Meurtre dans un centre d'asile de Pau: l'agresseur ne voulait pas être expulsé au Soudan

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, venu vendredi à Pau, a appelé à ce « qu'on ne mélange pas tout. Il est normal que la République applique des règles », et « tout à fait normal que la République soit fidèle à la vocation de la France d'accueillir des réfugiés » (Photo, AFP)
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, venu vendredi à Pau, a appelé à ce « qu'on ne mélange pas tout. Il est normal que la République applique des règles », et « tout à fait normal que la République soit fidèle à la vocation de la France d'accueillir des réfugiés » (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 20 février 2021

Meurtre dans un centre d'asile de Pau: l'agresseur ne voulait pas être expulsé au Soudan

  • L'agresseur n'était «ni signalé, ni fiché dans le cadre de la radicalisation violente, et les éléments recueillis permettent d'écarter toute intention terroriste»
  • La victime de 46 ans, père de deux enfants, est mort de ses blessures --13 plaies ont été recensées-- environ une heure plus tard

PAU: En France depuis 2015, mais voué à une expulsion prochaine, l'assassin présumé vendredi d'un responsable de centre d'asile à Pau « nourrissait des reproches » envers la structure, et voulait éviter de retourner au Soudan en guerre, selon le parquet, qui a écarté « toute intention terroriste ».  

La garde à vue du Soudanais de 38 ans a été prolongée samedi de 24 heures, et il sera déféré dimanche en vue d'une mise en examen pour assassinat et d'un placement en détention provisoire, a annoncé samedi en conférence de presse la procureure de Pau Cécile Gensac.  

L'agresseur n'était « ni signalé, ni fiché dans le cadre de la radicalisation violente, et les éléments recueillis permettent d'écarter toute intention terroriste », a souligné Mme Gensac, confirmant des premières informations vendredi de source policière.  

L'homme a fait l'objet d'une première expertise psychiatrique, qui « n'a mis en évidence aucune pathologie ».  

Mais il a reconnu les faits, et expliqué aux enquêteurs qu'il « nourrissait des reproches » à l'égard de la structure d'accueil de Pau, qui l'avait suivi il y a quelques années. Il considérait « que sa situation n’a(vait) pas été correctement traitée ».  

Plus précisément, il était venu vendredi au centre Isard-Cos de Pau « pour obtenir de la structure, et donc de la victime, un papier à l'attention de l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) afin de permettre son maintien sur le territoire national ». Se disant en « déshérence », il a évoqué « la crainte d’avoir dû retourner au Soudan en raison des guerres locales » qui ont motivé sa venue en Europe, a ajouté la procureure.   

Car l'homme était en voie d'expulsion. Arrivé en France en 2015, il avait vu sa demande d'asile refusée alors par l'Ofpra. Mais, a rappelé Mme Gensac, « il bénéficiait de la protection subsidiaire internationale sur décision de la Cour nationale du droit d’asile », la justice administrative.  

Cette protection peut-être accordée à une personne dont la situation ne correspond pas au statut de réfugié, mais pour laquelle il existe des motifs sérieux et avérés de croire qu'elle courrait dans son pays un risque réel d'atteintes graves, selon le site de l'Ofpra.   

Venu trois fois au centre dans la semaine  

A la suite de condamnations pour violences --l'une avec un résident du foyer d'asile, l'autre en détention-- le Soudanais a séjourné en prison de janvier 2017 à août 2018. Et l'autorisation provisoire de séjour « dont il bénéficiait légalement en sortie de prison au regard de son statut de protection internationale lui valait un titre jusqu’au 9 Novembre 2020 », a précisé Mme Gensac.  

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Le maire de Pau, François Bayrou, se tient à l'extérieur du Centre d'accueil des demandeurs d'asile Isard COS (CADA), le 19 février 2021 (Photo, AFP)

Après quoi, à deux reprises il a été convoqué par l'Ofpra pour « la suppression de son statut de protection suite aux condamnations pénales », a détaillé la procureure. Il ne s'est pas rendu à ces convocations, la dernière en décembre.  

Au lieu de quoi, il est revenu vendredi vers 10h30 --son troisième passage cette semaine, a-t-il dit-- dans les locaux administratifs du Cada (Centre d'accueil pour demandeurs d'asile), a priori déjà armé. Le chef de service asile l'a invité à sortir, à tout le moins « pour des raisons sanitaires », mais l'homme l'a suivi dans son bureau.  

Très vite, des employés du centre ont entendu des cris, alerté la police, et ont découvert leur collègue gisant au sol. Ils ont maîtrisé l'agresseur « au niveau des bras », avec « beaucoup de courage », a insisté Mme Gensac, et l'ont maintenu dans un bureau jusqu'a ce que la police l'interpelle, sans résistance.  

La victime de 46 ans, père de deux enfants, est mort de ses blessures --13 plaies ont été recensées-- environ une heure plus tard. Chef du pôle asile du Cada depuis six ans, « travailleur social expérimenté » selon son directeur Elias Philippe, il « savait gérer des situations délicates et difficiles ».  

