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Le long épilogue de la Guerre Iran-Irak

Le déclencheur immédiat de la guerre a été la crainte de Saddam Hussein que la révolution iranienne de 1979 soit exportée vers l’Irak et les autres États du Golfe. (Getty Images)
Le déclencheur immédiat de la guerre a été la crainte de Saddam Hussein que la révolution iranienne de 1979 soit exportée vers l’Irak et les autres États du Golfe. (Getty Images)
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Publié le Mardi 08 décembre 2020

Le long épilogue de la Guerre Iran-Irak

  • Le conflit, déclenché par la Révolution iranienne, conduisit à deux guerres du golfe

Résumé

Le 22 septembre 1980, les forces aériennes irakiennes bombardent 10 bases aériennes iraniennes, déclenchant une guerre brutale qui durera 8 ans. 

Le détonateur de la guerre était la crainte de Saddam Hussein de voir la Révolution iranienne exportée en Irak et dans d’autres pays du Golfe. Les deux pays avaient une longue histoire de conflits liés au contrôle de la voie d'eau du Chatt el-Arab, et Saddam espérait s’emparer de la province iranienne du Khouzistan, riche en ressources pétrolières. 

En 1981, la guerre sur terre s’est intensifiée pour devenir ce que l’on qualifiera de « Guerre des Tankers » lorsque l’Irak s’attaqua aux navires se dirigeant vers l’Iran ou sortant des ports iraniens. L’Iran lui rendit la pareille, lançant des attaques sur des tankers de pays hors du conflit et poussant la marine américaine à mettre en place un système de convois pour protéger les navires dans le Golfe. 

Lorsque le conflit se termina sans vainqueur, les Nations unies ayant négocié un traité de paix en 1988, il avait coûté la vie à plus d’un million de personnes. Comme l’a bien décrit un commentateur du conflit : « Peu de guerres dans l’histoire moderne ont autant plafonné les ambitions des dirigeants qui les ont déclenchées avec un tel coût humain pour leurs populations ». 

 

LONDRES - Je suis entré au bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth en septembre 1980, deux semaines avant l’invasion de l’Iran par l’Irak, marquant les débuts de la guerre la plus sanglante de l’histoire du Moyen-Orient. Près d’un million de personnes, combattants et civils, y perdirent la vie. Quatre décennies plus tard, nous en subissons encore les conséquences. 

Les dates clés

  1. Le 10 mars 1980 :  Suite à des émeutes antigouvernementales inspirées de la Révolution islamique iranienne, l’Irak exige que l’Iran rappelle son ambassadeur. 
  2. Le 9 avril 1980 : L’Irak exécute le Grand Ayatollah Mohammad Baqer Al-Sadr, partisan de l’Ayatollah iranien Ruhollah Khomeiny, ainsi que sa sœur. 
  3. Avril 1980 : Des militants irakiens, liés à l’Iran, assassinent plusieurs membres du parti officiel bassiste de Saddam Hussein. 
  4. Le 17 septembre 1980 : Saddam annonce le retrait de l’Irak des accords d’Alger de 1975 dans le cadre desquels l’Irak et l’Iran s’étaient entendus sur la question des frontières. 
  5. Le 22 septembre 1980 : Les forces aériennes irakiennes bombardent des bases aériennes iraniennes. 
  6. Le 23 septembre 1980 : Des troupes irakiennes franchissent la frontière avec l’Iran.
  7. Le 14 avril 1988 : La frégate USS Samuel B. Roberts heurte une mine posée par l’Iran dans le Golfe Persique.
  8. Le 3 juillet 1988 : Le navire de guerre américain USS Vincennes abat accidentellement un avion commercial iranien, tuant 290 personnes.
  9. Le 17 juillet 1988 : L’Iran accepte la résolution 598 du conseil de sécurité des Nations unies qui appelle à la fin des combats, au retour aux frontières d’avant-guerre et à un cessez-le-feu immédiat.  
  10. Le 06 août 1988 : Sous la pression des Nations unies, des Etats-Unis et de ses alliés Arabes, notamment l’Arabie Saoudite, l’Irak accepte finalement le cessez-le-feu. 
  11. Le 08 août 1988 : La résolution 598 entre en vigueur, mettant fin à la guerre. 
  12. Le 24 août 1988 : Les pourparlers irako-iraniens pour la paix débutent. 
  13.  Février 1991 : Les forces de maintien de la paix des Nations unies, envoyées en août 1988 pour s’assurer du cessez-le-feu, se retirent. 

