Les grandes étapes de l'affaire Ghosn

Le 11 janvier 2019, M. Ghosn est inculpé pour abus de confiance et pour avoir minoré ses revenus dans des rapports boursiers de Nissan entre 2015 et 2018 (Photo, AFP).
Le 11 janvier 2019, M. Ghosn est inculpé pour abus de confiance et pour avoir minoré ses revenus dans des rapports boursiers de Nissan entre 2015 et 2018 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 02 mars 2021

Les grandes étapes de l'affaire Ghosn

  • Le 5 mars, un juge japonais accepte la libération sous caution de Carlos Ghosn, avec interdiction de quitter le Japon
  • Depuis son arrestation fin 2018 au Japon jusqu'à l'arrivée mardi à Tokyo de deux Américains accusés d'avoir aidé l'ex-patron dans sa fuite rocambolesque

TOKYO: Voici les grandes étapes de l'affaire Carlos Ghosn, depuis son arrestation fin 2018 au Japon jusqu'à l'arrivée mardi à Tokyo de deux Américains, extradés par les Etats-Unis et accusés d'avoir aidé l'ex-patron dans sa fuite rocambolesque vers le Liban fin 2019.

Arrêté, révoqué

Le 19 novembre 2018, le patron du numéro un mondial de l'automobile Renault-Nissan-Mitsubishi Motors est arrêté à son atterrissage à Tokyo. Il est soupçonné d'avoir omis de déclarer une grande partie de ses revenus aux autorités boursières entre 2010 et 2015. Son bras droit Greg Kelly, qui l'y aurait aidé selon les enquêteurs nippons, est arrêté le même jour.

Le 22 novembre, Carlos Ghosn est limogé par Nissan, puis par Mitsubishi Motors le 26. 

Le 10 décembre, il est inculpé pour dissimulation de revenus. 

Le 13, Renault le confirme à son poste de PDG, invoquant la présomption d'innocence.

Le 21 décembre, Carlos Ghosn est soupçonné d'avoir tenté de faire couvrir par Nissan des pertes sur des investissements personnels en 2008.

Le 25 décembre, Greg Kelly est libéré sous caution, avec interdiction de quitter le Japon dans l'attente de son procès.

Le 11 janvier 2019, M. Ghosn est inculpé pour abus de confiance et pour avoir minoré ses revenus dans des rapports boursiers de Nissan entre 2015 et 2018.

Le 23, après le rejet d'une demande de libération sous caution, il démissionne de la présidence de Renault.

Le 31 janvier, il dénonce «un complot» de Nissan pour empêcher un projet d'intégration plus poussée avec Renault.

«Bénéfice personnel» à Versailles

En février 2019, Renault signale à la justice que son ancien patron a reçu pour son «bénéfice personnel» un avantage en nature de 50 000 euros dans le cadre d'une convention de mécénat avec le Château de Versailles.

Le 5 mars, un juge japonais accepte la libération sous caution de Carlos Ghosn, avec interdiction de quitter le Japon.

Fin mars, Renault signale à la justice plusieurs millions d'euros de paiements suspects, via la société distribuant les véhicules du groupe au sultanat d'Oman.

Le 4 avril, M. Ghosn est de nouveau arrêté, accusé d'avoir utilisé 5 millions de dollars pour son bénéfice personnel.

Le 22, il est inculpé pour abus de confiance aggravé.

Le 25, il est libéré sous caution, avec interdiction de contacter sa femme.

Le 4 juin, un audit au sein de RNBV, filiale néerlandaise de Renault et Nissan, révèle 11 millions d'euros de dépenses suspectes engagées par Carlos Ghosn.

Le 23 septembre, Carlos Ghosn évite des poursuites aux Etats-Unis pour des déclarations inexactes sur ses rémunérations en acceptant de payer une amende d'un million de dollars.

Fuite au Liban

Le 30 décembre, Carlos Ghosn arrive à Beyrouth au terme d'une fuite rocambolesque. Il est soupçonné d'avoir quitté le Japon caché dans un caisson de matériel audio.

Le 7 janvier 2020, la justice japonaise émet un mandat d'arrêt à l'encontre de Carole Ghosn, soupçonnée de faux témoignage dans l'enquête sur son mari.

Le 8, Carlos Ghosn dénonce un «coup monté» et promet de laver son nom, lors d'une conférence de presse.

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L'ancien patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn (à gauche) arrive au Syndicat de la presse libanaise pour s'adresser à une grande foule de journalistes sur ses raisons d'esquiver le procès au Japon, où il est accusé de faute financière, à Beyrouth le 8 janvier 2020 (Photo, AFP).

Le 9, la justice libanaise lui interdit de quitter le pays, après un interrogatoire par le parquet général au sujet d'une demande d'arrestation émise par Interpol. Le Liban n'extrade pas ses ressortissants.

Le 30, la justice japonaise émet des mandats d'arrêt à l'encontre de Carlos Ghosn et trois complices présumés dans sa fuite.

Procédures judiciaires

Le 10 février 2020, Carlos Ghosn réclame devant un tribunal néerlandais 15 millions d'euros d'indemnités à Nissan et Mitsubishi Motors pour rupture abusive de son contrat.

Le 12, Nissan porte plainte au Japon pour demander 10 milliards de yens (83,4 millions d'euros) de dommages et intérêts à Carlos Ghosn.

Le 19, le parquet de Nanterre en France annonce avoir transmis à un juge d'instruction l'enquête sur des soupçons d'abus de bien sociaux chez Renault visant notamment Carlos Ghosn. 

L'ex-PDG engage une procédure aux prud'hommes, réclamant à Renault 250 000 euros d'indemnité provisionnelle de départ à la retraite. Il menace en outre de saisir un tribunal de commerce pour obtenir près de 800 000 euros de pension annuelle et près de 12 millions d'euros en actions.

Le 20 mai, deux Américains, Michael Taylor et son fils Peter, soupçonnés d'avoir aidé Carlos Ghosn dans sa fuite du Japon, sont arrêtés aux Etats-Unis. Un juge fédéral donne début septembre son feu vert pour les extrader au Japon afin d'y être jugés.

Le 15 septembre, le procès de Greg Kelly sur le volet des paiements différés de Carlos Ghosn chez Nissan s'ouvre à Tokyo. Greg Kelly, qui encourt jusqu'à dix ans de prison, déclare être innocent, tandis que Nissan, également poursuivi, plaide coupable.

Le 24 février 2021, trois ressortissants turcs, un haut responsable de la compagnie de location de jets privés MNG Jet, Okan Kösemen, et deux pilotes sont condamnés à quatre ans et deux mois de prison par un tribunal d'Istanbul pour avoir aidé Carlos Ghosn dans sa fuite.

Le 2 mars 2021, Michael Taylor, un ancien membre des forces spéciales américaines, et son fils Peter, arrivent à Tokyo après avoir été extradés par les Etats-Unis. 

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Les autorités japonaises tiennent des bâches en plastique alors qu'un homme (C) supposé être le citoyen américain Peter Taylor monte dans un bus après son arrivée à Narita, al'éroport de la préfecture de Chiba le 2 mars 2021 (Photo, AFP).

 


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.