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La première intifada palestinienne

L’intifada mena à la conférence de paix à Madrid en 1991 et aux accords d’Oslo de 1993 (Getty Images)
L’intifada mena à la conférence de paix à Madrid en 1991 et aux accords d’Oslo de 1993 (Getty Images)
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Publié le Mardi 08 décembre 2020

La première intifada palestinienne

  • La révolte coûta la vie à 2 000 Palestiniens et plus de 200 Israéliens
  • En septembre 2000, une deuxième intifada débuta, initiée par la visite provocatrice du chef de l’opposition israélienne et futur Premier Ministre, Ariel Sharon

La résistance non-violente est au cœur du mouvement pour le droit à l’auto-détermination.

Résumé

Le 8 décembre 1987, un transporteur de char conduit par un soldat israélien percute une voiture dans le camp de réfugiés de Jabalya, dans la bande de Gaza, tuant quatre Palestiniens et déclenchant ce qui est aujourd’hui connu comme la première intifada.

Si une bonne partie des protestations qui débutèrent le 9 décembre sont basées sur l’idéologie de la ‘résistance passive’, la situation explosa ensuite, attisée par des années de frustration et de colère provoquées par l’oppression israélienne dans les territoires occupés. La révolte coûta la vie à 2 000 Palestiniens et plus de 200 Israéliens. L’intifada mena à la conférence de paix à Madrid en 1991 et aux accords d’Oslo de 1993 qui furent marqués par la création de l’Autorité palestinienne et la reconnaissance par l’Organisation pour la Libération de la Palestine du droit d’Israël à exister.

Malgré ces accords, la paix était hors d’atteinte. En septembre 2000, une deuxième intifada débuta, initiée par la visite provocatrice du chef de l’opposition israélienne et futur Premier Ministre, Ariel Sharon, sur l’esplanade des mosquées où se situe la Mosquée d’al-Aqsa, le troisième lieu le plus saint de l’Islam.

 

AMMAN - L’intifada (qui signifie ‘soulèvement’ en arabe ou aussi ‘secouage’) a été introduite dans le lexique anglais par beaucoup d’entre nous, journalistes palestiniens travaillant avec les médias occidentaux au Moyen-Orient. Mais ce qui était en train d’été ‘secoué’ était bien le statu quo d’une vie sous occupation.

Avant le début de l’Intifada, j’étais trop jeune pour accepter l’offre d’emploi qui m’avait été faite. Le propriétaire palestino-américain du journal Al-Fajr, Paul Ajlouny, pensa qu’en tant que titulaire d’une licence en gestion d’une université américaine, je pourrais apporter une approche commerciale à la gestion de la compagnie familiale basée à Jérusalem, éditrice de ce journal. Je ne partageais pas son avis ; je détestais mon travail. 

Mais alors que j’avais du mal à joindre les deux bouts, un parent à Ajlouny, Hana Siniora, était en train de finaliser le lancement de la version anglaise du journal Al-Fajr. Jeune célibataire de 25 ans, j’aimais bien faire le travail de relecture et je suivais avec fascination la mise sous presse chaque semaine. En fin de compte, je finis par écrire mon premier article et j’étais enchanté de voir mon nom apparaître dans un journal.

Les assassinats perpétrés contre des maires palestiniens nationalistes par des terroristes juifs faisaient les gros titres des journaux à cette époque. Le retour du maire Bassam Chakaa après des mois de soins en Europe et l’accueil chaleureux de la foule qu’il reçut à son retour dans la ville de Naplouse, firent la une de notre journal. 

Chakaa, ainsi que les maires d’Hébron Fahd Qawasmeh et de Ramallah Karim Khalaf (qui fut grièvement blessé au volant de sa voiture qui avait été piégée) soutenaient l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP).

Au moment où je quittais mon travail de gérant d’entreprise pour devenir journaliste à plein temps, Israël avait envahi le Liban. Les 82 jours de résistance héroïque de l’OLP à Beyrouth, suivis par son départ pour Tunis, constituaient les sujets phares de notre journal. 