Depuis toujours, des tensions existaient entre les deux pays. Mais l’année 1979 allait véritablement planter le décor avec plusieurs évènements marquants. Le Chah fut renversé, Juhayman Al-Otaibi attaqua La Grande Mosquée de La Mecque, Zia Ul-Haq fit exécuter Zulfikar Ali Bhutto, une insurrection islamiste se développa en Syrie et les soviétiques envahirent l’Afghanistan. Une nouvelle et préoccupante ère de turbulences et d’instabilité s’annonçait.  

Au Moyen-Orient, le déferlement des hostilités qui s’ensuivit, entre l’Irak de Saddam Hussein et l’Iran révolutionnaire, est considéré comme le fait marquant de cette période. Cela représentait un affrontement entre deux versions concurrentes et antinomiques de la modernité : Le rêve baassiste d’un nationalisme arabe mystique opposé à la réinterprétation hétérodoxe de l’islamisme de Ruhollah Khomeiny, reposant sur un passé mythique et puisant sa légitimité d’une interprétation réactionnaire de l’autorité religieuse. Les deux systèmes étaient durement répressifs mais chacun avait ses véritables adeptes. 

L’Irak se voyait plus fort, notamment en assistant à la purge des généraux par les révolutionnaires iraniens et en voyant se tarir les sources traditionnelles iraniennes de ravitaillement militaire depuis l’Occident.  

Cependant, l’Iran, à la faveur d’une vague d’enthousiasme populaire, se montrait plus solide que prévu. Le conflit se transforma en guerre d’usure sans vainqueur. Khomeiny refusa tous les appels à mettre fin au conflit, jusqu’à en être forcé en 1988, suite à de terribles pertes subies des deux côtés.

J’assistais à une grande partie de ces évènements aux premières places en tant que jeune diplomate basé à Abou Dhabi. L’impact sur les pays arabes était gigantesque. Ces derniers craignaient la progression de la Révolution islamique sur leurs territoires. L’Article 154 de la nouvelle Constitution iranienne prévoyait précisément cet export idéologique. Il était mis en pratique notamment à travers les activités d’une organisation liée à l’Ayatollah Hussein-Ali Montazeri ainsi que par des réseaux allant de ce qui est maintenant devenu le Hezbollah libanais à des mouvements chiites dissidents au Koweït, à Bahreïn et en Arabie Saoudite. Leurs activités incluaient attentats terroristes et détournements d’avions. Cette menace constituait pour ces pays un défi considérable pour leur stabilité et leur cohésion. La plupart d’entre eux avaient récemment obtenu leur indépendance entre 1961 et 1971. Leurs institutions et capacités militaires étaient encore faibles. L’Iran représentait pour ces pays une menace, tant au niveau idéologique que matériel. Il n’est pas surprenant qu’ils aient choisi de soutenir financièrement l’Irak, qui était un pays arabe, dirigé par des Sunnites, composé d’une large population avec un bon niveau d’éducation. L’Irak constituait un voisin plus ordinaire, bien que parfois trop autoritaire. 

A la fin de la guerre en 1988, l’Irak se retrouvait avec une dette massive envers les pays du Golfe, particulièrement envers le Koweït, et des dégâts matériels importants, notamment au niveau de ses infrastructures de base. La situation était particulièrement désastreuse au Sud, aux alentours de Basra, où étaient situées la plupart des gisements de pétrole irakiens. Saddam décida de recouvrer ses pertes en mettant la pression sur le Koweït, qui refusa de céder. Cela mena à l’invasion du Koweït par l’Irak le 2 août 1990. Saddam avait pu penser qu’il pourrait conclure un accord lui permettant de prendre le contrôle des gisements de pétrole dans le Nord du Koweït. Au lieu de cela, il subit une défaite désastreuse qui laissa ses ambitions militaires en lambeaux, ses programmes d’armement placés sous une supervision internationale, et une économie frappée par des sanctions qui détruisirent le tissu même de la société irakienne. Les soulèvements qui suivirent dans le Sud, principalement chiite, et dans le Nord kurde, même s’ils ne furent pas vraiment concluants, ont contribué à poser les bases de la manière dont l’Irak s’est reconstitué sur des critères confessionnels et ethniques lors de la chute de Saddam en 2003.  

 

 

Page extraite d’un éditorial d’Arab News le 23 septembre 1980.

