Beyrouth: L'état d'urgence entériné par le Parlement; Washington se joint à l’enquête

Les manifestants libanais en colère n’ont pas épargné jeudi les députes arrivant à la séance du Parlement consacrée à entériner l’état d’urgence décrété à Beyrouth (Photo, AFP)
Les manifestants libanais en colère n’ont pas épargné jeudi les députes arrivant à la séance du Parlement consacrée à entériner l’état d’urgence décrété à Beyrouth (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 14 août 2020

Beyrouth: L'état d'urgence entériné par le Parlement; Washington se joint à l’enquête

  • Les responsables étrangers qui se succèdent au Liban font désormais un passage obligé par "Beyrouth ground zero"
  • Quelque 640 bâtiments historiques ont été touchés par l'explosion et 60 risquent de s'effondrer, selon l'Unesco

BEYROUTH: Le Parlement a entériné jeudi l'état d'urgence décrété à Beyrouth après l'explosion dévastatrice au port, qui a alimenté la rage de la population contre une classe politique jugée responsable du drame, les Etats-Unis annonçant se joindre à l'enquête sur les causes de la catastrophe.
Plus d'une semaine après l'explosion du 4 août qui a fait plus de 171 morts et 6.500 blessés, les secouristes ont retrouvé jeudi le corps d'un jeune homme qui était encore au volant de sa voiture, noyée dans le port de Beyrouth, ainsi que des restes de victimes dans la salle de commande des silos dévastés non loin, selon un communiqué de l'armée libanaise.
Les responsables étrangers qui se succèdent au Liban font désormais un passage obligé par "Beyrouth ground zero", le site du port soufflé par l'explosion, et les quartiers environnants devenus champs de ruines, à l'instar de la ministre française des Armées, Florence Parly, et du numéro trois de la diplomatie américaine David Hale.
Quelque 640 bâtiments historiques ont été touchés par l'explosion et 60 risquent de s'effondrer, selon l'Unesco.
L'explosion du port a été la catastrophe de trop pour des Libanais déjà éreintés par une crise économique, et a relancé le mouvement de contestation déclenché à l'automne 2019 contre la classe politique, accusée de corruption, d'incompétence et de négligence.
Toute la République était au courant, parfois depuis des années, de la présence dans un entrepôt du port de tonnes de nitrate d'ammonium, et ce depuis six ans, de l'aveu même de certains responsables et selon des sources sécuritaires.
La séance parlementaire s'est tenue jeudi à Beyrouth, tandis que les appels à manifester ont été peu suivis. Présidée par le chef du Parlement, Nabih Berri, en poste depuis 1992, la séance a officiellement entériné l'état d'urgence, décrété pour deux semaines par le gouvernement au lendemain du drame.
Il n'était pas clair après le vote des députés si l'état d'urgence débutait jeudi, ou s'il était déjà considéré en vigueur depuis le 5 août.
Retour "pas encourageants"
Le gouvernement avait précisé qu'en vertu de l'état d'urgence, l'armée serait chargée des prérogatives en matière de sécurité.
Pour l'ONG Legal Agenda, une telle mesure pourrait "porter atteinte à la liberté de manifester" et permettrait à l'armée "d'empêcher les rassemblements considérés comme une ‘menace à la sécurité’".
Ces derniers jours, des heurts ont secoué les abords du Parlement, les forces de l'ordre tirant des gaz lacrymogènes contre des manifestants jetant des pierres.
Une source militaire a toutefois tempéré ces craintes, assurant qu'il ne s'agissait pas de "réprimer les libertés".
Face à la colère de la rue, le gouvernement du Premier ministre Hassan Diab a démissionné lundi, après avoir été formé en janvier par un seul camp politique, celui de l'influent Hezbollah chiite et de ses alliés.
Jeudi, M. Berri a appelé à "accélérer" la formation du nouveau gouvernement. Reste à savoir si l'ampleur du drame poussera les politiciens, abonnés aux marchandages durant plusieurs mois, à prendre une décision rapide.
Des sources occidentales bien informées ont assuré que la communauté internationale espérait une équipe d'indépendants, ayant l'assentiment de la rue mais aussi des partis politiques, pour pouvoir travailler.
Les premiers retours ne sont cependant "pas encourageants" du côté des principaux acteurs politiques, selon ces mêmes sources qui s'attendent à un blocage, face à une pression de la rue jugée "pas très forte".
Le Tonnerre
Une grande partie des Libanais en colère réclament la chute du régime mais aussi le départ du président, du chef du Parlement, des députés et de tous ces dirigeants en place depuis des décennies.
Après l'explosion du port, l'enquête se poursuit. Le sous-secrétaire d'Etat américain pour les Affaires politiques, David Hale, a annoncé que la police fédérale américaine (FBI) allait se joindre aux enquêteurs pour tenter de déterminer les causes de l'explosion, "à l'invitation" des autorités libanaises qui refusent jusqu'à présent une enquête internationale.
Dès vendredi, le parquet doit interroger plusieurs ministres, anciens et actuels, au sujet des tonnes de nitrate d'ammonium stockées au port.
Hale, tout comme Florence Parly, ont pu voir lors de leur tournée des dizaines de jeunes volontaires et des membres d'ONG déblayant les décombres et distribuant des aides dans les quartiers dévastés, en l'absence de représentants des autorités.
Parly doit accueillir dans la nuit le porte-hélicoptères Le Tonnerre, apportant notamment aide alimentaire et matériaux de construction.
Hale rencontrera pour sa part vendredi des responsables libanais ainsi que des représentants de la société civile, avant l'arrivée du ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif à Beyrouth.