C’est dans cette atmosphère nationaliste que mon cousin Mubarak était également rentré des Etats-Unis et il créa le Centre palestinien pour l’étude de la non-violence. Avec mon frère Jonathan, co-fondateur d’Al-Haq, l’Organisation indépendante palestinienne de défense des droits de l’homme, ils enseignaient aux Palestiniens des territoires occupés les principes de la résistance non-violente.  

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« Les manifestants qui, la semaine dernière, lançaient des pierres et des cocktails Molotov sur les troupes israéliennes, édifiaient des barricades et brûlaient des pneus, avaient une moyenne d’âge d’à peu près 15 ans ».

Extrait d’un article de Reuters à la une d’Arab News du 14 décembre 1987.

Si pour beaucoup de Palestiniens, le concept de la non-violence était nouveau, il fut bien reçu par certains des principaux leaders. Je me souviens avoir accompagné Mubarak et Jonathan à des réunions avec l’un des leaders étudiants à l’université de Bir Zeit, renommée Marwan Barghouti, ainsi qu’à beaucoup de réunions avec d’autres dignitaires Palestiniens tels que Fayçal Husseini, Sari Nusseibeh et Hanane Achraoui.

Des Palestiniens à travers différentes parties du territoire furent rapidement imprégnés par le discours de Mubarak et le contactaient pour lui faire part de leurs problèmes avec les colons et les militaires israéliens. Les manifestations non-violentes prenaient place deux fois par semaine et étaient souvent couronnées d’un franc succès.

Mais même si le courant de Mubarak n’était pas encore devenu dominant, les israéliens réalisèrent ce qu’il était en train d’accomplir et se mirent à le suivre. Ils l’arrêtèrent et le déportèrent en dépit du fait qu’il disposait d’un passeport américain et malgré les nombreuses manifestations conduites à Jérusalem en faveur de sa libération.

Les dates clés :

  1. Le 8 décembre 1987 :  un camion israélien percute une voiture dans le camp de réfugiés de Jabalya, dans la bande de Gaza, tuant quatre palestiniens.
  2. Le 9 décembre 1987 : l’intifada palestinienne contre l’occupation israélienne débute, déclenchée par l’accident fatal de la veille.
  3. Juin 1988 : la Ligue Arabe annonce qu’elle soutiendra financièrement l’intifada. Un engagement qu’elle renouvellera en 1989.
  4. 14 juin 1988 : Les autorités israéliennes déportent Mubarak Awad, un activiste non-violent connu comme le Ghandi palestinien.
  5. Le 15 novembre 1988 : Le chef de l’OLP Yasser Arafat annonce l’indépendance de la Palestine devant le Conseil national palestinien réuni à Alger.  
  6. Le 30 octobre 1991 : La conférence de paix se déroule à Madrid.
  7. Le 13 septembre 1993 : L’OLP et Israël signent la Déclaration de principes -les accords d’Oslo- à la Maison Blanche  
  8. Le 31 janvier 2000 : Des négociations multilatérales prennent place mais piétinent rapidement.
  9. Le 28 septembre 2000 : Le chef de l’opposition israélienne Ariel Sharon se rend sur l’esplanade des mosquées, déclenchant la seconde intifada.

L’homme qui devint connu comme le Ghandi palestinien perdit son procès devant la Haute Cour de justice israélienne et fut déporté malgré le fait qu’il soit né à Jérusalem, sur ordre du Premier ministre de droite Yitzhak Shamir. Mais les pamphlets qu’il distribua et ses idées sur la non-violence et les boycotts demeurèrent.

La colère palestinienne éclata le 9 décembre 1987, dans le camp de réfugiés de Jabalya, dans la bande de Gaza, le jour suivant la collision entre un camion israélien et une voiture civile, tuant quatre palestiniens.

Alors que beaucoup considérèrent que les affrontements avec les Israéliens étaient l’expression d’une colère suite à cet événement tragique, on peut dire que c’est l’expansion des colonies sans aucun contrôle qui a poussé la jeunesse palestinienne à les affronter à l’aide des seules armes dont elle disposait : Les pierres, qui abondent dans les villes et villages palestiniens.

