La réponse des artistes syriens à la guerre civile

Waleed d'Osama Esid, 2014. (Fourni)
Waleed d'Osama Esid, 2014. (Fourni)
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Publié le Vendredi 19 mars 2021

La réponse des artistes syriens à la guerre civile

  • Dix ans se sont écoulés depuis que des manifestations ont envahi les rues de Syrie, déclenchant une guerre civile qui est toujours en cours
  • Tout au long de l’histoire, les artistes ont été considérés comme les chroniqueurs de leur temps et cette remarque s’applique aux artistes syriens contemporains

DUBAÏ: Dix ans se sont écoulés depuis que des manifestations ont envahi les rues de Syrie, déclenchant une guerre civile qui est toujours en cours et une crise migratoire qui a changé la marche du monde.

A travers l’histoire, les artistes ont souvent été considérés comme les chroniqueurs de leur temps. C'est en tout cas vrai pour les artistes syriens contemporains, qui donnent leur propre interprétation de la guerre qu'ils ont vécue et ses incidences sur leur vie. Et c'est le thème d'une nouvelle exposition au Middle East Institute de Washington DC.

Intitulée «In this Moonless Black Night: Syrian Art After the Uprising» («Nuit noire sans lune: l’art syrien après l’insurrection») elle se poursuit jusqu'au 16 juillet, et présente le travail conceptuel et expérimental de quatorze artistes multidisciplinaires. 

Ces derniers vivent et travaillent tous en exil en raison de l’instabilité politique du pays. Les œuvres reprennent rarement des scènes explicites de guerre; elles donnent plutôt vie à une vision plus personnelle et humaine de la situation complexe qui prévaut en Syrie. C'était d'ailleurs  le souhait de la commissaire de l’émission, Maymanah Farhat, écrivaine et spécialiste de l’art

«Je ne voulais pas montrer des images de corps extirpés des décombres. Si vous vous intéressez à l'art syrien des dix dernières années, vous trouverez ce genre d’images», confie-t-elle à Arab News. «Je comprends pourquoi les artistes le font et la nécessité qu’il y a à choquer le public pour qu'il saisisse vraiment la gravité de la situation, tant nous sommes devenus insensibles aux informations des médias. Je comprends cela, mais, moi qui ai vécu la guerre, je ne le peux tout simplement pas – et je ne pense pas que ce soit le rôle de l’art», poursuit-elle.

artistes syriens
Nour Asalia, Coutoure, 2018. (Fourni)

Le titre de l’exposition est tiré de l’œuvre du regretté poète syrien Daad Haddad. Pour Mme Farhat, il convient parfaitement à l’atmosphère générale de l’exposition. «Si vous lisez le poème, vous constaterez que c’est un va-et-vient entre une sorte de mélancolie cynique et de petites lueurs d'espoir. J’ai le sentiment que c’est ainsi que se sont déroulées les dix dernières années», explique-t-elle. «Il ne m’incombe pas de parler au nom des artistes syriens, je suis une étrangère. Mais ce que je peux offrir, c'est une plate-forme qui présente ces différents points de vue et ces expériences.»

L’un des thèmes principaux de l’exposition est axé sur les émotions déchirantes qui sont issues des conditions de la migration, qui mènent à un sentiment de perte et de décalage. «Nous vouons un tel culte aux artistes que nous les considérons comme des personnes invincibles, capables de survivre à tout, alors que ce n’est vraiment pas le cas. Ils sont comme nous tous», révèle Mme Farhat.

L'artiste et activiste culturel Khaled Barakeh habite Berlin. Il présente un travail très fort sur ce thème à travers une impression numérique sur papier réalisée en 2018, I Haven’t Slept For Centuries («Je n’ai pas dormi depuis des siècles»). La noirceur intense constitue le point culminant de ces tampons de visa, ces passages de postes de contrôle, ces refus d'entrée ou de sortie placés sur une page de son passeport. «Nous avons vu des images vraiment dures sur l'expérience des migrants, en particulier en Méditerranée, et la réaction de rejet – la xénophobie – que les gens ont vécue en Europe. Que se passe-t-il lorsque vous êtes constamment confronté à cette interdiction de sortir, d’entrer? Je pense que Khaled parvient parfaitement à traduire la violence de ces restrictions administratives», explique Mme Farhat.

artistes syriens
 Baggage series 2 («Série de bagages 2»), Mohamad Hafez, 2017. (Fourni)

De même, l’artiste Mohamad Hafez, qui habite dans le Connecticut, évoque le fardeau de l’exil à travers ses installations de bagages anciens qui contiennent des intérieurs miniatures de chambres – la représentation concise d’une vie nomade.

