Birmanie : l'armée tire sur des manifestants, «mouvements de troupes» dans le pays

Les manifestants tiennent des pancartes appelant à la libération de la dirigeante civile birmane Aung San Suu Kyi lors d'une manifestation contre le coup d'État militaire à Yangon, le14 février 2021. (Sai Aung Main / AFP)
Les manifestants tiennent des pancartes appelant à la libération de la dirigeante civile birmane Aung San Suu Kyi lors d'une manifestation contre le coup d'État militaire à Yangon, le14 février 2021. (Sai Aung Main / AFP)
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Publié le Dimanche 14 février 2021

Birmanie : l'armée tire sur des manifestants, «mouvements de troupes» dans le pays

  • L'expérience démocratique de 10 ans a brusquement pris fin en Birmanie il y a bientôt deux semaines avec la prise de pouvoir des militaires, qui ont renversé et arrêté la cheffe de facto du gouvernement Aung San Suu Kyi
  • La junte menée par le général Min Aung Hlaing a publié une liste de sept activistes parmi les plus renommés du pays, qu'elle recherche activement pour avoir encouragé les manifestations

RANGOUN : Les forces de l'ordre ont tiré sur des manifestants dimanche en Birmanie, tandis que des militaires étaient en train d'être déployés, faisant craindre une répression imminente du mouvement de protestation contre le coup d'Etat. 

Des chars ont été aperçus à Rangoun, la capitale économique. Des déploiements de soldats ont été constatés dans d'autres villes, d'après des images diffusées sur les réseaux sociaux. 

Statement by Ambassadors to Myanmar: "We support the people of Myanmar in their quest for democracy, freedom, peace, and prosperity. The world is watching." pic.twitter.com/OtRzSEIf1H

— U.S. Embassy Burma (@USEmbassyBurma) February 14, 2021

Nous avons reçu « des indications sur des mouvements de troupes », a confirmé sur Twitter l'ambassade des Etats-Unis en Birmanie, demandant aux Américains de rester à l'abri. 

« Une interruption des télécommunications est possible cette nuit de 1H00 à 9H00 », heures locales (de 18H30 à 02H30 GMT), a-t-elle ajouté. 

A Myitkyina, dans le nord, il y a eu plusieurs blessés quand les forces de l'ordre ont dispersé des manifestants en tirant, d'après une journaliste locale. 

« Ils ont d'abord lancé du gaz lacrymogène, puis ont tiré », a-t-elle déclaré, sans pouvoir préciser si des balles réelles ou des munitions en caoutchouc avaient été utilisées. Cinq journalistes ont été interpellés à cette occasion, d'après un média local. 

Réagissant à cette escalade de la répression, les ambassadeurs en Birmanie des Etats-Unis, du Canada et de plusieurs pays de l'Union européenne ont diffusé une déclaration commune sur Twitter, exhortant l'armée à « ne pas recourir à la violence à l'encontre des manifestants et des civils ». 

Le putsch du 1er février a renversé le gouvernement d'Aung San Suu Kyi et mis fin à une fragile transition démocratique de 10 ans. 

La peur des représailles est dans tous les esprits en Birmanie, où les derniers soulèvements populaires de 1988 et 2007 ont été réprimés dans le sang par les militaires. 

Mobilisation massive 

Malgré cela, la mobilisation contre le coup d'Etat ne faiblit pas avec des fonctionnaires (enseignants, docteurs, employés de chemin de fer, etc.) en grève. 

Dimanche, pour le neuvième jour consécutif, les Birmans sont descendus par dizaines de milliers dans les rues.  

A Rangoun, ils se sont notamment réunis près de la célèbre pagode Shwedagon, pour réclamer la fin de la dictature et la libération de la lauréate du prix Nobel de la paix 1991, tenue au secret depuis son arrestation. 

Près de la gare centrale, des habitants ont bloqué une rue à l'aide de troncs d'arbres pour empêcher la police de pénétrer dans le quartier. Ils ont ensuite reconduit des policiers qui cherchaient des employés des chemins de fer grévistes afin de les forcer à reprendre le travail. 

A Dawei (sud), sept policiers ont annoncé faire défection, tandis que des médias locaux ont fait état de cas similaires ces derniers jours. 

Chasse aux « fugitifs »  

L'armée a de son côté diffusé une liste de sept militants parmi les plus renommés de Birmanie, qu'elle recherche activement pour avoir encouragé les manifestations. 

« Si vous trouvez les fugitifs mentionnés ci-dessus ou si vous avez des informations à leur sujet, signalez-vous au poste de police le plus proche », a-t-elle écrit dans un communiqué publié dans les médias d'Etat. « Ceux qui les hébergent seront (confrontés) à des actions conformément à la loi ». 

Depuis le putsch, quelque 400 personnes ont été arrêtées, des responsables politiques, des militants et des membres de la société civile, y compris des journalistes, des médecins et des étudiants. 

Sur la liste des sept « fugitifs » figure le nom de Min Ko Naing, un leader du mouvement étudiant de 1988, qui a déjà passé plus de 10 ans en prison.  

« Ils arrêtent les gens la nuit et nous devons être prudents », a-t-il déclaré quelques heures avant l'émission de son mandat d'arrêt.  

« Ils pourraient sévir avec force et nous devrons être préparés » a-t-il ajouté dans une vidéo publiée sur Facebook, malgré l'interdiction faite par la junte d'utiliser cette plate-forme. 

Pouvoirs d'exception 

Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a doté samedi les forces de l'ordre de pouvoirs d'exception. Elles peuvent procéder à des perquisitions sans mandat ou détenir des personnes pour une courte période sans l'autorisation d'un juge. 

En réaction aux arrestations, des comités de vigilance citoyenne ont vu spontanément le jour à travers la Birmanie : des habitants sont chargés de surveiller leur voisinage en cas d'opérations menées par les autorités pour arrêter des opposants. 

« Nous ne faisons confiance à personne pour le moment, en particulier pas à ceux qui portent des uniformes », a déclaré Myo Ko Ko, membre d'une patrouille de rue dans un quartier du centre de Rangoun. 

Certains Birmans craignent aussi que la libération massive cette semaine de plus de 23 000 prisonniers par l'armée n'ait été orchestrée pour semer le trouble en relâchant des individus peu recommandables, tout en faisant de la place dans les prisons pour les détenus politiques.  

Avertissement aux médias 

La situation a fait l'objet de nombreuses condamnations internationales depuis deux semaines, Washington détaillant une série de sanctions à l'encontre de plusieurs généraux. 

Ces derniers contestent la régularité des élections de novembre, massivement remportées par la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d'Aung San Suu Kyi. 

Ils affirment avoir pris le pouvoir en respectant la Constitution et ont ordonné aux journalistes d'arrêter de parler de « coup d'Etat ». 

Inculpée pour avoir importé illégalement des talkie-walkies, Aung San Suu Kyi est assignée à résidence à Naypyidaw, la capitale administrative, et est en bonne santé, d'après son parti. 

La Birmanie a déjà vécu près de 50 ans sous le joug des militaires depuis son indépendance en 1948. 

 


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.