Le président libanais tente une brèche diplomatique pour sortir de l'impasse

Le président libanais Michel Aoun. (Photo, AP/Archives)
Le président libanais Michel Aoun. (Photo, AP/Archives)
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Publié le Mercredi 24 mars 2021

Le président libanais tente une brèche diplomatique pour sortir de l'impasse

  • La tentative infructueuse de former un gouvernement a exacerbé les craintes sécuritaires et économiques
  • Le taux de change du dollar a atteint 15 000 livres libanaises pour un dollar, une augmentation de 4 000 livres libanaises en une seule journée

BEYROUTH: Le président libanais Michel Aoun a demandé mardi une assistance diplomatique afin de sortir de l’impasse politique qui empêche la formation d’un nouveau gouvernement.

Cette décision survient après que sa réunion lundi avec le premier ministre désigné Saad Hariri se soit soldée par un nouvel échec. Aoun insiste pour obtenir le tiers de blocage au sein du futur exécutif.

Deux diplomates ont visité le palais présidentiel mardi.

L'ambassadeur saoudien au Liban Walid ben Abdullah Bukhari a réaffirmé au «président Aoun que le Royaume maintient son engagement à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité du territoire libanais».

Bukhari, qui visite le Liban pour la première fois en deux ans, a par ailleurs souligné «la nécessité de faire primer l’intérêt national afin d’instaurer des réformes radicales susceptibles de rétablir la confiance de la communauté internationale».

Bukhari a de plus appelé les parties travailler sans relâche pour former d’urgence un gouvernement capable de réaliser les aspirations du peuple libanais.

«L'Arabie saoudite a toujours exprimé son soutien et sa solidarité avec nos frères libanais, toujours inébranlables face aux crises», a-t-il affirmé.

L'ambassadrice de France au Liban Anne Griot, qui a aussi rencontré Aoun, n’a pas fait de déclaration.

La tentative infructueuse de former un gouvernement la veille a exacerbé mardi les craintes sécuritaires et économiques. Le taux de change du dollar a atteint 15 000 livres libanaises pour un dollar, une augmentation de 4 000 livres libanaises en une seule journée.

Selon une source dans les milieux policiers qui s'est confiée à Arab News, la crise économique s’accompagne d’une hausse importante des braquages ainsi que de vols de biens publics.

Les couvertures métalliques de regards d’égouts ont été subtilisées des rues dans un nombre de régions, vraisemblablement pour être vendues à la ferraille. Un pylône de lignes à haute tension dans le nord de la Bekaa se serait écroulé à la suite du vol des coins en treillis d'acier qui soutenaient la charpente. Dans sa chute, la structure a sectionné les lignes électriques qui relient la centrale de Deir Ammar à d'autres installations électriques.

Électricité du Liban (EDL), révèle que «les coins d’autres tours ont disparu, un autre risque d’effondrement. Les réparations vont certainement prendre beaucoup de temps, et il est difficile de trouver le financement nécessaire en devises étrangères en ce moment».

Cette situation critique a incité la Coordonnatrice spéciale adjointe des Nations Unies pour le Liban, Najat Rushdie, à presser les «Les leaders libanais de mettre leurs différends de côté, assumer leurs responsabilités, stopper l’effondrement en cours, écouter les appels désespérés du peuple et leur fournir des solutions».

«L’ONU reste entièrement déterminée à soutenir le peuple libanais ainsi que la stabilité, l’indépendance politique et la souveraineté du Liban».

Au nom de la Ligue arabe, le Secrétaire général adjoint Hossam Zaki de l’organisation, a appelé les partis politiques libanais «à donner la priorité à l'intérêt national et à œuvrer d'urgence pour sortir de l'impasse politique qui ne fait qu’aggraver encore et encore les souffrances du peuple».

Selon Sky News, Zaki a expliqué que le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Ghait, est très préoccupé par les différends politiques libanais et estime que le pays se dirige vers une crise grave.

«La Ligue arabe est prête à faire tout son possible afin de combler le fossé et trouver une solution qui fasse l’unanimité, et qui permette au premier ministre désigné de former son gouvernement», a signalé Zaki. Le prochain exécutif devrait s’appuyer sur les «compétences de technocrates afin de sauver le Liban de sa situation actuelle difficile, en mettant en œuvre des réformes nécessaires qui répondent aux ambitions et aux aspirations du peuple libanais».

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé lundi le patriarche maronite Béchara Boutros Al-Rai en lui exprimant «sa grande inquiétude pour la situation actuelle au Liban». Guterres a d’ailleurs souligné l'importance de former un gouvernement et d'éloigner le Liban de tous conflit.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.