Une exposition du British Museum s’attaque aux idées fausses sur «l’art islamique»

«Al-Sitt et ses lunettes de soleil» de Huda Lutfi, un portrait de la chanteuse Umm Kulthum. Financé par CaMMEA. (Photo fournie)
«Al-Sitt et ses lunettes de soleil» de Huda Lutfi, un portrait de la chanteuse Umm Kulthum. Financé par CaMMEA. (Photo fournie)
Short Url
Publié le Samedi 13 février 2021

Une exposition du British Museum s’attaque aux idées fausses sur «l’art islamique»

  • Une nouvelle exposition au British Museum révèle les différentes expériences d'une région aux cultures multiples
  • Au-delà de la religion, les artistes de la collection racontent des histoires personnelles, révèlent des tabous, véhiculent des expressions de nostalgie et évoquent l'exil

LONDRES: À première vue, la description d'une nouvelle exposition et du livre qui l’accompagne pour célébrer une décennie de collection d'art contemporain du British Museum au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, semble inutilement encombrant, voire évasive.

L'exposition «Réflexions: l'art contemporain du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord», écrit Venetia Porter, la conservatrice du musée d'art islamique et contemporain du Moyen-Orient, porte sur «une collection d'œuvres du British Museum… réalisées par des artistes nés ou attachés aux pays qui incluent l'Iran, la Turquie, le Liban, l'Arabie saoudite, l'Égypte et la Tunisie, des États qui appartiennent à la région connue aujourd'hui comme le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord».

En fait, loin d'être évasive, Porter fait preuve de précision et remet en question ce qu'elle considère comme le terme souvent mal utilisé «art islamique», et la perception en Occident qu'il n'y a qu'un seul récit en jeu dans une région riche avec une grande diversité culturelle, historique et autres préoccupations courantes.

Des visiteurs dans la Grande Cour après la réouverture du British Museum à Londres le 3 décembre 2020 après que l'Angleterre est sortie d'un confinement d'un mois pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus. (Photo, AFP/Archives)
Des visiteurs dans la Grande Cour après la réouverture du British Museum à Londres le 3 décembre 2020 après que l'Angleterre est sortie d'un confinement d'un mois pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus. (Photo, AFP/Archives)

«Il y a beaucoup d’incompréhension sur ce qu'est ce matériau de l'ère moderne et contemporaine», a signalé Porter au moment où le musée mettait la touche finale à une exposition qui devait ouvrir le 11 février mais qui, à cause des restrictions de la Covid-19, ne sera lancé que virtuellement.

«Certaines personnes l'appelleront art islamique contemporain ou moderne et j'ai des problèmes à ce sujet. Pour commencer, le terme «art islamique» est très compliqué. Il a été créé par des érudits occidentaux et dans une certaine mesure, nous sommes coincés avec cela maintenant.

C'est un terme «très réducteur» ou simpliste, et «l'art moderne et contemporain de cette vaste région est quelque chose qui est si éloigné de cette description», a expliqué Porter.

Parlant de l’art du Moyen-Orient ou de l’Afrique du Nord, elle admet que «ce n’est pas parfait non plus, même si j’ai le sentiment que cela lui donne un peu plus de flexibilité.»

Taysir Batniji (né en 1966), sans titre. Une aquarelle sur papier, 2016. Financé par CaMMEA. (Photo fournie)
Taysir Batniji (né en 1966), sans titre. Une aquarelle sur papier, 2016. Financé par CaMMEA. (Photo fournie)

Mais à l'avenir «peut-être ne serons-nous pas du tout obligés d'utiliser ces termes ». «Un jour, peut-être, «nous pourrons parler juste d’art»», a-t-elle confié.

Ce n'est pas la première fois que le concept d '«art islamique» moderne et contemporain fait l'objet d'un examen minutieux. En 2006, le musée d'art moderne de New York a organisé «Without Boundary: Seventeen Ways of Looking» (Sans frontières: dix-sept façons de voir les choses), une exposition de 17 artistes de diverses nationalités «qui explorent les réponses contemporaines à l'art islamique tout en posant des questions sur les problèmes d'identité et de spiritualité» et qui «travaillent en dehors des perspectives suggérées par le terme «art islamique»».

