Al-Malki: les Houthis interprètent le retrait de la liste des organisations terroristes comme un feu vert pour l'escalade

Le général de brigade Turki Al-Malki, porte-parole de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite.
Le général de brigade Turki Al-Malki, porte-parole de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite.
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Publié le Vendredi 19 mars 2021

Al-Malki: les Houthis interprètent le retrait de la liste des organisations terroristes comme un feu vert pour l'escalade

  • Le général de brigade Turki Al-Malki, porte-parole de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite affirme à Arab News que le comportement de la milice yéménite ressemble à celui d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique ou de Daech
  • L’intervention iranienne au Yémen n’est qu’une guerre par procuration et les Houthis ne sont qu’une carte dans les mains des Iraniens, selon Al-Malki

RIYAD : La milice Houthi du Yémen, soutenue par l’Iran, a réagi à son retrait de la liste des organisations terroristes étrangères en intensifiant ses attaques sur les gouvernements d’Aden et de l’Arabie saoudite voisine, a déclaré le général de brigade Turki Al-Malki, porte-parole de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, dans un entretien exclusif avec Arab News.

Le Département d’État américain a qualifié les Houthis, également connus sous le nom d’Ansar Allah, d’organisation terroriste étrangère le 19 janvier de cette année. Cette décision constituait l’une des dernières mesures de l’administration de Donald Trump dans le cadre de sa campagne de « pression maximale » contre l’Iran et ses armées alliées au Moyen-Orient.

Au lieu de remercier l’administration de Joe Biden qui a annulé cette désignation le 15 février, le colonel Al-Malki déclare que les Houthis intensifient leurs attaques sur les forces du gouvernement yéménite, ainsi que leurs attaques de missiles et de drones transfrontalières sur les civils et l’infrastructure d’Arabie saoudite.

«Nous croyons que les Houthis ont mal interprété la décision au sujet de leur retrait de la liste des organisations terroristes étrangères», indique Al-Malki, «ce qui les a poussés à intensifier leurs actes hostiles et le nombre d’attaques, au moyen de missiles balistiques et de drones au Yémen et en direction de ses voisins».

Al-Malki, porte-parole de la coalition depuis 2017, estime que la désignation des Houthis comme terroristes était bien méritée étant donné leur comportement qui ressemble beaucoup aux activités d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) et de Daech.

«Si nous examinons les violences des Houthis en 2016, nous constatons que la milice a ciblé un navire militaire américain nommé USS Mason, et que l’administration américaine de l’époque a riposté en frappant quelques cibles à l’intérieur du Yémen», a mentionné le colonel Al-Malki.

«Il n’y a aucune différence entre les activités des Houthis dans le sud de la mer Rouge et à Bab Al-Mandab et les activités d’Al-Qaïda au Yémen. Cette dernière a également frappé un navire américain en 2000, le USS Cole. Ils mènent donc les mêmes activités. La menace ne plane pas que sur le Royaume», insiste-t-il.

«La seule différence entre les Houthis et les autres groupes terroristes du monde est, tout d’abord, le fait que cette milice soit la première à obtenir des missiles balistiques, des drones, des missiles de croisières et des drones de surface, ce qui ne s’est jamais produit auparavant. Aucun groupe terroriste n’a bénéficié de cet avantage».

«De plus, les Houthis veulent pratiquer leurs actes terroristes derrière un paravent étatique. Si nous observons Daech, AQPA et d’autres groupes terroristes du monde entier, nous pouvons remarquer qu’ils travaillent de manière indépendante la plupart du temps… . Mais ils (les Houthis) veulent pratiquer leur idéologie et leurs activités malveillantes à travers un gouvernement yéménite. Ce sont les deux seules différences».

Le colonel Al-Malki estime que l’intensification de la violence, y compris la dernière attaque des Houthis sur Marib, fait partie d’une stratégie plus large de négociation à partir d’une position de force. Il souligne cependant que les partisans de la milice à Téhéran exploitent en fait le conflit afin de renforcer leur propre pouvoir de négociation dans le cadre de futurs pourparlers autour de son programme nucléaire.

 

Le chiffre

430 millions de dollars

Le don de l’Arabie saoudite au Plan de réponse humanitaire des agences de l’ONU pour le  Yémen en 2021.

«En ce qui concerne Marib, je pense que les Houthis… veulent négocier mais à partir d’une position de force. Ils veulent contrôler Marib afin de pouvoir faire des concessions lors de la négociation», a indiqué le colonel Al-Malki.

«L’intervention iranienne rend les choses plus compliquées au Yémen, car elle aggrave la situation en ce moment. Les iraniens veulent négocier avec le P5 + 1 sur leur accord nucléaire, et utiliser le Yémen comme joker. Je suis sûr que les Houthis ne sont pas dupes à ce sujet», ajoute-t-il. «Ils ne sont que des pions entre les mains des Iraniens et du Corps de la révolution islamique (CGRI), et ils (les Iraniens) vont les déplacer une fois assis à la table des négociation».