« Il y a quelques semaines à peine, les analystes se demandaient si l’Irak et l’Iran s’engageraient bientôt dans une guerre des frontières. Aujourd’hui, la réponse à cette question en pose une autre : Est-ce que cette guerre sera d’une durée et d’une portée limitées ou se transformera-t-elle en conflit généralisé ? »

En Iran, le mythe de la guerre vue comme une résistance nationale exemplaire durant une période d’isolement a persisté longtemps, au moins dans les rangs du régime et de ses partisans. Ce mythe a nourri la perception de victimisation qui avait déjà des racines historiques et culturelles profondes chez beaucoup de Chiites. Il a aussi poussé l’Iran à aller encore plus loin dans sa stratégie dite de défense en mosaïque et de guerres par procuration, conçues pour compenser leur faiblesse en termes d’armements classiques. Cela ne semble en aucun cas avoir réduit le désir de Téhéran de détruire Israël et de prendre le contrôle de ses voisins sous un régime islamiste. 

Voilà donc le contexte dans lequel l’Arabie Saoudite doit opérer aujourd’hui. La guerre a eu un impact direct sur le Royaume, les Etats-Unis et autres puissances occidentales mobilisant des forces sur son territoire pour faire face à l’invasion. Cela a poussé des éléments de la prétendue Sahwa à confronter le gouvernement et mis Oussama Ben Laden sur le chemin des attentats du 11 Septembre. Au Koweït, la pression monta pour le rétablissement, au nom de la démocratie, de l’Assemblée nationale jusque-là prorogée. En pratique, le gouvernement a offert à des groupes tribaux et religieux variés un bâton pour se faire battre. La politique koweitienne est devenue plus compliquée depuis lors.  




Page extraite des archives d’Arab News du 23 septembre 1980.

Ces complications demeurent encore. Le renversement de Saddam en 2003 a été vu par beaucoup comme une réaction tardive à 1991, lorsque les forces de la coalition ont échoué à poursuivre une armée irakienne qui battait en retraite jusqu’à Bagdad, et ont permis à Saddam et les forces qui lui étaient restées fidèles de reprendre le contrôle du pays, en dehors des parties kurdes. Les manœuvres diplomatiques de la décennie suivante ont nourri la corruption d’une partie du système international, notamment à travers le scandale du programme ‘pétrole contre nourriture’ et le blocage permanent de certains membres du Conseil de sécurité des Nations unies. Mais 2003 était, en partie, une victoire pour l’Iran tout comme le renversement des Talibans en 2001. 

Cela n’est pas la fin de l’histoire. Les Talibans sont de retour, l’Irak est toujours dans la tourmente, et même l’Iran atteint peut-être les limites de ses capacités aussi bien sur le plan local – où la crise causée par l’abattage d’un avion commercial, suivie de la réponse au coronavirus ont toutes deux été scandaleusement mal gérées – que sur le plan international, où les conséquences d’une présence trop étendue en Syrie et en Irak commencent peut-être à apparaître.  

 

‘L’Iran, à la faveur d’une vague d’enthousiasme populaire, se montra plus solide que prévu’ 

Sir John Jenkins

 

Si Khomeiny n’avait pas été exclu de Najaf en 1978, si le Chah n’était pas mort d’un cancer, si Saddam avait réagi plus sereinement aux provocations iraniennes en 1979, si Khomeiny avait accepté le cessez-le-feu après la reprise de Khorramchahr, si Saddam n’avait pas pris le pari risqué d’une invasion du Koweït, si l’Iran était devenu un pays plus normal, alors nous serions aujourd’hui dans un monde différent. Mais nous ne le sommes pas. Et c’est bien dommage.

 

Sir John Jenkins est maître de recherche à ‘Policy Exchange’. Il était, jusqu’en décembre 2017, directeur correspondant (Moyen-Orient) à l’International Institute for Strategic Studies (IISS) basé à Manama, Bahreïn, et maître de recherche à l’Université de Yale, Jackson Institute for Global Affairs. Il était l’ambassadeur britannique en Arabie Saoudite jusqu’à janvier 2015. 

 


Le roi de Bahreïn et le président égyptien insistent sur la nécessité d’une réponse arabe unifiée à la crise de Gaza

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  • Abdel Fattah al-Sissi et le roi Hamad s’engagent à agir conjointement pour faire face à l’escalade de la crise à Gaza
  • Le roi Hamad et le président égyptien ont également évoqué l’ordre du jour du 33e Sommet arabe, que Bahreïn accueillera le mois prochain

LE CAIRE: Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et le roi Hamed de Bahreïn se sont engagés à agir conjointement pour faire face à l’escalade de la crise à Gaza et à ses répercussions sur la région.

