Les relations avec la Turquie d'emblée tendues sous Biden

Dans ce fichier photo pris le 22 novembre 2014, le vice-président américain Joe Biden (à gauche) s'entretient avec le président turc Recep Tayyip Erdogan au palais Beylerbeyi à Istanbul. (Bulent Kilic/AFP)
Dans ce fichier photo pris le 22 novembre 2014, le vice-président américain Joe Biden (à gauche) s'entretient avec le président turc Recep Tayyip Erdogan au palais Beylerbeyi à Istanbul. (Bulent Kilic/AFP)
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Publié le Samedi 13 février 2021

Les relations avec la Turquie d'emblée tendues sous Biden

  • Plus de trois semaines après son entrée à la Maison Blanche, toujours pas de coup de fil de Joe Biden à Recep Tayyip Erdogan
  • Le dialogue entre Washington et Ankara n'était certes pas au beau fixe ces quatre dernières années, jalonnées de crises aussi vives qu'inédites

WASHINGTON : En dent de scie pendant l'ère Trump, les relations entre les États-Unis et la Turquie apparaissent déjà tendues sous la présidence de Joe Biden. Et le bras de fer entre les deux pays pourtant alliés pourrait encore se durcir.

Si l'ordre dans lequel le nouveau président américain appelle ses homologues est un miroir de l'état des liens bilatéraux, Recep Tayyip Erdogan a du souci à se faire: plus de trois semaines après son entrée à la Maison Blanche, toujours pas de coup de fil.

Et le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken n'a pas non plus contacté son homologue Mevlut Cavusoglu.

Le dialogue entre Washington et Ankara n'était certes pas au beau fixe ces quatre dernières années, jalonnées de crises aussi vives qu'inédites.

Mais Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan « avaient une relation personnelle chaleureuse », rappelle le chercheur Steven Cook, du cercle de réflexion Council on Foreign Relations. Une « amitié » que les démocrates n'ont cessé de reprocher au milliardaire républicain –  et qui faisait grincer des dents jusque dans les rangs conservateurs.

L'ex-président a donc « protégé la Turquie de nombreuses mesures punitives potentielles », souligne le chercheur Galip Dalay dans un article du think tank Brookings Institution.

Ainsi, lorsqu'il s'est résolu, en fin de mandat, à sanctionner la Turquie pour l'acquisition de missiles russes S-400, comme l'y oblige la loi américaine, mais après avoir longtemps résisté, il l'a fait a minima.

« Soi-disant partenaire »

Antony Blinken a lui séduit plusieurs sénateurs républicains lors de son audition parlementaire de nomination comme secrétaire d'État en parlant de la Turquie comme d'un « soi-disant partenaire stratégique" qui "par de nombreux aspects ne se comporte pas comme un allié ».

À droite comme à gauche, les membres du Congrès réclament en effet une ligne plus dure.

Cinquante-quatre sénateurs américains, toutes tendances confondues, ont écrit cette semaine au président Biden pour l'exhorter à hausser le ton face à son homologue en matière de droits humains.

Depuis trois semaines, le département d'État a déjà multiplié les avertissements très fermes à l'égard du pouvoir turc, critiqué pour ses attaques verbales contre les minorités sexuelles ou le maintien en détention du mécène Osman Kavala pour des motifs « spécieux ».

La diplomatie américaine a aussi pris soin de démentir par communiqué toute « implication » dans le putsch raté de 2016 en Turquie, qui a déclenché une vague de répression sans précédent contre la société civile.

Pour Steven Cook, « c'est un changement bienvenu ». « La Turquie mène une répression et le silence américain à cet égard était remarquable », estime-t-il.

S'il pense qu'une amélioration des relations n'est pas à exclure, « il ne faut pas avoir trop d'attentes ». « La Turquie et les États-Unis ont des intérêts différents et ne partagent pas les mêmes valeurs », constate-t-il. " »Les deux pays peuvent travailler ensemble sur certains dossiers, mais il n'y a plus rien qui les lie vraiment. »

Les sujets de friction demeurent en effet très nombreux.

« Approche réaliste » 

Au-delà de la nature même du pouvoir du président Erdogan – qualifié par le passé d' « autocrate » par Joe Biden –, le sort des combattants kurdes en Syrie, alliés de Washington dans la lutte antidjihadistes mais qualifiés de « terroristes » par Ankara, reste en suspens.

La crise turco-grecque en Méditerranée orientale a encore envenimé les relations entre la Turquie et le reste de l'Otan.

Les poursuites pénales américaines contre Halkbank, une des plus grandes banques de Turquie, pour violation des sanctions contre l'Iran, restent aussi un obstacle à une embellie, d'autant plus que Joe Biden, lorsqu'il était vice-président de Barack Obama, avait opposé une fin de non-recevoir à Recep Tayyip Erdogan qui souhaitait un classement du dossier, là où Donald Trump, selon plusieurs témoignages, s'était montré plus avenant.

Mais le dossier stratégique le plus pressant reste celui du système de défense russe S-400.

Ankara, qui dit vouloir améliorer les relations, a suggéré être disposée, dans le cadre d'une négociation, à ne pas rendre opérationnels ces missiles controversés.

« Les S-400 menacent la sécurité de la technologie de l'Otan », a balayé la diplomatie américaine.

Pour Gönül Tol, du Middle East Institute à Washington, « c'est un sujet difficile à résoudre » car « le président Erdogan peut difficilement faire marche arrière » sans perdre la face.

« Mais s'il le fait, je pense que le gouvernement américain se montrera beaucoup moins rancunier, et aura une approche réaliste », estime-t-elle. Certains, auprès de Joe Biden, pourraient selon elle le pousser à adopter une position « plus souple » s'ils arrivent à « coopérer avec la Turquie sur les sujets qui comptent pour la sécurité nationale ».


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.