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Syrie, le conflit qui a changé le Moyen-Orient et le monde

La Syrie a changé le Moyen-Orient et au-delà, et a contribué à redistribuer les cartes de l’ordre mondial (Photo, AFP).
La Syrie a changé le Moyen-Orient et au-delà, et a contribué à redistribuer les cartes de l’ordre mondial (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 08 décembre 2020

Syrie, le conflit qui a changé le Moyen-Orient et le monde

  • Le conflit syrien a fait exploser les failles confessionnelles et politiques au Moyen-Orient
  • C’est la réticence de la communauté internationale à intervenir qui a permis à Bachar al-Assad de commettre ce que les Nations unies ont qualifié de crimes contre l’humanité

La guerre qui fait rage depuis près d’une décennie a fait exploser les failles du Moyen-Orient

Résumé

Le conflit syrien a fait exploser les failles confessionnelles et politiques qui étaient apparues, dans une certaine mesure, avec les deux faits majeurs de la décennie précédente au Moyen-Orient : l’oppression accrue d’Israël à l’égard des Palestiniens et l’invasion suivie de l’occupation de l’Irak - deux situations qui avaient eu le seul mérite d’unifier le monde arabe dans son opposition contre ces injustices.

L’absurdité de l’invasion de l’Irak a assombri la situation du conflit syrien, car elle a permis à l’Iran, de par sa position acquise sur le terrain, de réaliser son objectif hégémonique dans la région. Quant à l’oppression israélienne sur le peuple palestinien, elle a prouvé, si cela était nécessaire, la réticence de la communauté internationale à intervenir dans des conflits, même lorsqu’un gouvernement massacre un peuple.

Cela a donc permis par la suite au président syrien Bachar al-Assad de commettre ce que les Nations unies ont qualifié de crimes contre l’humanité, résultant en une « extermination » de populations civiles. Pendant ce temps, la lassitude américaine en Irak et en Afghanistan a ouvert la voie à une Russie revigorée pour combler le vide laissé par les Etats-Unis au Moyen-Orient. L’intervention directe de Moscou dans le conflit syrien a inversé la tendance en faveur d’Assad.

 

LONDRES: Au moment d’établir la liste des « 45 moments qui ont changé le Moyen-Orient », dans le cadre de la rétrospective d’Arab News, l’inclusion de la Syrie dans ces instants marquants ne faisait aucun doute. Mais dire que le conflit syrien actuel a changé la région est un euphémisme. La Syrie a redéfini le Moyen-Orient et au-delà, elle a contribué à rebattre les cartes de l’ordre mondial.

Le conflit syrien a fait exploser les failles confessionnelles et politiques qui étaient apparues, dans une certaine mesure, avec les deux faits majeurs de la décennie précédente au Moyen-Orient : L’oppression accrue d’Israël à l’égard des Palestiniens et l’invasion suivie de l’occupation de l’Irak - deux situations qui avaient eu le seul mérite d’unifier le monde arabe dans son opposition contre ces injustices.

La durée et l’ampleur des horreurs que le peuple syrien a dû affronter durant les neuf dernières années, peuvent être attribuées, en grande partie, aux conséquences de l’absurdité de la guerre en Irak. L’invasion menée par les Etats-Unis, suivie de l’occupation de l’Irak, ont permis à l’Iran de réaliser son objectif hégémonique dans la région. La révolte en Syrie a offert à Téhéran l’opportunité de mettre en pratique son nouveau statut.

Il faut rajouter que l’intervention calamiteuse en Irak, menée par les Etats-Unis, a naturellement rendu la communauté internationale réticente à de nouveaux engagements dans d’autres pays. Mais cette réticence a laissé un grave vide dans les situations où un gouvernement massacre sa propre population.  

On peut donc dire que l’expérience irakienne a offert une sorte de police d’assurance aux dictateurs et autocrates à travers le monde – tant que leur brutalité se cantonne à l’intérieur de leurs frontières, ils peuvent bénéficier de cette immunité. Cela a donc permis au président syrien Bachar al-Assad de commettre ce que les Nations unies ont qualifié de crimes contre l’humanité, résultant en une « extermination » de populations civiles, sans crainte réelle de devoir rendre des comptes.

La lassitude des Etats-Unis dans ce qui semble être des conflits interminables en Irak et en Afghanistan a ouvert la voie à une Russie revigorée pour combler le vide laissé par les Américains au Moyen-Orient. S’étant positionné comme le chef de file de l’opposition contre les Etats-Unis dans les années 1990 et 2000, Moscou fait à présent toutes les choses qu’il reprochait aux Etats-Unis de faire (et qu’il avait déjà appliquées avec la même vigueur durant la Guerre froide).

