Nucléaire: Les Européens tempèrent afin de ramener l'Iran à la table des négociations

Rafael Grossi (à droite), directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), quitte une conférence de presse au siège de l'agence à Vienne le 4 mars 2021. (Photo, AFP)
Rafael Grossi (à droite), directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), quitte une conférence de presse au siège de l'agence à Vienne le 4 mars 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 05 mars 2021

Nucléaire: Les Européens tempèrent afin de ramener l'Iran à la table des négociations

  • Appuyé par Washington, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni voulaient condamner la décision de Téhéran de suspendre certaines inspections devant l'AIEA
  • Selon Berlin, « l'Iran doit maintenant prouver qu'il est sérieux dans sa volonté de relancer pleinement » l'accord de 2015

VIENNE : Les Européens ont finalement renoncé à leur résolution contre l'Iran à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour tenter de ramener Téhéran à la table des négociations avec les Etats-Unis, une avancée saluée jeudi par la République islamique.

Appuyé par Washington, ce texte de l'Allemagne, de la France et du Royaume-Uni condamnait la décision de Téhéran de suspendre certaines inspections de son programme nucléaire. 

« Malgré un soutien important » au sein du Conseil des gouverneurs de l'AIEA, « nous avons décidé de ne pas présenter la résolution », a déclaré le ministère allemand des Affaires étrangères, confirmant des informations de sources diplomatiques. 

Selon Berlin, « l'Iran doit maintenant prouver qu'il est sérieux dans sa volonté de relancer pleinement » l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, conclu à Vienne entre l'Iran et le groupe 5+1 (France, Etats-Unis, Royaume-Uni, Russie, Chine, Allemagne), dans le but initial d'encadrer son programme atomique en échange d'un allègement des sanctions internationales.

La résolution est "mise sur pause" en raison de « signaux encourageants » de la part des Iraniens, explique-t-on côté français, assurant que ceux-ci « n'auraient pas été obtenus si la menace n'avait pas été maintenue jusqu'au bout ».

Stopper l'escalade

Téhéran a accueilli favorablement cette décision, qui « peut maintenir ouverte la voie de la diplomatie amorcée par l'Iran et l'AIEA », selon un communiqué du porte-parole des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh.

Moscou et Pékin se sont également réjouis de la marche arrière européenne.

« La sagesse l'a emporté », a réagi l'ambassadeur russe à l'AIEA, Mikhail Ulyanov, sur Twitter. « La résolution aurait conduit à une escalade incontrôlée. Désormais la diplomatie a une réelle chance de succès ».

La Chine a appelé « les différentes parties à saisir l'occasion », selon un message posté par sa mission permanente à Vienne.

L'Iran, qui avait refusé du fait des tensions une précédente invitation de l'UE à une réunion informelle avec les Etats-Unis, va-t-il cette fois accepter?

« Nous espérons fortement que les Iraniens acceptent de dialoguer de manière à aboutir à des progrès concrets crédibles », a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price en affichant le « plein soutien » de Washington à la démarche des Européens.

« Les choses bougent dans la bonne direction », estime le diplomate français, qui évoque la possibilité d'une « rencontre informelle, sans doute à Bruxelles, d'ici une à deux semaines ».

Parmi les progrès constatés, l'Iran a accepté d'engager, dès avril, un processus de « réunions techniques » avec l'AIEA pour « clarifier plusieurs questions en suspens », a détaillé devant la presse le directeur général du "gendarme" onusien du nucléaire.

Rafael Grossi a dit vouloir régler ces problèmes d'ici au prochain Conseil des gouverneurs en juin.

Depuis plusieurs mois, l'AIEA exprimait ses inquiétudes quant à la possible présence de matières nucléaires sur plusieurs sites iraniens non déclarés et ce sont ces dossiers qui vont être examinés.

Quels « premiers pas » ? 

Autre élément ayant pu jouer positivement, le journal iranien ultraconservateur Vatan-é Emrouz a écrit mardi, sans citer de source, que le président Hassan Rohani avait donné l'ordre de suspendre la production d'uranium métal dans l'usine d'Ispahan (centre). Le gouvernement n'a pas démenti ces informations. 

