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La guerre des Etats-Unis en Irak

La guerre a été déclenchée prétendument pour éliminer ce que les Américains, de manière erronée et trompeuse, avaient qualifié d’armes de destruction massive aux mains de Saddam Hussein (Getty Images)
La guerre a été déclenchée prétendument pour éliminer ce que les Américains, de manière erronée et trompeuse, avaient qualifié d’armes de destruction massive aux mains de Saddam Hussein (Getty Images)
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Publié le Mardi 08 décembre 2020

La guerre des Etats-Unis en Irak

  • Le 20 mars 2003, les Etats-Unis, alors dirigés par le Président George W. Bush, lancent des attaques simultanées en Irak, en vue d’évincer Saddam Hussein du pouvoir
  • Des troupes irakiennes se sont transformées en effectifs insurgés et ont lancé une guérilla dont les effets destructeurs se mesurent encore aujourd’hui

Lorsque les armes de destruction massive se transforment en armes d’imposture massive.   

Résumé

Le 20 mars 2003, les Etats-Unis, alors dirigés par le Président George W. Bush, lancent des attaques simultanées en Irak, en vue d’évincer Saddam Hussein du pouvoir. La guerre a été déclenchée prétendument pour éliminer ce que les Américains, de manière erronée et trompeuse, ont qualifié d’armes de destruction massive aux mains de Saddam Hussein.

Des troupes irakiennes se sont transformées en effectifs insurgés et ont lancé une guérilla dont les effets destructeurs se mesurent encore aujourd’hui. Le chaos qui s’ensuivit a provoqué la résurgence d’Al-Qaïda, l’ascension de Daech et des milices iraniennes. Tout l’Irak a souffert de la décision américaine d’envahir le pays, et le Moyen-Orient a changé de manière irréversible.

 

DJEDDAH : Comment qualifier la guerre américaine de 2003 en Irak ? Les Américains ont trouvé normal de parler de guerre de libération. D’un point de vue arabe, la réalité est néanmoins complètement différente. Il suffit de feuilleter notre journal les jours précédant le bombardement de Bagdad de la nuit du 20 mars 2003, pour réaliser que beaucoup d’Arabes étaient opposés à l’invasion américaine parce qu’ils avaient correctement anticipé qu’elle offrirait l’Irak sur un plateau d’argent à l’Iran.

Le président américain George W. Bush avait toujours eu des préjugées à l’encontre de Saddam Hussein. Les conseillers et membres du cabinet de Bush, particulièrement Donald Rumsfeld, Richard Perle ainsi que d’autres néoconservateurs de l’administration, ne prenaient pas la peine de cacher leur inimitié pathologique à l’encontre de la personne de Saddam.

Différentes théories expliquent comment Bush a été amené à mépriser Saddam. Certains rapports mentionnent qu’il le haïssait pour avoir conspiré à tuer son père durant la visite de ce dernier au Koweït. Quelle que soit la vérité, les conseillers de Bush Jr. ont pleinement tiré parti de la forte inimitié du président et l’ont même nourrie d’une variété de récits et d’histoires.

Les attaques atroces d’Al-Qaïda sur le sol américain, le 11 septembre 2001, ont donné à Bush et ses conseillers un prétexte pour éliminer Saddam. Il était présenté comme un sympathisant d’Al-Qaïda et de son chef Oussama ben Laden et on le mit donc dans le même panier de ‘terroriste musulman’.

Personne au Moyen-Orient, par contre, ne crut un instant cette théorie, car tout le monde savait que Saddam, plus que quiconque, haïssait Al-Qaïda. En tant que Baassiste, il considérait les terroristes islamistes comme une vraie menace pour son règne, encore plus grande que celle provenant de son ennemi juré iranien.

 

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« L’Arabie Saoudite a déclaré hier qu’elle ne participerait sous aucune circonstance à une guerre menée par les Etats-Unis en Irak et a fait savoir son opposition forte à tout type d’occupation militaire américaine en Irak ».

Extrait d’un article à la une de Arab News, le 19 mars 2003.

 

L’atmosphère de l’après 11 Septembre 2001 était telle qu’il était aisé de créer un argument convaincant afin de procéder à l’élimination de tout ennemi potentiel. C’est exactement ce qui s’est passé avec Saddam. Des accusations fragiles portant sur sa prétendue possession d’armes de destruction massive (ADM) furent portées contre lui, basées sur des renseignements inexacts.