Le conflit au Yémen s’est intensifié en 2015 lorsque les Houthis ont renversé le gouvernement de président  Abed Rabbo Mansour Hadi, reconnu par l’ONU. Soutenue par de nombreux acteurs mondiaux et régionaux, la coalition a lancé une campagne militaire afin que le gouvernement légitime reprenne le pouvoir.

Le soutien de l’Iran aux Houthis n’est plus un secret pour personne bien avant que les Houthis prennent le contrôle de Sana’a en 2015. Il a permis à la guerre brutale de perdurer, et à l’une des pires crises humanitaires au monde de s’envenimer. En fait, le colonel Al-Malki pense que Téhéran n’aura aucun intérêt dans la paix au Yémen tant que les conditions ne sont pas en faveur de ses propres objectifs géopolitiques.

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Le porte-parole de la coalition, le colonel Turki Al-Malki, s’exprime lors d’une conférence de presse à Riyad, au sujet des débris de missiles tirés le 28 mars par la milice houthie du Yémen. (Photo, AFP/Photo d’archive)

«Les généraux du CGRI, avec le soutien du régime iranien, ne veulent pas de bonne foi ou de pourparlers entre les Houthis et les Américains, la communauté internationale, le gouvernement yéménite et la coalition… . Ils veulent compliquer les choses. Ils ne souhaitent pas que les Yéménites parviennent à une solution politique pour mettre fin à la crise au Yémen».

Pour le colonel Al-Malki, c’est la fourniture d’armes de pointe par Téhéran à la milice Houthi qui a permis à la guerre au Yémen de se poursuivre pendant six longues années.

«Lorsque la campagne a commencé, nous savions exactement quelles étaient les capacités de l’armée nationale yéménite. Pourtant, nous avons vu comment les Houthis ont commencé à lancer des missiles balistiques et des drones vers les villes et les villages frontaliers», a-t-il souligné.

«Si nous regardons la chronologie des évènements, l’armée a commencé à améliorer ses capacités en essayant d’attaquer Taif. Ensuite, ils ont tenté d’attaquer La Mecque, ce qui indigné des millions de musulmans des quatre coins du monde. Ils ont également commencé à étendre leur rayon d’action à Yanbu et à Riyad, et dernièrement ils ont essayé de cibler Saudi Aramco à Dhahran. Le problème c’est que les Houthis n’ont pas ces capacités. C’est le régime iranien qui les lui a fournies. Toutes les indications et les preuves physiques que nous avons présentées montrent que les Iraniens sont impliqués », poursuit le porte-parole.

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Ces deux photos fournies par l’Agence de presse saoudienne (SPA) le 27 février 2021 montrent les dégâts causés à une maison ainsi que les débris sur le toit d’un bâtiment à Riyad, la capitale de l’Arabie saoudite, à la suite d’une attaque de missile revendiquée par la milice yéménite Houthi. (Photo, AFP/Photo d’archive)

«L’implication iranienne au Yémen est une guerre par procuration. Ils veulent une guerre par procuration. Pour nous, ce n’est pas une guerre par procuration, car cette guerre est une nécessité», déclare le colonel Al-Malki.

«En 2015, les Houthis ont effectué des exercices en utilisant des armes lourdes à notre frontière sud». Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a appelé tous les partis yéménites à venir en Arabie saoudite pour discuter et tenter de trouver une solution politique, mais les Houthis ont refusé».

Le colonel Al-Malki a souligné le soutien de longue date de l’Iran aux Houthis, antérieur au conflit, dont témoigne le navire Jihan I, qui a été saisi en 2013 et transportait des armes au Yémen. Il a également mis en lumière le pont aérien entre l’Iran et Sana’a, établi quelques jours seulement avant la chute de la capitale et utilisé pour livrer des armes, et non de la nourriture et des médicaments comme le prétend Téhéran.

Selon Al-Malki, la seule solution au conflit est que l’ONU, le Conseil de sécurité et la communauté internationale adoptent une position ferme contre l’Iran, ce qui forcerait les Houthis à négocier.

«Je dirais que davantage de pression de la part de la communauté internationale pour tenir le régime iranien responsable de son intervention, et d’avoir violée la résolution 2216 et d’autres résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, empêcherait les Iraniens de soutenir les Houthis», a expliqué Al-Malki.

«Ces armes, qui constituent l’élément principal du soutien aux Houthis, ont soutenu les Houthis pendant le conflit. Si ce soutien est réduit, je pense que les Houthis pourraient venir à la table des négociations».

«Une solution politique est la meilleure solution à la crise au Yémen et pour les partis yéménites. Ils doivent négocier et décider ce dont ils ont besoin pour leur pays et pour leur avenir».


Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.