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Dans les coulisses de la démission de Moubarak

Les protestations victorieuses, principalement organisées sur les réseaux sociaux et suivies en direct à la télévision par des millions de téléspectateurs à travers la planète, ont fondamentalement changé le paysage politique égyptien, mais à quel prix ? (Photo, AFP).
Les protestations victorieuses, principalement organisées sur les réseaux sociaux et suivies en direct à la télévision par des millions de téléspectateurs à travers la planète, ont fondamentalement changé le paysage politique égyptien, mais à quel prix ? (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 08 décembre 2020

Dans les coulisses de la démission de Moubarak

  • Le 11 février 2011, Hosni Moubarak a enfin démissionné sous la pression de protestations massives contre la brutalité et la corruption de son régime
  • Sur les 18 jours de cette Révolution du 25 janvier, au moins 846 personnes ont perdu la vie et des milliers d’autres ont été blessées

Nous ne savons pas encore si ce tournant majeur a changé l’Egypte pour le meilleur.

Résumé

Le 11 février 2011, Hosni Moubarak, l’ancien officier des forces aériennes qui avait succédé à Anouar el-Sadate, assassiné en 1981, en tant que président de l’Egypte, et qui est resté au pouvoir durant trois décennies, a enfin démissionné sous la pression de protestations massives contre la brutalité et la corruption de son régime.

Comme le rapportait Arab News le jour suivant, « des feux d’artifice ont éclaté sur la place Tahrir, l’Egypte entière a été prise d’une explosion de joie et de larmes de soulagement » en apprenant la chute d’un homme qui « jusqu’à la fin, semblait incapable de saisir la profondeur du ressentiment à l’égard de son règne, qui s’est étalé sur trois décennies ».

Les protestations victorieuses, principalement organisées sur les réseaux sociaux et suivies en direct à la télévision par des millions de téléspectateurs à travers la planète, ont fondamentalement changé le paysage politique égyptien. Mais ce changement a eu un prix. Sur les 18 jours de ce qui est aujourd’hui connu sous le nom de Révolution du 25 janvier, au moins 846 personnes ont perdu la vie et des milliers d’autres ont été blessées.

Dans l’histoire, il y a certains événements majeurs sur lesquels nous devons nous arrêter et entamer une longue réflexion. Nous devons les contempler pour comprendre ce qui s’est passé, en tirer les leçons, éviter de répéter les mêmes erreurs, et se concentrer sur les aspects positifs. L’un de ces événements est sans doute celui du 11 février 2011, le jour où le président égyptien Hosni Moubarak a démissionné. 

A ce moment, j’étais responsable de la direction des médias d’Etat sous le gouvernement de Moubarak. Je ne faisais pas partie du régime, dans le sens politique de la chose. Mais j’exerçais mon métier en tant qu’employé de l’Etat et j’avais un rôle à jouer. J’avais également de nombreux amis sur la place Tahrir, manifestant pour défendre leurs idées.

Cette date est entrée dans l’histoire de l’Egypte et nos conditions de vie, aujourd’hui, en sont le résultat. C’était un vrai tournant dans l’histoire du pays, mais seule l’histoire jugera si c’était pour le meilleur ou pour le pire. Ce qui est important, c’est qu’un changement a vu le jour.

Je me souviendrai toute ma vie très clairement de ce jour-là. Le matin, les rues grouillaient de manifestants en colère, frustrés par le discours de la veille de Moubarak. Dans ce discours, il avait délégué ses pouvoirs à son vice-président, Omar Suleiman. Je savais que cela se terminerait ce jour-là, mais j’en ignorais la manière. 

Le matin, j’avais reçu un appel d’un responsable militaire important, qui me confia qu’ils allaient incessamment communiquer sur l’intention de Moubarak de quitter le pouvoir. J’avais immédiatement contacté des médias pour leur annoncer la nouvelle. Certains l’avaient reportée, alors que d’autres avaient préféré s’abstenir. A la mi-journée, le président embarqua à bord d’un hélicoptère qui allait l’emmener du Palais présidentiel à l’aéroport d’El-Nouzha, à l’Est du Caire, où il prit un avion présidentiel pour se rendre à sa résidence de Charm el-Cheikh.

Les dates clés :

  1. Le 25 juin 2011

Des manifestations éclatent à travers l’Egypte, déclenchées par les violences de la police. Les protestataires du « Jour de la Révolte » appellent à la démission de Hosni Moubarak.

