AMMAN: Le leader palestinien Mahmoud Abbas, qui a signé le décret pour les élections de cette année, n’a pas encore annoncé son intention de se présenter à la présidence.
Au cours des 10 dernières années, il a déclaré à au moins trois reprises que si et quand des élections avaient lieu, il ne se présenterait pas. Mais l’homme fort du Fatah, Jibril Rajoub, a annoncé à plusieurs reprises qu’Abbas, 85 ans, était le seul candidat du parti à la présidence.
Des sondages menés aussi récemment qu'en décembre indiquent qu'Abbas perdrait dans un affrontement face à face contre le chef du Hamas Ismail Haniyeh. Dans le cadre de l’accord actuel de partage du pouvoir entre le Fatah et le Hamas, le mouvement islamiste a toutefois accepté de ne pas contester le candidat du Fatah.
Malgré le fait que la population palestinienne, largement jeune sous l’occupation, n’a connu aucun dirigeant à part Abou Mazen (le nom de guerre d’Abbas), il fait face à un mélange d’indifférence et de rejet.
Des conseillers du président ont déclaré à Arab News qu'il était «trop tôt» pour parler de la course à la présidentielle, prévue pour le 31 juillet, car toute l'attention est désormais de s'assurer que les élections législatives auront lieu le 22 mai et qu'un nouveau gouvernement soit formé afin de représenter toutes les zones palestiniennes occupées en 1967.
Najeeb Qadoumi, membre du Conseil national palestinien, a déclaré à Arab News que les réalisations du leader palestinien ne peuvent être ignorées. Abbas a persuadé 138 pays à l'assemblée générale des Nations Unies de reconnaître la Palestine comme un État non observateur, a-t-il déclaré, et s'est également opposé à «l'homme le plus puissant du monde», le président américain Donald Trump, en renversant le soi-disant «accord du siècle».
Qadoumi a également souligné le boycott par Abbas de l'administration Trump qui a transféré l'ambassade américaine à Jérusalem et dont sa vision de la paix comprenait l'annexion d'un tiers de la Cisjordanie.
Le président américain Joe Biden et son équipe ont annoncé qu'ils prévoyaient annuler de nombreuses décisions de Trump qui ont affecté les Palestiniens, notamment la légalisation des activités de colonisation israélienne. La nouvelle administration américaine a aussi affirmé sans ambiguïté son soutien à une solution à deux États et a repris les discussions avec les Palestiniens.
En Bref
Des sondages menés aussi récemment qu'en décembre suggèrent que Mahmoud Abbas perdrait dans un affrontement face à face contre le chef du Hamas Ismail Haniyeh.
Si de nombreux membres du Comité central du Fatah sont favorables à Abbas en tant que leader du consensus, on ne sait toujours pas s'il décidera de se présenter à la plus haute fonction. Néanmoins, ses partisans ont remarqué ces dernières semaines un développement de la rhétorique nationaliste de sa part, en particulier dans les déclarations rendues publiques qui encouragent les Palestiniens de la vallée du Jourdain à résister aux politiques israéliennes et aux tentatives d'expansion des colonies.
«Ce sont les paroles d'un homme qui envisage de se présenter», a expliqué un haut dirigeant palestinien à Arab News.
Que ses déclarations précédentes selon lesquelles il ne se présenterait pas étaient sincères ou trompeuses, s'il décide de se présenter, il aura un problème important à résoudre: l'intention publiquement annoncée du chef du Fatah emprisonné, Marwan Barghouti, de se présenter à la présidence derrière les barreaux dans une cellule israélienne, où il est détenu depuis près de 20 ans.
Le sondage le plus récent a montré que si Barghouti se présente, il pourrait recevoir 62% des voix palestiniennes. Son allié Hatem Abdel Qader, un leader du Fatah à Jérusalem, a confié que Barghouti n'avait pas l'intention de se présenter au conseil législatif et qu’il ne se présenterait qu'à la présidence.
Le membre du Comité central du Fatah, Hussein Sheikh, s'est rendu en prison pour voir Barghouti le 11 février et lui aurait offert la première place sur la liste des candidats du Fatah, ainsi que la possibilité d'en nommer 10 autres sur la liste officielle du parti, mais l'offre a été rejetée.
Une solution de compromis possible qui a été suggérée est la création du poste de vice-président et la liste du Fatah qui inclut les candidats aux deux postes. Cependant, cela nécessiterait une modification de la loi qui ne pourrait être mise en œuvre qu'après les élections du conseil législatif.
Si cela se produit, Barghouti pourrait être inclus sur la liste en tant que candidat à la présidence ou à la vice-présidence, ce qui pourrait augmenter ses chances de libération, compte tenu de l'âge d'Abbas.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com