Droits des femmes: des milliers de personnes défilent pour les «premières de corvées»

Des femmes manifestent, le 08 mars 2021 à Toulouse, dans le sud-ouest de la France,  à l'occasion de la Journée internationale de la femme (Photo, AFP)
Des femmes manifestent, le 08 mars 2021 à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, à l'occasion de la Journée internationale de la femme (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 09 mars 2021

Droits des femmes: des milliers de personnes défilent pour les «premières de corvées»

  • « Ce n'est pas que le combat des femmes. Les hommes ont leur rôle à jouer dans la prise de conscience des inégalités »
  • Dans un rare communiqué commun, sept des huit grandes organisations syndicales ont réclamé l'ouverture de négociations pour  «revaloriser les salaires des métiers à prédominance féminine »

PARIS: « Quand les femmes s'arrêtent, tout s'arrête! »: des dizaines de milliers de manifestants ont défilé lundi à Paris et dans plusieurs grandes villes de France, pour dénoncer la persistance des inégalités subies par les femmes, que la crise sanitaire et les confinements ont encore renforcées.  

Écarts de salaires, discriminations, violences sexuelles et sexistes: les « premières de corvées » étaient appelées à se mettre en « grève féministe », comme le proclamait la banderole de tête du cortège parisien, qui a rassemblé dans une ambiance festive de 3 600 à 30 000 personnes, selon la police et les organisateurs.   

Dans plusieurs cortèges, les banderoles usaient de l'humour pour exprimer la colère: « Rage against the machism » à Paris, « La femme ne sera pas l'avenir de l'homme: qu'il se démerde » à Toulouse (où la préfecture a compté environ 3 800 manifestants), « Laissez-nous jouir de nos droits », où les quelque 1 700 participants ont notamment rendu hommage aux dizaines de victimes de féminicides de l'année écoulée. 

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Une femme avec le message « colère » sur le front, lors d'une manifestation à l'occasion de la Journée internationale de la femme à Marseille, dans le sud de la France, le 8 mars 2021 (Photo, AFP)

« Les hommes ont un rôle à jouer »  

Les manifestants étaient également environ 1 600 à Nantes, 500 à Lille - dont de nombreuses étudiantes et lycéennes - et 350 à Strasbourg, où la banderole de tête proclamait « Egalité professionnelle femme-homme : le compte n'y est pas ».  
« Ce n'est pas que le combat des femmes. Les hommes ont leur rôle à jouer dans la prise de conscience des inégalités », commentait Samuel Maurer, un pompier de 30 ans croisé dans le cortège strasbourgeois. 
A Marseille, dans une manifestation clairsemée de moins de 200 personnes, six féministes africaines étaient venues dire « Stop aux violences faites aux femmes ». « Tout le monde sait que quand ça ne va pas dans le monde, c'est la situation des filles qui en pâtit », a observé la comédienne ivoirienne Naky Sy Savané. Pendant la crise de la Covid, « les écoles ont été fermées et les excisions et les mariages forcés ont augmenté », a-t-elle ajouté.  
« Le 8 mars est toujours l'occasion de rappeler la réalité en France: 250 viols ou tentatives de viol par jour, près de 32% des femmes harcelées sexuellement au travail et 16% de la population française qui a subi des violences sexuelles dans l'enfance », a souligné la militante féministe Caroline De Haas, du collectif #noustoutes.  
Les manifestantes entendaient également dénoncer la persistance des inégalités dans le monde du travail: symboliquement, les femmes étaient appelées à s'arrêter à 15h40, heure théorique où elles cessent d'être rémunérées compte tenu de l'écart moyen de salaire avec les hommes, tous contrats confondus (environ 25%). 
Dans un rare communiqué commun, sept des huit grandes organisations syndicales ont réclamé l'ouverture de négociations pour  «revaloriser les salaires des métiers à prédominance féminine ». 


« Inexplicable » 

 
« Il est absolument anormal, je n'ose dire scandaleux, qu'à travail égal, même si des progrès ont été accomplis, le salaire ne soit pas encore égal. C'est inexplicable », a estimé le Premier ministre Jean Castex, à la remise des prix « 1 000 possibles » lundi.  
En vertu de cette opération lancée par le gouvernement et qui veut « donner confiance à toutes les femmes », toutes les petites filles nées ce 8 mars devraient recevoir la lettre d'une personnalité féminine  «inspirante » (dont la créatrice Agnès B, les chanteuses Pomme et Nolwenn Leroy, la militante Latifa Ibn Ziaten). 
Côté monde économique, la ministre déléguée à l'Égalité femmes-hommes Elisabeth Moreno s'est dite favorable à des « quotas » de femmes dans les comités de direction des entreprises. 
Le sujet devrait être évoqué lors de l'examen de la proposition de loi visant à « accélérer l'égalité économique et professionnelle », déposée lundi par les députés LREM. 


Les résultats de l'index de l'égalité femmes/hommes dans les entreprises, publiés lundi, indiquent que cette année, 70% des entreprises de plus de 50 salariés ont publié leur note contre 59% l'année dernière.  
Mais si, en dépit de la crise, « les entreprises ont été au rendez-vous », cela « progresse insuffisamment », a commenté la ministre du Travail lundi sur RTL. Seulement 2% d'entre elles obtiennent la note de 100. « 98% ont des marges de progrès », a souligné Élisabeth Borne. 
Le ministère de l'Economie et des Finances s'est engagé de son côté lundi « à ne plus participer à des manifestations publiques ou événements médiatiques, en présentiel ou à distance, qui ne compteraient aucune femme parmi les intervenants ». Et la banque publique d'investissement Bpifrance a annoncé avoir conclu un accord avec le gouvernement pour « développer et promouvoir la création et la reprise d'entreprises par des femmes ». L'objectif est de faire en sorte que « 30% des financements soient attribuées à des start-up féminines, soit un doublement des chiffres actuels », a souligné le président Emmanuel Macron lors d'une rencontre avec des entrepreneuses organisée dans une pépinière d'entreprises à Paris.  


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.