Si l’image que l’on retient de l’intifada est celle de jeunes palestiniens, portant pour la plupart le keffieh à damiers, lançant des pierres sur les colons et soldats, ce sont les actions non-violentes à travers la Palestine qui me fascinèrent.

« Si l’image que l’on retient de l’intifada est celle des jeunes palestiniens, portant pour la plupart le keffieh à damiers, lançant des pierres sur les colons et soldats, ce sont les actions non-violentes à travers la Palestine qui me fascinèrent. ».

                                                                                                                        Daoud Kuttab

L’action la plus remarquable fut probablement la décision des habitants de Beit Sahour d’adopter le slogan des révolutionnaires américains : pas de taxation sans représentation. Les Palestiniens vivant dans cette ville décidèrent d’interrompre le paiement des taxes tant qu’ils ne bénéficieraient pas de représentation politique. Cela rendit fous les militaires israéliens qui mirent le siège sur Beit Sahour.

Une démonstration emblématique de résistance non-violente fut la décision de ne pas suivre Israël lors du passage à l’heure d’été en avril. Je me souviens d’avoir couvert l’actualité de soldats israéliens devant la porte de Damas à Jérusalem, stoppant les jeunes palestiniens et contrôlant leurs montres. S’ils n’avaient pas ajusté l’heure, les soldats usaient de bâtons pour frapper les montres de jeunes palestiniens alors qu’elles étaient encore à leurs poignets.

Extrait des archives d’Arab News du 14 décembre 1987
Extrait des archives d’Arab News du 14 décembre 1987

L’intifada prit fin lorsque le secrétaire d’Etat James Baker invita les palestiniens à participer à la conférence de paix de Madrid en 1991. Les Israéliens étaient représentés à la conférence par Shamir, qui avait déporté Mubarak. Le porte-parole israélien était le Premier ministre actuel Benjamin Netanyahu alors que celui des Palestiniens était Achraoui. 

La conférence ne déboucha sur rien, mais un accord secret, conclu à Oslo, mena à une première avancée qui aboutit à la création de l’Autorité palestinienne et le retour de l’OLP dans les territoires palestiniens occupés.

Néanmoins, cette réalisation et l’espoir de paix, pour lequel beaucoup avaient souffert, furent anéantis lorsqu’un colon juif extrémiste assassina le Premier Ministre Yitzhak Rabin, menant au premier mandat de Netanyahu. Depuis lors, les droits et aspirations des palestiniens ont connu une régression constante.

 

Daoud Kuttab est journaliste pour Arab News au Moyen-Orient et couvre la Palestine et la Jordanie. Dans les années 1980, il était directeur de la rédaction du seul journal palestinien en langue anglaise, Al Fajr, ainsi que journaliste indépendant/Intermédiaire avec la presse étrangère. Il a reçu de nombreuses récompenses, dont le Prix Héros de la liberté de la presse remis par l’Institut international de la Presse et le prix du Comité pour la Protection des Journalistes


Soudan: des sources d'information cruciales emportées par la guerre

En septembre, le reporter de l'AFP avait déjà appris la mort de trois autres de ses sources locales, des hommes toujours prêts à répondre à "ses questions macabres" quand les communications le permettaient. Et toujours sous couvert d'anonymat pour des raisons de sécurité. (AFP)
En septembre, le reporter de l'AFP avait déjà appris la mort de trois autres de ses sources locales, des hommes toujours prêts à répondre à "ses questions macabres" quand les communications le permettaient. Et toujours sous couvert d'anonymat pour des raisons de sécurité. (AFP)
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  • Pendant des mois, le Dr Omar Selik, le Dr Adam Ibrahim Ismaïl, le cheikh Moussa et l'activiste Mohamed Issa ont transmis des informations à l'AFP sur cette ville inaccessible à toute aide extérieure
  • Le correspondant de l'AFP au Soudan, Abdelmoneim Abu Idris Ali, lui-même déplacé de la capitale Khartoum à Port-Soudan, les appelait souvent pour couvrir à distance la guerre sanglante entre l'armée du général Abdel Fattah Al-Burhane et les FSR

PORT-SOUDAN: "Les bombes se rapprochent", "ils tirent sur ceux qui tentent de fuir", "il y a seize morts"... Les informations sur les combats meurtriers et les exactions commises à El-Facher parviennent au monde grâce à de simples citoyens soudanais, restés sur place au péril de leur vie, sources cruciales pour l'AFP.

