Liban: partir n’importe où pour ne pas rester «ici»

Latifa Ballout choisit soigneusement ses légumes (Photo, Florient Zwein)
Latifa Ballout choisit soigneusement ses légumes (Photo, Florient Zwein)
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Publié le Lundi 08 mars 2021

Liban: partir n’importe où pour ne pas rester «ici»

  • La livre libanaise, qui connaissait auparavant un taux fixe de 1 500  livres pour 1  dollar (1  dollar = 0,84  euro), s’achète maintenant à plus de 10 000  livres
  • «J’ai peur pour le futur de mes petits-enfants, que vont-ils devenir dans ce pays? J’ai peur de mourir sans connaître leur futur ni savoir s’ils s’en sortent bien», déplore Walid Masri

BEYROUTH: La livre libanaise, qui connaissait auparavant un taux fixe de 1 500  livres pour 1  dollar (1 dollar = 0,84 euro), s’échange maintenant à plus de 10 000  livres pour 1  dollar. Cette hausse est le résultat de l’échec d’une politique financière uniquement basée sur la confiance des déposants. Les Libanais, pour leur part, voient la valeur de leur salaire chuter avec une inflation record dans le pays, qui plonge beaucoup d’entre eux sous le seuil de pauvreté. 

Dans le quartier populaire de Tarik El Jdideh, les magasins sont vides, alors même qu’ils ont rouvert il y a quelques jours à la suite d’une levée des restrictions sanitaires. Les consommateurs, eux, n’en sont plus vraiment et ils se limitent aux denrées nécessaires comme la nourriture. 

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Le prix des denrées alimentaires ont fortement augmenté ces derniers mois au Liban (Photo, Florient Zwein)

Latifa Ballout est enveloppée dans son voile blanc. Elle choisit soigneusement des légumes pour sa famille et se plaint de cette crise économique qui l’étrangle. «Je pourrais mourir, il n’y a pas de vie ici, dans cette situation! J’aimerais que les hommes politiques à la télévision descendent et voient comment on vit!» Aujourd’hui, elle achètera quelques pommes pour elle et sa famille, mais pas plus. Le reste devra attendre la fin de semaine. 

Mustapha, 45 ans, est le gérant de l’échoppe. Originaire d’Idlib, il vit au Liban depuis quatre ans et tient son commerce avec deux de ses fils. «Tout est indexé sur le dollar. Les concombres, par exemple: aujourd’hui, je les achète à 2 500 livres libanaises le kilo. Demain, il se peut que je les achète à 4 500. Pourquoi? Je fais 500 livres de marge sur chaque kilo, mais les gens n’achètent pas si c’est cher! Auparavant, les clients venaient pour un ou deux kilos; maintenant, ils achètent une pièce par personne dans leur foyer, c’est tout.»  

Pour ce gérant, la situation est la même à Beyrouth et à Idlib. «La seule différence entre le Liban et la Syrie, c’est qu’ici il ne pleut pas des bombes, il pleut de l’eau!» dit-il, un léger sourire aux lèvres. 

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Mustapha et son fils dans leur échoppe de légumes à Tariq Jdideh (Photo, Florient Zwein)

De nombreux Syriens vivent dans ce quartier. C’est aussi le cas d’Ali, qui tient à conserver l’anonymat. «Je n’ose pas me plaindre», explique ce quarantenaire. «Je n’ai pas de famille à nourrir donc j’arrive à survivre, mais je ne pourrais pas avoir de famille!» 

Ali, lui, se sent pris entre quatre murs. Il tient un magasin qui propose des produits cosmétiques et des accessoires pour femmes. «J’ai travaillé pendant trois ans devant le siège de l’ONU à Beyrouth, personne ne m’a aidé à quitter ce pays. Je ne peux pas rentrer en Syrie car l’armée va me réquisitionner; je suis coincé ici…», se désole-t-il. Dans ce quartier à majorité sunnite et populaire, tout le monde subit l’augmentation des prix, la pauvreté s'accroît. Certains jeunes du quartier manifestent le soir et brûlent des pneus pour bloquer les routes.  

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Ali dans sa boutique, avec sa calculette, qu'il garde toujours à ses côtés (Photo, Florient Zwein)

Walid Masri est fleuriste dans ce même quartier. Du haut de ses 70 ans, il ne vend presque plus. «Les jeunes doivent se lever, fermer les routes et demander des réponses aux hommes politiques. Le problème, aujourd’hui, c’est que chacun sort pour ses propres problèmes au lieu d’être solidaire.» Il ne vend plus autant qu’avant. La chute du nombre de célébrations en raison de la Covid-19 et la situation économique le poussent à dépenser le moins possible.  

Lui n’a plus la force de manifester, mais il en appelle aux jeunes. «Le dollar était à plus de 9 000 pendant un mois, personne n’est descendu. Il a dépassé la barre des 10 000 et quelques personnes sont descendues, mais pas plus d’une cinquantaine… Jusqu’où nous allons tomber? Je n’en sais rien, personne ne le sait… J’ai peur pour le futur de mes petits-enfants, que vont-ils devenir dans ce pays? J’ai peur de mourir sans connaître leur futur ni savoir s’ils s’en sortent bien.» Une photographie de ses petits-enfants trône sur l’un des rangements de sa boutique. 

