BERLIN : Privée de grands voyages par la pandémie, Gesa Funke n'a pas renoncé à sa passion pour les cartes postales, au contraire : cette Berlinoise a continué à noircir des rectangles de carton pour entretenir les liens avec ceux qui sont loin.
Dans l'appartement de l'étudiante de 29 ans, au sud de la capitale allemande, les cartes postales tapissent les murs et témoignent d'une vaste collection.
Mais avec la crise sanitaire, qui réduit les visites aux proches ou aux amis, elle s'est retrouvée à en écrire encore davantage.
"Cela représente moins d'efforts que d'écrire une lettre, et c'est toujours sympa de recevoir quelque chose d'une autre personne, d'avoir un peu de contact", confie la jeune femme.
Elle semble ne pas être la seule à chérir ce mode de communication immémorial dans le contexte de la pandémie.
En décembre 2020, la poste allemande Deutsche Post a indiqué avoir distribué 11% de cartes postales de plus que le même mois de l'année précédente, "probablement en raison du coronavirus et de Noël".
Pour la période des fêtes, beaucoup de foyers en Allemagne ont respecté les règles restreignant l'ampleur des retrouvailles familiales.
Certes le nombre total de cartes envoyées l'an passé, soit 120 millions de pièces, a baissé comparé aux 147 millions de 2019.
Mais ce recul s'est avéré limité compte tenu des perturbations du transport international de courrier, particulièrement lors de la première vague de la pandémie, et du faible nombre de vacanciers en raison des restrictions de voyage.
Nouveau hobby?
Parallèlement, de plus en plus de personnes envoient des cartes postales pour d'autres occasions, selon l'application allemande "MyPostcard" qui permet à ses utilisateurs de créer leur cartes personnalisées.
Si les vacances étaient la raison principale de correspondre par carte en 2019, l'année suivante les anniversaires sont arrivés en tête.
En octobre 2020, 66% des personnes interrogées dans une étude représentative de YouGov pour le compte de MyPostcard ont déclaré en avoir régulièrement envoyées, contre 57% lors du même sondage de 2019.
Gesa Funke est membre de Postcrossing, un réseau d'échange de cartes postales entre inconnus des quatre coins du monde, qui compte quelque 800.000 adhérents dans 207 pays.
Avec plus de 9 millions de cartes envoyées, l'Allemagne arrive en tête des participants les plus investis dans ce groupe planétaire créé il y a 15 ans.
Peut-être qu'avec la pandémie, les gens "ont plus de temps et veulent tout simplement se lancer dans un nouveau hobby", estime l'étudiante.
Selon Paulo Magalhaes, créateur de Postcrossing, le nombre de cartes postales envoyées dans le monde a décliné lors de la première vague du virus, principalement à cause des problèmes de transport, avant d'augmenter à nouveau à la fin de 2020.
"Nous le voyons en terme de nombre de (nouveaux) utilisateurs et d'échanges de cartes postales qui accélèrent", a-t-il souligné.