D’autre part, une touche d’humanité se dégage des portraits photographiques d’Osama Esid, dont l’objectif saisit des enfants dans les camps de réfugiés de Turquie. Une sensation de douceur se dégage de ce jeune garçon au regard direct et innocent prénommé Waleed.

artistes syriens
Une sensation de douceur se dégage de ce jeune garçon au regard direct et innocent prénommé Waleed. (Fourni)

La destruction de maisons et de monuments culturels syriens au cours de la dernière décennie est donnée à voir au public à plusieurs reprises, notamment à travers le travail du célèbre artiste multimédia Tammam Azzam. Ce dernier cherche la beauté au sein du chaos, n’hésitant pas à utiliser Le Baiser du peintre autrichien Gustav Klimt et à le superposer numériquement à un bâtiment criblé de balles.

L’un des points forts de l’exposition réside dans la manière dont les femmes artistes sont soigneusement intégrées, en tant que mères et filles, au dialogue des récits personnels et collectifs. Dans sa série Displacement («Déplacement»), Oroubah Dieb, qui réside actuellement à Paris, représente des femmes sans visage vêtues d’habits décorés, portant leurs biens sur le dos et prenant place dans une file de migrants composée d'hommes et d'enfants.

Une installation d'Essma Imady, particulièrement touchante, montre un ours en peluche dans un sac à dos placé sur un tas de sel, qui symbolise une fois de plus la crise migratoire et, peut-être, toutes les vies perdues en mer. Pour élaborer cette œuvre intitulée Pillar of Salt («Pilier de sel»), l'artiste, qui a grandi à  Damas, s’est entretenue avec de jeunes réfugiés. Elle s’est inspirée de l’épisode biblique de la femme de Loth, transformée en un pilier de sel pour avoir désobéi aux directives de Dieu et pour avoir regardé en arrière au moment de fuir la ville détruite de Sodome.

artistes syriens
Dans une pièce de 3 mètres carrés, nous étions quinze femmes ou Plaque 09 (2018), Azza Abo Rebieh. (Fourni)

 

Des femmes artistes qui ont connu des violences relatent cette terrible expérience au moyen de leur art, et les corps qu’elles représentent en témoignent. Dans ses gravures inspirées de Goya, Azza Abo Rebieh dépeint des scènes obsédantes de femmes dans les geôles; cette artiste militante fut incarcérée en 2015. Quant à Nour Asalia, née à Hama, elle coud un fil rouge sur l’image d'un œil sur du papier de riz, traduisant ainsi la fragilité et la vulnérabilité, ainsi que l'effusion de sang.

C’est dans l’exil, aussi douloureux soit-il, que cette nouvelle génération d'artistes syriens a pu développer son art, acquérir de nouvelles idées et expérimenter d’autres matériaux. Avec le temps, les œuvres des artistes exposés, ainsi que d'autres productions similaires, constitueront sans doute un chapitre véritablement audacieux de l'histoire de l'art syrien.

«C’est le premier événement majeur que les Syriens vivent depuis cinquante ans. Il est dévastateur: la Syrie et les Syriens ont changé pour toujours», déclare Mme Farhat, qui ajoute que c’est la résilience de ces artistes et de leurs camarades réfugiés qui donne pour l’avenir un peu d’espoir.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com

 

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Décès de Maria Kodama, veuve du célèbre écrivain argentin Jorge Luis Borges