Le secrétaire d’Etat de Bush, Colin Powell, a tenu un discours détaillé devant les Nations unies, illustré par des cartes et des photos montrant où les ADM étaient supposément dissimulées. Le monde n’était pas convaincu et les Nations unies – qui avaient dépêché leurs propres experts en Irak dans une recherche vaine d’ADM – ont refusé d’approuver la guerre.

Le ministre des Affaires étrangères saoudien, le Prince Saoud Al-Fayçal, souleva de sérieuses préoccupations sur Frontline, une émission de la chaîne publique PBS : « Qu’est-ce qui va leur arriver (aux soldats et responsables Irakiens) une fois que l’armée aura été dissoute et le gouvernement renversé ? Et qui va gouverner l’Irak si cela se produit ? »

« Saddam Hussein disposait de près de deux millions de personnes pour contrôler l’Irak. Les Etats-Unis et leurs alliés en ont près de 150 000. Comment allez-vous vous y prendre ? »

Washington a néanmoins élaboré son plan d’attaque de l’Irak. Les pages d’Arab News sont remplies de conseils prodigués par l’Arabie Saoudite aux Américains et à leurs alliés occidentaux proches, leur demandant d’opter plutôt pour des sanctions.

Déjà, en 1990, à la suite de l’invasion du Koweït par Saddam et de la défaite cuisante de son armée infligée par les forces de libération menées par les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite, Riyad avait convaincu Washington de ne pas l’évincer du pouvoir. Les responsables saoudiens savaient que sa mise à l’écart mènerait au chaos dans la région et offrirait à l’Iran une opportunité en or d’en faire à sa guise.

Il s’est effectivement avéré que la chute de Saddam a ouvert le chemin a des atrocités, en Irak et dans la région. Al-Qaïda, qui avait essuyé une défaite importante en Afghanistan, a profité de ce nouveau terrain fertile pour rebondir.

Les dates clés :

 

  1. Le 5 février 2003 : Le secrétaire d’Etat américain Colin Powell s’adresse au Conseil de sécurité des Nations unies et expose l’argument principal pour la guerre en Irak : Sa possession d’armes de destruction massive (ADM).
  2. Le 20 mars 2003 : L’armée de l’air américaine lance une attaque brutale en Irak, sous le nom ‘choc et stupeur’, qui détruit les missiles anti-aériens irakiens, l’aviation et des installations électriques. Le Palais présidentiel est attaqué.
  3. Le 1er mai 2003 : Le Président américain George W. Bush annonce la fin de la campagne militaire principale. Il atterrit à bord d’un Lockheed S-3 Viking sur le porte-avions USS Abraham Lincoln et donne un discours annonçant la fin des opérations militaires d’envergure en Irak.
  4. Le 13 décembre 2003 : Après neuf mois de cavale, Saddam Hussein est capturé.
  5. Le 30 décembre 2006 : A la suite d’un simulacre de procès organisé par le gouvernement irakien intérimaire, Saddam est exécuté. Malgré de longues recherches américaines, aucune arme de destruction massive ne sera jamais trouvée en Irak.
  6.  

Bien plus tard, Daech a fait son apparition. Sentant l’ouverture, l’Iran est intervenu, déclenchant une guerre civile, faisant des milliers de morts. Téhéran et ses nombreuses milices sanguinaires ont fait usage d’engins explosifs improvisés (EEI) aux effets dévastateurs. 

En tant que cadre de l’équipe d’Arab News, je faisais partie de ceux qui étaient en charge de décider des articles à mettre à la Une et des choix des photos. Certaines d’entre elles sont encore gravées dans ma mémoire. La une du 19 mars 2003, montrant Bush avec un chapeau de cowboy et titrée ‘l’ère des cowboys’, en fait partie.

 

Cette même Une faisait également mention du Roi Fahd adressant ce message à la nation le 18 Mars : « Le Royaume ne prendra part à la guerre contre l’Irak sous aucune circonstance et son armée ne mettra pas un pied sur le territoire irakien ».

Bagdad allait être bombardée la nuit suivante, à l’expiration de l’ultimatum de 48 heures que Bush avait lancé à Saddam. Des reportages en abondance provenaient du Koweït, de la Jordanie, de Washington et bien sûr d’Irak.