  1. Le 1er février 2011

Dans un discours télévisé qui déclenche plus de protestations, Moubarak déclare qu’il ne démissionnera pas mais ‘utilisera les derniers mois de (son) mandat pour répondre aux demandes du peuple’.

  1. Le 10 février 2011

Moubarak refuse à nouveau de démissionner, proposant de déléguer une partie de ses pouvoirs au vice-président Omar Suleiman.

  1. Le 11 février 2011

Suleiman annonce la démission de Moubarak et un transfert de pouvoirs au Conseil suprême des forces armées.

  1. Le 24 mai 2011

Moubarak apprend qu’il va être jugé par une cour d’assises pour le meurtre de manifestants.

  1. Le 24 juin 2011

L’islamiste conservateur Mohammad Morsi, candidat des Frères musulmans, est élu président.

  1. Le 3 août 2011

Début du procès de Moubarak, de ses deux fils et d’autres responsables jugés pour corruption et meurtres prémédités de protestataires.

  1. Le 2 juin 2012

Moubarak est condamné à la prison à vie pour ne pas avoir empêché le meurtre de protestataires.

  1. Le 13 janvier 2013

Une cour d’appel annule sa condamnation à la perpétuité et ordonne un nouveau procès.

  1. Le 21 août 2013

La justice prononce la remise en liberté conditionnelle de Moubarak après deux ans de prison. Il est placé en résidence surveillée.

  1. Le 28 mai 2014

Abdel Fattah el-Sissi, ancien chef des forces armées égyptiennes, est élu président, après une victoire éclatante. 

  1. Le 9 mai 2015

Moubarak est condamné à trois ans de prison, ses fils à quatre ans de prison : ils sont jugés coupables de corruption.

  1. Le 2 mars 2017

La Haute cour d’appel juge Moubarak non coupable de conspiration dans le meurtre des manifestants.

  1. Le 24 mars 2017

Moubarak, 88 ans, est libéré après avoir passé six ans en détention.

  1. Le 25 février 2020

Moubarak meurt, âgé de 91 ans, au Caire. Sur ordre de Sissi, des funérailles militaires lui sont organisées.

C’était la première fois depuis la crise que Moubarak se retrouvait absolument seul, sans sa femme, ses enfants ou même ses conseillers. Dès son arrivée dans sa résidence, aux alentours de 1h30 de l’après-midi, il avait contacté le ministre de la défense, le Maréchal Mohammad Hussein Tantaoui. La conversation téléphonique fut brève. Moubarak lui dit : « Hussein, j’ai décidé de déléguer toutes les responsabilités à toi et à l’armée. Tu as maintenant tous les pouvoirs ». Tantaoui répondit : « Non, monsieur le président, nous trouverons une autre solution. Ce n’est pas ce que nous voulions ».  Moubarak lui dit : « Non, c’est ma décision. Parle à Omar Suleiman et faites le nécessaire pour annoncer cette nouvelle au peuple ».

Quelques minutes plus tard, je recevais un coup de fil de l’une de mes sources dans l’armée, m’informant que Suleiman était en réunion avec le Conseil suprême des forces armées. Ils préparaient le communiqué officiel pour informer la nation de la démission de Moubarak. Le président voulait que le communiqué soit bref. Suleiman et Tantaoui se sont assis et l’ont rédigé ensemble. Ils ont décidé que Suleiman devait lire le communiqué, plutôt qu’un membre de l’armée, pour ne pas donner l’impression que le président avait été renversé par un coup d’Etat militaire.

« Le pays a éclaté de joie. Le trafic s’est interrompu. Les gens sont sortis de leurs voitures, se tombant dans les bras et s’embrassant, criant, riant et pleurant. L’Egypte jubile ».

Somayya Jabarti, à la une d’Arab News, le 12 février 2001

Une heure plus tard, le porte-parole de l’armée, Ismail Atman, est arrivé dans mon bureau. Après m’avoir salué, il a ouvert son manteau et retiré quelque chose de l’une de ses poches, en disant : « J’ai le communiqué ». Il ajouta : « Je vais attendre ici avec l’enregistrement jusqu’à ce que je reçoive l’ordre de le diffuser. Ils attendent toujours que Gamal, Alaa (les fils de Moubarak) et leurs familles soient partis.

Extrait des archives d’Arab News, le 12 février 2011

C’était bizarre. Nous étions -littéralement- assis sur la plus grosse nouvelle au monde ce jour-là. Nous devions patienter, assis, discutant comme si de rien n’était, en attente de la prochaine étape. Nous avons donc attendu, et Atman appelait le Conseil toutes les quelques minutes. Un peu plus tard, il a reçu la confirmation que Gamal et Alaa étaient arrivés à l’aéroport et qu’ils attendaient leur mère, Suzanne. Quand elle est enfin arrivée à l’aéroport, Atman a reçu l’instruction de diffuser le communiqué. Nous nous sommes donc dirigés vers le studio, qui était situé deux étages au-dessous du mien.

