Click on the number for more info

La crise financière mondiale de 2008

Le danger du ralentissement économique actuel provoqué par la pandémie du coronavirus réside dans le fait qu’un monde plus divisé ne sera pas en mesure d’appliquer les remèdes qui nous ont permis de résoudre les précédentes crises (AFP)
Le danger du ralentissement économique actuel provoqué par la pandémie du coronavirus réside dans le fait qu’un monde plus divisé ne sera pas en mesure d’appliquer les remèdes qui nous ont permis de résoudre les précédentes crises (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 08 décembre 2020

La crise financière mondiale de 2008

  • Le 15 Septembre 2008, l’écroulement de la banque d’investissement Lehman Brothers a provoqué une onde de choc à travers la planète
  • La crise de 2008-2009 a provoqué des changements inédits - et instauré la peur- dans l’économie mondiale

La chute de Lehman Brothers a déclenché ce qui était alors considéré comme la plus grande récession de l’histoire moderne.  

Résumé

Le 15 Septembre 2008, l’écroulement de la banque d’investissement Lehman Brothers a provoqué une onde de choc à travers la planète. Ce qui a commencé comme un problème touchant le marché de l’immobilier américain s’est transformé en crise financière mondiale.

La crise de 2008-2009 a provoqué des changements inédits - et instauré la peur- dans l’économie mondiale. L’intervention des gouvernements, dont celle notable de la Chine, a permis d’éviter la catastrophe, mais a fait exploser la dette. Dans le ralentissement économique que nous vivons actuellement, provoqué par la pandémie du coronavirus, le danger que nous courons est qu’un monde plus divisé ne soit pas en mesure d’appliquer ces mêmes remèdes.

 

DUBAI - Dans son récit à sensation sur la crise financière mondiale de 2008, Too Big to Fail (littéralement : trop gros pour échouer), Andrew Ross Roskin a écrit : « Je n’avais jamais été témoin de tels changements fondamentaux et dramatiques dans les paradigmes économiques et d’une telle autodestruction spectaculaire d’institutions renommées ».

Quels superlatifs pourrait bien utiliser Rorkin s’il venait à faire le récit de la crise actuelle, dont le calcul des répercussions menace d’éclipser des annales les dommages économiques causés il y a un peu plus d’une décennie ?

Les événements de la crise financière mondiale avaient paru à l’époque tellement transformationnels qu’il était impossible d’imaginer qu’une crise similaire puisse prendre place une seconde fois dans une même vie.

Au début de 2007, le monde semblait être sur une trajectoire en amélioration constante, caractérisée par une hausse de la croissance économique, des marchés boursiers et du niveau de vie. Le secteur financier, notamment dans les produits immobiliers, était une machine perpétuelle de création de richesse.

A la fin de l’année 2009, les marchés boursiers s’étaient écroulés, les économies à travers le monde étaient en récession profonde et les individus – ceux qui n’étaient pas ruinés et n’avaient pas perdu leur maison – avaient vu leurs conditions de vie se détériorer de telle façon que beaucoup jetèrent tout simplement l’éponge. Le nombre de suicides avait drastiquement augmenté.

En 2007, au Moyen-Orient, le prix du pétrole – comme toujours, le facteur déterminant pour l’économie régionale - avait été en augmentation depuis l’arrivée du nouveau millénaire, entrainé par le boom économique mondial.

L’Arabie Saoudite bénéficiait de ces revenus et réfléchissait à la manière de diversifier son économie pour être moins dépendante du pétrole. Son entrée dans l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) deux années plus tôt l’avait dotée d’une plus grande ouverture sur le monde, en gardant peut-être un œil fixé sur Dubaï qui représentait une inspiration pour le monde arabe en termes de succès économiques.

Deux années plus tard, le prix du pétrole s’est écroulé, perdant $100 par baril dans la seconde moitié de 2008. Les plans de diversification étaient mis en suspens, les responsables politiques étant bien trop occupés à assurer la survie de leurs nations. Enfin, l’émirat de Dubaï s’est retrouvé au bord du gouffre par la faute d’un modèle économique reposant trop fortement sur une dette massive.

