Le Congrès exhorte Biden à considérer les violations des droits de l'Homme dans l’élaboration de sa politique sur la Turquie

Joe Biden rencontre le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à Ankara, le 25 août 2016. (photo d’AP)
Joe Biden rencontre le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à Ankara, le 25 août 2016. (photo d’AP)
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Publié le Mercredi 03 mars 2021

Le Congrès exhorte Biden à considérer les violations des droits de l'Homme dans l’élaboration de sa politique sur la Turquie

  • Les législateurs américains ont exhorté l’administration du président Joe Biden à prendre en considération les « violations troublantes des droits de l’homme » en Turquie
  • Cette lettre est parvenue le jour précédant l’annonce, par la Turquie, d’un plan de réforme très attendu qui ne comprenait que de vagues engagements quant au fait de lancer un « Plan d'action pour les droits de l'homme »

ANKARA: Dans une lettre bipartite rédigée par cent soixante-dix membres du Congrès américain à destination du secrétaire d’État, Antony Blinken, les législateurs américains ont exhorté l’administration du président Joe Biden à prendre en considération les « violations troublantes des droits de l’homme » en Turquie.

« Le président Recep Tayyip Erdogan et son Parti de la justice et du développement ont utilisé leurs quasi deux décennies de pouvoir pour affaiblir le système judiciaire turc, installer des alliés politiques dans des positions militaires et de renseignement clés, réprimer la liberté d'expression et [la] presse libre », indique la lettre.

Datée du 26 février mais rendue publique le 1er mars, cette missive demande à Washington d’élaborer sa politique turque en prenant en considération les droits de l'homme, affirmant que l'administration Erdogan avait mis à rude épreuve les relations bilatérales.

« Les questions stratégiques ont, à juste titre, reçu une attention particulière dans nos relations bilatérales, mais la violation flagrante des droits de l'homme et le recul démocratique en Turquie constituent également une source de préoccupation majeure », expliquent les auteurs de la lettre, faisant spécifiquement référence à l'attaque du mois de mai 2017 contre des manifestants pacifiques et des employés fédéraux menée par les forces de sécurité turques lors de la visite d'Erdogan à Washington.

« Plan d'action pour les droits de l'homme »

L’issue de la lettre coïncide avec la déclaration commune de Human Rights Watch, de la Commission internationale de juristes et du Projet d'appui aux litiges relatifs aux droits de l'homme en Turquie de lundi dernier. Cette dernière critique le non-respect par le gouvernement turc d'une ordonnance contraignante de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) ayant pour objectif de libérer l'activiste turc Osman Kavala.

En outre, cette lettre est parvenue le jour précédant l’annonce, par la Turquie, d’un plan de réforme très attendu qui ne comprenait que de vagues engagements quant au fait de lancer un « Plan d'action pour les droits de l'homme », sans précision particulière sur la situation des militants et des politiciens emprisonnés.

Washington avait précédemment exhorté Ankara à respecter la décision de la CEDH concernant les libérations du politicien kurde Selahattin Demirtas et d’Osman Kavala.

Campagne de lobbying

Une procédure judiciaire à motivation politique de la Turquie contre les législateurs de l’opposition et des débats autour de la fin du Parti démocratique du peuple pro-kurde (HDP) sont envisagés depuis longtemps.

En effet, juste après l'annonce du Plan d'action pour les droits de l'homme, la Cour de cassation a ouvert une enquête sur le HDP et elle a demandé le résumé de la procédure concernant ses législateurs. Un signe fort, qui montre que le gouvernement a hâte de dissoudre le troisième plus grand parti du Parlement turc.

Ankara a récemment pris des mesures pour améliorer ses relations avec Washington. Elle a notamment lancé une campagne de lobbying coûteuse destinée à contourner l’impasse liée à l’achat par la Turquie du système de défense antimissile russe S-400. C’est cet achat qui avait abouti au retrait de la Turquie du programme d’avions de combat américain F-35.

« Dans une perspective plus large, la promotion de la démocratie et des droits de l'homme, ainsi que des libertés en Turquie, sera pour la première fois à l'ordre du jour de l'administration américaine », déclare à Arab News Soner Cagaptay, un professeur d’université turc travaillant au Washington Institute for Near East Policy, un think tank américain qui se concentre sur la politique étrangère des États-Unis vis-à-vis des pays du Proche-Orient.