Cette grande ville de la région du Darfour (ouest) a été assiégée pendant 18 mois avant de tomber le 26 octobre dernier aux mains des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo.

Pendant des mois, le Dr Omar Selik, le Dr Adam Ibrahim Ismaïl, le cheikh Moussa et l'activiste Mohamed Issa ont transmis des informations à l'AFP sur cette ville inaccessible à toute aide extérieure, ensanglantée par des affrontements meurtriers, puis par des massacres commis par les paramilitaires.

Le correspondant de l'AFP au Soudan, Abdelmoneim Abu Idris Ali, lui-même déplacé de la capitale Khartoum à Port-Soudan, les appelait souvent pour couvrir à distance la guerre sanglante entre l'armée du général Abdel Fattah Al-Burhane et les FSR.

Ses quatre sources ont joué un rôle crucial et anonyme. Jusqu'à leur décès...

Adam Ibrahim Ismaïl a été arrêté par les FSR le 26 octobre, le jour de la prise d'El-Facher qu'il tentait de fuir. Il a été abattu le lendemain.

Jusqu'au bout, ce jeune médecin a "soigné les blessés et les malades" de l'hôpital saoudien, le dernier fonctionnel de la ville, selon un communiqué du syndicat des médecins soudanais.

C'est par ce communiqué qu'Abdelmoneim Abu Idris Ali a appris son décès.

Il lui avait parlé quelques jours plus tôt pour faire le point sur les bombardements du jour: "il avait une voix épuisée", se souvient-il. "Chaque fois que nous terminions un appel, il disait au revoir comme si c'était peut-être la dernière fois".

"Questions macabres" 

En septembre, le reporter de l'AFP avait déjà appris la mort de trois autres de ses sources locales, des hommes toujours prêts à répondre à "ses questions macabres" quand les communications le permettaient. Et toujours sous couvert d'anonymat pour des raisons de sécurité.

Les trois ont été tués dans une frappe de drone sur une mosquée d'El-Facher qui a fait au moins 75 morts le 19 septembre.

"Beaucoup de ces 75 personnes avaient fui pour sauver leur vie quelques jours auparavant, mais le drone des FSR les a rattrapées", a précisé Abdelmoneim Abu Idris Ali.

Les voix des sources "me permettaient de dépeindre El-Facher", dit-il. "À travers eux, j'entendais les gémissements des blessés, les peines des endeuillés, la douleur de ceux que broie la machine de guerre", raconte-t-il depuis Port-Soudan.

Avant que la guerre n'éclate, les journalistes pouvaient parcourir le troisième plus grand pays d'Afrique jusque dans ses régions les plus reculées, comme le Darfour.

C'est ainsi que le reporter aguerri de l'AFP a rencontré le cheikh Moussa qui lui a ouvert la porte de son modeste logement en 2006, prélude à deux décennies d'amitié. Il connaissait bien moins les trois autres, faute de temps pour échanger dans une région soumise aux coupures de communication fréquentes.

"Cacher" sa tristesse 

Egalement disparu, le Dr Omar Selik, qui a été loué par de nombreux journalistes internationaux, a vu le système de santé d'El-Facher s'effondrer au fil des mois. Après avoir évacué sa famille dans une zone moins dangereuse, ce médecin continuait de sauver des vies, jusqu'à son propre décès.

"Il me parlait comme s'il s'adressait à la famille d'un patient, annonçant la mort d'un être cher et essayait toujours de cacher la pointe de tristesse dans sa voix lorsqu'il me donnait un bilan des victimes", se souvient Abdelmoneim Abu Idris Ali.

Mohamed Issa, lui, est mort à 28 ans, après des mois à traverser les lignes de front pour apporter nourriture, eau, médicaments aux familles piégées à El-Facher.

