PIB) de 3 973,96 dollars (1 dollar = 0,82 euro), contre un taux de 74,63 véhicules pour 1 000 habitants et un PIB de 2 229,86 dollars pour le Nigéria, avec une économie rentière semblable à celle de l’Algérie. La Chine, quant à elle, enregistre un taux de 118 véhicules pour 1 000 habitants alors que le PIB est de 10 261,68 dollars et enfin, le taux le plus élevé est attribué à la Turquie avec un taux de motorisation de 195 véhicules pour 1 000  habitants et un PIB de 9 126,56 dollars par habitant.

Dans cette perspective, la direction de la société d’expertise financière nous fait savoir qu’il serait plus opportun de réaffecter «les deux milliards de dollars, prévus par le gouvernement pour l’importation des véhicules, dans l’économie du savoir, les petites et moyennes entreprises (PME), l’agriculture et les start-up». La direction du cabinet d’étude précise à Arab News en français que «ces secteurs sont stratégiques et devraient être soutenus en cette période difficile». Enfin, les auteurs de l’étude s’interrogent: est-il normal que le fonds de capital-risque, réservé aux start-up, ne soit constitué que de 5 millions de dollars?

Relancer l’industrie industrialisante

Le ministre de l’Industrie prône la relance de l’outil de production en s’appuyant sur l’expérience algérienne en matière d’industrie industrialisante acquise dans les années 1970. Ferhat Aït Ali Braham souhaite orienter la stratégie industrielle de transformation de ses ressources naturelles sur le marché local.

Intervenant lors d’une conférence organisée par l’Institut national d’études de stratégie globale (Inesg), le ministre algérien de l’Industrie a indiqué que «les méthodes des années 1970 pourraient être appliquées de nouveau en y intégrant des éléments nouveaux notamment en matière d’avancées technologiques. Nous pouvons reconstruire l’industrie selon les schémas des années 1970, mais avec la pensée des années 2000», précise-t-il lors de son intervention, et ajoute: «Nous pouvons retrouver le chemin que nous avons égaré en comptant sur nos richesses et nos compétences.»

Ainsi, le ministre préconise de mener des audits des secteurs concernés mais aussi des entreprises publiques et privées qui pourraient être associées à ce programme d’industrialisation. «Il faudra lancer des plans de relance adéquats, en revenant à l’exploitation locale de nos ressources», mentionne-t-il.

Des audits en cours

Les entreprises publiques en état de stagnation seront-elles sollicitées pour relancer l’outil de production de l’industrie lourde? Selon le ministère de l’Industrie, des audits, en cours depuis huit mois, auront pour objectif de déterminer avec précision les besoins des entités publiques afin qu’elles deviennent opérationnelles dans les prochains mois. «Des plans de refinancement et de relance sont programmés au second semestre 2021», confirme le ministre de tutelle.

Le secteur privé sera-t-il aussi associé à cette stratégie de relance du secteur industriel envisagée par les pouvoirs publics? Pour y arriver, la filière de la sous-traitance bénéficiera-t-elle de l’aide à l’investissement? Selon le ministère de l’Industrie, les entreprises privées seront assurément intégrées au plan de relance économique. Le secteur privé bénéficiera des facilitations, notamment à travers «l’accès au foncier industriel et aux facilitations fiscales, qui étaient octroyés dans le passé aux assembleurs de produits finis, sous couvert de production nationale», explique le ministre de tutelle.

Partenariat étranger sous de nouvelles bases

M. Aït Ali Braham souligne que les partenariats étrangers seront établis sur de nouvelles bases. L’actionnariat n’étant plus limité par la loi 51/90, le ministère exigera que le partenaire étranger apporte ses propres investissements et justifie des compétences et expertise avérées dans les domaines concernés.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.