Gaza: décès du bébé palestinien sauvé de l'utérus de sa mère mourante

Sous une tempête incessante de frappes à Gaza, la petite fille a survécu à des difficultés insurmontables en tant que seul membre de sa famille encore en vie après avoir été accouchée par césarienne du ventre de sa mère mourante. (AFP)
Sous une tempête incessante de frappes à Gaza, la petite fille a survécu à des difficultés insurmontables en tant que seul membre de sa famille encore en vie après avoir été accouchée par césarienne du ventre de sa mère mourante. (AFP)
Un médecin soigne « Sabreen Al-Ruh Al-Sheikh », un bébé né prématurément par césarienne quelques minutes avant la mort de sa mère, grièvement blessée lors d'une frappe aérienne israélienne, à l'hôpital émirati de Rafah le 24 avril 2024. (AFP)
Un médecin soigne « Sabreen Al-Ruh Al-Sheikh », un bébé né prématurément par césarienne quelques minutes avant la mort de sa mère, grièvement blessée lors d'une frappe aérienne israélienne, à l'hôpital émirati de Rafah le 24 avril 2024. (AFP)
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  • L'hôpital émirati de Rafah, où était hospitalisée cette petite fille née prématurée, a indiqué dans un communiqué que Sabreen al-Rouh --comme l'avait prénommée son oncle-- était décédée jeudi, sans autre détail
  • A Rafah, s'entassent selon l'ONU quelque 1,5 million de personnes, dont plus d'un million déplacés par plus de six mois de bombardements et de combats dans la bande de Gaza (2,4 millions d'habitants)

Le nourrisson palestinien récemment sauvé de l'utérus de sa mère agonisante après un bombardement israélien, est décédé à l'hôpital de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé vendredi son oncle à l'AFP.

L'hôpital émirati de Rafah, où était hospitalisée cette petite fille née prématurée, a indiqué dans un communiqué que Sabreen al-Rouh --comme l'avait prénommée son oncle-- était décédée jeudi, sans autre détail.

"J'ai reçu un appel de (...) l'hôpital émirati de Rafah qui m'a informé que son état s'était dégradé, qu'ils n'avaient pu la sauver, et qu'elle avait rejoint sa famille", tuée dans ce bombardement ayant touché il y a environ une semaine la maison familiale, à l'est de Rafah, a déclaré l'oncle du bébé, Rami al-Sheikh.

Il a indiqué être allé chercher le corps à l'hôpital vendredi. "J'ai ouvert la tombe de son père, Shukri, et je l'ai enterrée là, dans le cimetière Awni Daher de Rafah", a-t-il indiqué.

