Accord Emirats-Israël : salué à l’étranger, conspué par les Palestiniens

Des fidèles devant la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, brandissant un portrait du cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane en guise de protestation. (AFPTV/AFP)
Des fidèles devant la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, brandissant un portrait du cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane en guise de protestation. (AFPTV/AFP)
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Publié le Lundi 17 août 2020

Accord Emirats-Israël : salué à l’étranger, conspué par les Palestiniens

  • L'accord de normalisation des relations entre les Emirats arabes unis et Israël suscite parmi les dirigeants mondiaux des espoirs de reprise des pourparlers de paix moribonds au Moyen-Orient
  • Les Palestiniens ont fermement rejeté l'accord, le qualifiant de « trahison » de leur cause. Ils ont également exigé une réunion d'urgence de la Ligue arabe

JERUSALEM : L'accord de normalisation des relations entre les Émirats arabes unis et Israël suscite parmi les dirigeants mondiaux des espoirs de reprise des pourparlers de paix moribonds au Moyen-Orient, tandis que les Palestiniens et certains de leurs alliés dénoncent une trahison.

Les Émirats arabes unis et Israël doivent signer d'ici trois semaines à Washington cet accord annoncé par surprise jeudi par le président américain, Donald Trump. Il a été conclu sous l'égide des États-Unis et fera d'Abou Dhabi la troisième capitale arabe à suivre ce chemin depuis la création de l'état hébreu en 1948, après l'Égypte et la Jordanie.

Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a nommé vendredi le chef du conseil de la sécurité nationale, une entité qui le conseille sur les questions géostratégiques, Meir Ben Shabbat, pour diriger les pourparlers avec les Émiratis.

Dans le cadre de l'accord, Israël s'est engagé à suspendre son projet d'annexion de territoires palestiniens, une concession saluée par les gouvernements européens et certains gouvernements arabes comme un encouragement aux espoirs de paix.

Mais Netanyahu a déclaré que l'annexion de pans de la Cisjordanie occupée était seulement "reportée" et qu'Israël n'y avait "pas renoncé".

Les Palestiniens ont fermement rejeté l'accord, le qualifiant de « trahison » de leur cause. Ils ont également annoncé le rappel de leur ambassadeur aux Émirats et exigé une réunion d'urgence de la Ligue arabe.

« J’essaie de comprendre dans quel sens c'est une trahison alors que nous ouvrons une porte pour qu'Israël repense son projet d'annexion », a réagi Omar Saif Ghobash, ministre adjoint émirati des Affaires étrangères dans un entretien avec l'AFP.

Après la grande prière du vendredi à Jérusalem, les fidèles devant la mosquée Al-Aqsa ont marché sur des photos de l'homme fort des Émirats, cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane. Dans la ville occupée de Naplouse, en Cisjordanie, des personnes ont mis le feu à des photos de cheikh Mohammed, Netanyahu et Trump.

A Ramallah, en Cisjordanie, Jihad Hussein a fustigé l'accord : « Le peuple palestinien a été poignardé dans le dos par les dirigeants des Emirats. Mais ni cet accord ni rien d'autre ne sapera notre volonté de lutter pour la liberté et l'indépendance », a dit cet habitant.

Reste que l'accord fait naître à l'étranger des espoirs de relance des pourparlers israélo-palestiniens, à l'arrêt depuis 2014.

L'Allemagne a ainsi estimé vendredi qu'il s'agissait d'une « contribution importante à la paix dans la région » qui allait « permettre de donner un nouvel élan au processus de paix au Proche-Orient ».

De son côté, la France y a vu un « état d'esprit nouveau » qui doit « désormais permettre la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens en vue de l'établissement de deux États ».

L'Union européenne a souligné l'engagement des 27 en faveur d'une solution à deux États : « Nous sommes, bien sûr, prêts à travailler à la reprise des négociations entre les Israéliens et les Palestiniens », a déclaré la porte-parole du chef de la diplomatie, Nabila Massrali.

Le plan de paix controversé de Donald Trump, dévoilé en janvier, avait offert à Israël une voie pour annexer la vallée du Jourdain et les colonies juives à travers la Cisjordanie occupée, considérées comme illégales au regard du droit international.

Les Palestiniens l'avaient rejeté tout comme les voisins arabes d'Israël, faisant craindre une nouvelle escalade dans une région où les tensions sont fortes.

« Une trahison »

Après l'annonce de l'accord Émirats-Israël, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a vu « une occasion pour les dirigeants israéliens et palestiniens de reprendre des négociations substantielles, débouchant sur une solution à deux Etats conformément aux résolutions onusiennes ».