« C’était l’équivalent financier du 11 septembre 2001 », comme l’avait décrit, à l’époque, un journaliste.

1

« L’Asie s’est effondrée la première hier, à l’annonce de la nouvelle, suivie par le Moyen-Orient, la Russie et puis l’Europe, avant que l’onde de choc n’atteigne les marchés d’Amérique du Nord et d’Amérique du Sud ».

Extrait d’un article de Khalil Hanware à la Une de Arab News, le 16 Septembre 2008.

Comme l’attaque terroriste quelques années auparavant, l’épicentre de la crise financière mondiale se situait à New York. ‘Les maîtres de l’univers’ sur Wall Street avaient rejailli des cendres des attaques d’Al-Qaïda et de l’explosion de la bulle Internet et avaient en leurs mains une pile d’argent à investir – qui n’était bien sûr pas le leur.

Le rêve américain – une maison, une ou deux voitures, peut-être même un bateau – était à portée de main. Tout était bien évidemment acheté à crédit. Et Wall Street avait inventé des moyens révolutionnaires de financement.

Tout ce crédit pouvait être regroupé dans des titres de créances collatéralisés, les CDO (Collateralized Debt Obligation), vendus comme des instruments d’investissement qui pouvaient être échangés sur les marchés par les principales firmes financières. Ces dernières étaient, bien sûr, ‘trop importantes pour échouer’.

Mais quand vint l’été de 2007, ce qui était désormais connu sous le nom de marché des ‘subprimes’, ou le marché du crédit immobilier, connaissait de sérieuses difficultés.  La valeur des titres financiers ‘CDO’, tenant aux actifs qu’ils agglutinent, était équivalente à celle du produit le plus toxique placé dans chaque panier.

Le premier signe annonciateur d’un danger réel pour le marché immobilier américain est apparu lorsque Merril Lynch, l’une des plus anciennes institutions de Wall Street, a annoncé des pertes astronomiques de 5,5 milliards de dollars.

L’effet de contagion a ensuite touché le marché boursier, avec des indices affichant des pertes de 50% en quelques mois. Les petits commerces familiaux ou ‘mom and pop businesses’ se sont réveillés avec la gueule de bois, leurs pensions s’étant désintégrées à la suite du bain de sang sur la place financière de Wall Street. 

Les Dates Clés :

 

  1. Le 5 octobre 2007 : Merril Lynch, l’une des banques d’investissement les plus prestigieuses de Wall Street, annonce des pertes importantes, ce qui braque les projecteurs sur la réalité de la crise immobilière aux Etats-Unis en phase de contamination de l’ensemble du système financier. La banque sera vendue à son concurrent Bank of America pour éviter sa banqueroute.
  2. Le 27 février 2008 : L’indice du Dow Jones atteint les 7 000 points, ce qui représente une perte de 50% sur les quatre derniers mois. La crise bat son plein sur la principale place financière mondiale.
  3. Le 15 septembre 2008 : La chute de Lehman Brothers, l’une des banques ‘au sang bleu’ de Wall Street, provoque une onde de choc à travers le monde et transforme le problème du secteur immobilier américain en une crise financière mondiale. Un analyste la qualifie de 11 septembre financier.
  4. Le 22 juin 2009 :  La Banque Mondiale alerte sur une baisse de l’activité économique mondiale de près de 3% sur les prochaines années, la première récession depuis la Seconde Guerre mondiale. La crise financière affecte l’économie mondiale et fait apparaître la menace de seconde ‘Grande Dépression’.
  5. Le 25 novembre 2009 :  ‘Dubai World’, qui a créé la Palme de Jumeirah, filiale la plus connue de ‘Dubai Inc’, le conglomérat de sociétés détenues par le gouvernement, annonce son incapacité à rembourser une dette s’élevant à $63 milliards. Dubaï négocie par la suite l’échelonnement de la dette avec les banques internationales et obtient une aide financière de $20 milliards d’Abou Dhabi.
  6. Le 2 avril 2011 : Signalant la fin de la récession mondiale, le cours du pétrole brut dépasse la marque des $130 le baril, son point culminant depuis le boom qui avait précédé la crise financière. Le cours du pétrole se maintient au-delà des $100 le baril jusqu’au choc de la surabondance de l’offre de l’été 2014.