"Par la volonté d'Allah, il était écrit que Rouh, fille de Sabreen al-Sakani, devait rejoindre sa famille dans l'éternité, malgré les efforts de l'équipe du service néonatal de l'hôpital du Croissant-Rouge émirati pour la sauver jeudi", écrit l'hôpital dans un message posté vendredi.

Sabreen al-Sakani était arrivée agonisante à l'hôpital, très lourdement blessée à la tête et au ventre, respirant difficilement, avait expliqué un chirurgien à l'AFP. En l'examinant les équipes médicales avaient découvert qu'elle était enceinte et avait décidé d'extraire le foetus par césarienne.

Sa mère était morte quelques minutes plus tard, tandis que le père et la soeur du nourrisson étaient arrivés décédés à l'hôpital.

Au moins 19 personnes ont été tuées dans la frappe ayant touché cette maison, selon le ministère de la Santé gazaoui.

A Rafah, s'entassent selon l'ONU quelque 1,5 million de personnes, dont plus d'un million déplacés par plus de six mois de bombardements et de combats dans la bande de Gaza (2,4 millions d'habitants). Israël assure que sont regroupés à Rafah les derniers bataillons du Hamas et dit vouloir y mener une offensive pour les anéantir.

Le Hamas a mené le 7 octobre une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, qui entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a promis d'anéantir le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 34.356 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

 


L'Egypte envoie une délégation en Israël, pour parler d'une trêve à Gaza selon des médias

Les bombardements israéliens de Gaza ont tué plus de 34 000 Palestiniens, dont environ les deux tiers étaient des enfants et des femmes. (Reuters)
Les bombardements israéliens de Gaza ont tué plus de 34 000 Palestiniens, dont environ les deux tiers étaient des enfants et des femmes. (Reuters)
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  • Une délégation venue d'Egypte, l'un des trois pays médiateurs avec le Qatar et les Etats-Unis, est attendue vendredi en Israël pour discuter de questions de sécurité
  • Mais selon des médias israéliens, la délégation doit tenter de relancer les négociations au point mort et plaider pour un accord de trêve impliquant la libération de dizaines d'otages retenus à Gaza

JÉRUSALEM: Une délégation égyptienne est attendue vendredi en Israël pour tenter, selon des médias, de relancer les négociations sur une trêve dans la bande de Gaza associée à une libération d'otages, pendant que se prépare une offensive israélienne sur Rafah.

La guerre entre Israël et le Hamas qui fait rage depuis le 7 octobre dans le territoire palestinien a fait au moins 51 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste. Un correspondant de l'AFP a été le témoin vendredi d'un tir de missiles sur une maison de la ville de Gaza, qui a fait au moins trois morts.

La guerre s'accompagne d'une flambée des violences à la frontière nord d'Israël avec le Liban, où l'armée israélienne a annoncé vendredi la mort d'un civil.

Israël se prépare pendant ce temps à lancer une offensive terrestre dans la ville surpeuplée de Rafah, frontalière avec l'Egypte, dans le sud de la bande de Gaza, que le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, considère comme le dernier grand bastion du Hamas.

De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent un bain de sang dans cette ville, devenue un refuge pour près d'un million et demi de Palestiniens, entassés pour beaucoup dans des camps de tentes, sans eau ni électricité, où ils commencent à souffrir de la chaleur après avoir enduré le froid de l'hiver.

Après six mois et demi de bombardements et de combats au sol, Israël estime que le Hamas dispose de quatre bataillons regroupés à Rafah.

Une délégation venue d'Egypte, l'un des trois pays médiateurs avec le Qatar et les Etats-Unis, est attendue vendredi en Israël pour discuter de questions de "sécurité", selon une source proche du gouvernement.

Mais selon des médias israéliens, la délégation doit tenter de relancer les négociations au point mort et plaider pour un accord de trêve impliquant la libération de "dizaines" d'otages retenus à Gaza.

Selon la chaîne Al-Araby, il s'agit aussi d'appuyer les efforts déployés par l'Egypte pour empêcher une offensive sur Rafah.