Arab News avait ses correspondants sur le terrain. Ils envoyaient leurs reportages à la salle de rédaction de Djeddah. L’édition du 21 mars 2003 avait pour titre : ‘Bagdad en feu, des palais et la résidence familiale de Saddam ciblés par les raids aériens’.

Les nuits suivantes, les Etats-Unis larguèrent pas moins de 3 000 bombes guidées par satellite et des missiles de croisière sur l’Irak. Il n’y avait toujours pas l’ombre d’une arme de destruction massive en vue. Dans la colonne du courrier des lecteurs, ces derniers insistaient pour qualifier ces prétendues ADM d’armes de ‘déception massive’.

« La région continue de souffrir des conséquences de cette guerre : La montée du terrorisme, l’instabilité politique et le vivier du radicalisme. Dans pratiquement chaque domaine les répercussions ont été bien pires que la guerre en elle-même ».

Siraj Wahab

La guerre a fait l’objet de critiques sévères en Arabie Saoudite, tout particulièrement parce qu’elle n’avait pas été approuvée par les Nations unies. Dans un article daté du 21 mars 2003, Adnan Jaber, journaliste jordanien en Arabie Saoudite, a observé que la guerre « plutôt que de diminuer le terrorisme, l’augmenterait, parce que l’instabilité politique fournirait un terrain propice au radicalisme ».

Il avait employé des mots forts. Cette instabilité politique dont il parlait a poussé un bon nombre de soldats irakiens, que les Américains avaient imprudemment bannis, à se joindre aux rangs de Daech et Al-Qaïda afin de riposter contre les envahisseurs qui avaient détruit leur patrie sans raison valable.

Extrait des archives d’Arab News, le 19 mars 2003.
Extrait des archives d’Arab News, le 19 mars 2003

Comme dans chaque guerre, il y avait des moments de soulagement ou de divertissement. Nous nous réunissions tous devant l’écran de télévision dans la salle de rédaction pour suivre le célèbre ministre de l’Information de Saddam, Mohammad Saïd Al-Sahaf, lancer des allégations ridicules en s’adressant de manière quotidienne aux médias.

Selon lui, l’armée de Saddam était en passe de l’emporter, alors que la réalité était tout à fait à l’opposé de ses déclarations. La fameuse opération américaine ‘choc et stupeur’ avait fait disparaître l’armée irakienne sans rencontrer de véritable résistance. Il fut révélé plus tard que les soldats irakiens avaient tout simplement troqué leurs uniformes militaires pour ceux de la guérilla en rejoignant les rangs de Daech ou d’Al-Qaïda.

La région continue de souffrir des conséquences de cette guerre : La montée du terrorisme, l’instabilité politique et le vivier du radicalisme. Dans pratiquement chaque domaine, les répercussions ont été bien pires que la guerre en elle-même. La rédaction d’Arab News était bien placée pour couvrir la guerre et ses conséquences. Elle est fière de poursuivre aujourd’hui le même journalisme engagé et responsable.

 

Siraj Wahab est rédacteur en chef à Arab News. Lors de l’invasion de l’Irak, il était un membre senior de l’équipe, ayant rejoint le journal en 1998.

 


Comment l’initiative diplomatique saoudo-française a rapproché la Palestine d’un pas vers la reconnaissance d’un État

Le résultat du vote sur une résolution approuvant la Déclaration de New York est affiché à l'écran lors de la deuxième séance plénière de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la question de la Palestine au siège de l'ONU à New York, le 12 septembre 2025. (Photo de l'ONU)
Le résultat du vote sur une résolution approuvant la Déclaration de New York est affiché à l'écran lors de la deuxième séance plénière de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la question de la Palestine au siège de l'ONU à New York, le 12 septembre 2025. (Photo de l'ONU)
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  • Les deux pays ont obtenu un large soutien à l’Assemblée générale de l’ONU : 142 nations ont approuvé leur déclaration en faveur de la solution à deux États
  • La Déclaration de New York, issue d’une conférence saoudo-française en juillet, exige un cessez-le-feu à Gaza, le désarmement du Hamas et la reconnaissance d’un État palestinien

DUBAÏ : Lors d’un vote historique vendredi, 142 pays ont soutenu une déclaration saoudo-française à l’Assemblée générale de l’ONU appelant à la création d’un État palestinien indépendant, signalant que l’offensive diplomatique menée par Riyad mobilise un consensus mondial sans précédent en faveur d’une solution à deux États pour résoudre un conflit vieux de plusieurs décennies.

