Click on the number for more info

La victoire olympique d’El Moutawakel

Elle inspira les générations futures d’athlètes féminines à atteindre de nouvelles étapes marquantes pour le sport au Moyen-Orient  (Getty Images)
Elle inspira les générations futures d’athlètes féminines à atteindre de nouvelles étapes marquantes pour le sport au Moyen-Orient (Getty Images)
Short Url
Publié le Mardi 08 décembre 2020

La victoire olympique d’El Moutawakel

  • L’athlète est la première femme arabe musulmane (et marocaine) à remporter une médaille d’or
  • Dans le cadre du plan de réforme de la Vision 2030 du Royaume, une plus grande participation des femmes dans le sport les mènera probablement à des sommets encore plus hauts

L’athlète est la première femme arabe musulmane (et marocaine) à remporter l’or olympique.  

Résumé

Le 8 août 1984, Nawal El Moutawakel, la seule athlète féminine de la délégation marocaine aux Jeux olympiques d’été de Los Angeles, a besoin d’un peu plus de 54 secondes pour l’emporter dans le 400 mètres haies féminin, inscrit pour la première fois aux Jeux.

L’athlète est la première femme arabe musulmane (et marocaine) à remporter une médaille d’or. Elle sera également par la suite la première femme musulmane membre de la commission exécutive du Comité international olympique (CIO). Elle inspira les générations futures d’athlètes féminines à atteindre d’autres étapes marquantes pour le sport au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Ces étapes majeures sont notamment le port du hijab dans les ligues sportives et la participation d’athlètes féminines saoudiennes aux Jeux olympiques de 2012. Dans le cadre du plan de réforme de la Vision 2030 du Royaume, une plus grande participation des femmes dans le sport les mènera probablement à des sommets encore plus hauts.

 

DJEDDAH - Avant la récente suspension des vols internationaux, précisément le 1er mars, je visitais le Musée olympique de Lausanne avec l’équipe de basketball féminine de Riyadh United. Nous avions été invitées par l’ancien président suisse Ueli Maurer. 

Le musée propose de faire revivre l’esprit des Jeux Olympiques et du sport grâce à ses expositions interactives, allant des Jeux olympiques antiques, en 776 av. J.-C, au fondateur des jeux de l’ère moderne, le baron Pierre de Coubertin, qui participa à la création du Comité international olympique (CIO) à Paris le 23 juin 1894.

 

Les dates clés :

  1. 1900 : Les femmes sont autorisées à participer aux Jeux olympiques pour la première fois, lors des Jeux de Paris. La Suissesse Hélène de Pourtalès devient la première femme à décrocher l’or olympique (son équipe l’emportant en voile). La Britannique Charlotte Cooper est la première championne en sport individuel (Simples Dames de Tennis).
  2. Le 8 août 1984 : lors des Jeux Olympiques d’été de Los Angeles, Nawal El Moutawakel remporte la finale du 400 mètres haies, devenant la première femme arabe et musulmane à remporter une médaille d’or.
  3. Juin 2012 : Pour la première fois, l’Arabie Saoudite envoie une délégation d’athlètes féminines aux Jeux olympiques, se déroulant à Londres : Wojdan Shaherkani (Judo) et Sarah Attar (Athlétisme), qui reçoit une ovation en franchissant la ligne d’arrivée.
  4. Le 10 août 2016 : Aux Jeux olympiques d’été de Rio de Janeiro, Sarah Ahmed remporte une médaille de bronze en haltérophilie, faisant d’elle la première femme égyptienne médaillée olympique. 
  5. Le 13 août 2016 : L’escrimeuse Ibtihaj Muhammad, la première athlète américaine à participer aux Jeux olympiques vêtue d’un hijab, remporte une médaille de bronze au sabre, aux Jeux de Rio de Janeiro.
  6. Le 25 août 2016 : Le Prince héritier Mohammad Ben Salman lance Vision 2030, qui comprend une vaste participation aux sports.
  7. Le 3 mai 2017 : La Fédération Internationale de Basketball supprime l’interdiction pour les joueuses de porter le hijab.
  8. Le 20 mars 2019 : L’équipe saoudienne unifiée remporte une médaille d’or aux Jeux olympiques spéciaux mondiaux à Abou Dhabi.
  9. Octobre 2019 : L’Arabie Saoudite envoie ses premières équipes nationales féminines pour participer aux 6ème Jeux du CCG au Koweït.