« C’était bizarre. Nous étions -littéralement- assis sur la plus grosse nouvelle au monde ce jour-là ».

Abdellatif El-Menawy

Malgré le fait qu’il nous avait fallu moins de deux minutes pour rejoindre le studio, cela m’avait paru une éternité. Nous avons pénétré dans la salle des contrôles, inséré la cassette dans la machine et appuyé sur le bouton de lecture. Le film était d’une durée de 37 secondes. Les émotions ont commencé à prendre le dessus. La déclaration était simple : « Au nom d’Allah le miséricordieux…concitoyens, dans les circonstances difficiles que vit le pays, le Président Mohammad Hosni Moubarak a décidé de démissionner de son poste de président de la République et a chargé le Conseil suprême des forces armées de gérer les affaires du pays. Que Dieu vous bénisse ». 

Lorsque le communiqué a été diffusé, le pays tout entier est entré dans un état de clameur et d’allégresse. Mais durant les années qui se sont écoulées après ce jour, cette clameur s’est peut-être transformée en questions, que chacun continue de se poser.

 

Dr. Abdellatif El-Menawy, chroniqueur pour Arab News, était en charge de la direction des médias d’état en Egypte, le jour où Moubarak a démissionné. Twitter : @ALMenawy


Reconnaître l'État palestinien et mettre fin à l'effusion de sang, demande l'ancien l'ambassadeur saoudien aux États-Unis

 La paix et la stabilité au Moyen-Orient reposent sur une solution juste à la question palestinienne, a déclaré le prince Turki Al-Faisal, ancien ambassadeur saoudien au Royaume-Uni et aux États-Unis, lors d'un important forum de politique étrangère organisé à Washington. (AFP)
La paix et la stabilité au Moyen-Orient reposent sur une solution juste à la question palestinienne, a déclaré le prince Turki Al-Faisal, ancien ambassadeur saoudien au Royaume-Uni et aux États-Unis, lors d'un important forum de politique étrangère organisé à Washington. (AFP)
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  • Le prince Turki Al-Faisal appelle Washington à "tenir compte des voix de ses amis et alliés dans la région"
  • Au Moyen-Orient, les guerres deviennent "presque normales dans cette région assoiffée de conflits", a-t-il déclaré

RIYAD: La paix et la stabilité au Moyen-Orient reposent sur une solution juste à la question palestinienne, a déclaré le prince Turki Al-Faisal, ancien ambassadeur saoudien au Royaume-Uni et aux États-Unis, lors d'un important forum de politique étrangère organisé à Washington.

S'adressant à la conférence annuelle des décideurs arabes et américains organisée par le Conseil national des relations américano-arabes, l'ancien chef des services de renseignement a déclaré que les troubles récurrents avaient plongé la région dans un "état de confusion stratégique".

Au Moyen-Orient, les guerres deviennent "presque normales dans cette région assoiffée de conflits", a-t-il déclaré.

Soulignant la "réponse implacable et destructrice" d'Israël aux attaques du Hamas du 7 octobre, le prince Turki a déclaré que la guerre qui en a résulté "représente un échec politique découlant de l'arrogance et de convictions infondées qui ont conduit à ignorer les souffrances endurées par la population assiégée de Gaza".

Ces "illusions" ont également conduit Israël à mal interpréter les ouvertures arabes en faveur de la paix, a-t-il ajouté.

"Cependant, le Moyen-Orient n'est pas le seul à connaître des troubles et des incertitudes", a déclaré l'ancien diplomate. "Où que nous regardions aujourd'hui sur la carte du monde, nous constatons qu'il y a une crise dans chaque coin, et sans un horizon clair pour trouver des solutions appropriées qui résolvent les problèmes."

Cet état de confusion stratégique contribue énormément à la poursuite et à l'escalade de la violence, a-t-il ajouté.

"Il crée également de nouveaux conflits qui compliquent la situation dans une région où chaque crise engendre une autre crise et où chaque problème est lié à un autre problème. La fatigue et la confusion au Moyen-Orient sont synonymes d'une forte polarisation, d'une multiplicité de questions conflictuelles et d'une multiplicité d'acteurs concurrents qui gèrent la situation au cas par cas.