Le vote en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », qui appelle à une solution à deux États sans implication du Hamas, représente une nouvelle étape dans la pression internationale croissante sur Israël pour qu’il mette fin à sa guerre à Gaza. Ce conflit a fait plus de 64 000 morts, selon les autorités sanitaires locales, des dizaines de milliers de blessés, et provoqué des conditions de famine dans un contexte de catastrophe humanitaire croissante.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré que l’adoption de la déclaration par l’Assemblée générale de l’ONU montre que la communauté internationale est en train de « tracer une voie irréversible vers la paix au Moyen-Orient ».

« Un autre avenir est possible. Deux peuples, deux États : Israël et Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité », a-t-il écrit vendredi dans un post sur X.

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a salué l’adoption de la déclaration, affirmant qu’elle « confirme le consensus international pour avancer vers un avenir pacifique dans lequel le peuple palestinien obtient son droit légitime à établir un État indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale ».

La « Déclaration de New York », issue d’une conférence internationale organisée par l’Arabie saoudite et la France en juillet au siège de l’ONU, appelle à un cessez-le-feu à Gaza, à la libération de tous les otages, au désarmement du Hamas et au transfert de ses armes à l’Autorité palestinienne sous supervision internationale, ainsi qu’à la création d’un État palestinien indépendant.

Elle aborde également la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes, et propose le déploiement d’une « mission internationale temporaire de stabilisation » en Palestine, sous mandat du Conseil de sécurité de l’ONU, afin de soutenir la population civile palestinienne et de transférer les responsabilités sécuritaires à l’Autorité palestinienne.

Ce vote ouvre désormais la voie à une conférence d’une journée à l’ONU sur la solution à deux États, coprésidée par Riyad et Paris, prévue pour le 22 septembre, au cours de laquelle plusieurs pays — dont la France, le Royaume-Uni, le Canada, la Belgique et l’Australie — se sont engagés à reconnaître formellement l’État de Palestine.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été adoptée vendredi avec un soutien massif : 142 pays ont voté pour, seuls 10, dont Israël et son principal allié, les États-Unis, ont voté contre, tandis que 12 nations se sont abstenues.

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La liste des nations qui ont voté en faveur de la résolution approuvant la Déclaration de New York est affichée à l'écran lors de la deuxième séance plénière de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la question de la Palestine au siège de l'ONU à New York, le 12 septembre 2025. (Photo de l'ONU)

La déclaration, qui incarne les efforts diplomatiques croissants de l’Arabie saoudite en faveur d’un État palestinien, avait déjà été approuvée par la Ligue arabe et cosignée en juillet par 17 États membres de l’ONU, dont plusieurs pays arabes.

Le résultat du vote de vendredi a été fermement condamné par les États-Unis et Israël. Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Oren Marmorstein, a qualifié l’adoption de la déclaration de « honteuse », affirmant que son pays la « rejette catégoriquement » et qualifiant l’Assemblée générale de l’ONU de « cirque politique déconnecté de la réalité ».

De même, Morgan Ortagus, vice-envoyée spéciale américaine pour le Moyen-Orient, a dénoncé l’action de l’Assemblée générale comme « une nouvelle opération de communication malavisée et mal chronométrée », accusant l’ONU de récompenser le Hamas et de saper les efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre à Gaza. Elle a ajouté que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé pour mettre un terme au conflit.

Le Hamas, de son côté, a déclaré qu’il refusait de déposer les armes tant qu’un État palestinien souverain ne serait pas établi.

Ces appels croissants en faveur d’un État palestinien interviennent alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou continue d’intensifier le conflit. Mardi, il a autorisé des frappes aériennes contre des cibles du Hamas au Qatar, lors d’une réunion examinant une proposition de cessez-le-feu américaine — une décision largement condamnée au Moyen-Orient et au-delà, pour avoir sapé les efforts de paix et violé la souveraineté du Qatar.

Sous son autorité, Israël poursuit une offensive militaire majeure à Gaza-ville, malgré l’indignation internationale. Jeudi, la veille du vote à l’ONU, Netanyahou a déclaré qu’« il n’y aura pas d’État palestinien », en signant un accord pour avancer sur le projet controversé d’expansion des colonies dans la zone E1, qui diviserait la Cisjordanie et compromettrait davantage la possibilité d’un État palestinien.