 

La première édition des Jeux d'été de l'ère moderne se déroule en 1896 à Athènes avec la participation de 14 pays, mais pas d’athlètes féminines. Lors des Jeux olympiques suivants, à Paris en 1900, les femmes sont autorisées à participer pour la première fois, vêtues de jupes tombant jusqu’aux chevilles. Leur participation est limitée à certaines épreuves : La voile, le golf, le tennis et le croquet.

Ce n’est qu’en 1928, aux Jeux olympiques d’Amsterdam, que les femmes sont autorisées à participer aux épreuves d’athlétisme. 55 ans plus tard, lors des Jeux olympiques de Los Angeles, Nawal El Moutawakel remporte la finale du 400 mètres haies, devenant la première femme arabe, musulmane (et marocaine) à remporter une médaille d’or. Les journaux à travers le monde couvrent cet événement marquant, publiant sa photo en première page. 

Même si j’étais trop jeune pour me souvenir de ce moment, l’entrée dans la légende de Nawal El Moutawakel est une étape majeure parmi les réalisations des athlètes féminines arabes et musulmanes. Lors de sa victoire, le Roi Hassan II du Maroc l’appela pour la féliciter et déclara que toutes les filles nées ce jour-là porteraient son nom en son honneur.

En me plongeant dans ma propre expérience d’athlète amateure ayant grandi en Arabie Saoudite, je dirais que je suis issue d’une famille ayant intégré le sport dans nos vies à un très jeune âge. Mes frères et sœurs et moi avions l’habitude de jouer au tennis, football, et même au cricket avec mon père.

J’étais étudiante dans des écoles privées saoudiennes, ce qui me donnait l’opportunité de pratiquer des sports. Mais c’est dans le basketball que je trouvais ma passion. Mon oncle Tariq fut mon premier coach de basketball. Il acheta plusieurs paniers et en installa dans tous les garages de la famille.

En 2003, je réunissais mes partenaires d’école pour former une équipe de basketball local. Cela me conduisit à créer la ‘Jeddah United Sports Co.’ qui devint plus tard la première académie de sports accréditée en Arabie Saoudite. Les équipes féminines de ‘Jeddah United’ et ‘Riyadh United’ ont participé à des programmes d’échange sportifs à travers le monde.

Les femmes saoudiennes commencèrent aussi à marquer l’histoire du sport à travers leurs propres réalisations. En 2008, Arwa Mutabagani devint la première femme nommée au comité exécutif de la Fédération saoudienne d’équitation.  Sa fille, Dalma Malhas, remporta une médaille de bronze aux Jeux olympiques de la Jeunesse à Singapore en 2010.

En mai 2012, je réussis à atteindre le camp de base du mont Everest avec 10 autres femmes saoudiennes, avec à leur tête la Princesse Reema bint Bandar, l’actuelle ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, dans un effort de sensibilisation au cancer du sein et à l’importance des activités physiques pour sa prévention et son traitement.

1

« La jeune femme de 22 ans de Casablanca, les larmes aux yeux, effectua un tour d’honneur, brandissant le drapeau de son pays qui lui avait été transmis par le public après une victoire en 54,61 secondes, très proche du record du monde ».

Extrait d’un article à la une d’Arab News, le 10 août 1984

En juin 2012, L’Arabie Saoudite se joignit au reste du monde en envoyant des athlètes féminines aux Jeux Olympiques d’été de Londres. Wojdan Shaherkani s’aligna au judo et Sara Attar concourut au 800 mètres. Même si elle termina en dernière position, Attar reçut une ovation des 80 000 spectateurs qui l’encouragèrent lorsqu’elle franchit la ligne d’arrivée.

