Birmanie: la pression augmente sur la junte, qui multiplie les arrestations

La mobilisation contre le coup d'Etat se poursuit samedi, avec de nouvelles manifestations enclenchées dès le matin (Photo, AFP).
La mobilisation contre le coup d'Etat se poursuit samedi, avec de nouvelles manifestations enclenchées dès le matin (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 13 février 2021

Birmanie: la pression augmente sur la junte, qui multiplie les arrestations

  • «Plus de 350 responsables politiques, représentants de l'Etat, militants et membres de la société civile, y compris des journalistes, des moines et des étudiants ont été placés en détention», a relevé l'ONU
  • Les géants de l'internet ont de leur côté dénoncé un projet de loi sur la cybersécurité qui permettra à la junte de les obliger à transmettre des métadonnées d'utilisateurs

RANGOUN : Manifestations massives samedi, constitution de comités de citoyens, appel de l'ONU à libérer Aung San Suu Kyi : la pression augmente sur les militaires au pouvoir depuis le coup d'Etat du 1er février en Birmanie, qui multiplient les arrestations d'opposants. 

Pour le 8e jour consécutif, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue samedi. 

A Rangoun, les manifestants se sont rassemblés, trois doigts levés en signe de résistance, et le trafic s'est arrêté dans un concert de klaxons pour célébrer l'anniversaire du héros de l'indépendance birmane, le général Aung San, qui aurait eu 106 ans samedi. 

Il était aussi le père d'Aung San Suu Kyi, l'ex-cheffe de facto du gouvernement, renversée par le coup d'Etat et désormais détenue au secret depuis 13 jours dans une résidence de Naypyidaw, la capitale administrative du pays, où elle est « en bonne santé », selon un message publié par son parti sur Facebook samedi. 

Des manifestations se sont tenues dans d'autres villes. Naung Po Aung, un village reculé de 7 500 habitants dans le nord du pays, a même accueilli un défilé de plusieurs centaines de personnes, soulignant l'ampleur de l'opposition au coup d'Etat à travers toute la Birmanie. 

Vendredi soir, des comités de vigilance citoyenne ont vu spontanément le jour à travers la Birmanie, chargés de surveiller leur voisinage en cas d'opérations menées par les autorités pour arrêter des opposants. 

Une vidéo filmée dans un quartier de Rangoun, la capitale économique, montrait de nombreux habitants envahissant la rue, défiant le couvre-feu instauré à 20 heures, après des rumeurs d'une descente de la police venue arrêter des dissidents. 

Des comités de citoyens anti-junte 

Frappant sur des casseroles et des poêles, une action habituellement associée à la présence du mal, ils se répondaient en criant: « Nous, les habitants de San Chaung, sommes-nous unis? ». « Nous le sommes! Nous le sommes! » 

« Nous ne savions pas qui allait être emmené, mais quand nous avons entendu le bruit, nous sommes sortis rejoindre nos voisins », a déclaré Tin Zar, une commerçante du nord de Rangoun. « Même s'ils tirent, nous n'avons pas peur ». 

Les protestations ont réuni différentes composantes de la société, des moines en robe safran aux joueurs de l'équipe nationale de football. 

« Nous ne jouerons plus au football que dans la rue, jusqu'au retour de la démocratie », a dit Kyaw Zin Htet, un gardien de but.  »Nous ne jouerons plus au sein de l'équipe nationale sous la dictature militaire ». 

Pour leur part, des centaines de moines ont organisé une prière devant l'ambassade américaine. 

« Les Birmans veulent la démocratie, et nous les soutenons », a tweeté l'ambassade dans un message de solidarité. 

The civil disobedience movement and demonstrations show that the people of Myanmar want democracy. We stand with them.

— U.S. Embassy Burma (@USEmbassyBurma) February 13, 2021

A Pathein (sud), connue pour ses parasols traditionnels peints à la main, des centaines de personnes ont marché de nuit vers l'hôpital public pour tenter de défendre le médecin en chef, une rumeur son arrestation par l'armée faisant le tour de la ville. 

Le médecin, connu pour ses positions anti-junte mais qui n'a finalement pas été arrêté, est sorti saluer la foule rassemblée devant l'établissement les trois doigts levés en signe de résistance à l'armée. « Si j'ai des problèmes, je ferai appel à vous », leur a lancé Than Min Htut. 

Le médecin a assuré qu'il continuerait de participer au movement de désobéissance civile contre la junte. 

Les manifestations se déroulaient pour l'essentiel dans le calme, mais cette semaine, les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Deux manifestants ont été grièvement blessés par des tirs à balles réelles, dont une jeune femme de 20 ans, Mya, toujours dans un état critique, devenue une icône du mouvement anti-junte. 

Les Rohingyas s'inquiètent du retour des militaires

L'Etat Rakhine, où vivent la minorité Rohingya et une large majorité bouddhiste, est secoué par un conflit depuis des décennies. Ces dernières années, l'armée y a combattu les insurgés de l'armée Arakan, qui lutte pour une plus grande autonomie pour la population bouddhiste, dite Rakhine. Mais quelques jours après le coup, la junte a mis fin à 19 mois de coupure d'internet et a réaffirmé son engagement à un cessez-le-feu avec le groupe rebelle. Le régime a également annoncé qu'un membre d'un parti nationaliste Rakhine ferait son entrée au gouvernelment. Certains dans la région estiment qu'une alliance avec les militaires leur donnera l'occasion d'obtenir une plus grande autonomie pour le Rakhine.D'autres pourtant partagent l'appréhension des Rohingyas à l'idée d'un retour du régime militaire, même si les dix ans d'expérience démocratique sous la direction d'Aung San Suu Kyi n'ont guère amélioré les conditions de vie sur place.

Pression internationale

La situation en Birmanie est depuis douze jours au cœur de l'agenda international. 

Depuis le putsch, « plus de 350 responsables politiques, représentants de l'Etat, militants et membres de la société civile, y compris des journalistes, des moines et des étudiants ont été placés en détention », a relevé l'ONU lors d'une session extraordinaire de son Conseil des droits de l'homme vendredi, jugeant « inacceptable » l'usage de la violence contre des manifestants. 

Lors de cette réunion, le régime des généraux a été mis sous pression avec l'adoption d'une résolution exigeant la libération immédiate d'Aung San Suu Kyi. 

Washington a annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre des militaires, dont leur chef Min Aung Hlain.  

Les géants de l'internet ont de leur côté dénoncé un projet de loi sur la cybersécurité qui permettra à la junte de les obliger à transmettre des métadonnées d'utilisateurs. 

Facebook, principal moyen de communication pour des millions de Birmans, a déclaré qu'il réduirait la visibilité du contenu géré par l'armée, affirmant que celle-ci répandait « de fausses informations ». 

Les généraux contestent la régularité des élections de novembre, remportées massivement par la LND. 

La Birmanie a déjà vécu près de 50 ans sous le joug des militaires depuis son indépendance en 1948 avec des répressions sanglantes en 1988 et 2007.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.