Un an après le krach de 2020, la crise financière, la vraie, est-elle à venir?

Le logo de Moderna est visible sur le campus de Moderna à Norwood, Massachusetts, le 2 décembre 2020, où la société de biotechnologie produit en masse son vaccin Covid-19. Les États-Unis espèrent avoir vacciné 100 millions de personnes contre Covid-19 d'ici la fin février, a déclaré un haut responsable le 2 décembre, ce qui représente environ 40 % de la population adulte du pays. La poussée devrait commencer d'ici quelques semaines, lorsque les vaccins développés par Pfizer-BioNTech et Moderna-NIH devraient être approuvés. (Joseph Prezioso / AFP)
Le logo de Moderna est visible sur le campus de Moderna à Norwood, Massachusetts, le 2 décembre 2020, où la société de biotechnologie produit en masse son vaccin Covid-19. Les États-Unis espèrent avoir vacciné 100 millions de personnes contre Covid-19 d'ici la fin février, a déclaré un haut responsable le 2 décembre, ce qui représente environ 40 % de la population adulte du pays. La poussée devrait commencer d'ici quelques semaines, lorsque les vaccins développés par Pfizer-BioNTech et Moderna-NIH devraient être approuvés. (Joseph Prezioso / AFP)
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Publié le Mercredi 10 mars 2021

Un an après le krach de 2020, la crise financière, la vraie, est-elle à venir?

  • Rien à voir donc avec la longue crise ayant suivi, à partir de l'automne 2008, la faillite de Lehman Brothers. Le scénario est d'ailleurs inverse, puisque cette fois, c'est l'arrêt de l'économie réelle qui a plombé les marchés
  • La Bourse a connu en 2020 le "cygne noir ultime en quelque sorte", soit un événement totalement imprévisible, analyse JJ Kinahan, responsable de la stratégie marchés chez TD Ameritrade à New York

PARIS : Mars 2020, débâcle historique sur les marchés mondiaux. Mars 2021, records battus à Wall Street, à Francfort... En un an, les marchés boursiers mondiaux sont passés du krach à l'exaltation, à une vitesse qui inquiète certains observateurs.

Le 12 mars 2020, au lendemain de la déclaration officielle par l'Organisation mondiale de la santé d'une situation de pandémie, jeudi noir en Bourse: Paris (-12%), Madrid (-14%) et Milan (-17%) connaissent une débandade sans précédent. A Londres (-11%) et New York (-10%), du jamais vu depuis le krach boursier d'octobre 1987.

Les marchés souffrent encore les jours suivants. Le 16 mars, les indices américains décrochent de plus de 12%.

"C'était vraiment fou, le marché baissait à un tel rythme qu'on pensait qu'il n'y aurait pas de fond", se remémore Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank à Londres.

Et voilà qu'un an après à peine, les mêmes indices ont, pour beaucoup, retrouvé leurs niveaux d'avant-pandémie, ou les ont dépassés. 

Sans traîner: dès juin, l'indice américain Nasdaq, qui concentre les valeurs technologiques, rebondissait. Entre son plus bas du  23 mars 2020 et son dernier record du 12 février 2021, l'indice a flambé de 105%.

Certaines valeurs ont explosé en 2020: Tesla (+743%), Zoom (+396%) ou encore la biotech Moderna (+434%).

A Francfort, le Dax bat lui record sur record.

Rien à voir donc avec la longue crise ayant suivi, à partir de l'automne 2008, la faillite de Lehman Brothers. Le scénario est d'ailleurs inverse, puisque cette fois, c'est l'arrêt de l'économie réelle qui a plombé les marchés. 

"Nous avons été confrontés à une crise de l'offre" totalement nouvelle, rappelle auprès de l'AFP Eric Bourguignon, responsable des activités sur titres pour compte de tiers de Swiss Life AM. Usines à l'arrêt, frontières fermées, avions cloués au sol, rideaux baissés pour les commerces et les restaurants: l'économie mondialisée s'est figée.

C'était "la première fois qu'on avait une récession aussi marquée, aussi globale mais perçue comme aussi courte" dans le temps, se souvient pour sa part Vincent Mortier, directeur adjoint des gestions chez Amundi. 

Pour Kokou Agbo-Bloua, responsable mondial de la recherche macroéconomique chez Société Générale, tout rappelait "des situations de guerre". 

C'est pourquoi banques centrales et gouvernements ont agi "extrêmement fort sans avoir à rendre de comptes", selon M. Mortier. Une réaction "très massive" qui a été "uniquement financée par la dette".

"Talon d'Achille" 

Quelque "24.000 milliards de dollars" d'argent frais ont été injectés à l'échelle mondiale, précise M. Agbo-Bloua. Pour le plus grand bonheur de marchés "accrocs à la liquidité" depuis déjà des années, avance M. Bourguignon. 

La Bourse a connu en 2020 le "cygne noir ultime en quelque sorte", soit un événement totalement imprévisible, analyse JJ Kinahan, responsable de la stratégie marchés chez TD Ameritrade à New York. "La façon dont nous nous en sommes sortis est absolument incroyable".

Tellement incroyable que la toujours très prudente Banque des règlements internationaux (BRI), la banque centrale des banques centrales, détecte des signes d'exubérance similaires, selon elle, à ceux de la bulle internet des années 90.

Et l'irruption massive d'investisseurs particuliers imprévisibles sur les marchés ne fait rien pour calmer les esprits. Comme en témoigne la récente poussée de fièvre spéculative autour d'une chaîne américaine de magasins de jeux vidéo, GameStop, opposant barons de Wall Street et boursicoteurs survoltés. 

"Il serait à mon avis extrêmement dangereux de penser que la fin de la crise sanitaire égale la fin de la crise, en fait c'est le contraire", juge M. Mortier.

"Le talon d'Achille de cet équilibre précaire" créé par l'endettement, "c'est clairement l'inflation", analyse M. Agbo-Bloua.

Depuis quelques semaines, les investisseurs surveillent avec inquiétude la remontée des taux d'intérêt, et se font peur en anticipant une flambée des prix, qui conduirait les banques centrales à fermer le robinet, et à siffler la fin de la fête sur les marchés.

"Un surendettement majeur, des secteurs qui ont été laminés définitivement, une économie tenue à bout de bras: il va falloir beaucoup de doigté pour maintenir dans la durée (ce) système", anticipe M. Bourguignon.


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.