L’ambitieux plan de réformes Vision 2030 de l’Arabie Saoudite fut annoncé le 25 avril 2016. La promotion du sport et des activités physiques fait partie de ses objectifs stratégiques d’émancipation socio-économique. Parmi les objectifs, on peut citer l’augmentation du nombre d’individus pratiquant une activité sportive de 13% à 40%, le soutien aux athlètes saoudiens pour leur permettre d’atteindre de hautes performances dans différentes disciplines sportives ainsi que le renforcement de leur participation à des événements sportifs internationaux.

Extrait des archives d’Arab News du 8 août 1984
Extrait des archives d’Arab News du 8 août 1984

 

En 2017, le ministre de l’Education approuva un programme d’éducation physique pour les filles dans les écoles publiques. En 2018, les femmes furent autorisées à assister aux événements sportifs dans les stades, chose qui était jusqu’alors réservée aux hommes.

Aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, on comptait le double d’athlètes féminines saoudiennes – dont Attar - par rapport à l’édition précédente. Ces jeux furent le théâtre de nouvelles étapes majeures pour les femmes arabes et musulmanes : L’Egyptienne Sara Ahmed devint la première femme arabe médaillée en haltérophilie, lorsqu’elle remporta la médaille de bronze, et l’escrimeuse Ibtihaj Muhammad, qui remporta la médaille de bronze au sabre par équipes, devint la première athlète américaine à concourir aux Jeux Olympiques vêtue d’un hijab.

Le 3 mai 2017, la Fédération internationale de basketball (FIBA) annonça la levée de l’interdiction pour les joueuses de porter le hijab. Cette décision est importante, étant donné que c’est à travers le championnat du monde FIBA que les nations obtiennent leurs qualifications aux Jeux olympiques.

En mars 2019, un autre jalon dans l’effort d’inclusion fut établi aux Jeux olympiques spéciaux mondiaux à Abou Dhabi, lorsque l’Arabie Saoudite remporta 18 médailles d’or dans différentes disciplines.  Le Comité olympique saoudien collabora avec le ‘Help Center’, une organisation à but non lucratif reconnue sur la scène internationale dont la mission est de soutenir et d’entraîner des filles et garçons souffrant de handicap mental.

Jeddah United fut chargé de recommander des joueuses qui ne souffraient pas de handicap mental et qui furent intégrées avec des athlètes souffrant de handicap mental afin de former une équipe saoudienne féminine unifiée. Le processus se déroula suivant le concept des 4P : Publique-Privé-Personnes-Partenariat. L’équipe saoudienne féminine unifiée de basketball entra dans l’histoire, en devenant la seule équipe invaincue à remporter une médaille d’or aux Jeux olympiques spéciaux mondiaux à Abou Dhabi.

Plus tard cette même année, les femmes saoudiennes firent une apparition historique aux sixièmes Jeux du CCG (Conseil de Coopération du Golfe) au Koweït, s’alignant dans huit compétitions différentes et remportant deux médailles d’or en escrime.

Dans les Jeux olympiques antiques en Grèce, les athlètes concouraient dans une seule discipline réservée aux hommes : la marche. Qui aurait pu imaginer tous les progrès effectués à travers les années menant à la victoire et à la médaille d’or d’une femme arabe musulmane aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984 ?

Aujourd’hui, nous sommes malheureusement en confinement dû à la pandémie du COVID-19 et les Jeux olympiques de Tokyo ont été reportés, ainsi que bien d’autres événements sportifs. Mais nous devons garder le moral et voir le verre à moitié plein, avec une année entière supplémentaire de préparation et d’entrainements pour 2021. Que Dieu protège l’humanité et le monde entier.

 

Lina K. Almaeena, membre de l’assemblée consultative ‘Choura’, est la co-fondatrice de ‘Jeddah United Sports Co.’ et fait partie de la liste Forbes des 200 femmes arabes les plus puissantes. 


Au Liban, le pape apporte l'espoir et appelle à l'unité

Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel. (AFP)
Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel. (AFP)
Short Url
  • Le chef de l'Eglise catholique a commencé sa journée par une visite à Annaya, un monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898)
  • Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles

ANNAYA: Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel.

Dès le matin, des milliers de fidèles enthousiastes se pressent sous une pluie battante le long de la route empruntée par le pape pour l'acclamer.