Des analystes ont averti que, bien que symbolique sans mesures concrètes immédiates, l’adoption de la déclaration à l’ONU représente une défaite diplomatique stratégique pour Israël, même si ce dernier revendique des victoires militaires.

Hani Nasira, écrivain, universitaire et analyste politique égyptien, estime que le large soutien à la déclaration reflète le rejet international croissant des pratiques du gouvernement d’extrême droite de Netanyahou, ainsi que l’embarras grandissant pour les États-Unis, son principal allié.

« Israël a perdu son image sur la scène internationale, et l’opposition au gouvernement Netanyahou s’est intensifiée tant à l’échelle mondiale qu’au sein même du pays. Ceux qui le soutiennent aujourd’hui se retrouvent dans une position profondément embarrassante », a déclaré Nasira à Arab News.

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Des Palestiniens déplacés évacuant la ville de Gaza vers le sud se déplacent à pied et en véhicule le long de la route côtière à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 13 septembre 2025. (AFP)

Il a déclaré que la décision de Netanyahou de persister dans cette voie semble intenable pour les citoyens israéliens, la région et le monde dans son ensemble.

« L’inquiétude aujourd’hui ne concerne pas seulement la Palestine, mais la menace s’est étendue à la sécurité du Golfe. Les dernières attaques ont compromis le rôle du Qatar comme médiateur et ébranlé l’image de Washington en tant qu’allié fiable » », a affirmé Nasira, avertissant que les actions d’Israël sont facteurs de déstabilisation régionale.

Si la création d’un État palestinien est considérée comme la solution, cette perspective reste hors de portée à court terme.

Nasira a souligné que l’agression continue d’Israël dans la région, le discours provocateur de Netanyahou, y compris sa vision d’un « Grand Israël », ainsi que les profondes divisions internes au sein des factions palestiniennes, constituent des obstacles majeurs au plan de paix.

Il a averti que la région se trouve à un « tournant » nécessitant l’exploration d’alternatives réalistes, « sans se laisser entraîner par l’extrémisme de Netanyahou, qui menace non seulement le processus de paix, mais toute la région ».

Nasira a conclu en affirmant que les violations commises par Israël à Gaza mettent en lumière la nécessité d’un ordre mondial multipolaire, plutôt qu’un ordre dominé par les États-Unis — en particulier sous une seconde présidence de Donald Trump.

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Des manifestants participent à une manifestation sur la "place des otages" à Tel Aviv le 13 septembre 2025, appelant Israël à un cessez-le-feu dans sa guerre contre Gaza afin de ne pas mettre en danger la vie des captifs encore aux mains des militants palestiniens. (AFP)

La lourde défaite diplomatique d’Israël à l’Assemblée générale de l’ONU reflète un net changement de ton de plusieurs pays européens à l’égard de sa conduite à Gaza et dans les territoires occupés.

Cinq pays européens, dont l’Espagne, les Pays-Bas et l’Irlande, ont désormais interdit toutes les importations en provenance des colonies israéliennes illégales, tandis que les institutions de l’UE appellent à la suspension de certaines parties de l’accord d’association UE-Israël et envisagent des sanctions.

La Slovénie, l’Allemagne et l’Espagne ont commencé à imposer un embargo sur les armes à destination d’Israël. Cette vague de soutien en faveur de la reconnaissance de la Palestine est également perçue comme un moyen d’accroître la pression sur Israël pour qu’il mette fin à sa guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023.

Nasira a déclaré que ce vote historique reflète aussi l’influence diplomatique croissante de l’Arabie saoudite, tant sur le plan régional qu’international, en particulier concernant la cause palestinienne.

« L’influence de l’Arabie saoudite repose sur son statut mondial, sa puissance économique, son symbolisme islamique, la notoriété du prince héritier Mohammed ben Salmane sur la scène internationale, ainsi que sur une diplomatie équilibrée et efficace du Royaume, qui résonne au niveau régional et international », a déclaré Nasira à Arab News.

Les efforts diplomatiques du Royaume ont été salués par les observateurs et analystes pour avoir relancé l’élan mondial en faveur de la solution à deux États, après des années de moindre attention avant la guerre à Gaza.