La crise financière a atteint son point culminant lorsque Lehman Brothers, un pilier du système financier américain depuis 150 ans, a déclaré faillite. Malgré les centaines de milliards débloqués par les autorités fédérales pour soutenir un système défaillant, il s’est avéré que personne ne pouvait être considéré trop gros pour échouer.

Le système financier mondial s’était dangereusement rapproché du point d’implosion totale. Les crédits étaient devenus incroyablement difficiles à obtenir. Une intervention massive des gouvernements, notamment lors des réunions du G20 en 2008 et 2009, permirent de garder le train en marche.

Mais l’économie mondiale ressentait le choc de la crise, et notamment au Moyen-Orient, qui avait surmonté la crise du crédit relativement aisément, grâce à des mesures gouvernementales d’austérité et aux importantes réserves financières des pays de la zone. Le prix du pétrole, vital pour la région, augmenta rapidement à mesure que la situation économique mondiale s’améliorait, soutenue par un stimulus économique de la Chine.

Dubaï était l’exception régionale. Avec des réserves pétrolières limitées, sa croissance débordante avait été alimentée par la dette. A la fin de l’année 2009, l’émirat réalisa qu’il n’était plus en mesure de répondre à ses engagements. La société ‘Dubai World’, l’une des filiales gouvernementales au centre de projets extravagants tels que la Palme de Jumeirah, informa ses créanciers qu’elle demandait un moratoire pour le remboursement d'une partie de sa dette, le temps de renégocier l’échéancier de paiement.

Les négociations, qui s’étaient étendues sur une année entière, avaient été particulièrement tendues. Mais en fin de compte, les créanciers de Dubaï, ainsi que le gouvernement d’Abou Dhabi, intervenant avec une aide salvatrice de $20 milliards dans un acte de soutien fraternel, ont soutenu l’émirat. Le magazine ‘The Economist’ résuma la situation en titrant : « Se tenant immobile, mais encore debout ». 

« Malgré les centaines de milliards débloqués par les autorités fédérales pour soutenir le système défaillant, il s’avéra que personne ne pouvait être considéré trop gros pour échouer ».

Frank Kane

De bien des manières, l’exemple de Dubaï résume la situation mondiale depuis la crise financière de 2008 et indique pour quelles raisons la crise que nous traversons actuellement pourrait devenir bien plus grave. L’émirat a restructuré et prolongé l’échéancier de ses dettes, et en a même comblé certaines, tout en souscrivant à d’autres. Le niveau moyen d’endettement de Dubaï est toujours le même qu’en 2010, selon le Fonds monétaire international (FMI).

Le monde a également poursuivi sa frénésie d’accumulation de dettes. Le volume total de la dette est estimé à $250 trillions, et a donc été multiplié par trois depuis 2008. Dans de dernières prévisions, le FMI a souligné que les conséquences économiques de la pandémie pourraient être les pires que l’on ait connues depuis la Grande Dépression des années 30.  

Extrait des archives de Arab News, le 16 Septembre 2008.
Extrait des archives de Arab News, le 16 Septembre 2008



L’aspect de l’endettement mis à part, la crise du coronavirus contraste avec la crise de 2008 de bien des manières, dont aucune n’est particulièrement encourageante. Bien sûr, le danger de mort existe, tout comme l’inquiétude que la Chine ne soit pas en mesure de réaliser une seconde opération de sauvetage. Il y a également la peur que les institutions mondiales ne soient pas aussi solides aujourd’hui qu’elles ne l’étaient en 2008, pour adopter les mesures nécessaires afin d’éviter la catastrophe.