L'annexion « fermerait effectivement la porte » aux négociations entre les dirigeants israéliens et palestiniens et « détruirait la perspective » d'un État palestinien viable, a-t-il déclaré.

Benjamin Netanyahu a remercié l'Égypte, Oman et Bahreïn pour leur « soutien » à l'accord. L'Arabie saoudite, poids lourd de la région, n'a pas réagi.

« On peut certainement imaginer que Bahreïn et/ou Oman finiront par conclure un accord formel avec Israël », affirme Hussein Ibish, analyste à l'Arab Gulf States Institute, excluant toutefois un accord similaire prochain avec l'Arabie saoudite.

En revanche, l'Iran et la Turquie ont vivement critiqué la « trahison » des Émirats.

Téhéran a condamné cet accord qualifié de « stupidité stratégique d'Abou Dhabi et de Tel-Aviv qui renforcera sans aucun doute l'axe de résistance », en référence aux alliés de Téhéran au Moyen-Orient.

Et le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif s'est d'ailleurs entretenu avec le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, des moyens de « faire échouer » l'accord Israël/Emirats en établissant une « unité » des « factions palestiniennes », a annoncé le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué.

« C'est une trahison de Jérusalem et du peuple palestinien. C'est un coup de couteau dans le dos », a pour sa part déclaré Hassan Nasrallah, le chef du mouvement libanais du Hezbollah allié de Téhéran.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, critique de longue date d'Israël et souvent en désaccord avec les puissances occidentales, a, lui, menacé de suspendre les relations diplomatiques avec les Emirats ou de rappeler l'ambassadeur d'Ankara.

Ankara a accusé les Émirats de « trahir la cause palestinienne » en acceptant de signer cet accord pour « servir leurs petits intérêts ».


Le prince héritier saoudien et le président palestinien discutent de la prochaine conférence pour la paix

Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président palestinien Mahmoud Abbas. (SPA/QNA)
Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président palestinien Mahmoud Abbas. (SPA/QNA)
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  • Lors d’un appel, les deux dirigeants ont abordé les développements sécuritaires et humanitaires dans la bande de Gaza
  • Mahmoud Abbas a salué le rôle crucial de l’Arabie saoudite dans la mobilisation du soutien international en faveur de la reconnaissance de l’État de Palestine à l’ONU

​​​​​​LONDRES : Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane s’est entretenu par téléphone avec le président palestinien Mahmoud Abbas, lundi, pour évoquer les derniers développements et les défis persistants auxquels font face les Palestiniens et leur cause.

Ils ont discuté de la situation sécuritaire et humanitaire dans la bande de Gaza. Le prince héritier a fermement condamné les crimes commis contre le peuple palestinien, soulignant la nécessité pour la communauté internationale de répondre à la crise humanitaire en cours et de protéger les civils, selon l’agence de presse saoudienne (SPA).

Mahmoud Abbas a salué le rôle essentiel joué par l’Arabie saoudite dans la mobilisation du soutien international en faveur de la reconnaissance de l’État de Palestine, sur la base des frontières d’avant la guerre de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, rapporte l’agence Wafa.

Ils ont également évoqué les préparatifs de la Conférence internationale pour la paix, prévue à New York le 22 septembre, à laquelle plusieurs pays — dont la France, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et Singapour — doivent reconnaître l’État de Palestine.

En juillet, l’Arabie saoudite et la France ont coprésidé une conférence de haut niveau à l’ONU visant à rassembler un large soutien à la création d’un État palestinien.

Depuis le lancement par Israël de ses opérations militaires à Gaza, en réponse à l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas dans le sud d’Israël, plus de 60 000 Palestiniens ont été tués. Parallèlement, les activités des colons israéliens en Cisjordanie ont été largement condamnées par la communauté internationale, alors que de plus en plus de pays s’éloignent de la position selon laquelle la création d’un État palestinien ne pourrait se faire que par la voie de négociations avec Israël.

