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Les accords de Camp David, une fausse piste vers la paix

Les accords entre l’Egypte et Israël ont accouché d’un double Prix Nobel de la Paix, mais l’échec de leur réalisation dans leur totalité ont nourri l’extrémisme
Les accords entre l’Egypte et Israël ont accouché d’un double Prix Nobel de la Paix, mais l’échec de leur réalisation dans leur totalité ont nourri l’extrémisme
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Publié le Mardi 08 décembre 2020

Les accords de Camp David, une fausse piste vers la paix

  • Le 17 septembre 1978, le président égyptien et le Premier ministre israélien signent deux traités historiques qui mettent fin à trois décennies de conflits
  • Un mois plus tard, Sadate et Begin recevront conjointement le Prix Nobel de la Paix et signeront en mars de l’année suivante le traité de paix israélo-égyptien

Résumé

Le 17 septembre 1978, suite à 10 jours d’intenses négociations à Camp David, le président égyptien Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin signent deux traités historiques qui mettent fin à trois décennies de conflits entre leurs pays respectifs. Les premiers espoirs d’une paix au Moyen-Orient semblent permis.

Comme l’observait Arab News à l’époque, les pourparlers ont abouti de justesse ; avec un ‘suspense et une incertitude sur leur dénouement’ jusqu’aux derniers instants. Grâce aux efforts du président américain Jimmy Carter, Begin et Sadate sont parvenus à des accords-cadres pour la paix au Moyen-Orient et à un traité entre l’Egypte et Israël.

Un mois plus tard, Sadate et Begin recevront conjointement le Prix Nobel de la Paix et signeront en mars de l’année suivante le traité de paix israélo-égyptien. Une grande partie du monde arabe considère ce traité comme une trahison de la cause palestinienne. L’Egypte est exclue de la Ligue arabe et en 1981 Sadate est assassiné par des extrémistes opposés au traité de paix. Si une paix fragile entre les deux pays demeure, l’espoir que ces accords permettront de parvenir à une solution au problème palestinien tarde à se réaliser.

CHICAGO - Lorsque le président égyptien Anwar el-Sadate se rend à Jérusalem dans l’espoir d’éviter des guerres futures et de résoudre le conflit arabo-israélien à travers des négociations, il le fait en pensant qu’une paix globale devrait non seulement inclure l’Egypte, la Jordanie, la Syrie et le Liban, mais aussi et surtout l’accord d’Israël de se retirer des territoires occupés et de permettre à un Etat Palestinien de voir le jour. 

Lors de son long discours adressé à la Knesset, le Parlement israélien, Sadate déclare : ‘Je ne suis pas venu chez vous pour conclure un accord séparé entre l'Egypte et Israël… Même si la paix était établie entre tous les Etats de la confrontation et Israël, sans qu'intervienne une juste solution du problème palestinien, cela ne conduirait jamais à la paix permanente et juste sur laquelle le monde entier insiste aujourd'hui’.

Les dates clés :

  1. Le 14 février 1977

Le président américain Jimmy Carter écrit au président égyptien Anouar el-Sadate et au Premier ministre Yitzhak Rabin afin d’exprimer son engagement à trouver « une paix durable au Moyen-Orient ».

  1. Le 21 octobre 1977

Dans une lettre manuscrite, Carter appelle Sadate à l’aide. « Le temps est maintenant venu d’aller de l’avant, et votre appui rapide à notre démarche est extrêmement important, voire vital ».

  1. Le 11 novembre 1977

Après l’annonce par Sadate de son intention de se rendre en Israël, le Premier ministre israélien Menahem Begin s’adresse au peuple égyptien depuis Jérusalem, plaidant pour « fin des guerres et des effusions de sang »

  1. Le 3 août 1978

Carter adresse des lettres individuelles à Sadate et Begin, leur proposant de se rencontrer.

  1. Le 5 septembre 1978

Sadate et Begin se rendent à Camp David pour 10 jours de discussions.

  1. Le 17 septembre 1978

A 21h37, Carter, Begin et Sadate embarquent dans l’hélicoptère Marine 1 et se rendent du Maryland à la Maison Blanche. A 22h31, Begin et Sadate apposent leurs signatures sur les accords-cadres pour la paix.

  1. Le 27 octobre 1978 

Sadate et Begin reçoivent conjointement le Prix Nobel de la Paix.

  1. Le 26 mars 1979

Sadate et Begin signent le traité de paix israélo-égyptien à Washington.

  1. Le 6 octobre 1981

Anouar el-Sadate est assassiné au Caire par des islamistes extrémistes opposés au traité de paix.