« Auparavant, les administrations américaines se contentaient généralement de parler, faisaient des déclarations, mais isolaient toujours les liens stratégiques du champ de la démocratie et des droits de l'homme. Mais maintenant, ce n'est pas vraiment possible », indique-t-il.

Selon Cagaptay, parmi les alliés américains, la Turquie est, avec la Hongrie, le pays qui souffre le plus de l'érosion démocratique et de la réduction des freins et des contrepoids; et, pour l'administration Biden, le renforcement de la démocratie à l'étranger est devenu une composante vitale pour renforcer la foi dans le processus démocratique à la maison.

Si la gestion des différences et l'élargissement des domaines de coopération seront autant d'autres branches des relations turco-américaines dans la nouvelle période, la démocratie occupera la plus grande part, notent les experts.

De la “poudre aux yeux”

« Le Congrès est actuellement le foyer le plus puissant des voix antiturques, en particulier après l'achat du système de défense antimissile russe. La législation de la Caatsa (Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act ou “Contrer les ennemis des États-Unis par le biais des sanctions”), en vertu de laquelle la Turquie a été sanctionnée pour son acquisition du S-400, a été rédigée par le Congrès lui-même. La Turquie est le premier pays à défier cette législation. Elle est considérée au Congrès comme le deuxième pays le plus problématique après la Russie », révèle Cagaptay.

Par conséquent, ajoute-t-il, même si l'administration Biden devait se réinitialiser avec la Turquie, il serait très difficile pour les relations américano-turques d'acquérir un semblant de normalité car, quelle que soit la manière dont la Maison Blanche tendra la main à Ankara, le Congrès la vérifiera et la tempérera constamment.

Jonathan Katz, membre senior au German Marshall Fund des États-Unis, rejoint cette idée: « Bien que ce ne soient pas les seuls défis à l'ordre du jour, les droits de l'homme et le recul démocratique seront certainement un domaine d'intérêt de haut niveau avec les responsables turcs de l'administration Biden et du Congrès américain », fait-il savoir à Arab News.

Selon Katz, il est clair, sur la base des deux récentes lettres envoyées au Congrès, au Sénat et à la Chambre, qu'il existe un effort accru pour répondre à la menace que constitue, pour beaucoup, le fait qu’Erdogan pousse la Turquie à devenir une autocratie et que le pays s’éloigne de son statut d’allié fidèle de l’Otan, partageant un agenda politique et sécuritaire américain et transatlantique.

« Si le gouvernement turc exécutait et mettait en œuvre de nouvelles réformes, Washington y verrait un signe positif; mais il demeurerait un profond soupçon que ces efforts soient de la “poudre aux yeux” uniquement destinée à renforcer Erdogan politiquement », prévient-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des efforts sont déployés pour rapatrier les Philippins tués dans les inondations aux Émirats arabes unis

Des voitures sont bloquées dans une rue inondée à Dubaï, le 19 avril 2024. (AFP)
Des voitures sont bloquées dans une rue inondée à Dubaï, le 19 avril 2024. (AFP)
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  • Au moins trois Philippins ont perdu la vie dans ces inondations sans précédent.
  • Le consulat philippin a reçu des demandes d'assistance d'au moins 100 Philippins.

Manille : Le gouvernement philippin aide les Philippins touchés par les pluies et les inondations record qui ont frappé les Émirats arabes unis cette semaine, ont déclaré les autorités samedi, alors qu'il s'efforce de rapatrier les ressortissants qui ont perdu la vie.

Une forte tempête a d'abord frappé Oman le week-end dernier, tuant au moins 20 personnes, avant de s'abattre sur les Émirats arabes unis mardi, provoquant les pluies les plus importantes depuis 75 ans et paralysant l'État du Golfe.

Le département philippin des travailleurs migrants a confirmé la mort d'au moins trois Philippins, décédés dans des accidents de la route alors que leurs véhicules étaient submergés par les eaux.

Le consul général des Philippines, Marford Angeles, a déclaré à Arab News que le consulat avait reçu des demandes d'assistance d'au moins 100 Philippins - certains travaillant aux Émirats arabes unis, d'autres étudiants, et d'autres encore transitant par Dubaï.