Photo d'archive prise le 19 janvier 1983, l'écrivain argentin Jorge Luis Borges (à gauche) et son épouse Maria Kodama, accompagnés du photographe français François-Marie Banier (au centre), sont photographiés au Palais de l'Elysée à Paris après avoir reçu la Légion de Hommage du président français François Mitterrand (Photo, AFP).
Photo d'archive prise le 19 janvier 1983, l'écrivain argentin Jorge Luis Borges (à gauche) et son épouse Maria Kodama, accompagnés du photographe français François-Marie Banier (au centre), sont photographiés au Palais de l'Elysée à Paris après avoir reçu la Légion de Hommage du président français François Mitterrand (Photo, AFP).
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  • Mme Kodama était écrivaine, traductrice, collaboratrice et légataire universelle de l'œuvre de Borges
  • Sa relation avec Borges a commencé lorsqu'ils se sont découvert un amour commun pour la langue anglaise

BUENOS AIRES: Maria Kodama, veuve du célèbre écrivain argentin Jorge Luis Borges, est décédée dimanche à Buenos Aires en Argentine à l'âge de 86 ans des suites d'un cancer, a annoncé sa famille à la presse locale.

Mme Kodama était écrivaine, traductrice, collaboratrice et légataire universelle de l'œuvre de Borges, considéré par les critiques littéraires comme l'un des plus grands poètes, essayistes et nouvellistes de son temps.

Le célèbre auteur de Fictions s'était également éteint à l'âge de 86 ans, en juin 1986, dans la ville suisse de Genève, deux mois après avoir épousé Mme Kodama.

Sa passion pour la littérature ne s'est jamais démentie. Même malade, elle a pu écrire son dernier ouvrage, La divisa punzo (non traduit), dans lequel elle retrace l'histoire de l'homme d'État argentin controversé du XIXe siècle Juan Manuel de Rosas, en collaboration avec l'écrivaine Claudia Farias Gomez.

Sa relation avec Borges a commencé lorsqu'ils se sont découvert un amour commun pour la langue anglaise, le vieil anglo-saxon et l'islandais.

Elle l'a rencontré alors qu'elle n'avait que 16 ans et qu'elle était étudiante en littérature. Son père l'avait emmenée écouter une conférence de l'auteur.

"Borges me manque, ainsi que la façon dont nous nous amusions. Mes amis avaient l'habitude de me dire : +Sortir avec le vieil homme des labyrinthes (une image fréquente dans les œuvres de Borges), c'est effrayant+. Mais venez le rencontrer : c'est une personne hilarante et les labyrinthes me fascinent. J'ai passé un bon moment avec lui. Je ne suis pas masochiste, c'était quelqu'un de très aimable", a-t-elle déclaré lors d'une conférence à la Foire du livre de Guadalajara, au Mexique.

Sa définition de leur lien est sans détour : "Je n'ai jamais eu l'impression que l'homme me dominait ou que j'étais inférieure".

De l'époque où Borges était chaque année pressenti pour le prix Nobel de littérature, Mme Kodama se souvient que "tout le monde l'arrêtait dans la rue et lui disait : 'J'espère que vous allez le gagner'". Le prix ne lui a jamais été décerné.

La compagne inséparable de l'auteur de Fictions, Le livre de sable, L'Aleph ou encore Le Rapport de Brodie a créé, en 1988, la Fondation Jorge Luis Borges.


Des chorales du monde entier chantent pour la paix en Ukraine

L'événement, qui était retransmis en direct sur YouTube, était organisé par Choirs for Peace (Photo, Instagram).
L'événement, qui était retransmis en direct sur YouTube, était organisé par Choirs for Peace (Photo, Instagram).
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  • Sous un ciel clair et bleu, les chanteurs de 46 chorales de la capitale espagnole et de villes avoisinantes se sont rassemblés
  • Ils ont été relayés par des milliers de chanteurs en 80 lieux d'Europe et d'Amérique latine

MADRID: Des chorales du monde entier ont joint leurs voix en chantant dimanche pour la paix en Ukraine, avec notamment 300 personnes à Madrid où l'initiative a commencé il y a un an après le début de la guerre lancée par la Russie.

Sous un ciel clair et bleu, les chanteurs de 46 chorales de la capitale espagnole et de villes avoisinantes se sont rassemblés autour du musée de la Reine Sofia et ont commencé à chanter à midi (10h00 GMT).

