Une diplomate libanaise appelle à ne pas préjuger de l'enquête sur l'explosion à Beyrouth

On pense que l’explosion a été causée par un incendie qui a enflammé 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium hautement explosif, stockées dans un entrepôt du port depuis plus de six ans. (Anwar AMRO/ AFP)
On pense que l’explosion a été causée par un incendie qui a enflammé 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium hautement explosif, stockées dans un entrepôt du port depuis plus de six ans. (Anwar AMRO/ AFP)
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Publié le Mardi 11 août 2020

Une diplomate libanaise appelle à ne pas préjuger de l'enquête sur l'explosion à Beyrouth

  • L’ambassadrice du Liban auprès de l'ONU, Amal Mudallali, a appelé le public à attendre les conclusions de l'enquête gouvernementale, qui aurait déjà dues être rendues publiques selon le délai fixé par la présidence libanaise
  • L’enquête officielle « est à la recherche de boucs émissaires » et de membres du gouvernement « faibles » à sacrifier, a affirmé la députée de l’opposition Paula Yacoubian

CHICAGO: L’ambassadrice du Liban auprès de l'Organisation des nations unies (ONU), Amal Mudallali, a appelé le public à donner du temps au gouvernement libanais, chargé d’expédier les affaires courantes depuis hier soir après sa démission, pour compléter son enquête sur les causes de l’explosion du 4 août qui a détruit le port de Beyrouth et des secteurs du centre-ville. Elle l’a exhorté à « ne pas préjuger » des résultats.

Le président Michel Aoun a formé un comité gouvernemental chargé d’enquêter sur l’explosion qui a tué plus de 170 personnes, en a blessé plus de 5 000, et a endommagé des propriétés jusqu’à dix kilomètres de distance. On pense que l’explosion a été causée par un incendie qui a enflammé 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium hautement explosif, stockées dans un entrepôt du port depuis plus de six ans.

Le gouvernement a arrêté plusieurs directeurs et employés du port. Cependant, de nombreuses personnes ont répondu avec scepticisme à l’annonce de l’enquête, appelant à une investigation indépendante, focalisée sur la responsabilité du gouvernement concernant les événements qui ont mené à l’explosion.

« Le gouvernement a déjà établi un comité d’enquête et affirme qu’il partagera les résultats », a déclaré Mudallali durant une vidéo-conférence organisée vendredi par l’Institut arabe américain (AAI) à Washington D.C. Attendons (…) et voyons quels seront les résultats… »

Selon le délai fixé par la présidence libanaise, les résultats de l’enquête auraient déjà dus être rendus publics en début de semaine.

« Je ne sais pas ce que l’enquête va permettre de déterminer, mais donnons-leur une chance et écoutons ce qu’ils ont à dire, nous pourrons alors juger, a ajouté Mudallali. Il n’est pas facile de juger avant qu’ils ne parviennent à un résultat. Le problème, c’est le manque de confiance dans le pays, cela affecte tout. »

Les dégâts causés par l’explosion ont laissé plus de 300 000 personnes sans abri, dont 80 000 enfants.

Mudallali a précisé qu’après des décennies passées à subir des crises dévastatrices, les unes après les autres – la guerre civile, l’invasion israélienne en 1978, l’occupation et les conflits répétés subséquents, la pandémie de Covid-19 et la crise financière actuelle – beaucoup de personnes en ont assez et souhaitent quitter le pays.

« Sur le port, il y avait la statue d’un émigré libanais debout, regardant la mer, raconte Mudallali. Cette statue n’est plus. Elle a été détruite. Elle est désormais un symbole. »

Et d’ajouter : « Nous ne voulons pas qu’elle devienne le symbole des Libanais aujourd’hui. Nous ne voulons pas qu’ils partent! Nous souhaitons au contraire que les Libanais restent. Nous avons besoin qu’ils restent et reconstruisent, sinon personne d’autre ne le fera. Mais les aider à reconstruire ne consiste pas seulement à leur envoyer de l’aide ou de la nourriture. Nous devons les aider à améliorer les constructions, de façon durable, et à rester dans leur pays, pour que ce dernier retrouve la stabilité. »

Mudallali a été nommée ambassadrice auprès de l’ONU par le gouvernement Aoun en janvier 2018. Auparavant, elle a occupé durant cinq ans le poste de conseillère en politique étrangère du Premier ministre Rafic Hariri, qui a été assassiné le 14 février 2005 dans un attentat à la bombe que le Hezbollah est soupçonné d’avoir organisé. Plus récemment, elle était conseillère principale pour les affaires américaines auprès du Premier ministre Saad Hariri, chercheuse principale au centre Woodrow Wilson à Washington et chroniqueuse pour Arab News.

Interrogée par le président de l’AAI et hôte de la conférence, Jim Zogby, sur « la volonté politique » libanaise de mettre en œuvre les réformes économiques nécessaires pour renforcer la confiance mondiale dans le Liban et débloquer des programmes d'aide financière internationale, Mudallali a répondu qu'elle pense que les gens sont désormais plus conscients de l'urgence des réformes et de la nécessité de commencer à progresser dans leur mise en œuvre.

« Je pense que les gens comprennent maintenant qu’il n’y a pas d’autre issue et qu’il n’y a pas d’autres moyens de progresser, a-t-elle ajouté. J’espère que les choses s’amélioreront. »

La députée de l’opposition Paula Yacoubian a déclaré que le peuple n’a aucune confiance dans le gouvernement d’Aoun, aujourd’hui démissionnaire, et qu’elle qualifie de « bande de voleurs et d’escrocs » et de « mafia ». L’enquête officielle « est à la recherche de boucs émissaires » et de membres du gouvernement « faibles » à sacrifier, a-t-elle poursuivi.

« Ils essaient de s'en tirer en identifiant quelques personnes responsables de l'échec… ils commencent avec le responsable des douanes, indique Yacoubian. Nous constatons cela souvent – à chaque fois qu'il y a un problème, ils trouvent un bouc émissaire. »

Yacoubian avait prédit que le gouvernement Aoun sera chassé du pouvoir du fait de l’explosion, décrivant l’administration comme un « un cancer pour le pays ».

Michel Aoun a rejeté vendredi les appels à une enquête internationale sur les raisons de l'explosion. Il a déclaré que la cause n'a pas encore été déterminée et que l'enquête gouvernementale examinera la possibilité d'une « ingérence extérieure ».

Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.