Tirs à la frontière libanaise

A la frontière israélo-libanaise, les échanges de tirs sont devenus quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah, un puissant mouvement armé allié du Hamas et soutenu par l'Iran.

Des dizaines de milliers d'habitants ont fui les localités situées de part et d'autre de la frontière.

L'armée a annoncé vendredi qu'un civil israélien travaillant sur un chantier avait été tué près de la frontière par des missiles tirés du sud du Liban.

"Dans la nuit, des terroristes ont tiré des missiles antichar sur la zone d'Har Dov, dans le nord d'Israël", a affirmé l'armée.

Har Dov est le nom israélien des Fermes de Chebaa, une zone contestée située à la frontière entre le Liban et le plateau syrien du Golan, annexé par Israël.

Le Hezbollah affirme de son côté avoir mené "une embuscade complexe" contre un convoi israélien dans les "Fermes de Chebaa occupées" et avoir "détruit deux véhicules".

L'armée a indiqué avoir frappé "des cibles appartenant au Hezbollah dans la zone de Chebaa, dans le sud du Liban, notamment un arsenal et un lanceur" de missiles, ainsi que des "infrastructures opérationnelles" et une "enceinte militaire".

 "Un missile"puis un autre 

La guerre à Gaza a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 34.356 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

Vendredi à la mi-journée, un correspondant de l'AFP a vu des appareils tirer des missiles sur une maison du quartier Al-Rimal de la ville de Gaza, dans le nord du territoire, et les corps d'un homme, d'une femme et d'un enfant être extraits des décombres.

"J'étais assis en train de vendre des cigarettes et soudain un missile est tombé, secouant toute la zone, suivi d'un autre missile, secouant à nouveau la zone. Nous nous sommes précipités pour voir ce qui s'était passé, et nous avons trouvé des martyrs, un homme, une femme et une petite fille", a également raconté à l'AFP un témoin qui n'a pas donné son nom.

Le correspondant de l'AFP a ensuite vu deux frappes aériennes successives toucher le quartier de Zeitoun, au sud-est de la ville de Gaza. Un épais panache de fumée s'élevait du quartier.

La "démocratie" 

La guerre qui a dévasté la bande de Gaza a aussi provoqué un désastre humanitaire dans le territoire de 2,4 millions d'habitants, assiégé par Israël et menacé de famine.

Face aux difficultés d'acheminement de l'aide internationale par la route depuis l'Egypte, en raison des contrôles très stricts imposés par Israël, les Etats-Unis ont commencé à construire un port temporaire et une jetée face au littoral de Gaza, où des navires militaires ou civils pourront déposer leurs cargaisons.

Aux Etats-Unis, pays allié d'Israël, un mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise sur les campus, après être parti il y a plus d'une semaine de l'université Columbia à New York.

Ces manifestations d'étudiants pro-palestiniens font partie de la "démocratie", a affirmé vendredi le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, en visite en Chine.

 

 


Iran: deux « terroristes  » tués dans une frappe de drone

Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
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  • La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche
  • Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone

TEHERAN: Les forces iraniennes ont tué jeudi soir deux "terroristes" dans une frappe de drone dans la région du Sistan-Baloutchistan (sud-est) qui abrite une minorité ethnique, a annoncé un média officiel.

"Une attaque de drone menée par des forces de sécurité contre une voiture transportant des terroristes à proximité de Zahedan a entraîné la mort de deux terroristes", a indiqué l'agence Irna, sans fournir des détails.

La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche, qui adhère à l'islam sunnite plutôt qu'à la branche chiite prédominante en Iran.

Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone. Formé en 2012, il est considéré comme une "organisation terroriste" par l'Iran, ainsi que par les Etats-Unis.

Le 9 avril, le groupe avait revendiqué une attaque contre un véhicule de la police, qui avait coûté la vie à cinq policiers.

Jaish al-Adl avait déjà revendiqué une double attaque le 4 avril contre une base des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, à Rask, et un poste de police à Chabahar, dans la même région. Seize membres des forces de l'ordre et 18 assaillants avaient été tués, selon un bilan des autorités.