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Cette photo prise le 16 octobre 2024 montre le président français Emmanuel Macron (G) et le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman à Bruxelles. La France et l'Arabie saoudite ont initié ce qui est désormais connu comme la Déclaration de New York, appelant à un État palestinien indépendant, que l'Assemblée générale de l'ONU a adopté vendredi. (AFP)

L’élan s’appuie sur l’Initiative de paix arabe menée par l’Arabie saoudite, adoptée lors du sommet de la Ligue arabe à Beyrouth en 2002, qui proposait la normalisation entre les États arabes et Israël en échange d’un retrait complet d’Israël des territoires occupés — notamment la Cisjordanie, Gaza et le plateau du Golan — la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale, ainsi qu’une résolution juste de la question des réfugiés palestiniens.

La « Déclaration de New York » est perçue comme un consensus mondial autour de cette initiative, la positionnant efficacement comme la base d’un dialogue international renouvelé sur la solution à deux États.

Depuis le déclenchement de la guerre à Gaza, le Royaume a mené une action internationale pour obtenir un cessez-le-feu et jeter les bases d’une paix durable et stable en Palestine.

Au cours des deux dernières années, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal, a porté l’engagement diplomatique du Royaume en parrainant des conférences internationales, en construisant de larges alliances avec des nations partenaires, et en fournissant un financement crucial pour l’aide alimentaire et médicale aux Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.

En septembre 2024, le prince Faisal a annoncé la création de l’Alliance mondiale pour la mise en œuvre de la solution à deux États, mobilisant 90 États dans le but de mettre fin au conflit israélo-palestinien de longue date.

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal bin Farhan Al-Saud, (G) et le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, président une conférence sur la Palestine et la solution à deux États à l'ONU, le 29 juillet 2025 à New York. (AFP)

Le Royaume a tenu des réunions de suivi à Riyad, Bruxelles et Oslo dans les mois suivants, se concentrant sur des points d’action concrets identifiés par les participants.

Ce même mois, le prince héritier Mohammed ben Salmane a exclu tout accord de normalisation saoudien avec Israël sans la création d’un « État palestinien indépendant ».

Ces efforts diplomatiques ont culminé lors de la conférence saoudo-française à l’ONU en juillet, qui visait à établir un cadre politique clair, au-delà des simples déclarations, pour mettre fin à la guerre à Gaza et faire pression en faveur de la reconnaissance d’un État palestinien conformément aux résolutions de l’ONU.

Le succès de cette initiative a été souligné par le prince héritier Mohammed ben Salmane lors de son allocution mercredi devant le Conseil consultatif saoudien (Shoura), où il a déclaré que « la conférence internationale sur la mise en œuvre de la solution à deux États, tenue à New York, a permis une mobilisation sans précédent et renforcé le consensus mondial » autour de l’Initiative de paix arabe.

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Des manifestants brandissent des drapeaux palestiniens et tiennent une banderole sur laquelle on peut lire "Arrêtez d'affamer Gaza" au Palais de Westminster, qui abrite les Chambres du Parlement, dans le centre de Londres, le 4 juin 2025, lors d'une manifestation de soutien à Gaza. (AFP)

Il a déclaré que les efforts du Royaume ont porté leurs fruits en incitant davantage de pays à reconnaître la Palestine et en recueillant un soutien international accru en faveur de la mise en œuvre d'une solution à deux États, appelant d'autres pays à suivre cet exemple.

Condamnant les « crimes de famine et de déplacement forcé » d’Israël à Gaza, il a réitéré la position du Royaume selon laquelle « la terre de Gaza est palestinienne, et les droits de son peuple sont inébranlables, ne pouvant être ni ôtés par l’agression ni annulés par les menaces », tout en soulignant un soutien indéfectible au Qatar suite aux attaques israéliennes.