"Plus d'un million de ressortissants philippins résident actuellement aux Émirats arabes unis [...]. La majorité des demandes d'assistance reçues jusqu'à présent par le consulat proviennent des émirats très peuplés de Dubaï et de Sharjah, ce qui reflète la concentration de résidents philippins dans ces régions", a-t-il déclaré.

"Les conditions météorologiques sans précédent aux Émirats arabes unis ont affecté la plupart des résidents.

Les trois Philippins qui ont perdu la vie dans les inondations sont deux femmes qui sont mortes à l'intérieur de leur véhicule inondé, et un homme qui est décédé après avoir été grièvement blessé lorsque son véhicule est tombé dans un gouffre. Ses deux passagers ont été hospitalisés.

"Le département des travailleurs migrants, par l'intermédiaire de ses bureaux des travailleurs migrants à Dubaï et à Abou Dhabi, collabore avec les autorités locales pour le rapatriement des dépouilles de trois travailleurs philippins d'outre-mer (OFW) décédés lors des graves inondations", a déclaré le DMW dans un communiqué.

"Deux autres OFW, tous deux de sexe masculin, ont été blessés lors de l'accident de véhicule qui s'est produit dans le gouffre. Ils se remettent de leurs blessures".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


L’Iran minimise l’impact de l’attaque israélienne, la communauté internationale appelle à la retenue

Vendredi, avant l'aube, des explosions ont été entendues près d'une base militaire dans la région d'Ispahan dans le centre de l'Iran (Photo, AFP/Archives)
Vendredi, avant l'aube, des explosions ont été entendues près d'une base militaire dans la région d'Ispahan dans le centre de l'Iran (Photo, AFP/Archives)
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  • Des drones ont été abattus mais "il n'y a pas eu d'attaque de missiles", a indiqué le porte-parole de l'agence iranienne de l'espace
  • Selon le New York Times, qui cite des responsables iraniens, l'attaque a été menée par de petits drones, probablement lancés depuis le territoire iranien

TEHERAN, La communauté internationale appelle à la retenue après une attaque de représailles contre l'Iran attribuée à Israël, dans un contexte d'escalade au Moyen-Orient depuis la guerre dévastatrice à Gaza où les frappes se poursuivent samedi.

Après une journée de haute tension vendredi dans la région, les frappes aériennes continuent dans différents secteurs de la bande de Gaza.

En Irak, un "bombardement", dont l'origine demeure inconnue, a fait des victimes sur une base abritant des troupes de l'armée et d'anciens paramilitaires pro-Iran de la coalition Hachd al-Chaabi, ont rapporté des sources de sécurité, le tout dans un contexte régional déjà explosif.

Vendredi, avant l'aube, des explosions ont été entendues près d'une base militaire dans la région d'Ispahan dans le centre de l'Iran. Mais les autorités iraniennes ont minimisé l'impact des explosions et n'ont pas accusé directement Israël, qui ne les a pas revendiquées.

Des médias aux Etats-Unis, citant des responsables américains, ont affirmé qu'il s'agissait d'une opération israélienne menée en riposte à une attaque iranienne inédite aux drones et aux missiles contre Israël le 13 avril. Israël a juré de faire payer à l'Iran, son ennemi juré, le prix de son attaque.

Un haut responsable auprès du Congrès américain qui n'a pas souhaité être nommé a confirmé une attaque israélienne en Iran.

Des drones ont été abattus mais "il n'y a pas eu d'attaque de missiles", a indiqué le porte-parole de l'agence iranienne de l'espace. Il n'y a "eu, jusqu'à présent, aucune attaque aérienne depuis l'extérieur des frontières contre Ispahan ou d'autres régions du pays", a-t-il ajouté.

Selon le New York Times, qui cite des responsables iraniens, l'attaque a été menée par de petits drones, probablement lancés depuis le territoire iranien.

De son côté, le Washington Post, citant un responsable israélien ayant requis l'anonymat, a affirmé que l'attaque visait à montrer à l'Iran qu'Israël avait la capacité de frapper à l'intérieur de son territoire.

Pour sa part, l'armée israélienne a refusé de commenter ces événements en Iran.

Désescalade

Les Etats-Unis "n'ont pas été impliqués dans une opération offensive" a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, soulignant que "l'objectif" de son pays et des autres membres du G7, réunis à Capri, en Italie, était "la désescalade".