Ils ont été relayés par des milliers de chanteurs en 80 lieux d'Europe et d'Amérique latine, un millier de chanteurs ukrainiens ajoutant leurs voix à celles de chœurs d'Argentine, du Brésil, de Colombie, du Danemark, d'Allemagne, du Portugal et du Venezuela.

À Madrid, le chœur a chanté "Dona Nobis Pacem" (Accorde-nous la paix), le "Chœur des esclaves" du Nabucco de Verdi, et terminé sur "Sing an Anthem For Our Peace", écrit pour l'occasion par le compositeur américain Jim Papoulis.

L'événement, qui était retransmis en direct sur YouTube, était organisé par Choirs for Peace, une initiative née en Espagne un mois après le début de la guerre lancée le 24 février 2022 par le président russe Vladimir Poutine contre l'Ukraine.


Maroc-Brésil: Une victoire historique et un record d'audience

Le milieu de terrain marocain Hakim Ziyech est marqué par le défenseur brésilien Alex Telles lors d'un match de football amical entre le Maroc et le Brésil au stade Ibn Batouta de Tanger le 26 mars 2023 (Photo, AFP).
Le milieu de terrain marocain Hakim Ziyech est marqué par le défenseur brésilien Alex Telles lors d'un match de football amical entre le Maroc et le Brésil au stade Ibn Batouta de Tanger le 26 mars 2023 (Photo, AFP).
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  • Dix millions de téléspectateurs ont assisté au duel épique entre les sélections de football du Maroc et du Brésil lors d'un match amical
  • Au grand stade Ibn Batouta de Tanger, les Lions de l'Atlas ont triomphé face à la Seleção (2-1) pour la première fois de leur histoire

CASABLANCA: Dix millions de téléspectateurs ont assisté au duel épique entre les sélections de football du Maroc et du Brésil lors d'un match amical, disputé dans la nuit de samedi à dimanche. La chaîne publique sportive Arryadia a révélé que ce chiffre englobait les téléspectateurs ayant regardé la rencontre sur les deux canaux de diffusion : Al Aoula et Arryadia, pour la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT).

Au grand stade Ibn Batouta de Tanger, les Lions de l'Atlas ont triomphé face à la Seleção (2-1) pour la première fois de leur histoire, offrant un spectacle mémorable à leur public lors de cette première rencontre à domicile depuis l'exploit historique au Mondial 2022 du Qatar. La ferveur des supporters marocains s'est manifestée par un stade comble, témoignant de l'engouement pour ce match.

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Des supporters marocains lors d'un match de football amical entre le Maroc et le Brésil au stade Ibn Batouta de Tanger (Photo, AFP).

Grâce à cette victoire, le Maroc devient la seconde équipe africaine à avoir vaincu le Brésil, après le Cameroun qui a réussi cet exploit en 2003 puis en 2022.

Regragui à la manoeuvre

L'entraîneur de la sélection nationale Walid Regragui a tenu à exprimer sa gratitude envers les supporters marocains, louant «l'amour qu'ils donnent à cette équipe et leur soutien inconditionnel aux joueurs». Bien qu'amicale, la rencontre a tenu toutes ses promesses. Les Lions de l'Atlas se sont démenés sur le terrain pour prouver que leur performance au Qatar n'était pas dûe à un coup de chance. Ils y sont parvenus en s'imposant face au Brésil pour la première fois de leur histoire (2-1), au grand stade de Tanger, samedi 25 mars.

En conférence de presse d'après-match, Walid Regragui a déclaré que le Onze national était «heureux de jouer à Tanger devant ce public». «Notre objectif est de jouer dans toutes les villes marocaines, parce que l'équipe nationale appartient à tous les Marocains», a-t-il souligné.

Cette victoire historique, et les éloges de l'entraîneur, ne font que renforcer l'unité et la fierté nationale qui entourent cette équipe prometteuse. Les Lions de l'Atlas continueront sans aucun doute à écrire l'histoire du football marocain et à inspirer les générations futures. Le match Maroc-Brésil restera gravé dans les mémoires comme un symbole d'audace, de talent et de détermination, illustrant parfaitement la beauté du sport et l'importance de croire en ses rêves.