Sadate ne vécut pas assez longtemps pour réaliser à quel point il était dans le vrai lorsqu’il pensait que le refus d’Israël de se retirer des territoires occupés provoquerait la montée des extrémismes, l’intensification des violences, des perturbations dans son propre pays et rendrait impossible l’espoir d’une paix régionale. Les seuls véritables objectifs du Premier ministre israélien Menahem Begin étaient d’éliminer la menace militaire que lui posait l’Egypte, de créer des divisions entre les nations arabes et de bloquer la reconnaissance d’un Etat palestinien.

Sadate fit preuve de naïveté en faisant confiance à Begin, l’un des terroristes les plus odieux du Moyen-Orient. Begin était le maître à penser derrière les crimes les plus atroces du conflit arabo-israélien de 1947-1948, notamment le massacre de près de 100 civils dans le petit village palestinien de Deir Yassine.

Ce massacre, au cours duquel des femmes enceintes furent égorgées, des corps jetés dans le puit du village, choqua les populations arabes de Palestine, entraînant un exode de réfugiés poussés par la peur. Avant de s’adresser à la Knesset, Sadate se rendit à Yad Vashem, le mémorial de l’Holocauste qui, ironiquement, fut bâti sur les ruines de Deir Yassine.

La paix avec Israël valut à Sadate le droit d’être courtisé par Israël et les Etats-Unis et le privilège d’être traité comme un éminent chef d’état. Durant son voyage aux Etats-Unis en 1978, il fut l’invité d’honneur de plusieurs dîners notamment à Chicago où je me joignis à 500 autres Arabo-Américains pour protester contre sa ‘soumission’.

‘Les pratiques expérimentales du président Carter consistant en une utilisation exclusive de contraintes morales afin d’atteindre la paix, bien que louables, ne débouchèrent guère sur des résultats tangibles, parce qu’elles ne prenaient pas en considération l’ensemble des variables de la très complexe ‘équation’ du Moyen-Orient’.

Extrait d’un éditorial de Arab News, le 18 Septembre 1978

Les accords de Camp David valurent à Sadate et Begin le prix Nobel de la Paix en 1978 mais aussi le mépris du monde arabe. La Ligue arabe réagit en excluant l’Egypte et en transférant ses bureaux du Caire à Tunis.

La stratégie d’Israël était claire pour le monde entier à l’exception de Sadate. Il signa les accords à la suite de 12 jours d’âpres négociations le 17 mars 1978. Mais quelques semaines auparavant, Begin inaugurait la colonie juive d’Ariel qui est devenue un symbole du combat permanent d’Israël contre la création d’un Etat Palestinien et l’épicentre de sa politique de colonisation.

Malgré la flagrante réalité du terrain, Sadate poursuivit sa démarche et signa un traité de paix avec Israël à la Maison Blanche le 26 mars 1979, mettant officiellement fin au conflit entre les deux pays.

Il suffit de s’attarder sur les cinq points fondamentaux de l’accord, pour comprendre que seuls deux d’entre eux ont été réalisés. L’Egypte a bien repris le contrôle de la péninsule du Sinaï, désormais démilitarisée, et les deux pays ont mis fin à la guerre qui les opposaient et noué des relations diplomatiques.

Cependant, trois résolutions ne virent jamais le jour : Les pourparlers pour résoudre la question de la Palestine avec l’implication de la Jordanie n’aboutirent à aucun résultat, l’objectif de l’établissement d’un gouvernement autonome en Cisjordanie et à Gaza en cinq ans (1983) se solda par un échec, la politique israélienne de colonisation n’ayant jamais vraiment été interrompue.

Les accords n’ont jamais permis d’entraver les plans d’Israël d’asseoir sa domination sur les territoires occupés. La défaite de Jimmy Carter aux élections le 4 novembre 1980 et l’assassinat de Sadate lors d’un défilé militaire le 6 octobre 1981 permirent à Begin de mettre fin au ‘rêve’ de Sadate. Malgré des différences dans l’approche, le président américain poursuivit la vision de paix au Moyen-Orient de Carter et proposa un ‘gel’ des colonies en août 1982. Il exhorta Israël à accorder aux Palestiniens leur ‘autonomie’, considérée comme une étape vers création d’un état.

