A Mayotte, la Covid-19 bouleverse les rites funéraires et les familles

Le district de Mamoudzou, à Mayotte (Photo, AFP).
Le district de Mamoudzou, à Mayotte (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 10 mars 2021

A Mayotte, la Covid-19 bouleverse les rites funéraires et les familles

  • Les familles, majoritairement musulmanes, vivent douloureusement l'obligation d'utiliser des cercueils au lieu d'enterrer les morts uniquement dans un linceul
  • En cas de suspicion de Covid, la toilette rituelle par les proches est interdite. Seuls les professionnels de santé ou thanatopracteurs peuvent prodiguer une toilette mortuaire

MAMOUDZOU: A Mayotte, département français de l'océan Indien où près de 95% de la population est de confession musulmane, l'arrivée du coronavirus depuis un an a bousculé les pratiques funéraires et surtout les familles qui vivent douloureusement l'obligation d'utiliser des cercueils au lieu d'enterrer les morts uniquement dans un linceul. 

« C'est très pesant, déjà financièrement et, au niveau émotionnel comme on est musulman, de voir son proche enterré dans un cercueil », raconte Mélodie Manrouf, gérante de la société Transport de corps mahorais et elle-même musulmane pratiquante.

Et cela implique une lourde logistique pour les trois sociétés de pompes funèbres de l'île qui n'a pas de production propre de cercueils.

Le Grand Cadi de Mayotte, le représentant religieux de l'île, a rappelé dans un communiqué du 17 février les « droits du défunt ». Le corps du défunt doit être lavé selon des consignes précises, drapé dans un linceul, appelé aussi « kafani ». Et il est de coutume qu'un nombre important de proches se relaient pour la prière mortuaire, avant d'emmener le défunt jusqu'au cimetière où il est enterré, avec l'obligation d'un contact direct avec la terre.

Incompréhension

Mais la Covid-19 change tout. Pour limiter la propagation de l'épidémie, la conduite à tenir pour la prise en charge du corps d'un défunt atteint du virus - même s'il n'est pas la cause première du décès - fait l'objet d'une réglementation stricte, confirmée par décret ministériel du 21 janvier 2021. 

En cas de suspicion de Covid, la toilette rituelle par les proches est interdite. Seuls les professionnels de santé ou thanatopracteurs peuvent prodiguer une toilette mortuaire et le corps doit être transporté dans un cercueil fermé dès sa sortie du lieu de décès.

La morgue d’une entreprise de pompes funèbres de Mayotte (Photo, AFP).

« Nous avons quotidiennement affaire à des familles qui ne comprennent pas, cela crée des conflits. Nous devons leur rappeler que ce n'est pas notre volonté d'imposer cela à une famille endeuillée, mais que c'est le protocole de la crise sanitaire qui nous l'impose », raconte Mélodie Manrouf.

Madi, un villageois de Passamaïnty dans la commune de Mamoudzou, en a fait l'amère expérience puisque trois de ses proches décédés de la Covid-19 ont été mis en terre sans les rites funéraires traditionnels. « Vous perdez quelqu'un, et vous n'avez pas le droit de le laver, de le nettoyer, d'ouvrir le cercueil. C'est très difficile », explique-t-il.

« Nous avons l'habitude d'enterrer nos morts en direction de la Qibla, de la Mecque. Dans le cercueil, nous ne pouvons pas savoir comment la personne repose », souligne pour sa part Ismaël, garagiste de Passamaïnty.

Hausse du tarif des funérailles

Face à cette nouvelle réglementation, les sociétés de pompes funèbres ont elles aussi dû s'adapter, alors que la demande de cercueils est d'ordinaire marginale. 

« Sur 2019, j'ai dû consommer 25 cercueils sur l'année. En 2020, je double ma commande. Et sur les deux premiers mois de 2021, j'ai déjà écoulé 60 cercueils », expose Jean Lhuillier, le directeur des Pompes funèbres de Mayotte.

Cette situation exceptionnelle se répercute sur les tarifs proposés aux familles, alors que certaines ont peu de ressources. De quelques centaines d'euros pour le transport du défunt recouvert d'un linceul, le prix grimpe à plus de 1 000 euros en fonction du prestataire. 

Une facture élevée, qui s'explique par le coût du transport --par avion ou par bateau-- et une taxe douanière spécifique des départements d'Outre-mer, « l'octroi de mer ».

Mais si les trois entreprises de pompes funèbres ont dû accélérer leur rythme de commandes, « il n'y a pas de pénurie à proprement parler », assure Jean Lhuillier, démentant des propos tenus lors d'une interview à la chaîne BFMTV par Estelle Youssouffa, présidente du Collectif des Citoyens de Mayotte, qui avait affirmé que le 101ème département français était « à court de cercueils ».

A Mayotte, le taux d'incidence de la maladie, qui avait grimpé à près de 900 cas pour 100 000 habitants est retombé à 263,7 cette semaine.


Grève nationale : les syndicats unis contre le budget du futur gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.