Reims: un photo-journaliste agressé et grièvement blessé dans un quartier prioritaire

Le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourrette, le 11 juillet 2019 (Photo, AFP)
Le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourrette, le 11 juillet 2019 (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 28 février 2021

Reims: un photo-journaliste agressé et grièvement blessé dans un quartier prioritaire

  • Le photographe, âgé de 65 ans, «a été pris en charge par le Samu et transféré au CHU de Reims, avec un pronostic vital engagé»
  • «Mes pensées accompagnent le photo-journaliste grièvement blessé dans le cadre de son travail à Reims», a tweeté le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin

LILLE: Un photo-journaliste du quotidien régional L'Union a été grièvement blessé samedi à Reims, alors qu'il couvrait des regroupements de jeunes dans le quartier prioritaire Croix Rouge, et une enquête est ouverte pour tentative de meurtre, a-t-on appris auprès de la préfecture, du parquet et du journal. 

Aux alentours de 15H00, « un journaliste du journal l'Union a été agressé et grièvement blessé dans des circonstances encore indéterminées, mais de manière volontaire. J'ai donc ouvert une enquête pour tentative de meurtre, confiée à la sûreté départementale », a indiqué le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourrette. 

Le photographe, âgé de 65 ans, « a été pris en charge par le Samu et transféré au CHU de Reims, avec un pronostic vital engagé », a-t-il précisé.  

« Il semblerait » qu'il couvrait »des regroupements de jeunes, a poursuivi le procureur, indiquant qu'aucune interpellation n'est intervenue à ce stade. 

Le journaliste « a été retrouvé au sol, aux alentours de 15H30 dans le quartier Croix Rouge (...). Les forces de l'ordre étaient sur place, avaient identifié des mouvements de jeunes, dont certains portaient des battes de base-ball, et des renforts avaient été appelés » pour sécuriser le quartier, a déclaré le préfet de la Marne Pierre N'Gahane. 

Les autorités n'ont pour le moment « pas d'informations précises sur ce qui s'est passé, s'il a reçu des coups ou un projectile. Mais il était au sol, saignait au niveau des oreilles », a-t-il déploré. 

Christian Lantenois, « était avec une consœur de la locale de Reims », alertée « d'un évènement dans le quartier », qu'il a rejoint « avec une voiture floquée » du logo du journal, a expliqué l'une des deux rédactrices en chef du journal, Géraldine Baehr-Pastor. 

« On ne sait pas s'il est sorti seul, ni si quelqu'un l'a sorti de la voiture », a précisé la co-rédactrice en chef Carole Lardot.  

La consœur a « seulement entendu une altercation », avant de retrouver le photographe. 

« L'entreprise condamne avec la plus grande fermeté cette agression. Rien ni personne n'entravera jamais notre volonté d'informer ni notre liberté d'agir », a réagi le directeur général du journal Daniel Picault, exprimant ses « pensées » pour la victime et ses proches ». 

« Le quartier reste un quartier sensible. Il y a un an, juste avant le confinement, il y a eu deux séries d'affrontements entre les jeunes de ce quartier et d'un autre quartier », a noté le préfet de la Marne. 

« Mes pensées accompagnent le photo-journaliste grièvement blessé dans le cadre de son travail à Reims. Solidarité avec la rédaction de L’Union-L'Ardennais et l’ensemble de la profession. La police nationale est  pleinement mobilisée pour identifier et interpeller les auteurs », a tweeté samedi soir le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. 

« Aujourd’hui, le seuil de l’inacceptable a été dépassé (...) Au delà de l’ignominie d’un tel acte, je veux exprimer mon ras le bol devant ce ramassis de vauriens qui pourrissent la vie de nos quartiers » a de son côté déclaré sur Facebook le maire LR de Reims Arnaud Robinet. 

La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot s'est aussi émue d'une « lâche agression » dans un tweet, faisant part de la « solidarité » avec le photographe et sa rédaction. 

 


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.