Le prince Turki a souligné l'absence d'une orientation ou d'une stratégie claire visant à mettre fin aux conflits de manière pacifique et à créer les conditions nécessaires à la paix, à la stabilité et à la sécurité.

Il a salué les mesures prises par des pays tels que la France et la Norvège pour reconnaître l'État palestinien et "convaincre ceux qui ne le sont pas que la paix au Moyen-Orient passe par une solution juste de cette question en suspens".

Appelant les États-Unis à poursuivre leurs efforts pour mettre fin à la guerre de Gaza, le prince Turki a déclaré que Washington devrait "faire le pas le plus important en prenant en compte les voix de ses amis et alliés dans la région" en soutenant les principes de l'initiative de paix arabe et en faisant pression pour mettre fin au conflit.

Les dirigeants qui font des pas supplémentaires pour la paix sont considérés comme de grands dirigeants", a-t-il déclaré lors de la conférence, ajoutant : "Président Trump, c'est à votre tour de faire un pas en avant : "Président Trump, c'est à votre tour d'être ce leader. Menez votre proposition de cessez-le-feu en 20 points jusqu'à l'inévitable 21e point."

Le prince Turki a exhorté le dirigeant américain à profiter de la visite officielle du prince héritier Mohammed bin Salman pour reconnaître l'État palestinien et "mettre fin à jamais à l'effusion de sang des Palestiniens et des Israéliens."


Le président libanais juge le monopole des armes à l'Etat "nécessaire et inévitable"

le président libanais Joseph Aoun s'adressant à la nation à la veille de la fête de l'indépendance dans un discours télévisé depuis le quartier général du commandement du secteur sud du Litani de l'armée libanaise à Tyr, le 21 novembre 2025. (AFP)
le président libanais Joseph Aoun s'adressant à la nation à la veille de la fête de l'indépendance dans un discours télévisé depuis le quartier général du commandement du secteur sud du Litani de l'armée libanaise à Tyr, le 21 novembre 2025. (AFP)
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  • Le président libanais Joseph Aoun affirme que le monopole des armes par l’État est “nécessaire et inévitable”, alors que l’armée prévoit de démanteler la présence militaire du Hezbollah au sud du Liban conformément au cessez-le-feu
  • Ce message intervient dans un contexte de fortes pressions américaines, de frappes israéliennes récurrentes et d’appels libanais à un soutien et un encadrement international pour sécuriser la mise en œuvre de ces engagements

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun, sous forte pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, a jugé dans un discours prononcé vendredi dans le sud du Liban "nécessaire et inévitable" le monopole des armes à l'Etat.

Depuis le cessez-le-feu qui a mis fin il y a un an à une guerre meurtrière entre Israël et le mouvement pro-iranien, le Liban est sous forte pression de Washington pour qu'il pousse le Hezbollah à remettre ses armes à l'armée libanaise.

Conformément à l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

L'armée a ainsi soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque d'ici la fin de l'année, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais.

Dans son discours, prononcé à la veille de la fête nationale, le président libanais a jugé le monopole de l'Etat sur les armes "nécessaire et inévitable" tout en appelant le comité chargé de surveiller la trêve regroupant Etats-Unis, France, ONU, Liban et Israël, à "s'assurer que les forces armées libanaises contrôlent seules" le sud du pays.

Il a répété que le Liban était prêt à négocier, sous parrainage américain ou international, "tout accord qui mettra fin à ces agressions transfrontalières".

Joseph Aoun a enfin exhorté "les amis du Liban et les pays frères à superviser l'ensemble de ce processus en établissant un calendrier clair et en mettant en place un mécanisme international de soutien à l'armée libanaise".

Au cours des dernières semaines, l'armée israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban, accusant le Hezbollah de chercher à y reconstruire les infrastructures militaires détruites lors de sa guerre contre ce mouvement soutenu pro-iranien et allié au Hamas palestinien.

Selon le ministère de la Santé, une personne a été tuée lors d'une frappe vendredi dans le sud du Liban. Plus de 330 personnes ont été tuées au Liban et 945 blessées depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, selon la même source.

Morris Tidball-Binz, rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, a dénoncé vendredi dans un communiqué le "schéma répété de meurtres illégaux et de violations du cessez-le-feu par Israël".