Sans l’intervention directe de la Russie dans le conflit syrien, Assad aurait été renversé il y a bien des années. Mais son patron à Moscou l’a protégé à maintes reprises au Conseil de sécurité des Nations unies, mettant son véto à toute résolution contre le régime syrien, tout comme les Etats-Unis l’ont fait pour Israël.

Les dates clés :

  1. Le 15 mars 2011

Les forces de sécurité dans la ville de Deraa abattent des protestataires qui demandaient la libération de prisonniers politiques, déclenchant des manifestations dans tout le pays.

  1. Le 29 juin 2014

Daech proclame son « califat » sur des territoires s’étendant en Syrie et en Irak.

  1. Le 30 septembre 2015

Début de l’intervention militaire directe de la Russie, qui inverse la tendance dans le conflit en faveur d’Assad.

  1. En Octobre 2019

Les troupes américaines se retirent du Nord de la Syrie, permettant à la Turquie d’attaquer les Kurdes, alliés des Etats-Unis dans la région.  

  1. Le 3 février 2020

Début des affrontements directs entre la Turquie et les forces du régime syrien, suite à l’offensive de ce dernier dans la province d’Idlib, qui s’est soldée par la mort de soldats turcs.

Les nombreuses injustices auxquelles le monde arabe a dû faire face à travers les décennies – certaines administrées de l’extérieur, d’autres stimulées de l’intérieur - ont conduit à l’émergence de mouvements déterminés et dynamiques qui se sont battus pour le droit à l’auto-détermination, les droits de l’homme, la justice, l’égalité et l’application des lois internationales. Ces mouvements ont suscité l’espoir nécessaire pour contrebalancer les désillusions et la misère. Cette lueur d’espoir a été fauchée par le conflit en Syrie. 

Les militants qui s’étaient joint à ces mouvements par principe ont réalisé que beaucoup de leurs camarades étaient motivés par leurs propres intérêts. Un bon nombre d’activistes, de journalistes, de partis et de gouvernements, qui acclamaient la chute de dictateurs soutenus par l’Occident au commencement du Printemps arabe, ont subitement trouvé toutes sortes d’excuses pour soutenir le régime syrien. Ils considèrent probablement que les Syriens ne méritent pas de bénéficier de droits humains fondamentaux parce qu’ils n’ont pas leur place dans une certaine vision du monde.

« Des défenseurs des droits de l’homme et des témoins ont affirmé que des forces de sécurité syriennes avaient ouvert le feu sur des dizaines de milliers de manifestants à Deraa, faisant 25 tués et des centaines de blessés ». 

Extrait d’une dépêche à la une d’Arab News, le 16 mars 2011

Pire encore, leur combat populaire pour obtenir ces droits a été accueilli avec mépris et imposture. Assad et ses soutiens utilisent les recettes de la propagande israélienne. Entretemps, la gauche, dans le paysage politique mondial, qui s’était historiquement positionnée en championne des droits de l’homme et en ennemie de l’impérialisme, est désormais représentée par des personnes qui considèrent que les mêmes droits ne s’appliquent pas à tout le monde et pour qui seul l’Occident est capable d’impérialisme.

L’invasion de l’Irak a été combattue aux quatre coins du monde, mais il n’y avait aucune illusion sur le fait que Saddam Hussein n’était pas un dirigeant bienveillant qui aurait été mal compris. Cependant, Assad, qui n’est pas moins brutal, est adulé comme un héros.

L’emploi de l’angle de la ‘guerre sur la terreur’ par Assad et ses soutiens, copié sur Israël et les Etats-Unis, a abouti à la suspicion et diabolisation de millions de réfugiés syriens, en fuite vers les pays voisins, l’Europe et d’autres destinations plus lointaines. La montée récente des populismes en Europe et ailleurs peut être attribuée, en grande partie, à ce ressentiment à l’encontre des réfugiés.

Comme le reste des médias, Arab News a dû couvrir le conflit à l’extérieur de la zone de combat, à cause des dangers et des restrictions d’accès. Là aussi, le régime d’Assad s’est inspiré des recettes israélienne et américaine, en termes de stratégie de guerre : Refuser l’accès à la zone de combat, puis nier toutes les accusations et qualifier de propagande le journalisme citoyen et les images qui pourraient être diffusées, sous prétexte que les faits ne peuvent être vérifiés.

Extrait des archives d’Arab News, le 16 mars 2011.

En tant qu’Arabe fier de mon héritage, et ayant la chance de jouir de libertés qui sont refusées à de si nombreuses personnes de mon appartenance ethnique, ma principale motivation pour devenir journaliste était d’être une voix pour des Arabes réduits au silence par leurs propres gouvernements ou par la partialité des médias occidentaux et leur déformation des réalités.

A travers les décennies, il y a eu bien des raisons de perdre espoir, mais en ce qui me concerne – en tant qu’Arabe, journaliste et défenseur des droits humains universels – ce qui s’est déroulé en Syrie a fait monter le degré de ce désespoir à un tout autre niveau.

