Pandémie: Merkel et son parti voient leur étoile pâlir

La chancelière allemande Angela Merkel lors d'une conférence de presse avec le gouverneur de l'État bavarois Markus Soeder et le maire de Berlin Michael Mueller à la suite de discussions par vidéoconférence avec les premiers ministres des États allemands sur l'extension des restrictions actuelles de la Covid-19, le 3 mars 2021 (Photo, AFP)
La chancelière allemande Angela Merkel lors d'une conférence de presse avec le gouverneur de l'État bavarois Markus Soeder et le maire de Berlin Michael Mueller à la suite de discussions par vidéoconférence avec les premiers ministres des États allemands sur l'extension des restrictions actuelles de la Covid-19, le 3 mars 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 07 mars 2021

Pandémie: Merkel et son parti voient leur étoile pâlir

  • Si Angela Merkel espérait quitter le pouvoir après les élections générales au sommet de sa popularité, les difficultés liées à la Covid sont en train de contrarier ses plans
  • Quelque 47% des Allemands se disent désormais insatisfaits du travail du gouvernement, contre 43% qui l'approuvent

BERLIN: Grogne face aux ratés de la gestion de la pandémie, scandales: Angela Merkel et les conservateurs allemands voient leur popularité chuter à une semaine d'élections régionales ayant valeur de test en vue des législatives de fin septembre. 

Le parti démocrate-chrétien (CDU) de la chancelière et son allié chrétien-social bavarois CSU ne recueillent plus que 32% des intentions de vote, soit moins que lors des dernières élections législatives de 2017 (32,9%), selon un sondage publié dimanche par le quotidien Bild. 

Il s'agit d'une baisse de deux points en une semaine et aussi du niveau le plus bas atteint depuis un an par cette famille politique.  

Si Angela Merkel espérait quitter le pouvoir après les élections générales au sommet de sa popularité, les difficultés liées à la Covid sont en train de contrarier ses plans. 

« La CDU va-t-elle sombrer dans le marais du corona? », s'interroge dimanche le quotidien populaire Bild. 

« Chute dans les sondages, corruption à la chambre des députés, débâcle sur les vaccins. Pendant longtemps la CDU et la CSU ont été les vainqueurs de la crise du corona (...) C'est terminé », juge-t-il. 

Dernier écueil en date: deux députés de sa famille politique sont suspectés de s'être enrichis à la faveur de la pandémie en encaissant des commissions de plusieurs centaines de milliers d'euros  pour avoir servi d'intermédiaires de fabricants dans l'achat de masques anti-Covid par les autorités. 

L'un d'eux, Nikolas Löbel (CDU), a annoncé dimanche qu'il quittait la politique. « J'endosse la responsabilité de mes agissements et en tire les conséquences », a-t-il dit. L'autre, Georg Nüsslein (CSU), est visé par un enquête pour corruption par le parquet. Il aurait perçu 600 000 euros.   

« Les députés qui s'enrichissent de et pendant la crise portent atteinte à ce que la démocratie a de plus cher, la confiance » des citoyens, a tonné dimanche le président de la CDU Armin Laschet, dans le quotidien Südkurier. 

Basculement 

Le revers de fortune pour les conservateurs d'Angela Merkel est spectaculaire.  

Il y a un an, ils trônaient encore à presque 40% d'intentions de vote lors de la première vague de la pandémie, alors que l'Allemagne faisait figure en Europe de bon élève face à la Covid-19. 

Depuis, le pays est à la traîne. La campagne de vaccination est jugée par l'opinion beaucoup trop lente (5% de la population en a jusqu'ici profité), la distribution promise de tests antigéniques est chaotique et la grogne contre les mesures de restrictions ne ce cesse d'enfler, même si Berlin a commencé à les assouplir. 

Ce qui avait la force de l'Allemagne durant la première vague, son système fédéral et décentralisé permettant une gestion au plus près de la pandémie, s'est transformé en handicap avec des conflits permanents entre gouvernement central et régions et de nombreux obstacles bureaucratiques. 

Quelque 47% des Allemands se disent désormais insatisfaits du travail du gouvernement, contre 43% qui l'approuvent, selon le sondage de Bild. 

Demande de démission 

C'est le ministre de la Santé Jens Spahn, il y a peu encore considéré comme étoile montante de la CDU et possible successeur d'Angela Merkel, qui concentre les critiques. 

« Cela suffit Monsieur Spahn! Le ministre de la Santé devrait démissionner. Pas assez de masques, pas assez de vaccins, des tests antigéniques qui arrivent trop tard. La crise prend des allures de farce », a jugé l'hebdomadaire Der Spiegel cette semaine. 

Deux mouvements opposés aux restrictions anti-Covid en profitent dans les intentions de vote: l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) qui progresse à 10% et le parti libéral FDP, à 9%. 

Ce climat est surtout une mauvaise nouvelle pour la chancelière à une semaine de deux élections régionales, en Bade-Wurtemberg et Rhénanie-Palatinat, en forme de test avant les législatives du 26 septembre. 

Dans les deux cas, la CDU est donnée perdante dans les sondages, devancée par les écologistes dans le premier Land et par les sociaux-démocrates dans le deuxième. 


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.