La région attend désormais les résultats du sommet d’urgence arabo-islamique, organisé par le Qatar dimanche, pour discuter d’une réponse collective à l’attaque israélienne contre Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Sommet à Doha pour discuter de la riposte arabo-islamique à l’attaque israélienne contre le Qatar

Une photo prise le 15 octobre 2022 montre une vue de la ligne d'horizon de la capitale qatarie Doha. (AFP)
Une photo prise le 15 octobre 2022 montre une vue de la ligne d'horizon de la capitale qatarie Doha. (AFP)
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  • Un sommet arabo-islamique extraordinaire discutera de l’attaque israélienne contre l’État du Qatar ciblant des hauts responsables du Hamas

DUBAÏ : Le ministère des Affaires étrangères du Qatar a déclaré samedi qu’un sommet arabo-islamique d’urgence, qui se tiendra dans la capitale Doha, discutera d’un projet de résolution concernant l’attaque israélienne contre l’État du Golfe, selon l’Agence de presse du Qatar (QNA).

« Le sommet examinera un projet de résolution sur l’attaque israélienne contre l’État du Qatar, présenté par la réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères arabes et islamiques, prévue demain dimanche », a déclaré à la QNA le porte-parole du ministère, Majid ben Mohammed Al Ansari.

Le ministère avait annoncé plus tôt que Doha accueillerait un sommet arabo-islamique extraordinaire pour débattre de l’attaque israélienne contre l’État du Qatar visant des dirigeants de haut rang du Hamas.

Al Ansari a souligné que « la tenue de ce sommet arabo-islamique à ce moment précis revêt une importance particulière, car elle reflète la large solidarité arabe et islamique avec l’État du Qatar face à l’agression israélienne lâche ».

La réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères se tiendra dimanche. Le sommet débutera lundi.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza : Israël affirme que 250 000 habitants ont fui la ville, 32 morts dans de nouvelles frappes

Les habitants de Gaza ont déclaré que le coût du voyage vers le sud était prohibitif et qu'il n'y avait plus d'espace pour planter des tentes dans les zones désignées. (AFP)
Les habitants de Gaza ont déclaré que le coût du voyage vers le sud était prohibitif et qu'il n'y avait plus d'espace pour planter des tentes dans les zones désignées. (AFP)
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  • Plus de 250 000 habitants auraient fui Gaza-ville ces dernières semaines, selon l'armée israélienne qui multiplie les frappes et ordonne des évacuations massives, malgré les risques humanitaires
  • La guerre, déclenchée après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, a causé plus de 64 000 morts à Gaza selon le ministère de la Santé local

Jérusalem: L'armée israélienne a affirmé samedi que plus de 250.000 habitants avaient quitté ces dernières semaines la ville de Gaza vers d'autres secteurs du territoire palestinien, après une intensification des bombardements et raids israéliens.

De son côté, la Défense civile dans la bande de Gaza a fait état de cinq Palestiniens tués depuis l'aube dans les bombardements israéliens, au lendemain de la mort selon elle d'au moins 50 personnes à travers le territoire assiégé et dévasté par 23 mois de guerre.

"Selon les estimations de l'armée, plus d'un quart du million d'habitants de la ville de Gaza l'ont quittée pour leur propre sécurité", a déclaré le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, sur X.

Selon des estimations récentes de l'ONU, environ un million de Palestiniens vivent dans et autour de la ville de Gaza, la plus grande du territoire.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée dit vouloir prendre le contrôle de Gaza-ville, qu'elle présente comme l'un des derniers bastions du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Samedi, l'armée de l'air israélienne a largué des tracts exhortant les habitants des quartiers ouest de la ville à les évacuer, alors que la Défense civile locale a fait état de frappes aériennes continues.

"L'armée agit avec force dans votre secteur et est déterminée à démanteler et à vaincre le Hamas", pouvait-on lire dans le tract. "Pour votre sécurité, évacuez immédiatement via la rue al-Rachid vers le sud (du territoire). Vous avez été prévenus."

Les forces israéliennes ont détruit plusieurs tours d'habitation à Gaza-ville ces derniers jours, l'armée affirmant son intention d'"intensifier le rythme (de ses) frappes ciblées (...) afin de nuire aux infrastructures terroristes du Hamas (...) et réduire la menace pour (ses) troupes".

De nombreux acteurs humanitaires jugent que le déplacement une nouvelle fois de la population du nord vers le sud du territoire est impossible et dangereux.

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des sources officielles israéliennes.

L'offensive israélienne menée en riposte à fait au moins 64.756 morts dans la bande de Gaza, selon des données du ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. Elle a aussi dévasté le territoire palestinien et provoqué un désastre humanitaire.

L'ONU a déclaré la famine à Gaza. Israël, qui assiège le territoire, dément.