Extrait des archives de Arab News du 18 Septembre 1978

Begin fut prompt à réagir. Le 2 septembre 1982, Sadate et Carter ne constituant plus d’obstacles sur son chemin, Begin fut à l’origine d’une décision de la Knesset pour consolider son emprise sur la Cisjordanie, Jérusalem Est et le plateau du Golan en accélérant les colonisations. La déclaration stipule qu’Israël ‘se réserve le droit d’appliquer sa souveraineté sur les territoires à la fin de la période de transition de cinq années’ de « l’autonomie palestinienne » envisagée par les accords de Camp David.

En 1978, la population de colons n’était que de 75 000. Elle tripla pour atteindre 228 000 en 1990. Les accords de Camp David étaient supposés créer un climat d’optimisme et d’espoir. L’échec de leur réalisation au-delà de la restitution du Sinaï nous plongea dans le fatalisme et conduisit à la poussée des extrémismes.

Même si la paix entre l’Egypte et Israël perdure, l’échec de la réalisation de la paix avec les Palestiniens a réduit les accords à ce que l’on pourrait qualifier de forme d’armistice. Les relations entre les deux pays sont principalement réduites à une coopération militaire.

 

Ray Hanania était l’éditeur d’un journal arabo-américain au début des années 70, ‘La Voix du Moyen-Orient’, et un activiste pour les droits du peuple palestinien occupant la fonction de président du Congrès américain pour la Palestine.


« Nous nous apprêtons à reconnaître l'État palestinien », annonce le président français à Asharq

Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'Élysée à Paris le 13 juin 2025. (Reuters)
Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'Élysée à Paris le 13 juin 2025. (Reuters)
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  • Le président français a indiqué que la France et l'Arabie saoudite avaient convenu de reporter la conférence, qui devait se tenir la semaine prochaine à New York
  • Le document, dont Asharq a obtenu une copie, stipule que la mise en œuvre de la solution à deux États doit être indépendante du contexte politique local et régional actuel

Dans un entretien accordé à Asharq en marge d'une rencontre avec des journalistes et des représentants d'organisations de la société civile palestinienne et israélienne, le président français Emmanuel Macron s’est engagé à ce que son pays reconnaisse l'« État de Palestine » lors de la conférence que la France et l'Arabie saoudite accueilleront prochainement à New York.

En réponse à une question sur les conditions à la reconnaissance d'un État palestinien, M. Macron a déclaré : « Il n'y a aucune condition. La reconnaissance se fera selon un processus incluant la fin de la guerre, la reprise de l'aide humanitaire à la bande de Gaza, la libération des otages israéliens et le désarmement du Hamas.»

« Il s'agit d'un ensemble de mesures, » a-t-il souligné.

Le président français a indiqué que la France et l'Arabie saoudite avaient convenu de reporter la conférence, qui devait se tenir la semaine prochaine à New York, soulignant que la situation actuelle empêche le président palestinien Mahmoud Abbas de se rendre à New York en raison de la suspension des vols dans la région.

Le président français Emmanuel Macron s’exprime devant la presse à Paris, le 13 juin 2025- Asharq.

M. Macron a expliqué s'être entretenu à plusieurs reprises vendredi avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président palestinien Mahmoud Abbas, et qu'il avait été convenu de « reporter la réunion à une date proche ».

Il a indiqué que le président indonésien lui avait promis de reconnaître Israël si la France reconnaissait l'État palestinien, soulignant « la nécessité de poursuivre cette dynamique ».

Conférence internationale sur le règlement pacifique de la question palestinienne

Le document de la Conférence internationale sur le règlement pacifique de la question palestinienne, prévue à New York du 17 au 20 juin sous la coprésidence de l'Arabie saoudite et de la France, stipule que la conférence se tiendrait sur la base de la « solution à deux États », que sa mise en œuvre s’accompagnerait d’un calendrier précis, que des engagements concrets seraient pris par l’ensemble des parties, et que des mécanismes internationaux seraient instaurés pour en garantir la continuité.

Le document, dont Asharq a obtenu une copie, stipule que la mise en œuvre de la solution à deux États doit être indépendante du contexte politique local et régional actuel, et garantir la pleine reconnaissance de l’État de Palestine comme composante essentielle de la solution politique, tout en assurant le respect des droits des peuples ainsi que de leur aspiration à la paix et à la sécurité.

Le document souligne que les attaques du 7 octobre 2023 et la guerre contre Gaza ont entraîné une escalade de la violence sans précédent, des pertes humaines massives, la pire crise humanitaire jamais enregistrée, des destructions généralisées et d'immenses souffrances pour les civils des deux camps, notamment les détenus, leurs familles et les habitants de Gaza.

Le document indique que les activités de colonisation menacent la solution à deux États, seule voie permettant de parvenir à une paix juste, durable et globale dans la région. Elles ont un impact négatif sur la paix, la sécurité et la prospérité régionales et internationales.