Cela fait maintenant plus d’une semaine que les jeunes dont parle Walid se soulèvent. De nombreux axes sont bloqués à travers le pays. Des dizaines de personnes viennent avec des pneus et les brûlent afin de résister pacifiquement. «Regardez autour de vous: il n’y a pas d'électricité! hurle Omar, la trentaine, venu bloquer l’une des artères principales de Beyrouth. La situation est terrible ici au Liban. Demain, si on me propose d’aller en Somalie, j’y vais! Les travailleurs venaient du Bangladesh au Liban; maintenant, vous allez voir, c’est nous qui irons au Bangladesh!» 

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Walid dans son magasin de fleurs, à Tariq Jdideh (Photo, Florient Zwein)

Il est 19 heures. De nombreux immeubles sont plongés dans le noir et la rue est calme. Seul le crépitement du feu et quelques klaxons se font entendre. Le 8 mars a été décrété «lundi de la colère». Dès six heures du matin, des manifestants ont bloqué les différentes intersections principales qui mènent à la capitale. Au sud du pays, dans la ville de Tyr, un homme a tenté de s’immoler au niveau d’un barrage de l’armée. Il en a été empêché, mais le désespoir grandissant d’une majorité de Libanais confrontés à la pauvreté, lui, est criant. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite et l'Iran réaffirment leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin

Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
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  • Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a participé mardi à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint

RIYAD : L’Arabie saoudite et l’Iran ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin lors d’une réunion tenue mardi à Téhéran.

Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a assisté à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint entre l’Arabie saoudite, l’Iran et la Chine.

Les parties saoudienne et iranienne « ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin dans son intégralité, ainsi que leur volonté de renforcer les relations de bon voisinage entre leurs pays, dans le respect de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’Organisation de la coopération islamique et du droit international », a indiqué l’Agence de presse saoudienne dans un communiqué.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont également salué le rôle positif continu joué par la Chine ainsi que son soutien constant à la mise en œuvre de l’Accord de Pékin.

De son côté, la Chine a réaffirmé sa disponibilité à poursuivre son soutien et à encourager les démarches entreprises par le Royaume et l’Iran pour développer leurs relations dans divers domaines.

Les trois pays ont salué les progrès continus dans les relations saoudo-iraniennes et les perspectives qu’ils offrent à tous les niveaux, a ajouté la SPA.

Les trois pays ont également appelé à une cessation immédiate des agressions israéliennes en Palestine, au Liban et en Syrie.

Ils ont en outre condamné tout acte portant atteinte à l’intégrité territoriale de l’Iran.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.


Accord Arabie saoudite-Qatar pour une liaison ferroviaire à grande vitesse

Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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  • L’Arabie saoudite et le Qatar lancent une ligne TGV de 785 km reliant Riyad à Doha, achevée d’ici six ans et destinée à transporter plus de 10 millions de passagers par an
  • Le projet, estimé à 115 milliards de SR, vise à renforcer l’intégration régionale, stimuler commerce et tourisme, et soutenir la transition vers des transports durables

RIYAD: L’Arabie saoudite et le Qatar ont signé lundi un accord pour construire une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant les deux pays.

L’annonce est intervenue à l’issue d’une rencontre à Riyad entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tenue dans le cadre du Conseil de coordination saoudo-qatari.

La liaison ferroviaire, qui connectera l’aéroport international King Salman de Riyad à l’aéroport international Hamad de Doha, constituera une première pour les deux nations et réduira le temps de trajet entre les deux capitales à seulement deux heures.

Selon un communiqué conjoint, le projet devrait être achevé d’ici six ans et créer 30 000 emplois dans les deux pays. Une fois opérationnel, il transportera plus de 10 millions de passagers par an.

Les dirigeants ont assisté à la signature de l’accord au palais Al-Yamamah à Riyad, où ils ont également coprésidé la huitième session du Conseil de coordination qataro-saoudien.

L’accord a été signé par le ministre saoudien des Transports et des Services logistiques, Saleh Al-Jasser, et par le ministre qatari des Transports, cheikh Mohammed ben Abdulla ben Mohammed Al-Thani. Il est considéré comme une étape stratégique visant à renforcer la coopération, l’intégration développementale et le développement durable, et à démontrer un engagement commun en faveur de la prospérité régionale.

La ligne à grande vitesse s’étendra sur 785 km et accueillera des trains capables de dépasser les 300 km/h. Plusieurs arrêts sont prévus entre les deux aéroports, notamment à Hofuf et Dammam.

Le service devrait considérablement améliorer les déplacements ferroviaires dans la région et stimuler le commerce ainsi que le tourisme. Le bénéfice économique pour les deux pays est estimé à 115 milliards de riyals saoudiens (30,6 milliards de dollars).

Conçue avec des technologies de pointe et une ingénierie intelligente, la ligne contribuera également à la durabilité environnementale en réduisant les émissions de carbone et en soutenant la transition vers des modes de transport plus efficaces et innovants. Elle constitue l’un des projets clés soutenant le développement régional et renforçant la connectivité ainsi que l’intégration au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe.

Au cours de la réunion du conseil, les deux parties ont souligné la solidité de leurs liens économiques, avec un commerce bilatéral en 2024 en hausse de 634 % depuis 2021, à 930,3 millions de dollars (hors réexportations).

Le cheikh Tamim était accompagné lors des discussions par le Premier ministre, cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, ainsi que par d’autres hauts responsables.