"Nous sommes très heureux de la visite du pape, elle nous a rendu le sourire (..) après toutes les difficultés que nous avons traversées", déclare à l'AFP Yasmine Chidiac.

"Tout le monde va à Rome pour voir le pape, mais il est venu chez nous, et c'est la plus grande bénédiction (..) et un espoir pour le Liban", affirme Thérèse Darouni, 65 ans, qui attend le passage du convoi papal devant chez elle, au nord de Beyrouth.

Le chef de l'Eglise catholique a commencé sa journée par une visite à Annaya, un monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898).

Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles.

"Nous devons nous unir" 

Devant le monastère, à 54 km au nord de Beyrouth, des hauts-parleurs diffusent des hymnes religieux et les fidèles agitent des drapeaux libanais et du Vatican.

Les autorités ont décrété deux jours fériés au Liban, où la visite papale suscite un vif enthousiasme, malgré les craintes d'un retour de la guerre avec Israël.

En dépit d'un cessez-le-feu intervenu il y a un an entre le Hezbollah pro-iranien et le pays voisin, l'armée israélienne a intensifié ces dernières semaines ses frappes au Liban.

Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens.

Léon XIV est le troisième pape à effectuer une visite officielle au Liban, après Jean-Paul II en 1997 et Benoît XVI en 2012.

Il doit prononcer lundi un discours devant les évêques, prêtres et religieux du pays au sanctuaire de Harissa, au pied de la statue de Notre-Dame du Liban qui surplombe la baie de Jounieh, sur la Méditerranée.

Dans l'après-midi, deux autres moments forts sont prévus: une prière interreligieuse sur la place des Martyrs au centre de Beyrouth, un vaste espace emblématique symbole de mémoire nationale, et une rencontre avec des jeunes au patriarcat de Bkerké (nord).

"Au moment où nous sommes confrontés à de nombreux problèmes économiques, sociaux et politiques, nous avons besoin d'espoir", déclare Elias Abou Nasr Chaalan, 44 ans.

"Nous devons nous unir en tant que Libanais, comme le pape a réuni les responsables et les chefs religieux lors de son arrivée, car c'est en restant unis que nous pouvons surmonter toutes les difficultés", ajoute ce père de deux enfants.

 "Modèle de coexistence" 

Dimanche soir, tous les responsables politiques et religieux se sont rendus au palais présidentiel pour accueillir le souverain pontife.

Dans un discours, le pape a appelé les Libanais à "rester" dans leur pays, où l'effondrement économique depuis 2019 a aggravé l'émigration massive, et à oeuvrer pour la "réconciliation".

Devant les dirigeants, il a appelé la classe politique à "se mettre au service du peuple avec engagement et dévouement".

La crise économique inédite qui a éclaté à l'automne 2019 et ruiné les Libanais a été imputée en grande partie à la négligence de la classe politique, régulièrement accusée de clientélisme communautaire et de corruption.

Le système politique libanais garantit une parité unique dans la région entre musulmans et chrétiens,mais en dépit du rôle politique important que jouent ces derniers, ils ont vu leur nombre diminuer ces dernières décennies, en raison notamment du départ des jeunes.

"La sauvegarde du Liban, unique modèle de coexistence" entre chrétiens et musulmans, "est un devoir pour l’humanité", a déclaré dimanche soir le président Joseph Aoun, seul chef d'Etat arabe chrétien, devant le pape.

"Car si ce modèle venait à disparaître, nul autre lieu ne pourrait le remplacer".


Gaza: Israël dit avoir tué 40 combattants palestiniens dans des tunnels à Rafah

L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
Short Url
  • Selon un responsable du Hamas à Gaza, "entre 60 et 80 combattants" seraient coincés sous terre à Rafah
  • Mercredi, le Hamas a appelé les pays médiateurs à faire pression sur Israël pour permettre à ses combattants de quitter les tunnels où ils sont bloqués dans le territoire palestinien

JERUSALEM: L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas.

Depuis 40 jours, les troupes concentrent leurs efforts dans la zone est de Rafah, "dans le but de démanteler les réseaux de tunnels souterrains qui subsistent dans la région et d'éliminer les terroristes qui s'y cachent", a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué.

"Au cours de la dernière semaine, plus de 40 terroristes ont été éliminés dans la zone du réseau de tunnels" et "des dizaines d'entrées de tunnels et de sites d'infrastructures terroristes, tant en surface que souterrains, ont été démantelés dans la région", a-t-elle poursuivi.

Plus tôt, l'armée israélienne avait dit avoir tué quatre combattants palestiniens qui sortaient de tunnels à Rafah.

Plusieurs sources au fait des discussions ont indiqué jeudi à l'AFP que des négociations étaient en cours sur le sort de dizaines de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas, coincés depuis plusieurs semaines dans des tunnels dans le secteur de la bande de Gaza contrôlée par l'armée israélienne.

Selon un responsable du Hamas à Gaza, "entre 60 et 80 combattants" seraient coincés sous terre à Rafah.

Mercredi, le Hamas a appelé les pays médiateurs à faire pression sur Israël pour permettre à ses combattants de quitter les tunnels où ils sont bloqués dans le territoire palestinien, dans le secteur où s'est redéployée l'armée israélienne dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre.

"Nos combattants à Rafah ne peuvent pas accepter de se rendre ou de remettre leurs armes à l'occupation (Israël, NDLR)", a déclaré dimanche dans un communiqué Hossam Badran, un haut responsable du mouvement.

L'envoyé spécial américain Steve Witkoff avait lui affirmé début novembre que jusqu'à 200 combattants du Hamas seraient bloqués dans des tunnels à Gaza.

Interrogé alors par l'AFP, un porte-parole du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait indiqué que celui-ci n'était pas disposé à leur délivrer un sauf-conduit.

La trêve conclue plus de deux ans après le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023 reste très fragile, les deux belligérants s'accusant mutuellement de la violer.

La bande de Gaza, dévastée par la campagne militaire israélienne, reste plongée dans une très grave crise humanitaire.


«La paix n'est pas seulement une question d'équilibre, c'est aussi savoir comment vivre ensemble», dit le pape au Liban

Le pape Léon XIV rencontre le président libanais Joseph Aoun dimanche au palais présidentiel de Beyrouth. (AFP)
Le pape Léon XIV rencontre le président libanais Joseph Aoun dimanche au palais présidentiel de Beyrouth. (AFP)
Short Url
  • Le dialogue mutuel, même en cas de malentendus, est la voie de la réconciliation, déclare-t-il
  • Aoun : "Si le Liban est paralysé ou transformé, l'alternative sera une ligne de fracture dans notre région et dans le monde"

BEYROUTH : Le pape Léon XIV a appelé à la paix au Liban lors d'un discours prononcé à Beyrouth devant plus de 400 personnalités politiques, religieuses et sociales du pays.

"La paix dans ce pays est plus qu'un mot ; c'est un désir, un message, un don et un travail en cours", a-t-il déclaré lors de la première étape de sa visite historique de trois jours au Liban.

Le Liban a "un peuple qui n'abandonne pas, mais qui, face à l'adversité, sait toujours se relever avec courage", a-t-il ajouté.

"Votre résilience est une caractéristique fondamentale des vrais artisans de la paix, car l'instauration de la paix est, en réalité, un éternel recommencement. L'engagement et l'amour de la paix ne connaissent pas la peur face à la défaite apparente, ni le découragement face à la déception. Au contraire, ils regardent vers l'avenir, accueillant et embrassant toutes les situations avec espoir".

Le pape, qui revenait d'une visite en Turquie, a déclaré au public libanais que "la construction de la paix exige de la persévérance".

Il a ajouté : "Vous êtes un pays diversifié, une communauté parmi les communautés, unie par une langue commune. Je ne me réfère pas seulement à la langue arabe levantine, dans laquelle votre grand passé a laissé des trésors inestimables. Je me réfère surtout à la langue de l'espoir, qui vous a toujours permis de prendre un nouveau départ.

"Presque partout dans le monde qui nous entoure, une sorte de pessimisme et de sentiment d'impuissance semble s'être installé, où les gens ne sont plus capables de se demander ce qu'ils peuvent faire pour changer le cours de l'histoire.

"Il semble que les grandes décisions soient prises par quelques privilégiés, souvent au détriment du bien commun, comme s'il s'agissait d'une fatalité. Vous avez beaucoup souffert des conséquences d'une économie dévastée et de l'instabilité mondiale, qui a eu des effets dévastateurs même au Levant, et de l'extrémisme des identités et des conflits. Mais vous avez toujours voulu, et vous avez su, prendre un nouveau départ".

Il a appelé la jeunesse libanaise à "ne jamais se séparer de son peuple et à se mettre avec engagement et dévouement à son service, riche de sa diversité. Ne parlez qu'une seule langue, celle de l'espoir".

En ce qui concerne le rétablissement de la paix dans le pays, il a déclaré : "Il y a des blessures personnelles et collectives : "Il y a des blessures personnelles et collectives qui prennent de nombreuses années, parfois même des générations, à guérir. Si elles ne sont pas traitées, si nous ne travaillons pas, par exemple, à guérir les mémoires et à réunir ceux qui ont souffert de l'injustice et de l'oppression, il sera difficile d'avancer vers la paix. Nous resterons piégés, chacun d'entre nous étant prisonnier de sa propre douleur et de sa propre façon de penser."

"La paix est bien plus qu'un simple équilibre - toujours fragile - entre ceux qui vivent séparément sous un même toit. La paix, c'est savoir vivre ensemble, en communion, comme des personnes réconciliées. Une réconciliation qui nous permet de travailler ensemble pour un avenir commun, côte à côte. Ainsi, la paix devient cette abondance qui nous surprend lorsque nos horizons s'élargissent, dépassant tous les murs et toutes les barrières. Le dialogue mutuel, même face à l'incompréhension, est le chemin de la réconciliation."

Le pape a exhorté les Libanais à "rester dans leur patrie et à travailler jour après jour pour construire une civilisation d'amour et de paix, car c'est une chose très précieuse". L'Église ne se préoccupe pas seulement de la dignité de ceux qui quittent leur patrie, mais elle ne veut pas que quiconque soit forcé de partir. Elle veut au contraire que ceux qui souhaitent retourner dans leur patrie puissent le faire en toute sécurité".

Il a ajouté : "Le défi, non seulement pour le Liban, mais pour l'ensemble du Levant, est de savoir comment faire pour que les jeunes, en particulier, ne se sentent pas obligés de quitter leur patrie et d'émigrer ? Comment pouvons-nous les encourager à ne pas chercher la paix ailleurs, mais à trouver des garanties de paix et à être des pionniers dans leur propre pays ?"

Léon XIV a souligné "le rôle essentiel des femmes dans l'entreprise ardue et patiente de préservation et de construction de la paix".

Il a déclaré : "N'oublions pas que les femmes ont une capacité particulière à construire la paix, parce qu'elles savent comment favoriser et renforcer les liens profonds avec la vie, les personnes et les lieux. Leur participation à la vie sociale et politique, ainsi qu'à leurs communautés religieuses, représente une véritable force de renouveau dans le monde entier".

Plus tard, le président libanais Joseph Aoun a déclaré : "Le Liban, ce petit pays par sa taille mais grand par sa mission, a toujours été et reste une terre qui unit la foi et la liberté, la diversité et l'unité, la douleur et l'espoir.

Il a souligné que le pays était "unique au monde", ce qui "nécessite que toute l'humanité vivante préserve le Liban".

M. Aoun a ajouté : "Car si ce modèle de vie libre et égale entre les adeptes de différentes religions venait à disparaître, il n'y aurait pas d'autre endroit sur terre qui puisse l'accueillir.

"Si la présence chrétienne disparaît du Liban, l'équation de la nation s'effondrera et sa justice s'effritera. Si la présence musulmane disparaît du Liban, l'équation de la nation sera perturbée et sa modération sera brisée. Si le Liban est paralysé ou transformé, l'alternative inévitable sera des lignes de fracture dans notre région et dans le monde, entre toutes sortes d'extrémismes et de violences intellectuelles, physiques et même sanglantes. C'est une chose que le Saint-Siège a toujours comprise.

"Nous affirmons aujourd'hui que la survie même de ce Liban, présent et présent autour de vous, est une condition préalable à la paix, à l'espoir et à la réconciliation entre tous les enfants d'Abraham."

Le président s'est adressé au pape et a déclaré : "Dans notre pays aujourd'hui, et dans notre région, il y a beaucoup d'oppression et beaucoup de souffrance. Leurs blessures attendent votre toucher béni. S'il vous plaît, dites au monde en notre nom que nous ne mourrons pas, que nous ne partirons pas, que nous ne désespérerons pas et que nous ne nous rendrons pas.

"Au contraire, nous resterons ici, respirant la liberté, créant la joie, pratiquant l'amour, embrassant l'innovation et aspirant à la modernité. Nous resterons le seul espace de rencontre de toute notre région, représentants unis de tous les enfants d'Abraham, avec toutes leurs croyances, leurs valeurs sacrées et leur héritage commun."

L'avion du pape a atterri à l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, en provenance d'Istanbul, vers 16 heures, dans le cadre de mesures de sécurité et d'organisation rigoureuses.

Deux jets de l'armée libanaise ont escorté l'avion papal lors de son entrée dans l'espace aérien libanais.

Le pape a déclaré à la délégation de presse qui l'accompagnait dans l'avion que sa visite en Turquie avait été "positive et réussie".

Remerciant le président turc et l'Église d'Orient, il a ajouté que "le but de sa visite au Liban est de construire la paix".

Le président Joseph Aoun, le président du Parlement Nabih Berri, le premier ministre Nawaf Salam, le patriarche maronite Bechara Al-Rahi, le commandant de l'armée, le général Rudolph Haykal, un grand nombre de chefs religieux de tout le Liban, des membres du corps diplomatique arabe et étranger, des représentants des blocs parlementaires et des groupes de civils attendaient le pape sur le tarmac de l'aéroport de Beyrouth.

À sa sortie de l'avion, l'armée libanaise a tiré une salve de 21 coups de canon en son honneur et les cloches des églises ont sonné dans tout le Liban. Les navires amarrés dans le port de Beyrouth ont fait retentir leurs sirènes en guise de bienvenue.

Deux enfants du Children's Cancer Center ont offert au pape un bouquet de fleurs, du pain, du sel et de la terre du Liban sur le tarmac, dans le cadre d'une tradition symbolique.

Le pape a reçu un accueil officiel dans le salon VIP, après quoi il s'est rendu au palais présidentiel.

Le cortège de Léon XIV a emprunté les autoroutes de la banlieue sud de Beyrouth, où des dizaines d'habitants se sont massés le long des routes, brandissant des drapeaux libanais et du Vatican. Certains ont brandi des drapeaux du Hezbollah et des photos de l'ancien secrétaire général Hassan Nasrallah.

Le long de la route allant de la banlieue sud de Beyrouth à Hazmieh, en passant par les routes menant à Baabda et au palais présidentiel, des centaines de personnes - enfants, femmes, hommes, personnes âgées et malades - se sont rassemblées malgré la forte pluie. Elles portaient des parapluies blancs, agitaient des drapeaux du Vatican et du Liban et scandaient son nom. Certains ont déclaré qu'il était "une lueur d'espoir pour le Liban", tandis que d'autres espéraient que sa "visite historique sauverait ce pays de ses crises".

Une femme a déclaré : "Les diverses communautés religieuses qui accueillent le pape sont un signe d'espoir pour le Liban" : "Les diverses communautés religieuses qui accueillent le pape témoignent de l'engagement du Liban en faveur de la coexistence.

Avant d'arriver au palais présidentiel, le pape est passé de sa voiture blindée noire à son véhicule vitré, saluant au passage les personnes qui avaient arrosé son cortège de pétales de roses et de riz.

Au son de la musique traditionnelle libanaise dabke et accompagné d'une escorte de chevaux, le pape a été reçu dans la cour du palais présidentiel.

Dans le salon VIP, Léon XIV a tenu des réunions privées séparées avec chaque dirigeant libanais.

Dans une autre salle, les 400 personnalités politiques, dont une délégation de députés du Hezbollah, des chefs de communautés religieuses, des membres du corps diplomatique et des représentants de la société civile, attendaient d'entendre le discours du pape.