L'armée israélienne affirme que l'attaque au Liban a tué 13 militants du Hamas

Des personnes en deuil portent les cercueils des victimes de la frappe aérienne israélienne de mardi, lors d'un cortège funèbre dans le camp de réfugiés palestiniens d'Ein El-Hilweh, dans la ville portuaire de Sidon, au sud du Liban, jeudi. (AP)
Des personnes en deuil portent les cercueils des victimes de la frappe aérienne israélienne de mardi, lors d'un cortège funèbre dans le camp de réfugiés palestiniens d'Ein El-Hilweh, dans la ville portuaire de Sidon, au sud du Liban, jeudi. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir tué 13 membres du Hamas, dont Jihad Saïdaoui, dans une frappe sur le camp d’Aïn el-Héloué, tandis que le Hamas dénonce un « massacre » visant des civils
  • Le lieu de la frappe est au cœur d’un récit contradictoire : Israël parle d’un camp d’entraînement, tandis que des témoins et le Hamas évoquent un terrain de sport fréquenté par des jeunes du camp

JERUSALEM: L'armée israélienne a affirmé vendredi avoir tué "13 terroristes du Hamas" dans sa frappe menée mardi soir sur le camp de réfugiés palestiniens d'Aïn el-Héloué au Liban, dans laquelle les autorités libanaises ont annoncé 13 morts, sans préciser leur identité.

"Treize terroristes du Hamas ont été éliminés" dans cette frappe, "dont Jihad Saïdaoui, impliqué dans la formation de terroristes destinés à mener des attaques" contre Israël et ses soldats à partir territoire libanais, écrit dans un communiqué en hébreu l'armée qui avait aussi utilisé la graphie de "Jaouad Sidaoui".

A l'AFP qui lui demandait de lui fournir la liste nominative des douze autres personnes qu'elle dit avoir éliminées dans la frappe, l'armée israélienne a répondu n'avoir rien à ajouter à ce qui a été publié dans son communiqué.

Dans un avis de décès ayant circulé mercredi au Liban, le Hamas a publié la liste des noms des treize morts, en commençant par celui de Jihad Saïdaoui, avant de publier le lendemain sur Telegram, un message avec les photos de treize hommes d'apparence jeune, voire juvénile, accompagné d'un texte qualifiant la frappe "d'horrible massacre" ayant causé la mort de "plusieurs civils innocents".

Mardi, peu de temps après la frappe, l'armée israélienne avait annoncé avoir visé "des terroristes en opération dans un camp d'entraînement du Hamas".

"Les allégations (d'Israël) selon lesquelles le lieu ciblé serait un complexe d'entraînement appartenant au mouvement ne sont que pure calomnie (et visent) à justifier son agression criminelle et à inciter à la haine contre les camps et notre peuple palestinien", avait répliqué le Hamas, affirmant n'avoir "aucune installation militaire dans les camps palestiniens au Liban".

- "Terrain de sport" -

L'armée israélienne a diffusé ce qu'elle a présenté comme une vidéo de sa frappe montrant une attaque sur un bâtiment.

Mais le mouvement islamiste palestinien affirme que "ce qui a été pris pour cible est un terrain de sport ouvert fréquenté par les jeunes du camp (...) et que ceux qui ont été visés étaient un groupe de jeunes présents sur le terrain au moment de l'attaque".

"On a entendu trois explosions, nos maisons ont vacillé et les enfants tremblaient de peur", a déclaré à l'AFP au lendemain de l'attaque Mohammad Moustafa, habitant d'Aïn al-Heloué, le plus grand des camps de réfugiés palestiniens du Liban, près de la ville de Saïda, dans le sud du pays.

Agé de 67 ans, M. Moustafa a assuré que les morts étaient en majorité "des jeunes du camp qui jouaient au foot dans un terrain à l'intérieur du hangar" visé, dans lequel un correspondant de l'AFP a vu mercredi matin des taches de sang maculant le sol et des secouristes rassemblant des restes humains.

Lors des funérailles organisées à l'intérieur du camp pour 11 des 13 personnes tuées, un correspondant de l'AFP a vu des drapeaux aux couleurs du mouvement islamiste du Hamas, mais aussi des drapeaux palestiniens, sur les cercueils.

Les deux autres, dont une personne identifiée comme étant Jihad Saïdaoui, ont été enterrées dans un cimetière à l'extérieur du camp.

Le Liban "s'est engagé à désarmer les factions armées dans les camps palestiniens, mais les organisations terroristes continuent d'exploiter cyniquement la population et les infrastructures civiles" à leurs fins, écrit vendredi l'armée israélienne.

La frappe sur Aïn el-Héloué est survenue sur fond de trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza et alors que l'armée israélienne intensifie ses tirs sur le sud du Liban malgré un cessez-le-feu avec le Hezbollah, allié du Hamas, qu'elle accuse de chercher à se réarmer.