M. Al-Sissi a reçu le roi Hamed au Caire mercredi. Les deux dirigeants ont fait part de leur espoir de voir les efforts de paix déboucher sur une nouvelle voie pour la région, ce qui permet d’envisager un avenir dans lequel leurs pays œuvreraient ensemble à la prospérité.

Le roi Hamed a précisé lors d’une conférence de presse conjointe que le président égyptien et lui avaient également évoqué l’ordre du jour du 33e Sommet arabe, que Bahreïn accueillera le mois prochain.

M. Al-Sissi et le roi de Bahreïn ont insisté sur la nécessité d’adopter des politiques claires pour promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient.

Le roi a déclaré avoir discuté avec le président Al-Sissi de plusieurs questions qui concernent le renforcement de la coopération arabe.

M. Al-Sissi et le roi Hamed ont discuté des efforts déployés par leurs pays et de «l’action arabe commune pour faire face à cette situation intenable, pour y mettre un terme et, surtout, pour empêcher qu’elle ne se reproduise».

«Ainsi, la communauté internationale doit s’unir pour imposer un cessez-le-feu immédiat, urgent et durable dans la bande de Gaza ainsi que mettre fin à toute tentative de déplacement forcé, de famine ou de punition collective du peuple palestinien frère. Elle doit s’unir pour garantir l’acheminement complet, durable et sans entraves de quantités suffisantes d’aide humanitaire et de secours dont le secteur a désespérément besoin», a ajouté le dirigeant égyptien.

«En parallèle, les parties doivent s’engager immédiatement et sérieusement sur des voies propices à une solution politique juste et durable à la cause palestinienne, fondée sur la solution à deux États ainsi que sur la création d’un État palestinien indépendant et souverain, selon les frontières du 4 juin 1967, ayant Jérusalem-Est pour capitale. Cet État palestinien devrait jouir à la fois de la reconnaissance internationale et être membre à part entière des Nations unies.»

M. Al-Sissi a indiqué que l’Égypte avait mis en garde à plusieurs reprises contre les conséquences désastreuses qui pourraient résulter de la guerre en cours en Palestine occupée. Ce conflit entraîne des appels à l’escalade et des représailles, créant un cycle de violence qui détruit toute chance de paix et de stabilité dans la région.

«En effet, ces derniers mois, la région est en proie aux conséquences dévastatrices de la guerre en cours, dont les flammes se sont propagées à l’extérieur. Cette situation a engendré l’état actuel de tension et de péril dans la région, qui menace gravement la sécurité, la stabilité et l’avenir de notre peuple», a-t-il poursuivi.

Selon le président égyptien, les dirigeants «ont longuement discuté de ces développements régionaux troublants et des solutions que nous envisageons, animés par notre conviction commune de l’importance cruciale de préserver la sécurité et la stabilité de la région et de ses peuples face aux multiples menaces, et de ne pas abandonner leur sort à la volonté des bellicistes. Cet engagement est fondé sur le principe consistant à accorder la priorité à la sécurité arabe commune, que nous considérons comme indivisible».

M. Al-Sissi a précisé que les deux dirigeants étaient convenus de la nécessité de déployer et d’encourager des efforts immédiats et intensifs en vue d’une désescalade dans les territoires palestiniens et au niveau régional.

«Nous avons par ailleurs discuté de l’importance d’exhorter les parties à adopter une approche rationnelle, à opter pour des solutions politiques et à abandonner les solutions militaires et les notions de domination et d’hégémonie», a déclaré le président.

«Nous sommes aujourd’hui réunis à une heure extrêmement grave en raison de la guerre sanglante menée par Israël contre la bande de Gaza et de la perte inexorable de milliers de civils innocents et sans défense dans des scènes d’une horreur indicible.»

«Ils n’ont rien fait d’autre que de vivre sur leur terre, de rester attachés à leur maison et à leur patrie, et d’aspirer à une vie empreinte de dignité, de fierté et d’humanité.»

«Il s’agit sans aucun doute d’un moment décisif qui restera dans les annales, étant donné le recours scandaleux à la force militaire pour terroriser, affamer et infliger des souffrances inimaginables à des civils innocents, collectivement et sans distinction, pour les terrifier et les pousser à abandonner leurs maisons, et pour les déplacer de force de leur terre.»

