Diab exclut tout retour du gouvernement libanais démissionnaire

Le Premier ministre par intérim du Liban, Hassan Diab. (Photo, AFP)
Le Premier ministre par intérim du Liban, Hassan Diab. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 25 mars 2021

Diab exclut tout retour du gouvernement libanais démissionnaire

  • Plusieurs ambassadeurs ont exprimé «leur mécontentement face au comportement des responsables libanais au sujet de la formation d’un gouvernement»
  • L'ancien ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk affirme que la « légitimité de l’État libanais est désormais sous occupation»

BEYROUTH: Le Premier ministre libanais par intérim, Hassan Diab, a exclu la possibilité de rétablir le gouvernement qu’il dirigeait jusqu’à sa démission le 10 août 2020.

Dans un communiqué publié mercredi, Diab affirme que: «La définition des pouvoirs d'un gouvernement intérimaire et du rôle du cabinet démissionnaire nécessite une interprétation constitutionnelle, qui est le droit exclusif du Parlement».

Diab répondait indirectement au secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah qui a suggéré, il y a quelques jours, de rétablir le gouvernement démissionnaire, au moment où le président Michel Aoun et le Premier ministre désigné Saad Hariri restent dans l'impasse sur la formation d'un nouveau gouvernement pour ce pays en plein crises.

Diab a poursuivi sa déclaration en disant que huit mois après la démission de son cabinet à la suite de l'explosion dévastatrice du port de Beyrouth en août, «les efforts n'ont pas réussi à former un gouvernement qui sauverait le Liban de sa crise actuelle. Les événements dépassent l’entendement et la formation du gouvernement est devenue une crise nationale qui a aggravé les souffrances des Libanais. Former un nouveau gouvernement reste une première priorité».

Cependant, la formation d'un nouveau gouvernement reste semée d'embûches, étant donné le vaste fossé politique entre les deux parties. Aoun aurait insisté pour que ses alliés et lui obtiennent un tiers des portefeuilles du cabinet, leur conférant ainsi le droit de veto sur toute décision majeure du gouvernement. Sa demande bénéficie du soutien indirect du Hezbollah, qui appelle à un «gouvernement techno-politique», tandis que d’autres partis soutiennent un gouvernement composé de ministres indépendants non partisan ou l'octroi d'un «tiers de blocage» à l'opposition.

Aoun a rencontré mardi les ambassadeurs de France et d'Arabie saoudite pour tenter de clarifier sa position. Les médias libanais ont décrit ces réunions comme «une tentative d'obtenir un feu vert et tenir Saad Hariri responsable du retard dans la formation d’un gouvernement». Néanmoins, la déclaration de l’ambassadeur saoudien, en visite au palais présidentiel hier, sur le respect de la souveraineté du Liban, le refus de s’ingérer dans les affaires des autres pays et sur l’engagement saoudien envers de l’Accord de Taëf laisse entendre que cette tentative a échoué.

L'ambassadeur d'Arabie saoudite, Walid ben Abdullah Bukhari, a tweeté mercredi que sa visite à Aoun «a eu lieu après trois invitations insistantes et répétées du palais présidentiel».

Bukhari a également rencontré l’ambassadrices de France, Anne Grillo, des États-Unis, Dorothy Shea, ainsi que l’ambassadeur du Koweït, Abdel-Aal Al-Qenaei, mercredi. Selon des sources proches, les ambassadeurs ont exprimé «leur mécontentement face au comportement des responsables libanais au sujet de la formation d’un gouvernement».

L’ancien législateur Fares Souaid a déclaré à Arab News que: «La constitution est suspendue. Ni l’Arabie saoudite ni la France n’ont un contrôle sur les affaires internes du Liban. La raison de la suspension de la constitution reste le Hezbollah».

Après avoir rencontré le patriarche maronite Raï, l'ancien ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk affirme que la « légitimité de l’État libanais est désormais sous occupation», ajoutant que la seule option viable à ce stade est de «soutenir l'initiative de neutralité de Raï afin de libérer le Liban de l'occupation politique iranienne».

La pression sur les responsables pour accélérer la formation d'un cabinet de sauvetage s'est intensifiée mercredi lors d’une réunion des organismes économiques et la Confédération générale des travailleurs libanais (CGTL) pour discuter de «la catastrophe qui est sur le point de frapper les Libanais si un gouvernement n'est pas formé aussitôt que possible».

La société civile exerce également des pressions sur les commerçants qui contrôlent les prix des aliments dans le pays. Une campagne sur les réseaux sociaux exhorte les Libanais à boycotter les œufs et le poulet pour une semaine, après que le prix d'une boîte d'œufs ait atteint 40 000 livres (26,20 dollars) et le kilogramme de poulet cru, 30 000 livres.

Ailleurs, le ministre de la Santé nommé par le Hezbollah pour le gouvernement intérimaire, Hamad Hassan, a rendu visite mercredi à son homologue syrien Hassan Al-Ghobash à Damas.

Hassan a également remercié le président syrien Bachar Assad pour «la décision de fournir au Liban 75 tonnes de fournitures d'urgence d'oxygène pour aider les patients placés sous respirateurs».

Hassan a de plus souligné que l'accord avec le ministère syrien est «un accord fraternel et verbal aux dimensions médicales et humanitaires».

Le Liban évite actuellement tout accord officiel avec le gouvernement syrien, une manière de contourner les sanctions de la loi César des États Unis.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Short Url
  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Short Url
  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

Short Url
  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.