Les États-Unis menacent de renforcer les sanctions malgré le défi de Khamenei

Le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken a déclaré que les Etats-Unis étaient prêts à revenir à l’accord nucléaire iranien si Téhéran s’y « conformait strictement » (Photo, AFP).
Le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken a déclaré que les Etats-Unis étaient prêts à revenir à l’accord nucléaire iranien si Téhéran s’y « conformait strictement » (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 23 février 2021

Les États-Unis menacent de renforcer les sanctions malgré le défi de Khamenei

  • Le numéro un iranien avertit que son pays pourrait enrichir l'uranium à 60% si besoin
  • Les États-Unis restent déterminés à faire en sorte que l'Iran n'acquière jamais l'arme nucléaire, rappelle Blinken

LONDRES: Les États-Unis chercheront à renforcer et à prolonger l'accord entre les puissances mondiales et l'Iran visant à freiner son programme nucléaire, a déclaré lundi le secrétaire d'État Antony Blinken.

C’est un nouveau signe de l’ambition de Washington de relancer l’accord nucléaire de 2015 rejeté par l’ancien président Donald Trump alors même que Téhéran semble s’éloigner davantage de l’accord nucléaire.

Blinken, s'adressant à la Conférence sur le désarmement parrainée par l'ONU à Genève, a déclaré dans un discours préenregistré: « Les États-Unis restent déterminés à faire en sorte que l'Iran n'acquière jamais une arme nucléaire. La diplomatie est le meilleur moyen d’atteindre cet objectif. »

Le président américain Joe Biden avait déclaré que si l'Iran revenait au « strict respect» du pacte de 2015, son administration ferait de même, a déclaré Blinken.

« En travaillant avec nos alliés et partenaires, nous chercherons également à allonger et à renforcer le Plan d’action global conjoint et à traiter d’autres sujets de préoccupation, notamment le comportement régional déstabilisateur de l’Iran et le développement et la prolifération des missiles balistiques», a déclaré Blinken.

« L'Iran doit respecter ses accords de garanties avec l'AIEA et ses obligations internationales », a-t-il ajouté.

A Téhéran, le numéro un iranien Ali Khamenei a averti lundi que son pays pourrait enrichir l'uranium à 60% si besoin, un nouveau geste de défi envers l'Occident à quelques heures du début des limitations imposées par l'Iran aux inspections de ses sites nucléaires.

Le Parlement iranien a voté une loi décrétant ces restrictions si les Etats-Unis ne levaient pas leurs sanctions imposées à l'Iran au 21 février. Mais celles-ci sont restées en place.

Et en soirée, l'ambassadeur d'Iran auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Kazem Gharibabadi, a annoncé que les limitations entreraient en vigueur « à partir de minuit locale (20H30 GMT). Les instructions nécessaires ont été données aux installations nucléaires ».

Allant plus loin dans l'attitude de défi, l'ayatollah Khamenei, ultime décideur dans les principaux dossiers du pays, a affirmé que l'Iran « pourrait augmenter l'enrichissement d'uranium à 60% si besoin ». 

L'Iran a annoncé début janvier avoir repris l'enrichissement à hauteur de 20%, dans ce qui a constitué le plus spectaculaire de ses désengagements vis-à-vis de l'accord international conclu en 2015 et censé encadrer le programme nucléaire iranien.

Ces désengagements ont été décidés à partir de 2019 après le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis de Donald Trump de l'accord et le rétablissement des sanctions américaines qui asphyxient l'économie iranienne.

« Réversibles »

Le gouvernement iranien « n'a pas abandonné ses engagements et a réduit progressivement certains d'entre eux, qui sont encore réversibles dans le cas où (les autres pays parties à l'accord) reviendraient à leurs responsabilités », a dit l'ayatollah Khamenei. « Les Occidentaux savent bien que nous ne cherchons pas (à fabriquer) des armes nucléaires. »

L'Iran exige la levée des sanctions américaines pour revenir à ses engagements. L'accord de 2015 fixe entre autres à 3,67% le seuil maximum auquel Téhéran peut enrichir l'uranium, loin des 90% nécessaires pour une utilisation militaire.

Le président américain Joe Biden avait lui promis de rejoindre à nouveau cet accord, mais à la condition que Téhéran revienne au préalable au respect de ses engagements. Mais la méfiance reste de mise entre les Etats-Unis et l'Iran, des pays qui n'entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980. 

Malgré ses démentis, l'Iran est accusé de chercher à se doter de l'arme atomique notamment par Israël, son ennemi juré. Conclu à Vienne entre l'Iran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Russie, Chine), l'accord prévoit une levée progressive de sanctions en échange de la garantie que l'Iran ne se dote pas de l'arme atomique.

Dimanche, l'Iran et l'AIEA ont annoncé un accord pour maintenir une surveillance des activités nucléaires, bien que réduite, le temps que des pourparlers soient engagés entre les pays parties à l'accord pour sortir de l'impasse.

« Degré nécessaire de surveillance »

La loi qui doit restreindre l'accès à certaines inspections, y compris sur des sites militaires suspects, « va être appliquée » à partir de mardi, a confirmé le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, à son retour dimanche soir à Vienne, après des « consultations intenses » à Téhéran.

« L'accès sera réduit, ne nous voilons pas la face, mais nous serons en mesure de maintenir le degré nécessaire de surveillance et de vérification », a-t-il ajouté.

Selon les termes de cet « accord bilatéral technique » d'une durée de trois mois mais susceptible d'être suspendu à tout moment, le nombre d'inspecteurs sur place reste inchangé et des contrôles inopinés resteront possibles.

Parmi les limitations imposées par la loi, l'Iran ne fournira pas les enregistrements relatifs aux activités et équipements de plusieurs sites.

« Une fois que tout le monde aura fait sa part et rempli ses obligations, alors il y aura (une reprise) des discussions » sur un plein retour à l'accord, a répété le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.