« L’économie mondiale s’effondre », titrait récemment le Financial times. Sorkin devra sans doute consulter le lexique des superlatifs pour écrire son prochain livre.

 

Frank Kane a couvert toutes les crises financières depuis 1987, pour plusieurs journaux internationaux de renom.

 


Chalhoub Group célèbre 70 ans de croissance et d’innovation à Dubaï

Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir. (Photo fournie)
Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir. (Photo fournie)
Short Url
  • La célébration, organisée sous le thème Symphony of the Future, a mis à l’honneur les deux piliers du groupe : ses collaborateurs – plus de 16 000 dans la région, dont 7 300 aux Émirats – et ses partenaires internationaux
  • Patrick Chalhoub, président exécutif, a souligné que la réussite du groupe repose sur « une symphonie collective » et sur une culture d’entreprise fondée sur l’audace, l’entrepreneuriat et la résilience

DUBAI: Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir.

À cette occasion, le PDG Michael Chalhoub a rappelé l’importance stratégique des Émirats arabes unis dans le développement du groupe, où se réalise aujourd’hui 40 % de ses activités. Il a réaffirmé la volonté du groupe d’évoluer d’un rôle de partenaire vers celui de « House of Brands », en développant notamment ses propres créations tout en renforçant ses marques existantes. Parmi les projets phares : l’ouverture prochaine de Level Shoes aux États-Unis, une première pour une marque née à Dubaï.

Une « Symphonie du futur » portée par l’innovation et le capital humain

La célébration, organisée sous le thème Symphony of the Future, a mis à l’honneur les deux piliers du groupe : ses collaborateurs – plus de 16 000 dans la région, dont 7 300 aux Émirats – et ses partenaires internationaux.
Patrick Chalhoub, président exécutif, a souligné que la réussite du groupe repose sur « une symphonie collective » et sur une culture d’entreprise fondée sur l’audace, l’entrepreneuriat et la résilience.

 


Genève mise sur l'excellence horlogère pour renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient

À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
Short Url
  • Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse
  • La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe

DUBAÏ: La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe. À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur.

Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse, qui représente plus de 26 milliards de francs suisses d’exportations annuelles, dont une part croissante est destinée aux Émirats arabes unis, au Qatar et à l’Arabie saoudite. Le Moyen-Orient demeure l’un des marchés les plus dynamiques pour les montres haut de gamme, soutenu par une clientèle jeune, fortunée et férue de pièces d’exception.

Pour Adrien Genier, directeur général de Genève Tourisme, l’événement constitue un levier majeur pour renforcer la visibilité et les relations commerciales de Genève :
« Le Golfe est aujourd’hui un marché stratégique pour Genève. Présenter notre savoir-faire ici, là où la demande pour le luxe et l’artisanat d’exception ne cesse de croître, permet de consolider notre attractivité économique et d’encourager de nouvelles collaborations. »

Raymond Loretan, président du GPHG, souligne l’importance de Dubaï dans l’écosystème mondial de l’horlogerie :
« La Dubai Watch Week joue un rôle clé dans le développement du marché régional. Y présenter nos créations permet de renforcer la présence suisse dans un hub économique qui façonne les tendances et les investissements du secteur du luxe. »

Genève, qui abrite des maisons prestigieuses telles que Patek Philippe, Rolex et Vacheron Constantin, combine tradition artisanale et innovation technologique pour alimenter une industrie qui représente un pilier essentiel de l’économie suisse. La ville attire également des talents et investisseurs internationaux, séduits par son écosystème horloger et son cadre économique stable.

Au-delà de son industrie phare, Genève s’appuie sur un art de vivre haut de gamme — gastronomie, nature, culture, shopping — pour renforcer son positionnement auprès des voyageurs du Golfe, dont le pouvoir d’achat et la fidélité constituent un moteur important pour le tourisme suisse.

Avec cette nouvelle édition de la Dubai Watch Week, Genève réaffirme sa volonté de renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient, un marché incontournable pour l’avenir du luxe, du tourisme et des investissements liés à l’horlogerie.


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Short Url
  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.