Le prince héritier et le président palestinien ont également réaffirmé leur engagement à maintenir une coordination conjointe et à renforcer la solidarité arabe et internationale avec le peuple palestinien, a ajouté l’agence Wafa.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Désarmement du Hezbollah: un haut responsable iranien se rend au Liban

"Ali Larijani part aujourd'hui (lundi) pour l'Irak puis le Liban pour une visite de trois jours, ses premiers déplacements à l'étranger depuis sa prise de fonctions" la semaine dernière, a indiqué la télévision. (AFP)
"Ali Larijani part aujourd'hui (lundi) pour l'Irak puis le Liban pour une visite de trois jours, ses premiers déplacements à l'étranger depuis sa prise de fonctions" la semaine dernière, a indiqué la télévision. (AFP)
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  • "Dans ce contexte particulier, nous discutons avec des responsables libanais et des personnalités influentes au Liban", a indiqué lundi M. Larijani à la télévision, sans plus de précision
  • Le Conseil à la tête duquel il a été nommé est une instance stratégique chargée de définir les politiques de défense et de sécurité de l'Iran

TEHERAN: Le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de l'Iran se rend lundi en Irak puis au Liban, où le gouvernement a approuvé un plan pour désarmer le Hezbollah, allié de Téhéran, a annoncé la télévision d'Etat iranienne.

"Ali Larijani part aujourd'hui (lundi) pour l'Irak puis le Liban pour une visite de trois jours, ses premiers déplacements à l'étranger depuis sa prise de fonctions" la semaine dernière, a indiqué la télévision.

La visite du responsable iranien survient après que le gouvernement libanais a chargé l'armée de préparer un plan pour désarmer d'ici la fin de l'année le Hezbollah, formation chiite soutenue par l'Iran.

"Dans ce contexte particulier, nous discutons avec des responsables libanais et des personnalités influentes au Liban", a indiqué lundi M. Larijani à la télévision, sans plus de précision.

Le Conseil à la tête duquel il a été nommé est une instance stratégique chargée de définir les politiques de défense et de sécurité de l'Iran.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, a indiqué sur la chaîne télévisée que le déplacement "visait à contribuer au maintien de la paix au Moyen-Orient".

L'Iran reconnaît au Liban "le droit de se défendre contre l'agression du régime sioniste (Israël)", ce qui serait "impossible sans capacités militaires et sans armes", a-t-il affirmé.

Samedi, un conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait déclaré que son pays s'opposait "certainement" à la décision du gouvernement libanais de désarmer le Hezbollah.

Le ministère libanais des Affaires étrangères a en retour condamné une "ingérence flagrante et inacceptable" de l'Iran dans les affaires intérieures du Liban.

Mercredi, Téhéran avait déclaré qu'il soutiendrait toute décision prise par le Hezbollah, très affaibli par sa dernière guerre contre Israël et la chute de son ancien allié Bachar al-Assad en Syrie.

Une guerre de 12 jours a opposé en juin l'Iran et Israël, déclenchée par une campagne de bombardements israéliens sans précédent en territoire iranien, à laquelle Téhéran a riposté par des tirs de missiles et des attaques de drones.

Concernant la visite de M. Larijani en Irak, la télévision iranienne a indiqué que son "objectif principal" était  "la signature d'un accord de sécurité bilatéral", sans fournir plus d'informations.


L'Arabie saoudite présente ses condoléances au Liban après l'explosion qui a entraîné la mort de six soldats

L'armée libanaise a déclaré qu'une explosion dans un dépôt d'armes près de la frontière israélienne avait entraîné la mort de six soldats samedi. (Archive/AFP)
L'armée libanaise a déclaré qu'une explosion dans un dépôt d'armes près de la frontière israélienne avait entraîné la mort de six soldats samedi. (Archive/AFP)
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  • Une source militaire a déclaré que les soldats retiraient des munitions d'une installation du Hezbollah.
  • Le Royaume a salué les efforts déployés par l'armée pour étendre la souveraineté du gouvernement libanais à l'ensemble du pays.

RIYAD : L'Arabie saoudite a présenté ses condoléances au Liban, samedi, après la mort de six soldats et la blessure d'autres lors d'une explosion survenue alors qu'ils inspectaient un dépôt d'armes et en démantelaient le contenu, dans la ville méridionale de Tyr.

Une source militaire a déclaré que les soldats retiraient des munitions d'une installation du Hezbollah.

« Le Royaume présente ses condoléances aux familles des victimes et exprime sa solidarité avec le gouvernement et le peuple libanais », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Il a également salué les efforts déployés par l'armée pour étendre la souveraineté du gouvernement libanais à l'ensemble du pays, garantir sa sécurité et sa stabilité, et contribuer à la prospérité du Liban et de sa population.

Dans le cadre d'une trêve ayant mis fin à la guerre de l'année dernière entre Israël et le Hezbollah, les troupes libanaises se sont déployées dans le sud du pays et ont démantelé les infrastructures du groupe dans la région.

Ces décès surviennent après que le gouvernement libanais a décidé, cette semaine, de désarmer le Hezbollah et a chargé l'armée d'élaborer un plan pour mener à bien ce processus d'ici la fin de l'année.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com