La Maison Blanche n'a pas commenté ces événements sinon pour dire que le président Biden était informé en "temps réel" par ses conseillers à la sécurité nationale et que Washington ne veut pas "d'une guerre étendue avec l'Iran".

Signe de l'inquiétude croissante, l'ambassade américaine en Israël a néanmoins ordonné à ses employés de limiter leurs déplacements dans le pays. Et l'ambassade de Chine en Iran a appelé ses ressortissants à prendre leurs "précautions".

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a fait état de contacts avec l'Iran et Israël. "Nous avons dit aux Israéliens que l'Iran ne veut pas d'escalade", a-t-il précisé.

"Il est grand temps d'arrêter le cycle dangereux de représailles au Moyen-Orient", a dit le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, cité par son porte-parole.

 Contre-attaque calibrée

Pour Sanam Vakil, expert à Chatham House, "la contre-attaque d'Israël contre l'Iran (...) a été calibrée pour éviter des dommages et une nouvelle agression iranienne".

"Tant que l'Iran continue de nier l'attaque et d'en détourner l'attention et qu'aucune autre attaque n'est constatée, les deux parties ont pour l'instant la possibilité de faire baisser l'escalade", a-t-il fait valoir.

Lors de la première attaque directe jamais menée par l'Iran contre le territoire israélien le 13 avril, Israël a affirmé avoir intercepté avec ses alliés, principalement les Etats-Unis, la quasi-totalité des quelque 350 drones et missiles iraniens.

L'Iran a dit avoir agi en "légitime défense" après l'attaque qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril et coûté la vie à sept de ses militaires dont deux hauts gradés. Téhéran a accusé Israël qui n'a ni confirmé ni démenti.

Gaza, Turquie, Washington

Les tensions entre Israël et l'Iran se déploient dans le contexte de la guerre en cours depuis plus de six mois dans la bande de Gaza et qui a fait 34.012 morts, principalement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Israël a lancé une vaste offensive à Gaza après une attaque sur son territoire le 7 octobre par des commandos du Hamas, soutenu par l'Iran, et qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles.

Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 129 restent retenues à Gaza, dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.

En représailles à l'attaque du 7 octobre, Israël a dit vouloir anéantir le Hamas, mouvement islamiste palestinien qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme une organisation terroriste par Israël, l'Union européenne et Israël

Outre le lourd bilan humain et les destructions, les quelque 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine selon l'ONU qui exhorte à l'entrée de plus d'aide humanitaire dans ce petit territoire.

Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh est arrivé vendredi soir en Turquie et doit être reçu par le président Recep Tayyip Erdogan au moment où le Qatar dit vouloir "réévaluer" son rôle de médiateur dans le conflit à Gaza.

Le Qatar, qui piétine dans la négociation d'une trêve entre le Hamas et Israël, menace de se retirer sous les critiques israéliennes et de certains démocrates américains. Or la Turquie, qui a des relations avec Israël et le Hamas, pourrait en profiter pour tenter de reprendre la médiation.

A Washington, la Chambre américaine des représentants va voter samedi sur un grand plan d'aide pour l'Ukraine, Taïwan et Israël, avec notamment 13 milliards de dollars d'assistance militaire à cet allié en guerre avec le Hamas.

 


Turquie: une "flotille de la liberté" pour Gaza prête à appareiller

Vue de la proue du navire RoRo Akdeniz avant son départ du port maritime de Tuzla, près d'Istanbul, le 19 avril 2024. Une nouvelle "flottille de la liberté" est prête à partir pour Gaza
Vue de la proue du navire RoRo Akdeniz avant son départ du port maritime de Tuzla, près d'Istanbul, le 19 avril 2024. Une nouvelle "flottille de la liberté" est prête à partir pour Gaza
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  • Après cette opération, les relations entre Israël et la Turquie ont connu une succession de crises jusqu'au rétablissement complet de leurs liens diplomatiques en août 2022, avec le retour des ambassadeurs et consuls dans les deux pays.
  • "Israël a attaqué notre flotte en 2010, tué dix de nos volontaires sans jamais avoir eu de comptes à rendre", a renchéri l'avocate américaine Huwaida Arraf, keffieh palestinien autour du cou.

TURQUIE : Une "flottille de la liberté" est prête à appareiller pour Gaza depuis le port turc de Tuzla (ouest) afin de forcer le blocus et d'apporter de l'aide à la population de l'enclave palestinienne.