L'agression de Pau a donné lieu à des appels, venus d'extrême droite et d'une partie de la droite, à un « moratoire sur l'immigration » (Jordan Bardella, FN), au retour de la « double peine » par l'expulsion immédiate d'un étranger condamné (Bruno Retailleau, LR).   

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, venu vendredi à Pau, a appelé à ce « qu'on ne mélange pas tout. Il est normal que la République applique des règles », et « tout à fait normal que la République soit fidèle à la vocation de la France d'accueillir des réfugiés ». 


Paris : les envoyés spéciaux américain, saoudien et français réaffirment leur soutien aux forces armées libanaises

Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). (AFP)
Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). (AFP)
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  • Les envoyés spéciaux ont unanimement exprimé leur soutien aux Forces armées libanaises
  • Dans le prolongement de la cessation des hostilités entrée en vigueur le 26 novembre 2024 et en appui au plan « Bouclier de la Nation », les participants ont convenu de la création d’un groupe de travail tripartite

PARIS: Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des efforts internationaux visant à soutenir la stabilité du Liban et le renforcement de ses institutions sécuritaires.

Au cours de la réunion, le général Haykal a présenté aux trois envoyés l’état d’avancement de la mise en œuvre du plan « Bouclier de la Nation », une initiative destinée à renforcer les capacités opérationnelles des Forces armées libanaises et à consolider la sécurité nationale.

Les envoyés spéciaux ont unanimement exprimé leur soutien aux Forces armées libanaises, saluant leur engagement et les sacrifices consentis dans un contexte sécuritaire et économique particulièrement difficile. Ils ont réaffirmé l’importance du rôle central de l’armée libanaise dans la préservation de la stabilité du pays.

Dans le prolongement de la cessation des hostilités entrée en vigueur le 26 novembre 2024 et en appui au plan « Bouclier de la Nation », les participants ont convenu de la création d’un groupe de travail tripartite. Celui-ci sera chargé de préparer une conférence internationale de soutien aux Forces armées libanaises et aux Forces de sécurité intérieure, prévue pour février 2026.

Cette initiative vise à mobiliser un appui politique, financier et opérationnel accru en faveur des institutions sécuritaires libanaises, considérées par la communauté internationale comme un pilier essentiel de la stabilité du Liban et de la sécurité régionale.


L’ambassadeur d’Arabie saoudite en France célèbre la journée internationale de solidarité

Selon Fahd Al Ruwaily, la solidarité humaine et le dialogue constituent des piliers centraux de l’action du Royaume, tant sur le plan national qu’international. (Photo Arlette Khouri)
Selon Fahd Al Ruwaily, la solidarité humaine et le dialogue constituent des piliers centraux de l’action du Royaume, tant sur le plan national qu’international. (Photo Arlette Khouri)
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  • Instituée par l’Assemblée générale des Nations unies en 2006, cette journée vise à promouvoir l’unité dans la diversité, à sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la solidarité
  • À Paris, cette journée a été marquée par une réception organisée à la résidence de l’ambassadeur d’Arabie saoudite en France, Fahd Al Ruwaily

PARIS: Célébrée chaque année le 20 décembre, la Journée internationale de la solidarité humaine rappelle une évidence, mise à l’épreuve par les crises contemporaines et pourtant toute simple : l’humanité partage un destin commun.

Instituée par l’Assemblée générale des Nations unies en 2006, cette journée vise à promouvoir l’unité dans la diversité, à sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la solidarité et à encourager des actions concrètes en faveur de la lutte contre la pauvreté et des Objectifs de développement durable.

Dans la Déclaration du Millénaire adoptée en 2000, la solidarité est d’ailleurs consacrée comme l’une des valeurs fondamentales devant structurer les relations internationales au XXIᵉ siècle, aux côtés de la liberté, de l’égalité et de la justice sociale.

C’est dans ce cadre que l’ONU a mis en place le Fonds de solidarité mondial, destiné à soutenir les populations les plus vulnérables et à lutter contre l’extrême pauvreté.

La Journée internationale de la solidarité humaine sert donc de rappel annuel du fait que les engagements pris lors des grandes conférences internationales ne doivent pas rester de simples déclarations d’intention, mais se traduire par des politiques et des initiatives tangibles.

Une solidarité au cœur de l’action internationale

À Paris, cette journée a été marquée par une réception organisée à la résidence de l’ambassadeur d’Arabie saoudite en France, Fahd Al Ruwaily.

Devant un parterre de diplomates, de responsables religieux et de parlementaires, l’ambassadeur a souligné la portée universelle de cette date symbolique : « C’est une journée qui nous rappelle que notre humanité est partagée et que notre avenir est commun », a-t-il déclaré, inscrivant son propos dans un contexte international marqué par les conflits, les crises humanitaires et les inégalités croissantes.

Selon Fahd Al Ruwaily, la solidarité humaine et le dialogue constituent des piliers centraux de l’action du Royaume, tant sur le plan national qu’international.

Ces valeurs, a-t-il insisté, sont profondément enracinées dans la culture saoudienne, les principes de l’islam et la Vision 2030, feuille de route stratégique qui guide la transformation du pays.

