DJEDDAH: Alvarez and Marsal (A&M) est une entreprise mondiale de services professionnels basée à New York, connue dans le secteur comme « les gens du redressement ». On raconte que son co-fondateur, Bryan Marsal, a été parmi les premiers à être contacté lorsque le groupe Lehman Brothers allait devenir la première grande victime de la crise financière mondiale survenue en 2008.
A&M a été fondée en 1983 et compte aujourd'hui des représentants dans 25 pays, y compris à Dubaï, d'où elle cherche aujourd'hui à accompagner les clients du Moyen-Orient dans la restructuration de leurs entreprises après les défis de l'année 2020. Pour répondre à la demande accrue de ses services, la société prévoit de faire passer son effectif au Moyen-Orient de 10 à 150 personnes au cours des cinq prochaines années.
Selon Paul Gilbert, responsable du département Redressement et restructuration pour le Moyen-Orient chez Alvarez and Marsal (A&M), deux des principales mesures que toute entreprise devrait adopter afin de traverser les crises sont de contrôler entièrement le flux de liquidités et de mettre en place un plan d'urgence sur 12 mois pour pouvoir poursuivre leurs activités. M. Gilbert travaille à présent sur la restructuration de NMC Health à Abou Dhabi et a déjà fourni des conseils à la compagnie South African Airways dans le cadre des procédures de sauvetage.
« Continuez à conserver les liquidités et à contrôler les coûts. Parlez à vos fournisseurs et aux propriétaires de vos locaux - ils souffrent eux aussi, mais ils désirent quand même que votre entreprise sorte de l'impasse », explique M. Gilbert dans un entretien avec Arab News. « Ces gens-là souhaitent vous parler parce qu'ils veulent s’assurer que vous les aiderez plus tard à reconstruire leur propre entreprise ».
Pour Dr Saeeda Jaffar, directrice générale et responsable régionale pour le Moyen-Orient au sein d'A&M, la pandémie a affecté les entreprises de trois manières principales. Certaines entreprises ont immédiatement pris conscience de ce qui se passait et ont profité de la « discontinuité » pour trouver des moyens de réussir. Ces entreprises disposaient déjà d'un modèle commercial numérique qui les a aidées à passer au numérique, ou elles ont fait preuve de souplesse pour acquérir une solution numérique. Ainsi, leur transition n'a pas été aussi brutale que pour d'autres entreprises.
Le second groupe est passé en mode « d'hibernation », comme l'appelle Mme Jaffar. Il a choisi de limiter ses pertes en diminuant les dépenses, en conservant ses liquidités, en plafonnant les prêts et les soldes tout en renonçant à prendre des décisions audacieuses en attendant que les incertitudes se dissipent.

Quant au troisième groupe de sociétés, Dr. Jaffar explique que leurs modèles économiques étaient faibles et peu attrayants pour les investisseurs. Ils ont donc été confrontés à des difficultés.
Parmi les secteurs qui ont le plus souffert, on trouve les détaillants, indique M. Gilbert. « Nous les avons aidés dans toute l'Europe à négocier avec les propriétaires fonciers et avec d'autres créanciers. Nous leur avons permis de passer du commerce de détail au numérique, tout en les aidant à conserver leur clientèle pour le moment où ils sortiront de la crise », précise-t-il. « Nombre d'entre eux émergent de cette situation avec un bilan extrêmement étiré ou avec un bilan remanié de telle sorte que plusieurs prêteurs ont été obligés de récupérer leurs fonds ». D'autres secteurs, notamment les voyages, le tourisme, l'aviation et l'immobilier, ont eux aussi enregistré des pertes énormes au cours de la pandémie.
Selon Mme Jaffar, à la fin de l'année 2020, les résultats du tourisme intérieur en Arabie Saoudite ont dépassé les prévisions.
« Je pense que cette tendance va perdurer. Elle correspond parfaitement à la Vision 2030. Nous remarquons que le Royaume connaît un développement important et constant ; les nouvelles stations balnéaires, les nouveaux endroits et projets contribuent à la croissance du tourisme », affirme-t-elle.
Mme Jaffar pense que le transport aérien mettra plus de temps à se rétablir que de nombreuses autres industries: il faut attendre environ trois à quatre ans, selon elle.
En revanche, deux secteurs ont prospéré pendant la pandémie : la technologie - qui, selon Mme Jaffar, a constitué la « colonne vertébrale » de bien d'autres secteurs - et les soins de santé - qui ont enregistré des investissements considérables dans les produits pharmaceutiques consommables. Cette tendance semble destinée à persister dans un avenir proche.
Les deux consultants d'A&M suggèrent qu'à mesure que les entreprises sortiront de la pandémie, nombre d'entre elles envisageront une éventuelle consolidation. Ainsi, ils estiment que les activités de fusions et d'acquisitions vont culminer en 2021.
« De nombreux investisseurs stratégiques de la région ont compris au cours des derniers cycles que le moment est propice, en termes d'attractivité financière, pour investir dès maintenant, alors que les valorisations sont plus abordables », explique Mme Jaffar.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.