"Chaque fois que je lui demandais ce qui se passait, sa voix résonnait joyeusement: +rien de grave inch'Allah, je suis un peu loin, mais je vais aller voir pour toi!+ On ne pouvait pas l'arrêter".

Mohamed Issa se précipitait sur les lieux des frappes, chargeant les blessés sur des charrettes pour les emmener à l'hôpital ou dans n'importe quel lieu susceptible de prodiguer des soins d'urgence, explique le correspondant.

Chassé de son village 

Le cheikh Moussa avait, lui, été chassé de son village il y a 22 ans, au tout début de la guerre du Darfour, par les milices arabes Janjawid, dont les FSR sont les héritières. Il a ensuite vécu dans différents lieux accueillant les réfugiés ballottés au gré des attaques des paramilitaires.

"La violence éclatait encore et encore devant sa porte, mais son rire ne s'est jamais éteint", dit le journaliste de l'AFP.

Quand les bombes ont commencé à pleuvoir sur El-Facher, "il parlait sans fin de la douleur que son peuple subissait, mais si vous lui demandiez comment lui allait, il répondait juste: +alhamdulillah, grâce à Dieu+".

À chaque appel téléphonique, "je l'imaginais assis en tailleur à l'ombre devant sa porte, vêtu d'une djellaba d'un blanc éclatant et d'une calotte assortie, toujours souriant malgré les horreurs qui l'entouraient", se remémore le journaliste de l'AFP.

"Chaque mort est une tragédie que nous sommes habitués à rapporter, mais c'est une autre forme de chagrin lorsqu'il s'agit de quelqu'un avec qui vous avez partagé un repas, quelqu'un dont vous entendiez la voix chaque jour".

 


Trump reçoit le président syrien, une rencontre historique et discrète

Pas de drapeaux ni de caméras, mais une visite néanmoins historique: Donald Trump a reçu lundi Ahmad al-Chareh, une première pour un chef d'Etat syrien et une consécration pour l'ancien jihadiste. (AFP)
Pas de drapeaux ni de caméras, mais une visite néanmoins historique: Donald Trump a reçu lundi Ahmad al-Chareh, une première pour un chef d'Etat syrien et une consécration pour l'ancien jihadiste. (AFP)
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  • Le président syrien est arrivé à 11h37 locale (16h37 GMT), a annoncé la Maison Blanche, sans passer par le portail principal et sans le protocole habituellement réservé aux chefs d'Etat et de gouvernement étrangers
  • Les journalistes n'ont pas non plus été conviés dans le Bureau ovale au début de l'entretien, comme c'est généralement le cas lors de visites officielles

WASHINGTON: Pas de drapeaux ni de caméras, mais une visite néanmoins historique: Donald Trump a reçu lundi Ahmad al-Chareh, une première pour un chef d'Etat syrien et une consécration pour l'ancien jihadiste.

Le président syrien est arrivé à 11h37 locale (16h37 GMT), a annoncé la Maison Blanche, sans passer par le portail principal et sans le protocole habituellement réservé aux chefs d'Etat et de gouvernement étrangers, que le président américain vient presque toujours accueillir en personne sur le perron.

Les journalistes n'ont pas non plus été conviés dans le Bureau ovale au début de l'entretien, comme c'est généralement le cas lors de visites officielles.

"Très bon travail" 

Jeudi dernier Donald Trump, qui se voit en grand pacificateur du Moyen-Orient, avait estimé que son invité faisait "un très bon travail" en Syrie. "C'est un gars dur. Mais je me suis très bien entendu avec lui" lors d'une entrevue en Arabie saoudite en mai, avait-il ajouté.

A l'époque, le milliardaire de 79 ans avait jugé son homologue de 43 ans "fort" et "séduisant".

Le président intérimaire syrien, dont la coalition islamiste a renversé le dirigeant de longue date Bachar al-Assad en décembre 2024, était arrivé à Washington samedi.