«Tout cela se produit alors que la communauté internationale reste les bras croisés, incapable de faire respecter la justice et le droit international, le droit humanitaire international ou même les principes fondamentaux de l’humanité, ou ne voulant pas», a conclu le président égyptien.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de la Ligue arabe exprime ses craintes concernant le conflit à Gaza lors d’une réunion avec un responsable de l’ONU

Le général de division Patrick Gauchat s’entretient avec Ahmed Aboul Gheit au Caire. (X/@arableague_gs)
Le général de division Patrick Gauchat s’entretient avec Ahmed Aboul Gheit au Caire. (X/@arableague_gs)
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  • Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, s’est entretenu avec le général de division de l’ONU, Patrick Gauchat
  • Le chef de l’Onust a informé le secrétaire général des conflits qui se déroulent dans plusieurs zones surveillées par l’ONU

LE CAIRE: Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a déclaré à un haut responsable de l’ONU qu’il redoutait que le conflit à Gaza ne devienne incontrôlable et ne menace la sécurité régionale. 

Lors d’une réunion au Caire avec le général de division Patrick Gauchat, chef de mission et chef de l’Organisme des nations unies chargé de la surveillance de la trêve (Onust), M. Aboul Gheit a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre la résolution sur le cessez-le-feu du Conseil de sécurité de l’ONU et de fournir une aide humanitaire urgente à la population affamée de Gaza.

Selon Gamal Roshdy, porte-parole du secrétaire général de la Ligue arabe, la réunion portait sur la situation régionale. M. Aboul Gheit a affirmé que la guerre menée par Israël contre Gaza violait le droit international et les principes humanitaires.

Le chef de l’Onust a informé le secrétaire général des conflits qui se déroulent dans plusieurs zones surveillées par l’ONU, notamment la Ligne bleue, qui délimite la trêve entre le Liban et Israël.

M. Aboul Gheit a estimé que les résolutions politiques demeuraient le moyen le plus efficace pour assurer la sécurité de toutes les parties.

Toutefois, la mise en œuvre de ces résolutions reste difficile dans la mesure où Israël poursuit ses objectifs en recourant à la force militaire et en prenant des civils pour cible, a-t-il ajouté.

D’après le site Internet de l’Onust, le Conseil de sécurité, dans la résolution No 50 (1948), appelait à une cessation des hostilités en Palestine le 29 mai 1948 et chargeait le médiateur de l’ONU en Palestine de surveiller l’application de la trêve avec l’aide d’un groupe d’observateurs militaires.

Le premier groupe d'observateurs militaires, créé en 1949 pour superviser la mise en œuvre des accords d’armistice israélo-arabes, est devenu par la suite l’Organisme des nations unies chargé de la surveillance de la trêve.

Les observateurs de l’Onust au Moyen-Orient ont pour rôle de surveiller le respect des cessez-le-feu et des accords d’armistice, d’empêcher que des incidents isolés ne dégénèrent et de prêter main-forte à d’autres opérations de maintien de la paix de l’ONU dans la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nouveaux raids meurtriers israéliens à Gaza, sanctions occidentales contre l'Iran

Un Palestinien porte une cuisinière à gaz alors qu'il marche au milieu des débris d'un bâtiment détruit dans la ville de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 18 avril 2024. (AFP)
Un Palestinien porte une cuisinière à gaz alors qu'il marche au milieu des débris d'un bâtiment détruit dans la ville de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 18 avril 2024. (AFP)
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  • Ces dernières 24 heures, au moins 71 morts supplémentaires ont été recensés d'après le ministère de la Santé dans la bande de Gaza
  • Les déclarations alarmantes se sont multipliées après la menace d'Israël de répondre à la première attaque directe aux drones et missiles de l'Iran contre le territoire israélien

JÉRUSALEM: L'armée israélienne a mené jeudi de nouveaux raids à Gaza qui ont tué des dizaines de Palestiniens dont des femmes et des enfants, a indiqué le Hamas, le jour où des puissances occidentales ont renforcé les sanctions contre l'Iran après son attaque contre Israël.

Les déclarations alarmantes se sont multipliées après la menace d'Israël de répondre à la première attaque directe aux drones et missiles de l'Iran contre le territoire israélien lancée le 13 avril en riposte à une frappe meurtrière imputée à Israël contre son consulat à Damas.

A Téhéran, un haut responsable des Gardiens de la révolution, le général Ahmad Haghtalab, a mis en garde Israël contre l'éventualité d'une attaque contre ses sites nucléaires, en affirmant que son pays était prêt à lancer en représailles de "puissants missiles" sur les "installations nucléaires de l'ennemi".