Pour la conservatrice du Musée d'Art Moderne (MoMA) Fereshteh Daftari, décrire la créativité d'une région qui s'étendait de la côte ouest de l'Afrique à l'Indonésie comme «art islamique» est similaire à «appeler l'art de tout l'hémisphère occidental en tant qu’«art chrétien contemporain».

Porter est tout à fait d'accord. Le problème avec le terme «art islamique», comme elle l'écrit dans l'avant-propos du livre accompagnant l'exposition, est qu'il «perpétue les notions d'une seule identité, impliquant une seule unité au sein d’une vaste création de l’ensemble des productions à travers cette zone géographique.

Hengameh Golestan (né en 1952), sans titre. Photographie noir et blanc imprimée sur papier fibre Epsom Exhibition, 1979, tirée en 2015. Financé par Art Fund. (Photo fournie)
Hengameh Golestan (né en 1952), sans titre. Photographie noir et blanc imprimée sur papier fibre Epsom Exhibition, 1979, tirée en 2015. Financé par Art Fund. (Photo fournie)

En fait, il y a plusieurs récits en jeu, comme le démontrent le livre et la collection d'art de la région qu'elle et le British Museum ont accumulées au cours des dix dernières années, a ajouté Porter.

Une grande partie de l'importance et de la véracité de la collection du British Museum découle des conseils offerts par les membres de son groupe d'art contemporain et moderne du Moyen-Orient (CaMMEA), un groupe de mécènes et de collectionneurs d'art dont les opinions - et les dons - ont joué un rôle important dans la sélection des œuvres rassemblées par Dr. Porter et le musée depuis 2009.

La préface du livre est rédigée par la philanthrope et collectionneuse d’art londonienne Dounia Nadar, dont le mari Sherif Nadar, fondateur et PDG de la société de gestion d’actifs Horizon Asset, est également membre du Contemporary and Modern Middle Eastern Art (CaMMEA) (L'art contemporain et moderne du Moyen-Orient). D’ailleurs, c’est la rencontre de Mme Nadar avec Porter lors de l’exposition 2006 du British Museum, sous le thème «Word into Art: Artists of The Middle East» (La parole dans l’art: Artistes du Moyen-Orient), qui a conduit à la formation du groupe en 2009.

La liste des membres qui ont soutenu le CaMMEA depuis 2009, consignée dans les remerciements à la fin du livre, se lit comme un Who's Who des riches amateurs d'art qui sont attachés à leur région.

Parmi eux, le cheikh Zayed bin Sultan bin Khalifa Al-Nahyan, petit-fils du cheikh Khalifa, président des Émirats arabes unis; le mécène des arts Sara Alireza, membre du Conseil Saoudien d’Art; et le collectionneur d'art, l’anglo-iranien Mohammed Afkhami, fondateur du cabinet de conseil financier MA Partners DMCC basé à Dubaï.

Rafa Nasiri (né en 1940 - décédé en 2013), «Une bibliothèque incendiée». Une des six sérigraphies du portfolio, 2008. Don de May Muzaffar. (Photo fournie)
Rafa Nasiri (né en 1940 - décédé en 2013), «Une bibliothèque incendiée». Une des six sérigraphies du portfolio, 2008. Don de May Muzaffar. (Photo fournie)

Les œuvres exposées, dont la plupart ont été acquises avec la collaboration des supporters du CaMMEA du musée, démontrent que l'art de la région, et les expériences des personnes qui y vivent ou dont la vie y est enracinée, sont extrêmement diversifié.

Il y a des «idées sur la poésie, la musique et la guerre. Certaines de ces œuvres examinent également les traditions de l'art islamique - telles que la calligraphie ou la peinture miniature - ou même les renversent », tandis que «d'autres racontent des histoires personnelles, révèlent les tabous, véhiculent des expressions de la foi ou de la nostalgie et évoquent l'exil », a souligné Porter.