Lors de cette visite historique, Damas devrait signer un accord pour rejoindre la coalition internationale antijihadiste menée par les Etats-Unis, selon l'émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack.

Les Etats-Unis, eux, prévoient d'établir une base militaire près de Damas, "pour coordonner l'aide humanitaire et observer les développements entre la Syrie et Israël", selon une autre source diplomatique en Syrie.

"Nouveau chapitre" 

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, qui accompagne le président à Washington, a mis en ligne samedi une vidéo tournée avant le voyage illustrant le réchauffement des relations avec les Etats-Unis.

On y voit les deux hommes jouant au basket-ball avec le commandant des forces américaines au Moyen-Orient, Brad Cooper, ainsi qu'avec le chef de la coalition internationale antijihadistes, Kevin Lambert.

La rencontre de lundi "ouvre un nouveau chapitre dans la politique américaine au Moyen-Orient", estime l'analyste Nick Heras, du New Lines Institute for Strategy and Policy.

Vendredi, les Etats-Unis ont retiré le dirigeant syrien de la liste noire des terroristes. Depuis 2017 et jusqu'à décembre dernier, le FBI offrait une récompense de 10 millions de dollars pour toute information menant à l'arrestation du leader de l'ancienne branche locale d'Al-Qaïda, le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS).

Jeudi, le Conseil de sécurité de l'ONU avait aussi levé les sanctions contre Ahmad al-Chareh, à l'initiative des Etats-Unis.

Israël 

Dès sa prise de pouvoir, le dirigeant syrien a rompu avec son passé, multipliant les ouvertures vers l'Occident et les Etats de la région, dont Israël avec lequel son pays est théoriquement en guerre.

Il a toutefois aussi promis de "redéfinir" la relation de son pays avec la Russie de Vladimir Poutine, allié-clé de Bachar al-Assad, qu'il a rencontré à Moscou il y a moins d'un mois.

"Trump amène Chareh à la Maison Blanche pour dire qu'il n'est plus un terroriste (...) mais un dirigeant pragmatique et, surtout, flexible qui, sous la direction américaine et saoudienne, fera de la Syrie un pilier régional stratégique", explique Nick Heras.

Les présidents américain et syrien devraient également évoquer les négociations entamées par les autorités syriennes avec Israël pour un accord de sécurité en vertu duquel l'Etat hébreu se retirerait des zones du sud du pays occupées après la chute de Bachar al-Assad.

En mai, Donald Trump avait pressé son homologue syrien de rejoindre les accords d'Abraham, qui ont vu plusieurs pays arabes reconnaître Israël en 2020.


L'envoyé américain Jared Kushner s'entretient avec Benjamin Netanyahu à Jérusalem 

L'envoyé américain Jared Kushner s'entretient lundi à Jérusalem avec Benjamin Netanyahu, a indiqué le bureau du Premier ministre israélien sans fournir davantage de détails. (AFP)
L'envoyé américain Jared Kushner s'entretient lundi à Jérusalem avec Benjamin Netanyahu, a indiqué le bureau du Premier ministre israélien sans fournir davantage de détails. (AFP)
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  • "Le Premier ministre Benjamin Netanyahu rencontre actuellement dans son bureau à Jérusalem l'envoyé spécial et gendre du président américain (Donald) Trump, Jared Kushner"
  • Selon des médias israéliens, la visite de Jared Kushner intervient alors que Washington intensifie ses efforts pour assurer le maintien du cessez-le-feu négocié par les États-Unis dans la bande de Gaza

JERUSALEM: L'envoyé américain Jared Kushner s'entretient lundi à Jérusalem avec Benjamin Netanyahu, a indiqué le bureau du Premier ministre israélien sans fournir davantage de détails.

"Le Premier ministre Benjamin Netanyahu rencontre actuellement dans son bureau à Jérusalem l'envoyé spécial et gendre du président américain (Donald) Trump, Jared Kushner", a déclaré le bureau de Netanyahu.

Selon des médias israéliens, la visite de Jared Kushner intervient alors que Washington intensifie ses efforts pour assurer le maintien du cessez-le-feu négocié par les États-Unis dans la bande de Gaza.