"Nous sommes au bord d'une guerre au Moyen-orient qui provoquera des ondes de choc dans le reste du monde", a prévenu le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell.

Le Moyen-Orient est au bord du "précipice" d'un "conflit régional généralisé", a renchéri le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres devant le Conseil de sécurité.

Alors que la région est déjà ébranlée par la guerre entre Israël et le Hamas palestinien à Gaza, M. Guterres a dénoncé l'"enfer humanitaire" créé par les opérations militaires israéliennes dans le territoire palestinien qui ont fait en plus de six mois 33.970 morts, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

La campagne israélienne de bombardements aériens intensifs suivie d'une offensive terrestre, a été déclenchée par une attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque d'une ampleur sans précédent et 129 restent retenues à Gaza, dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.

Avant l'aube, des frappes israéliennes ont ciblé la petite bande de terre assiégée par Israël depuis le 9 octobre et dont la majorité des 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine selon l'ONU.

Ces dernières 24 heures, au moins 71 morts supplémentaires ont été recensés d'après le ministère de la Santé dans la bande de Gaza, où le mouvement islamiste palestinien Hamas a pris le pouvoir en 2007.

"C'est horrible"

"Nous avons récupéré les restes de 12 personnes", a déclaré Abdeljabbar al-Arja, après avoir fouillé les décombres d'une maison touchée par une frappe à Rafah (sud) où s'entassent 1,5 million de personnes en majorité déplacées par la guerre.

"Il y avait des femmes et des enfants, on a trouvé des bras et des pieds. Ils ont tous été mis en pièces. C'est horrible", s'est-il exclamé.

Des bombardements ont aussi touché le camp Al-Mawasi, près de Rafah, devenu un camp aux milliers de tentes abritant des déplacés.

"Notre terre a été rasée, notre maison détruite (...) Nos espoirs et rêves ont été pulvérisés", a dit Shams Majid, 22 ans, un déplacé.

L'armée israélienne a dit avoir frappé des dizaines de "cibles" dans la bande de Gaza, dont des "terroristes, des postes d'observation et des structures militaires".

"Mort, destruction" 

M. Guterres a évoqué devant le Conseil de sécurité deux millions de Palestiniens endurant "la mort, la destruction, le déni d'aide humanitaire vitale". "Et tout cela se produit avec des limites importantes imposées par les autorités israéliennes sur la livraison d'aide à la population de Gaza, qui fait face à la faim généralisée."

Il a réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat et à la libération de tous les otages.

Les pourparlers sur une trêve à Gaza associée à une libération d'otages piétinent depuis des mois, les protagonistes s'accusant de les bloquer.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dit vouloir poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'UE. Il est décidé à lancer une offensive terrestre contre Rafah, présentée comme le dernier grand bastion du Hamas.

M. Netanyahu a récusé "les allégations sur une famine à Gaza" et affirmé qu'Israël faisait "tout son possible sur la question humanitaire".

Réponse différente

Le Premier ministre israélien lutte sur un autre front, contre la République islamique d'Iran, son ennemi juré.

En attaquant Israël, l'Iran a dit avoir agir en "légitime défense" après l'attaque qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril et coûté la vie à sept de ses militaires dont deux hauts gradés. Téhéran a accusé Israël qui n'a ni confirmé ni démenti.

Les dirigeants iraniens ont ensuite souligné qu'ils ne cherchaient "pas une expansion des tensions" avec Israël.

Israël a dit avoir intercepté avec ses alliés la quasi-totalité des quelque 350 drones et missiles iraniens, et affirmé que l'attaque iranienne ne resterait pas "impunie".

D'après le diffuseur public israélien Kan, M. Netanyahu a décidé de ne pas mettre en oeuvre des plans de frappes de représailles rapides après avoir discuté avec le président américain Joe Biden, qui cherche à éviter une nouvelle confrontation.

"Il y aura bien une réponse mais elle sera différente de ce qui était initialement prévu", a indiqué un haut responsable à la chaîne.

Entretemps, les Etats-Unis, alliés indéfectibles d'Israël, et le Royaume-Uni ont annoncé avoir renforcé leurs sanctions contre l'Iran, ciblant "le programme iranien de drones, l'industrie sidérurgique et les constructeurs automobiles". L'UE a aussi annoncé de nouvelles sanctions contre Téhéran.

"Nous faisons en sorte que l'Iran rende des comptes", a dit Joe Biden.