Ce pays – connu dans l’histoire pour sa civilisation, sa culture, son hospitalité, sa tolérance et sa diversité – est celui où les mots ‘plus jamais’ ont été oubliés, enterrés sous les décombres d’un hôpital ou bien suspendus dans une cellule de torture du régime, alors qu’une partie du monde a décidé de détourner le regard et l’autre d’applaudir. 

Sharif Nashashibi est un journaliste primé et un commentateur des questions arabes.

 


Bethléem renoue avec l'esprit de Noël à la faveur de la trêve à Gaza

Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À Bethléem, Noël retrouve une dimension festive après deux ans de guerre, porté par un message de paix, de solidarité et de renouveau, malgré une crise humanitaire persistante à Gaza
  • Du Vatican au Moyen-Orient, les célébrations de Noël sont marquées par des appels forts à la justice, à la trêve et à l’espérance dans un monde traversé par les conflits

BETHLÉEM: Bethléem, ville de Cisjordanie occupée et berceau du christianisme, a célébré mercredi son premier Noël festif depuis le début de la guerre à Gaza, alors qu'à des milliers de kilomètres de là, le pape Léon XIV célébrait au Vatican la première messe de Noël de son pontificat.

Sous les ors de la basilique Saint-Pierre de Rome, devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, le pape a délivré dans son homélie un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Le chef de l'Eglise catholique devrait renouveler jeudi, en prononçant sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) ses appels à la paix. Mardi soir, il avait demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

A Bethléem, des centaines de fidèles se sont massés à l'approche de minuit dans la basilique de la Nativité, comble au point qu'ils étaient nombreux à être assis à même le sol.

Les célébrations de Noël de ces deux dernières années y avaient été ternies par la guerre dévastatrice à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023.

Par solidarité avec les Palestiniens du territoire, les festivités avaient été annulées mais cette année, avec la trêve entrée en vigueur à Gaza en octobre, l'immense sapin de Noël s'est de nouveau illuminé devant la basilique de la Nativité, construite sur la grotte où la tradition chrétienne situe la naissance du Christ.

- "Solidarité" et "justice" -

Le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, arrivé mercredi, y a délivré lors de la messe une homélie pour la paix, l'espoir et le renouveau, face aux décisions politiques et équilibres de pouvoirs qui "semblent souvent déterminer le destin des peuples".

"Noël, cependant, nous invite à regarder au-delà de la logique de la domination, à redécouvrir le pouvoir de l'amour, de la solidarité et de la justice", a dit le cardinal, qui avait célébré une messe à Gaza dimanche.

Le vice-président de l'Autorité palestinienne, Hussein al-Cheikh, était présent à la messe de Bethléem.

Dans la journée, des centaines de personnes ont envahi les rues de la ville pour assister au défilé des scouts sur l'emblématique place de la Mangeoire, égrenant les chants traditionnels.

"C'est une journée pleine de joie, parce qu'avant on ne pouvait pas célébrer à cause de la guerre", dit à l'AFP Milagros Anstas, 17 ans, dans son uniforme bleu et jaune.

Des hommes déguisés en Père Noël vendaient des pommes d'amour et des jouets, tandis que des familles se faisaient photographier devant une crèche encadrée par une étoile géante.

"Je suis venue en Terre sainte pour réaliser le rêve de toute une vie : passer Noël ici", a déclaré Ursula Whalen, venue de Caroline du Nord, aux Etats-Unis.

- Crise humanitaire -

Comme ailleurs au Moyen-Orient, les chrétiens représentent une minorité en Terre sainte, avec une communauté de 185.000 personnes en Israël et 47.000 dans les Territoires palestiniens.

Malgré l'esprit de fête qui règne dans la ville, la municipalité de Bethléem a tenu à tempérer le faste des célébrations. Car en dépit du cessez-le-feu, les Palestiniens de Gaza restent frappés par une grave crise humanitaire.

La grande majorité des plus de 2 millions de Gazaouis ont été déplacés par le conflit et vivent dans des conditions très difficiles. Des centaines de milliers d'entre eux sont encore sous des tentes, impuissants face aux pluies hivernales.

Carmelina Piedimonte, venue d'Italie avec un groupe catholique, a estimé qu'il était essentiel que les pèlerins et les touristes reviennent dans la ville sainte afin d'aider à relancer son économie en difficulté, qui dépend quasi exclusivement du tourisme.

En Syrie, la communauté chrétienne de Damas a fêté Noël sous haute surveillance dans la vieille ville, après un attentat suicide perpétré en juin dans une église de la capitale.

En Australie, les festivités sont particulièrement assombries par l'attentat antisémite survenu le 14 décembre sur la plage de Bondi, à Sydney.

"Noël sera différent cette année", a écrit sur X le Premier ministre Anthony Albanese, évoquant "une profonde tristesse".


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.