Engagement humanitaire et dialogue interculturel

Sur le terrain humanitaire, l’Arabie saoudite déploie une aide « sans distinction d’origine ou de religion », notamment à travers le Centre Roi Salmane pour l’aide humanitaire et le secours, qui intervient dans de nombreux pays en fournissant une assistance alimentaire, des soins médicaux, une aide à l’éducation et des secours d’urgence lors de crises majeures.

À cet engagement s’ajoute l’action du Fonds saoudien pour le développement, qui finance plus de 700 projets dans 93 pays, contribuant au développement des infrastructures, de la santé et de l’éducation.

Le secteur privé et les fondations caritatives jouent également un rôle important, à l’image de la Fondation caritative du prince Sultan, active en Arabie saoudite, en France et dans de nombreux pays, notamment à travers un partenariat durable avec l’UNESCO.

Sur le plan du dialogue interculturel et interreligieux, l’ambassadeur a salué le rôle de la Ligue mondiale islamique, reconnue comme membre observateur du Conseil économique et social de l’ONU.

Depuis La Mecque, cette organisation œuvre à promouvoir les valeurs de tolérance de l’islam et à combattre l’extrémisme et le radicalisme. Son action s’inscrit dans une vision plus large de coexistence pacifique et de compréhension mutuelle entre les peuples.

Selon Fahd Al Ruwaily, le Fonds franco-saoudien pour le Liban, créé en 2022, illustre cette volonté commune d’agir concrètement pour soutenir des populations en détresse. De même, les efforts humanitaires du Royaume se déploient dans des zones de crise comme Gaza, la Syrie, l’Ukraine ou le Yémen.

En conclusion, Fahd Al Ruwaily a rappelé que, face aux défis mondiaux tels que les conflits armés, le terrorisme, les crises humanitaires, le changement climatique et les inégalités, la solidarité humaine n’est plus une option, mais une nécessité.

En cette Journée internationale de la solidarité humaine, son appel est clair : renouveler l’engagement collectif en faveur d’un monde plus juste, plus sûr et plus digne, où la coopération et le dialogue demeurent les meilleurs remparts contre les fractures contemporaines.


Enquête pour corruption et perquisitions chez la ministre de la Culture Rachida Dati

Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP. (AFP)
Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP. (AFP)
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  • L'enquête est ouverte "notamment des chefs de corruption active et passive, trafic d'influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment de ces délits en lien avec l'exercice du mandat de parlementaire européen de Madame Rachida Dati"
  • Il y est fait mention jeudi d'"opérations de perquisition visant divers lieux, dont notamment la mairie du 7e arrondissement de Paris et le ministère de la Culture, ainsi que des domiciles"

PARIS: Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP.

La ministre, par ailleurs candidate à la mairie de Paris, est soupçonnée d'avoir perçu 299.000 euros d'honoraires du groupe industriel français GDF Suez quand elle était députée européenne, sans en déclarer la provenance au Parlement européen.

L'enquête est ouverte "notamment des chefs de corruption active et passive, trafic d'influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment de ces délits en lien avec l'exercice du mandat de parlementaire européen de Madame Rachida Dati", a écrit le procureur de la République financier, Jean-François Bohnert, dans un communiqué.

Il y est fait mention jeudi d'"opérations de perquisition visant divers lieux, dont notamment la mairie du 7e arrondissement de Paris et le ministère de la Culture, ainsi que des domiciles".

Ces perquisitions s'inscrivent dans le cadre d'une enquête ouverte le 14 octobre et confiée à deux juges d'instruction du tribunal judiciaire de Paris, toujours selon ce communiqué, confirmant des informations de presse.

Tout est parti d'une enquête préliminaire conduite depuis le 16 avril "sur la base, notamment, d'un signalement Tracfin (renseignement financier, ndlr) reçu par le PNF (Parquet national financier)", explique Jean-François Bohnert.

Me Olivier Pardo, un des avocats de Mme Dati, sondé par l'AFP, s'est refusé à tout commentaire. Ses autres conseils Ses autres conseils n'ont pas donné suite.

Selon une enquête diffusée début juin sur la chaîne de télévision publique France 2, les fonds du géant français de l'énergie avaient transité par un cabinet d'avocats, STC Partners, avant d'être rebasculés sur les comptes de Mme Dati en 2010 et 2011. D'après Complément d'enquête, l'origine de ces revenus n'a pas été déclarée au Parlement européen comme cela est requis pour éviter les conflits d'intérêt.

La candidate à la mairie de Paris avait qualifié sur les radio Europe 1 et télévision CNews ces accusations de "diffamatoires", assurant que les documents évoqués dans cette émission ont déjà "été examinés par la justice" dans le cadre des investigations sur l'affaire Carlos Ghosn.

Car Mme Dati est déjà renvoyée devant le tribunal correctionnel dans un autre dossier, pour corruption et trafic d'influence, dans lequel elle devra comparaître aux côtés de l'ancien tout-puissant patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn.