Le traitement inhumain des migrants à l’origine de l’incendie mortel de Sanaa

Un incendie qui a fait des dizaines de morts dans la capitale yéménite a mis en lumière les conditions de vie des réfugiés détenus à Sanaa, ville contrôlée par les Houthis. (Photo, ONU/Archives)
Un incendie qui a fait des dizaines de morts dans la capitale yéménite a mis en lumière les conditions de vie des réfugiés détenus à Sanaa, ville contrôlée par les Houthis. (Photo, ONU/Archives)
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Publié le Vendredi 12 mars 2021

Le traitement inhumain des migrants à l’origine de l’incendie mortel de Sanaa

  • Les groupes de défense des droits de l’homme accusent la milice soutenue par l’Iran d’avoir provoqué le sinistre qui a fait des dizaines de morts
  • Les Yéménites, indignés par la mort des migrants, réclament une enquête internationale

DUBAÏ: Les Houthis au Yémen tentaient de mettre fin à des émeutes dans un centre de détention surpeuplé ce qui aurait provoqué un incendie et entraîné la mort de migrants africains, d’après de nouvelles informations.

La colère a pris de l’ampleur au Yémen et dans le monde après que l’incendie, qui a eu lieu dimanche à Sanaa, la capitale contrôlée par les Houthis, ait levé le voile sur le traitement «inhumain» des réfugiés par la milice soutenue par l’Iran.

Des vidéos et des images violentes de corps brûlés circulent sur Twitter, accompagnés d’appels à condamner le silence des Houthis sur cet incendie.

Le groupe n’a pas fourni de bilan officiel des morts, ni révélé le nombre de blessés.

Un haut responsable de la communauté des migrants érythréens de Sanaa a déclaré à l’AP qu’au moins 44 migrants sont décédés, un chiffre qui risque de grimper.

La presse locale rapporte que des centaines de personnes auraient péri dans l’incendie du centre qui abritait 900 personnes. L’incendie a eu lieu dans un hangar du complexe comprenant 350 réfugiés.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) précise qu’au moins 170 personnes ont été blessées et que le nombre de morts n’était pas connu.

De nombreux communiqués locaux, dont celui du groupe yéménite de défense des droits de l’homme, Mwatana, affirment que le feu a été allumé par la milice houthie.

Des tentatives de contacter un porte-parole des Houthis ont échoué.

L’incendie a eu lieu quelques jours après que des migrants du centre, situé sur la rue Khawlan, aient commencé à manifester contre le traitement abusif des détenus et les mauvaises conditions, selon Mwatana.

Un migrant détenu au centre déclare que les Houthis les extorquaient, et leur demandaient de payer une somme d’argent en échange de leur libération.

Des témoins confient que les gardes houthis ont tenté de mettre fin à la manifestation dimanche après-midi. Quand les migrants ont refusé, ils ont tiré des «projectiles» dans le hangar, ce qui a provoqué l’incendie.

«Nous avons tenté de nous échapper mais les portes de la salle étaient verrouillées, et nous étions enfermés à l’intérieur», raconte un détenu à Mwatana. «Je pouvais entendre les explosions et mes amis qui gémissaient… mais je ne pouvais aider personne». «Cet horrible événement prouve une fois de plus à quel point le Yémen a désespérément besoin d’enquêtes internationales et d'une reddition de comptes» dit-il.

«La communauté internationale doit immédiatement prendre des mesures concrètes pour démarrer le processus qui mène à la responsabilité pénale et civile vis-à-vis du Yémen. Ceci devrait inclure, les violations et les abus commis contre les migrants et les réfugiés».

Les Yéménites ont exprimé leur indignation sur les réseaux sociaux, et de nombreux comptes ont utilisé le hashtag « HouthisBurnBlackRefugees » (les Houthis brûlent les réfugiés noirs) et «BlackLivesMatter» (les vies des Noirs comptent) et des publications demandant que justice soit rendue aux personnes tuées.

Dans un communiqué pour Arab News, l’OIM a condamné les conditions inhumaines dans les centres de détention à Sanaa.

«Pendant des années, l’OIM a fermement et publiquement plaidé contre l’utilisation de centres de détention des migrants au Yémen. Elle continue de réclamer que tous les migrants soient libérés, notamment ceux qui sont détenus dans des conditions inhumaines», déclare l’agence.

«Si les autorités locales choisisse de détenir des migrants, les conditions doivent respecter la dignité humaine», ajoute le communiqué. «Ce n’était pas le cas, et ce n’est toujours pas le cas dans le centre de détention de Sanaa, comme l’a horriblement montré l’impact mortel de l’incendie».

Le gouvernement yéménite, expulsé de Sanaa par les Houthis en 2014, a exigé une enquête internationale sur l’incendie.

Le ministre yéménite de l’Information, Muammar Al-Aryani, accuse la milice de recruter des migrants détenus pour combattre dans la guerre civile.

«Nous condamnons fermement le crime horrible commis dans les centres de détention de migrants gérés par la milice terroriste houthie dans la capitale occupée, Sanaa, qui a entraîné la mort et la blessure de centaines d’entre eux», a-t-il déclaré.

Le ministre note que les Houthis ont essayé de dissimuler le massacre en enterrant les victimes dans une fosse commune.

Le Yémen est depuis longtemps la destination de millions de réfugiés venant de la corne de l’Afrique qui tentent de trouver refuge.  Beaucoup se sont installés au Yémen depuis des décennies et se sont intégrés à la société yéménite.

En 2020, en raison des restrictions de mouvement et de la fermeture des frontières dues à la pandémie de Covid-19, le nombre de migrants arrivés au Yémen était extrêmement faible, selon l’OIM. Au total, 37 535 personnes sont arrivées au Yémen l’année dernière, contre près de 138 000 en 2019. Un nombre similaire était arrivé l’année précédente.

Le représentant du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés au Yémen, Jean-Nicolas Beuze, déclare à Arab News que si l’OIM a pris les devants dans la réponse à l’incendie, de nombreuses autres ONG ont uni leurs forces pour venir en aide aux personnes touchées.

Outre l’assistance médicale, M. Beuze explique que le Haut Commissariat fournit une assistance en matière de santé mentale à la communauté africaine de Sanaa.

Cet incendie a «un impact psychologique énorme sur la communauté africaine de Sanaa et sur le Yémen dans son ensemble », a-t-il déclaré. 

 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com

 


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.


Soudan: des dizaines de milliers de personnes fuient le conflit qui s'étend à l'est du Darfour 

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
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  • Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusien
  • Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023

PORT-SOUDAN: Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusienne.

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait.

Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023.

Des habitants ont rapporté lundi à l'AFP que des villes entières étaient devenues des cibles militaires, alors que l'armée et les FSR s'affrontent pour le contrôle d'El-Obeid, capitale de l'Etat du Kordofan-Nord, important centre logistique et de commandement reliant le Darfour à Khartoum, qui abrite également un aéroport.

"Aujourd'hui, toutes nos forces ont convergé sur le front de Bara", a affirmé un membre des FSR dans une vidéo diffusée dimanche soir par les paramilitaires, en citant une localité située au nord d'El-Obeid. Les FSR avaient revendiqué la prise de Bara la semaine précédente.

Souleiman Babiker, habitant d'Oum Smeima, à l'ouest d'El-Obeid, a déclaré à l'AFP qu'après la prise d'El-Facher par les paramilitaires, "le nombre de véhicules des FSR a augmenté".

"Nous avons cessé d'aller dans nos champs, de peur des affrontements", a-t-il ajouté.

Un autre habitant, ayant requis l'anonymat pour des raisons de sécurité, a également fait état d'"une forte augmentation des véhicules et du matériel militaire à l'ouest et au sud d'El-Obeid" au cours des deux dernières semaines.

Martha Pobee, secrétaire générale adjointe de l'ONU pour l'Afrique, a alerté la semaine dernière sur de "vastes atrocités" et des "représailles à motivation ethnique" commises par les FSR à Bara, évoquant des schémas similaires à ceux observés au Darfour, où les combattants paramilitaires sont accusés de massacres, de violences sexuelles et d'enlèvements visant les communautés non arabes après la chute d'El-Facher.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.