Mais «à mesure que nous cherchons en profondeur ce qui se cache derrière l'image, et que les multiples histoires de la région sont vues à travers le prisme de l'expérience personnelle, cette réflexion se réfracte: il n'y a pas un récit mais une multitude d'histoires».

Porter a connu assez d'artistes contemporains de la région pour savoir que peu de gens choisissent d'être «catalogués» par le terme «art islamique… c'est pourquoi je ne l'utilise pas du tout dans le livre ou l'exposition, sauf pour exposer l'argument.

Monir Shahroudy Farmanfarmaian (connu sous le nom de Monir) (né en 1922 - décédé en 2019), sans titre. Marqueurs colorés et miroir sur papier, 2005. Financé par CaMMEA. (Photo fournie)
Monir Shahroudy Farmanfarmaian (connu sous le nom de Monir) (né en 1922 - décédé en 2019), sans titre. Marqueurs colorés et miroir sur papier, 2005. Financé par CaMMEA. (Photo fournie)

«Vous aurez peut-être des artistes qui peuvent se considérer comme profondément religieux et perpétuer une tradition de l'art islamique, mais je veux d'abord les entendre avant de leur mettre cette étiquette».

L'exposition témoigne du droit de tout artiste à représenter n'importe quel aspect de la condition humaine comme il l'entend, sans que son art soit étouffé par les perspectives d'une catégorisation artificielle.

Par exemple, «Nu», une œuvre à la gouache et au fusain dessinée en 1969 par l'artiste libanais Shafic Abboud, décédé en 2004, est une œuvre figurative qui doit plus à sa formation et à sa vie à Paris qu'à une quelconque influence islamique manifeste.

En revanche «Le Bouna», œuvre antérieure du même artiste, évoque un conte folklorique que lui a raconté sa grand-mère dans le village de Mhaidse, au nord-est de Beyrouth, où Abboud a passé une grande partie de son enfance.

Marwan Kassab-Bachi (connu sous le nom de Marwan) (né en 1934 - décédé en 2016), Gesichtslandschaft (paysage d’un visage). Eau-forte et pointe sèche, 1973. (Photo Fournie)
Marwan Kassab-Bachi (connu sous le nom de Marwan) (né en 1934 - décédé en 2016), Gesichtslandschaft (paysage d’un visage). Eau-forte et pointe sèche, 1973. (Photo Fournie)

L'exposition s'ouvre avec «The Accident» (L'accident), un dessin à l'encre de 2013 de l'artiste d'origine iranienne Nicky Nodjoumi, qui s'inspire de sa propre expérience d'avoir été interrogé par la police secrète iranienne dans les années 1970 à son retour dans le pays après avoir étudié à New York.

Selon le British Museum, cette œuvre, «remet en question les idées préconçues sur l'art du Moyen-Orient et met en évidence la complexité d'être un artiste de la diaspora».

Le saisissant «Al-Sitt et ses lunettes de soleil» de Huda Lutfi, né au Caire, est un portrait peint et collé du chanteur Umm Kulthum, qui comprend un verset manuscrit d'Al-Atlal (Les ruines), du poète égyptien Ibrahim Naji, et fait partie d'un ensemble d'œuvres «riches en allusions et en critiques aux problèmes culturelles et politiques de la société égyptienne contemporaine».

Peut-être l'œuvre la plus résonnante de l'exposition qui met en évidence «l'un des problèmes déterminants de notre temps», est «Natreen» (Nous attendons), un portrait de 2013 de la photographe maroco-française Leila Alaoui, des réfugiés syriens tentant de fuir la terreur de leur pays d'origine profondément divisé.

Pour Alaoui, qui a grandi à Marrakech, «le sujet de la migration et de ses impacts humanitaires était d'un intérêt primordial». Elle a été tuée en 2016, à l'âge de 23 ans, lors d'une attaque terroriste au Burkina Faso alors qu'elle travaillait sur un projet photographique sur les droits des femmes pour Amnesty International.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
Short Url
  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
Short Url
  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Short Url
  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.