Le document explique également que la conférence vise à changer de cap en s'appuyant sur des initiatives nationales, régionales et internationales et en adoptant des mesures concrètes pour renforcer le respect du droit international et promouvoir une paix juste, durable et globale qui garantisse la sécurité de tous dans la région et favorise l'intégration régionale.

La conférence réaffirme l’engagement indéfectible de la communauté internationale en faveur d’un règlement pacifique de la question palestinienne et de la solution à deux États, ainsi que l’urgence d’agir pour atteindre ces deux objectifs.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Asharq.com


Le ministre saoudien et l'envoyé américain ont discuté des événements récents lors d'un appel téléphonique

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, lors d'une réunion avec l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack, à Riyad, le 28 mai 2025. (SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, lors d'une réunion avec l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack, à Riyad, le 28 mai 2025. (SPA)
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  • les deux diplomates ont discuté des mesures à prendre pour soutenir le peuple syrien sur les plans humanitaire et économique.

RIYAD : L'agence de presse saoudienne rapporte que le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a reçu samedi un appel téléphonique de l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack.

Au cours de cet appel, les deux diplomates ont discuté des mesures à prendre pour soutenir le peuple syrien sur les plans humanitaire et économique.

Leurs discussions ont également porté sur l'actualité régionale et internationale.  

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Égypte : une marche internationale vers Gaza avortée, des militants restent retenus par les forces de l'ordre

Des Tunisiens se rassemblent à un point de rendez-vous à Tunis le 9 juin 2025, avant le départ d'un convoi terrestre baptisé « Steadfastness » (Fermeté) pour briser le siège de Gaza. (Photo de FETHI BELAID / AFP)
Des Tunisiens se rassemblent à un point de rendez-vous à Tunis le 9 juin 2025, avant le départ d'un convoi terrestre baptisé « Steadfastness » (Fermeté) pour briser le siège de Gaza. (Photo de FETHI BELAID / AFP)
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  • Selon les organisateurs, les autorités égyptiennes ont contrecarré une action du collectif Global March vers Gaza
  • « Nous avons été bloqués pendant six à sept heures, avant que les forces de l’ordre ne dispersent violemment le groupe », a déclaré un organisateur. 

LE CAIRE, EGYPTE : Selon les organisateurs, les autorités égyptiennes ont contrecarré une action du collectif Global March vers Gaza en bloquant plusieurs dizaines d'activistes pro-palestiniens à la sortie du Caire pendant plusieurs heures, avant de relâcher certains d'entre eux.

Selon la même source, certains sont toujours retenus par les forces de l'ordre.

Vendredi, plusieurs groupes avaient quitté le Caire en voiture pour se diriger vers la ville d'Ismailia, première étape vers la bande de Gaza, leur destination finale.

Ils ont été interceptés, bloqués, leurs passeports confisqués, parfois molestés, avant d'être embarqués de force dans des bus, selon des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ou adressées à l'AFP.

« Nous avons été bloqués pendant six à sept heures, avant que les forces de l’ordre ne dispersent violemment le groupe », a déclaré un organisateur. 

« Beaucoup de rumeurs circulaient sur les réseaux sociaux, affirmant que nous voulions créer le désordre dans la capitale », a déclaré Seif Abu Kishk, l'un des organisateurs de la Global March to Gaza.

Des dizaines de participants ont été refoulés ou expulsés ces derniers jours.

Les autorités égyptiennes n’ont fait aucun commentaire sur ces interpellations ni sur ces expulsions.

La Global March comptait traverser le Sinaï, une région désertique sous haute surveillance militaire, pour rallier la ville d'al-Arich, à environ 350 km à l'ouest du Caire, puis marcher sur les 50 derniers kilomètres jusqu’à la partie égyptienne de Rafah.

M. Abu Kishk a précisé que la marche comptait parmi ses participants plusieurs personnalités publiques, dont des parlementaires étrangers, ainsi que le petit-fils de Nelson Mandela.

Malgré les signaux négatifs des autorités, les responsables du collectif soulignent que « leur objectif reste Gaza » et qu’ils entendent continuer « à agir de manière pacifique ».

En Libye voisine, le convoi « Soumoud », réunissant selon les organisateurs un millier de participants tunisiens, algériens, marocains et mauritaniens, est bloqué depuis vendredi matin à l'entrée de la ville libyenne de Syrte, sous le contrôle des forces du maréchal Khalifa Haftar, au pouvoir dans l’Est libyen.