Au moins trois bâtiments transportant 5.000 tonnes de vivres, d'eau potable et d'aide médicale attendent le feu vert des autorités turques pour lever l'ancre depuis ce port sur la mer de Marmara, au sud d'Istanbul, si possible la semaine prochaine, ont indiqué les organisateurs vendredi.

Quelque 280 militants, défendeurs des droits, avocats et médecins sont prêts à prendre place à bord, venus de plus d'une trentaine de pays dont les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, la Norvège, l'Allemagne, l'Espagne ou la Malaisie.

Devant la presse, ils ont réclamé la garantie de leur libre passage et un cessez-le-feu immédiat dans le territoire de Gaza soumis au blocus et aux bombardements israéliens depuis le 7 octobre.

Ann Wright, militante pacifiste et ancienne colonelle de l'armée américaine, qui a précisé avoir "démissionné en 2003 pour protester contre la guerre en Irak", a mis les autorités israéliennes en garde: "Toute tentative d'arraisonner ou d'attaquer nos bateaux sera illégale", a-t-elle prévenu.

Des ouvriers préparent un navire de la coalition de la flottille de la liberté alors qu'il jette l'ancre dans le port maritime de Tuzla, près d'Istanbul, le 19 avril 2024.
Des ouvriers préparent un navire de la coalition de la flottille de la liberté alors qu'il jette l'ancre dans le port maritime de Tuzla, près d'Istanbul, le 19 avril 2024.

"Nous représentons la société civile qui réclame la paix et la justice. Nous demandons au monde de garantir notre sécurité afin de livrer (les biens) de première nécessité à nos frères et sœurs de Gaza", a ajouté Mme Wright.

"Comme vous le savez, cette flottille n'est pas la première", a-t-elle glissé en référence à une précédente expédition restée célèbre, car source de grandes tensions entre Israël et la Turquie.

- Le précédent de 2010 -

En 2010, une "flottille de la liberté" forte de huit cargos et transportant près de 700 passagers, de l'aide humanitaire et des matériaux de construction, avait pris la mer au départ d'Antalya (sud) pour tenter de forcer le blocus de la bande de Gaza et ravitailler la population.

Neuf jours après son départ, le 31 mai, une opération militaire israélienne et l'abordage d'un de ses bâtiments, le Mavi Marmara, avaient fait dix morts et 28 blessés parmi les militants et dix blessés côté israélien.

Après cette opération, les relations entre Israël et la Turquie ont connu une succession de crises jusqu'au rétablissement complet de leurs liens diplomatiques en août 2022, avec le retour des ambassadeurs et consuls dans les deux pays.

"Ce que le peuple palestinien endure actuellement est inimaginable", a insisté Mme Wright. "Le siège de Gaza est illégal, c'est une forme de châtiment collectif qui constitue un crime de guerre".

"Israël a attaqué notre flotte en 2010, tué dix de nos volontaires sans jamais avoir eu de comptes à rendre", a renchéri l'avocate américaine Huwaida Arraf, keffieh palestinien autour du cou.

"Mais de la même façon que le siège de Gaza est illégal, toute tentative d'Israël de nous attaquer ou tenter d'intercepter nos navires sera contraire au droit", a-t-elle insisté.

La gynécologue obstétricienne malaisienne Fauziah Mohd Hasan a remarqué que, pendant que l'escalade des tensions se poursuit entre l'Iran et Israël, "les tueries continuent à Gaza".

"Nous ne pouvons pas laisser Israël distraire le monde sur ce qui cause de plus en plus de morts, de maladies et de destructions à Gaza", a plaidé le Dr Hasan, en évoquant les "plus de 50.000 femmes enceintes" dans l'enclave bouclée.

"Nous savons que des femmes subissent des césariennes sans anesthésie, qu'elles donnent naissance à des bébés prématurés et trop petits, qu'elles ne peuvent allaiter en raison du stress", avance aussi la Malaisienne.

La Turquie est l'un des principaux pays fournisseurs d'aide humanitaire à la population palestinienne.

Un neuvième "navire de la Bonté" envoyé par le gouvernement turc est arrivé vendredi au port égyptien d'El-Arish, chargé de 3.774 tonnes d'aide humanitaire.