L'Iran avait annoncé en février avoir débuté la production d'uranium métal pour alimenter son réacteur de recherche à Téhéran, dépassant ainsi les limites fixées par l'accord de 2015.

Le sujet est sensible car cette matière peut être utilisée dans la fabrication d'armes nucléaires, même si la République islamique a toujours nié vouloir se doter de la bombe.

Le « plan d'action global commun », communément désigné par son acronyme anglophone JCPOA, ne tient plus qu'à un fil depuis le retrait américain en 2018 à l'initiative de l'ex-président Donald Trump et le rétablissement des sanctions économiques des Etats-Unis contre l'Iran. 

Le nouvel hôte de la Maison Blanche, Joe Biden, a promis de revenir dans le giron du JCPOA « si » l'Iran respectait à nouveau le contrat. Washington a redit jeudi qu'il attendrait la première réunion directe pour évoquer d'éventuelles concessions.

Mais à l'inverse, Téhéran exige au préalable une levée des mesures punitives qui asphyxient son économie et a franchi ces dernières semaines un nouveau cran dans son désengagement de l'accord.

Plus que qui fait le premier pas, il s'agit de « définir ce que seront les premiers pas afin qu'ils soient équilibrés de chaque côté », souligne-t-on de source diplomatique. « C'est la définition de ce contenu qui va être la plus délicate à faire ».


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".


Les clubs de la Saudi Pro League démentent toute discussion avec Mohamed Salah

Les clubs de football saoudiens n'ont pas envisagé de négocier le transfert de l'attaquant égyptien de Liverpool Mohamed Salah vers la Ligue professionnelle saoudienne, ont déclaré mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat. (X/@FabrizioRomano)
Les clubs de football saoudiens n'ont pas envisagé de négocier le transfert de l'attaquant égyptien de Liverpool Mohamed Salah vers la Ligue professionnelle saoudienne, ont déclaré mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat. (X/@FabrizioRomano)
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  • Un article d’Asharq Al-Awsat qualifie d’« rumeurs infondées » les insinuations médiatiques évoquant un possible départ de Salah vers le Royaume
  • Des sources affirment que les grands clubs Al-Hilal, Al-Nassr, Al-Ittihad et Al-Ahli, ainsi qu’Al-Qadisiyah et NEOM, n’ont jamais envisagé de contacter Salah, Liverpool ou son agent

RIYAD : Les clubs saoudiens n’ont à aucun moment envisagé de négocier le transfert de l’attaquant égyptien de Liverpool, Mohamed Salah, vers la Saudi Pro League, ont indiqué mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat.

Des spéculations médiatiques au sujet de possibles discussions entre Salah et des clubs du Royaume ont émergé plus tôt cette semaine, après que le joueur a critiqué la direction du Liverpool Football Club et l’entraîneur Arne Slot.

Cependant, des sources saoudiennes ont rejeté ces affirmations, les qualifiant de « news promotionnelles » diffusées par l’agent de Salah et son entourage.

Les clubs de la Roshn Saudi League « n’ont entrepris aucune démarche » en ce sens, notamment en raison du contrat actuel de Salah, valable jusqu’à la mi-2027, ont ajouté les sources.

Selon elles, impliquer des clubs saoudiens est devenu une pratique courante chez plusieurs joueurs internationaux en conflit avec leurs clubs, afin d’augmenter leur valeur sur le marché ou de créer un intérêt artificiel.

Les clubs Al-Hilal, Al-Nassr, Al-Ittihad et Al-Ahli, ainsi qu’Al-Qadisiyah et NEOM, n’ont tenu aucune discussion et n’ont même pas envisagé de prendre contact avec Salah, Liverpool ou son agent, ont précisé les sources.

Asharq Al-Awsat a publié mardi un démenti officiel d’une source au sein d’Al-Hilal, qualifiant les informations de « rumeurs sans fondement ».

Le journal a également publié un démenti similaire provenant de sources internes à Al-Qadisiyah, qui ont confirmé que le club, propriété d'Aramco, n'avait aucune intention de recruter Salah.

Omar Maghrabi, PDG de la SPL, a déclaré mercredi lors de son discours au World Football Summit que Salah serait le bienvenu dans le championnat saoudien, mais que les clubs restent les parties responsables des négociations avec les joueurs.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Asharq Al-Awsat