LONDRES: Un groupe de plus de 450 organisations islamiques du Royaume-Uni boycottera l’examen de Prevent, le programme antiradicalisation du gouvernement en raison de la nomination de son président.
En effet, William Shawcross, qui a dirigé l’UK Charity Commission de 2012 à 2018, est accusé d'avoir fait preuve par le passé d’hostilité envers l'islam et les musulmans.
Prevent a pour mission d’aider les écoles, les trusts médicaux, les prisons et les autorités locales qui signalent les individus qui, selon eux, risquent de se tourner vers des idéologies extrémistes.
Toutefois, des critiques s’élèvent depuis longtemps contre ce programme, estimant qu'il facilite la discrimination des minorités ethniques et religieuses du Royaume-Uni, et en particulier celle des membres de la communauté musulmane.
Beaucoup de voix se sont élevées pour réclamer un contrôle indépendant des modalités de ce programme, son impartialité étant remise en question.
L'opposition à Shawcross s’est développée après son passage à la Charity Commission où, sous sa direction, des organisations caritatives musulmanes ont déclaré avoir été injustement et disproportionnellement ciblées par des enquêtes sur leurs activités.
Des groupes qui comptent 350 mosquées, l'Association des avocats musulmans, le Réseau de la jeunesse musulmane et Advancing Voices of Women Against Islamophobia ont publié la déclaration suivante: «Aucun examen sérieux, objectif ni critique ne peut être entrepris par une personne ayant un tel bilan – nous devrions plutôt nous attendre à ce qu’il favorise un durcissement des politiques envers les musulmans.»
Ils ajoutent: «Si les organisations musulmanes s'engagent dans cet examen, cela renforcera sa légitimité et augmentera sa capacité à recommander des politiques plus néfastes pour la communauté.»
Neil Basu, l'un des principaux officiers de la police antiterroriste britannique, a qualifié cet examen de «pilier le plus important de notre stratégie antiterroriste»; mais il a averti que le manque de confiance dont fait preuve la communauté musulmane vis-à-vis de la nomination de Shawcross pour superviser son examen risquait de compromettre ses progrès.
«Nous allons, bien sûr, travailler avec l'examinateur choisi par le gouvernement, car nous croyons que le processus donnera à nos praticiens de Prevent l'occasion de partager leurs nombreuses années d'expertise et de perspicacité dans l'espoir d'apporter une amélioration durable à cette stratégie vitale», fait-il savoir.
«Mais nous reconnaissons également à quel point le soutien et la confiance de nos communautés seront importants si nous voulons continuer à protéger les personnes vulnérables, et c'est donc avec une grande déception que j'ai lu que certains groupes clés prévoyaient de boycotter complètement l'examen.»
La confiance affichée par Basu à l’égard de Prevent n’est pas partagée par les signataires de la déclaration de boycott de l’examen.
Le professeur Nasar Meer, de l'université d'Édimbourg, déclare ainsi: «Prevent constitue une mauvaise politique, qui n'a fait que s'aggraver avec le temps. On attend depuis longtemps que l’attaque contre la liberté d'expression, la restriction des libertés fondamentales et la criminalisation des communautés qu’il suscite soient soumis à une critique indépendante. Malheureusement, l’examen de Shawcross ne promet rien de tel.»
Selon la Dr Fatima Rajina, de l’université de Montfort, «la présence de Prevent dans les petites organisations au sein des communautés locales qui fournissent des services essentiels […] illustre son caractère pernicieux». Elle ajoute: «Prevent étend ses tentacules dans des espaces communautaires qui devraient rester sûrs pour les musulmans mais, encore une fois, il est là pour surveiller et contrôler.»
Un porte-parole du Home Office a défendu la nomination de Shawcross, déclarant: «Il est absolument faux de laisser entendre que Prevent se concentre sur un groupe, une ethnie ou une idéologie en particulier. Malheureusement, certaines organisations continuent de perpétuer des mensonges sur Prevent.»
«Un panel dirigé par un président indépendant a évalué des candidats [au poste d’] examinateur indépendant de Prevent et il a estimé que William Shawcross répondait aux critères et qu’il possédait l’expérience et les compétences requises.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com







